Jour 76 ~D’Agnew Meadows à Donohue Peak

20 km 950 D+ 500 D- durée 7 h 30 Étape surprenante et compliquée. Nous avions imaginé faire plus de 25 km et passer les cols Island et Donahue ce jour. Il n’en sera rien. Sur le topo, le premier, Island Pass est un immense replat au nord du mont Davis, 3740 mètres. Il est à moins de quinze kilomètres de marche. Après lui, nous n’aurons plus qu’à avancer sur 7 kilomètres et aller suivant.  Sauf que… Dès les premiers miles, nous progressons sur un trail qui alterne neige et boue du fait de la fonte qui est marquée. Ce sera le thème de l’étape. Nous allons passer notre temps à louvoyer entre trace sèche et humide. Le mélange pénible de soupe de fin de journée de station de ski et de mini, voir gros torrent rend le cheminement de nouveau chaotique. Les pieds vont être mouillés en permanence.  Nous partons vers 6 h du matin et suivons le PCT en balcon au-dessus de la rivière San Joaquim, dans les pentes des monts Deadman, Two Teats et San Joaquim. Sous le col d’Agnew Pass, nous filons vers l’ouest le long des contreforts du mont Davis au nord du lac Thousand Islands. Le cadre est majestueux. Nous avons en panorama les monts Banner, Ritter, Davis, Carson et Minarets. Ce sont tous des sommets rocheux de presque 4000 m, qui surplombent une série de lacs tous plus somptueux les uns que les autres. Le lac Thousand Island, le plus grand de tous, est encore bien en glace. Il clôture en beauté ce cirque de haute altitude. À midi nous faisons la pause un kilomètre avant le col d’Island en compagnie de Tamara, Anthony et Janet. Nous sommes maintenant en tee-shirt, et les températures sont plaisantes. Nous repartons vers 14 h et recommençons à progresser au GPS, en suivant les lignes de faiblesses des packs de neiges, et en évitant les nombreuses mares qui se sont créées. En descente, nous rattrapons le PCT qui reste en rive gauche de la rivière Rush Creek. Nous nous heurtons régulièrement à des torrents gonflés par une abondante fonte. Ils sont d’habitude débonnaires et sont non décrits dans le topo. En période normale ils ne sont pas identifiés comme gués pouvant poser problème. Pour nous, c’est une autre affaire. Nous sommes obligés de rechercher en amont ou aval des rivers crossings peu évidents. Il n’y a aucun danger. La seule difficulté est de ne pas passer avec de l’eau au nombril. Heureusement, de temps en temps des troncs d’arbres ont été installés. Ce sont des ponts de fortunes, mais au combien agréable ! Aux dix huitièmes kilomètres, nous laissons Rush Creek sur notre gauche et remontons la vallée qui bute sur Donohue Pass. Incroyable, le niveau grossit au fur et à mesure que nous longeons le torrent. Les derniers franchissements sont impressionnants. Après plus de 7 h de marche, nous passons dans une zone où la neige est absente. D’un commun accord, et tout le monde étant blasé de tant d’eau, nous nous arrêtons à 3200 mètres, un mile avant ce qui aurait dû être notre objectif du jour. Les monts Lyell, Donohue et Andrea Lawrence nous dominent de leurs presque 4000 mètres. Décidément, nous ne sommes pas encore vraiment sorties de la Sierra ! Il est temps de quitter la neige et nous accélérons afin de bénéficier de conditions de randonnée plus acceptables. Demain nous filons sur Tuolumne Meadows, qui est la porte sud entrante dans le parc de Yosemite. De là, nous ferons du stop vers la ville de Lee Vinings pour un ravitaillement de 5 jours. Keep Going. J77 J76 PCT au matin J76 En face le John Muir Trail J76 Régis à l’embouchure de Midddle Fork San Joaquim River J76 Et toujours des névés bien présents J76 Encore et toujours la neige J76 L’incroyable lac Thousand Island J76 Thousand Island Lake J76 Esmerald Lake J76 En route pour Island Pass J76 Le mont Davis en reflet J76 Le PCT en bord de mare J76 Pause déjeuner J76 le mont Davis en majesté J76 Hélène sur un pont de fortune J76 Chloé, passage de tronc d’arbre J76 Hélène, mission boite à ours J76 Le camp site du soir One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 75 ~De Mammoth Lake à Agnew Meadows

27 Km 700 D+ 800 D- durée 7 h 00 Retour sur le trail. Nous nous retrouvons tous ensemble au restaurant le Breakfast club. L’ambiance est baroque, avec tapisserie années 1960, et une décoration ou la vache est présente sous toutes ses formes, en tableaux, statues, goodies, casquette, nappes, etc. Les locaux ont l’air d’apprécier. Une file d’attente pour pouvoir avoir une table se forme dès 7 h. Après un déjeuner pantagruélique avec comme à l’accoutumée, pancakes, pommes de terre hash brown, lards, saucisses, omelettes, café, jus d’orange, nous remontons vers l’arrêt de bus pour filer au parking de départ. L’équipe est au complet. Un autre hiker va se joindre à nous. Il pensait sortir du PCT, épuisé mentalement, mais Régis l’a remotivé.  Par contre, au dernier moment, et alors qu’il avait son sac avec lui, Benjamin, le compagnon de Chloé décide de ne pas poursuivre l’aventure. Le moment est triste, car nous avions vraiment apprécié cette avancée en groupe. Après on comprend aussi parfaitement l’effet d’usure psychique. Être obligé de se lever tous les jours, rester concentré, continuer à vivre chichement n’est pas simple.  Nous reprenons le bus trolley toujours d’un autre temps, puis filons vers le col de Mammoth. Un peu de stress de revenir après 2 jours. Le corps donne l’impression d’avoir oublié les contraintes. Finalement cela se fait tranquillement, l’entraînement est là. Nous longeons de nouveau les lacs, et retrouvons les banquettes de neige. C’est étonnant, en deux jours, elles ont partiellement fondu ce qui nous permet d’avancer vite. Janet commence par se tromper de chemin, et IceBrekaer file à sa recherche. Elle est décidément extraordinaire.  Nous revenons sur le PCT après une heure trente et 6 km. Nous suivons la rivière Crater Creek en forêt et filons vers Red meadows. C’est une halte classique des PCTistes, qui peuvent quand la route n’est pas fermée se faire envoyer un colis. Cela permet d’éviter le passage onéreux par Mammoth Lake.  Nous ne reprenons pas le PCT à partir d’ici, le pont sur la rivière Middle Fork San Joaquim est brisé depuis l’hiver dernier. Le détour de 6 km oblige à rester en rive gauche, en face du chemin, ce qui n’est pas gênant. Nous en profitons pour visiter la curiosité géologique locale que sont les devils postpiles, à savoir des orgues basaltiques volcaniques. Elles sont impressionnantes même si elles n’ont pas l’ampleur de celles déjà vues en Islande. Nous ne sommes pas les seules à faire le tour. Comme de classique le tracé du PCT est à distance des points remarquables.  Au niveau de la prairie de Soda Springs, nous suivons la route sur trois kilomètres puis bifurquons vers Upper Soda Springs. Cette portion du PCT reste parallèle au John Muir Trail qui est plus à l’Ouest. Nous ne le retrouvons que demain en fin de matinée. Nous rejoignons le PCT au bout de 20 km. Les 7 derniers kilomètres sont terribles. Nous passons Agnew Meadows, qui est une zone marécageuse et les moustiques sont présent, plus nombreux qu’il y a deux jours. Heureusement nous avons acheté du DEET, un rien cancérigène et interdit en Europe, mais entre une hypothétique néoplasie et devenir fou, on fait vite son choix. Ce sera DEET pour être au calme. La montée vers le campement que nous avons repéré est tonique et finit bien la journée. Les 300 mètres de dénivelé sont avalés aisément, et nous profitons du cadre alpin qui est magnifique. EN arrivant au campsite, nous retrouvons Tamara et Anthony. Nous sommes impressionnés ils ont été vraiment vite. En fait ils se sont trompés de chemin à une intersection et sont restés sur la route. L’avantage c’est qu’ils ont fait 3 km de moins que nous, le défaut c’est qu’ils n’ont pas vu les gorges et le canyon que nous avons parcouru. Pas bien, grave au vu de la durée totale de l’aventure. Nous ne sommes plus à quelques kilomètres près.  Le site de campement de ce soir est situé sur un éperon rocheux dans la vallée de Middle Fork San Joaquim River, au-dessus d’Agnew Meadows. Il y a encore beaucoup de moustiques, mais le lieu est particulièrement sympathique, plat, en surplomb sur la vallée, avec une rivière juste à côté pour l’eau. Demain nous filons sur un col de moindre taille, Island Pass à 3120 mètres d’altitude. Nous devrions retrouver la neige. Keep going J76 J75 Au départ de Mammoth J75 Ambiance volcanique J75 Bien lire les panneaux, ou comment perdre Janet J75 Ansel Adam Wilderness J75 Au loin Red Top Mountain J75 Le PCT avant Red Meadows J75 L’entrée du parc J75 Devils postpiles J75 Le long de Middle Fork San Joaquim Creek J5 La vue vers le sud J75 Coucher de soleil J75 Bruyere en fleur J75 Le campsite du soir J75 La team presque au complet One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 73-74 ~Mammoth Lake

Zéro kilomètre, zéro dénivelé.  Mammoth Lake C’est notre premier repos conséquent. Après 3 semaines de Haute Sierra dans des conditions parfois difficiles, cela va faire nous faire le plus grand bien. Sans compter le fait très bizarre, encore une fois, d’être propre. Chaque membre de la team Fantastic vaque à ses occupations pendant ces deux jours. Pour nous, ce sera emplettes dans les magasins de sport, ou nous trouvons des manchons de compressions pour ma périostite, mais aussi des cartouches de gaz. Nous faisons aussi le ravitaillement pour les quatre prochains jours qui nous conduiront à Tuolumne Meadows, dans la parc de Yosemite. Janet et Icebreaker réussissent à emmener Régis à la messe. Visiblement ce n’était pas gagné !  Nous écumons les restaurants et avons même, en présence de Janet, Régis et Icebreaker, droit à des félicitations pour notre choix d’éviter Bear Creek il y a quelques jours. L’américain qui parle avec nous a perdu un de ses amis pendant la traversée de ce torrent. Il en a gardé une rancune tenace à ce passage !  Nous profitons pour nous reposer et ne faisons pas de visite touristique ou d’activités sportives, alors que la ville vit clairement sous le signe de l’Outdoor. Vttistes, randonneurs, kayakistes, grimpeurs, pêcheurs à la mouche, se côtoient dans un joyeux bazar. C’est sympa, cette petite station de ski est un must de la Californie. Par contre, les tarifs sont exorbitants. Pas bien différent d’une station comme Courchevel, mais pour un budget de hiker…, ça calme. Surtout quand il faut durer des semaines. L’endroit est à visiter, éventuellement plus tard, pour un futur road trip en voiture.  L’hiver c’est aussi un lieu de ski réputé, pour les… riches ! Keep Going. J75 J73 Vache en folie J73 La vue du Motel 6. Le retour à la civilisation J73 Les ours de Mammoth J73 Goose American Flag One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 72 ~De Duck Lake à Mammoth Lake

18,5 km 400 D + 700 D- durée 5 h 00 Mammoth Lake… enfin. Après cette dernière longue section où nous avons passé 6 jours dans les montagnes, chacun a hâte de pouvoir se poser. Vivre avec le strict minimum est une drôle d’expérience. On applique le principe « hiker trash », pas ou peu de toilettes, un seul T-shirt, et short. Du coup la première urgence c’est laver ses vêtements et les individus ! Honnêtement à la fin de chaque étape, on termine dans un état pas très… propre. Vivement la ville.  Nous démarrons en montée sur les pentes ouest d’un sommet de 3500 mètres, sans nom, que nous longeons pendant une dizaine de kilomètres. Au loin les pics Devils Top et Double Peak émergent dans les lumières roses orangées du levant. C’est toujours un régal pour les yeux, même si cela oblige à s’éveiller avant l’heure dorée. Il ne fait pas froid et nous avançons vite. Janet nous accompagne. Nous préférons l’avoir en visuel. Elle a réussi à manger quelques snacks ce matin. Tant mieux cela lui évite une évacuation héliportée ! Nous marchons l’intégralité de cette étape en forêt, où se côtoie pins Ponderossa, à sucre, séquoia, douglas et autres essences que nous ne connaissons pas. C’est réellement impressionnant, d’autant plus que la taille des arbres locaux est hors norme par rapport à celle des frondaisons européennes. L’absence de végétation au sol, la neige venant juste de fondre, donne une sensation d’apaisement tout à fait étonnante. Il n’y a pas de bruits, à peine quelques oiseaux et parfois le vent dans les cimes. Des animaux commencent à courir dans les branches, et nous croisons des familles de Chipmunks sous amphétamines. La randonnée est devenue quasi idyllique, le PCT est meuble et le chemin parfaitement tracé.  Nous retrouvons malgré tout une cadence satisfaisante. Nous faisons l’étape en 5 h alors que les jours précédents il nous fallait marcher pendant plus de 12 h pour la même distance. Nous avons passé le plus dur. Enfin ! Au mile 900, nous croisons le trail qui remonte vers le col de Mammoth, Pack Pass sur 5 kilomètres. Celui-ci se sépare en deux. Nous bifurquons vers la branche de gauche. Surprise des troncs sont au sol, dans tous les sens. Nous essayons d’avancer, peine perdue. Nous rebroussons chemin et reprenons la pente à droite. Cool, celui-ci est entretenu. Il louvoie dans un abracadabrantesque mikado géant. Une tempête a couché les arbres. Nous retrouvons malheureusement de nouveau ces fichus paquets de neige qui impose escalade et désescalade, les névés faisant jusqu’à 1,5 m de haut. Les traces sont plus nombreuses et nous ne perdons pas de temps sur le 150 mètres de montée.  Nous arrivons enfin au col de Mammoth. Un panneau marque l’emplacement de celui-ci. En fait il s’agit plus d’un replat débonnaire et sans aucun intérêt. On devient exigeant, et étions habitué à mieux ! La descente longe les lacs Mc Cloud et Horseshoe, où des pêcheurs à la mouche sont présents. Le cadre est bucolique et agréable. Après quelques derniers névés, ça y est, nous y sommes.  L’arrivée à Mammoth est… déstabilisante. On côtoie sans préavis, familles en goguette, randonneurs du jour, voire d’une heure. Ils sont attentifs à ne pas glisser et étonnés de voir des énervés passer en mode chamois, à toute vitesse. Incroyable, ils sont propres, et surtout ils sentent bon. On n’ose pas imaginer ce qu’ils pensent de nous ! Au Trail Head, le parking est rempli de voiture. Un vrai choc visuel. Nous attendons à peine une demi-heure et sommes rejoints par Tamara, Anthony, puis Chloé et Benjamin qui attrape sur le fil la navette. Le bus gratuit, d’un siècle lointain, est rouge pétant, et son intérieur en bois et dorures. Il nous dépose devant notre hôtel où nous resterons 2 jours et 2 nuits. Premier double zéro depuis 2 mois. Nous commençons par aller manger.  Il était temps. Go to Canada. J73 J72 Devils Top et Double peak avant le lever de soleil J72 Dans les bois avant Mammoth Lake J72 Devils top et Double peak au lever de soleil J72 Le PCT en sous bois J72 Mile 900 J72 Névé bien en forme J72 Le long de Mc Cloud Lake J72 Mc Cloud Lake J72 Trail Head de Mammoth Lake J72 La navette de Mammoth Lake J72 Bois et dorures One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 71 ~De Silver Pass Lake à Duck Lake

19 km 800 D+ 900 D- durée 7 h 3 Silver Pass Nous nous levons de nouveau tôt. La journée d’hier a été la plus pénible en ce qui concerne la fonte des neiges. Nous avons tous ce matin les devants des tibias bien usés.  Le réveil est frisquet, mais nous avons la désagréable surprise de constater que la couche de regel n’est plus portante. Les températures sont plus clémentes et pourtant nous sommes à plus de 3100 mètres d’altitude. Cela n’augure rien de bien évident pour la suite. Effectivement, la montée au col, sera de nouveau une immense expérience de post holling. Nous sommes tous à en rire. Aucune trajectoire ne permet d’être tranquille. La palme revenant à IceBreaker qui n’aura jamais autant justifié son trail Name. Nous avons l’impression par moment de tailler une tranchée glacée, et avançons tous hors de la trace officielle du PCT au mieux. Au col, nous surplombons Chief Lake. Nous ne partons pas en sa direction. Étonnamment nous montons encore une centaine de mètres en flanc droit et passons une épaule, contre fort du mont Evon. Nous prenons le temps de faire des photos, constatons que nous aurions peut-être pu dormir un peu plus. Point n’est grave nous profitons des couleurs orangées du levant et regardons le soleil franchir les crêtes de Warrior Ridge, au-dessus du lac glacé du même nom. Puis, le chemin avance en face nord et la neige redevient portante. Nous remettons les crampons pour ne pas glisser. Dans les commentaires du topo, la descente est annoncée complexe. Il n’en est rien. Le col est débonnaire, magnifique, mais débonnaire. Nous avons connu bien plus difficile. On recommence à voir réapparaître des notes inadaptées dans FarOut, le logiciel qui nous sert de guide. Pas grave c’est mieux dans ce sens-là. Par contre les sun cups sont immenses. Il s’agit d’alternance de trous et bosses formés par la fonte inhomogène et leurs présences témoignent de l’importance du dégel. Il faut viser le sommet de celles-ci et ne pas glisser sous peine de se retrouver à descendre de 50 cm. Les crampons sont indispensables pour avancer tranquillement. Nous laissons le lac de Nüümü Hu Huupi, ex Squaw Lake à notre droite. Celui a été renommé en 2018 par la communauté indienne qui vivait dans ces vallées il y a encore moins de 150 ans. Nous ne sommes que de passage, mais pour beaucoup de Natives, l’extermination de masse de plus de 12 millions d’entre eux en 400 ans, est une tragédie bien réelle qu’ils subissent au quotidien.  Nous marchons sur les traces de gens qui ont été spoliés de leurs droits, et Janet nous le rappelle régulièrement. Nous descendons en direction de Cascade Valley, puis remontons le long de Fish Creek jusqu’à Tully Hole. Nous sommes maintenant en plein éveil de la nature. En dessous de 2800 m, les arbres, fleurs, herbes sont tous à éclore. Nous sentons que nous quittons la Haute Sierra. Les sommets sont moins couverts de neige. Nous sommes passés de l’hiver au printemps sans transition. Nous pouvons enfin recommencer à nous mettre en T-shirt. Sauf que les moustiques buveurs de sang émergent de leurs torpeurs. Et c’est réellement pénible. Progressivement, l’ambiance devient plus apaisante et le chemin agréable à fouler. De temps en temps, quelques derniers paquets de neige obligent à escalader des marches, soit glissantes, soit instables, mais rien de bien difficile. Au douzième kilomètre, nous découvrons le gigantesque lac Viginia. Il est encore couvert de glace. Celle-ci, fondue, offre un spectacle étonnant de ride blanche et bleue en un immense puzzle. Nous franchissons celui-ci à son extrémité Est. Son niveau est important et le chemin à peine visible, et malgré l’aide de pierres noyées sous 50 cm à 1 m nous cherchons plusieurs fois la zone de passage. La traversée, mémorable, se fait en deux temps, avec presque une centaine de mètres dans une eau à 2°. Nous avançons en équilibre, de bloc en bloc et croisons des blocs de glace tout autour de nous. Le moment est incroyable.  Nous poursuivons la journée entre montées et de descentes, sans franchissement de gué. Nous arrivons enfin au campement sous Duck Lake, le long de la rivière qui provient de celui-ci. Le cadre est printanier et agréable. Cool. Ce soir Bobcat et Icebreaker vont marcher plus longtemps pour être plus tôt demain dans la ville de Mammoth. Le reste du groupe fera les 15 km aux aurores. Ce n’est pas plus mal, d’autant plus que Janet est malade et n’a rien pu avaler depuis 2 jours. Au milieu de la Sierra, il y a urgence à la faire revenir à la civilisation. Elle se pose la question d’une parasitose. Pour elle la journée de demain se sera probablement hôpital. Keep Going. J72 J71 La team au matin J71 Hélène, Emgan et Chloé au matin J71 Chloé et Benjamin J71 Le long de Silver Lake J71 Montée au col de Silver Pass J71 Sous le col de Silver Pass J71 Hélène au col de Silver Pass J71 Emgan, Régis et Icebreaker au col de SIlver Pass J71 Hélène et Janet au col de Silver Pass J71 La team au col de Silver Pass J71 Vue au Nord J71 Sommet sans nom au dessus de Chief Lake J71 Silver Divide sous Siver Pass J71 En route vers Warrior Lake J71 Le soleil sur Warrior Ridge J71 Régis, séance crampons J71 Le torrent au départ du lac Nüümü Hu Huupi J71 Passage en crampon de rocher gelé J71 Régis de rocher en rocher J71 En route vers Cascade Valley J71 Prairie de Tully Hole J71 Le lac Virginia J71 Lac Virginia Crossing version 2 J71 Lac Virginia Crossing version 1 J71 Fish Creek J71 Crêtes sans nom le long du PCT J71 En route vers Purple Lake One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 70 ~De la jonction Vermillon Valley Resort à Silver Pass Lake

16 Km 850D+ 700D- durée 7 h 00 Réveil cool, à 5 h pour un départ 6 h 30. Cela fait du bien, après les nombreux levers précoces entre 2 et 4 h, de se reposer un peu plus. La team sort de sa torpeur, et commence à s’affairer. Comme d’habitude Janet est prête la première. Elle s’est levée tôt ce matin. Elle a été malade la nuit précédente. Cette nuit les symptômes ont perduré. Elle a du mal à manger avec les douleurs au ventre et les vomissements. Elle a déjà connu ces symptômes quand elle était au Venezuela où elle avait fait une parasitose bien carabinée. Espérons qu’elle arrivera à avancer.  Nous n’avons pas une grosse journée, et devrions être vites au campement. L’objectif du jour est le lac situé juste sous le col de Silver. C’est l’un des derniers passages d’altitude de la Haute Sierra et nous souhaitons y être tôt, car le dégel a commencé. On est sur des taux de fonte record, atteignant entre 35 et 90 % du manteau neigeux cette semaine. Nous avons bien constaté que la progression sur la neige est maintenant devenue un sacerdoce. L’autre conséquence, c’est l’augmentation spectaculaire du débit des torrents et des rivières. Franchir ceux-ci en matinée est un gage de sécurité indéniable. D’ailleurs aujourd’hui nous avons probablement effectué les river crossing les plus toniques. Le premier, North Fork Mono Creek, d’une largeur d’une dizaine de mètres se passera avec de l’eau en haut des cuisses. Le courant est violent, mais le sol est peu caillouteux, et nous avançons sans difficulté aucune. Nous longeons ensuite la rivière en rive gauche puis, pour aller de nouveau en face, retraversons de nouveau celui-ci. Le canyon est plus étroit, et concentre le débit en un vigoureux mur liquide, plus compliqué à négocier. Nous sommes contraints de passer à deux en mode tortue romaine. Le courant et la profondeur font reculer Hélène, malgré ma présence derrière pour stabiliser le binôme. Nous appliquons scrupuleusement ce que nous avons lu, quatre appuis permanents et on ne bouge un bâton ou un pied que sur ordre du dernier de la ligne. Fastidieux, mais redoutable d’efficacité. On n’ose pas imaginer franchir ce torrent dans quelques heures ! Effectivement, le reste du groupe ne pourra pas passer le PCT au même endroit. Ils seront obligés de descendre en aval, dans une zone où le flux se sépare. L’expérience a été pénible et dangereuse. Le troisième river crossing Silver Pass Creek, se fait sans piège, au pied d’une immense cascade qui recouvre le PCT. C’est une des traversées les plus belles. La rivière dévale une falaise dans un grondement assourdissant et un vent humide nous arrose durant une dizaine de minutes. Nous profitons de cet aérosol géant garanti 100 % Sierra, en ayant les jambes dans 50 cm d’eau à 2 degrés. Vive les vacances.  Nous remontons ensuite le chemin qui se faufile dans une immense paroi en verrou pour mener au lac de Silver Pass où nous dormons ce soir. Comme à l’accoutumée depuis quelque temps, le cadre est somptueux. D’immenses sommets de plus de 3500 mètres nous entourent. La concentration est telle que, sur les cartes, seul l’un d’entre eux a été nommé, le mont Izaak Walton. Après avoir longé en rive droite la rivière Silver sur prêt de 500 mètres de dénivelé, nous arrivons dans le cirque majestueux du lake Silver, sous le mont Evon. Il est plus de midi et la neige est maintenant une immonde soupe ou nous nous enfonçons jusqu’au bassin. La vitesse sur le GPS est mesurée à 800 mètres/heure. C’est juste incroyable. Heureusement que nous n’avons que 1 kilomètre à parcourir ! Nous arrivons sur une épaule qui surplombe le lac et constatons que la zone de campement officielle est encore couverte de neige. Il va être impossible de pouvoir s’installer, le sol est trop mou et humide. Après une vingtaine de minutes de recherche, en nous séparant, Janet, Hélène et moi, finissons par trouver un espace en terre juste à quelques mètres du lac. De loin cela semblait peu évident, mais ce sera LE bon emplacement pour six tentes.  Nous surveillons ensuite le reste du groupe. Nous voyons en premier Tamara et Anthony à 500 mètres, rejoint une heure plus tard Icebreaker et Régis. Après sifflements et moulinets de bras, ils nous voient et bifurquent vers nous. Chloé et Benjamin, finissent par arriver une heure de mieux. Ils sont exténués et ont eu droit au combo, torrents en furie et neige plus molle que jamais.  Par contre le cadre est exceptionnel. Nous avons le privilège de passer la nuit dans un cirque rocheux aux falaises découpées, au pied du col. Les couleurs sont magnifiques et profitons du moment.  Demain nous filons sur Silver Pass.  Go to Canada. J71   J70 Au départ dans les forêts de Volcanic Knobs J70 En descente vers Mono Creek J70 C’est le printemps ! J70 Pont sur North Fork Mono Creek J70 North Fork Mono Creek en furie J70 Pocket Meadow le long de North Fork Mono Creek J70 Silver Creek J70 La vallée de North Fork Mono Creek J70 Le PCT sous l’eau J70 Signalétique du PCT J70 A la rercherche d’un emplacement J70 Janet, Hélène et Emgan, sur le campsite du soir J70 Anthony et les joies du Post holing J70 Le smagnifique lake Silver J70 Repas du soir J70 Le mont Evon au couchant J70 Le Mont Evon J70 Le Lac Silver en glace J70 Le camptsite du soir J70 La team au complet J70 Chloé et Benjamin au coucher de soleil J70 Le cirque de Silver Laket au fond Silver Pass One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 69 ~De Sally Keyes Lake à la jonction Vermillon Valley Resort

18 km 500 D+ 500D- durée 8 h 30 Col de Selden. C’est l’un des derniers hauts cols de la Sierra à franchir. Nous continuons à avancer coûte que coûte vers le Nord. La neige est toujours présente. Heureusement il continue à geler au matin. En nous levant tôt nous pouvons profiter du gel de surface. Du coup, nous continuons à quitter le campement aux aurores. Le lever à 4 h 00 est pénible, mais salutaire.   Nous démarrons au matin, dans une lumière rosée qui éclaire les sommets lointains. Nous sommes vite au col, à peine deux kilomètres et 200 mètre de montée. Nous laissons le lac de Heat Lake sur notre gauche. Il est intégralement gelé, dans un cirque encaissé.  Nous passons celui-ci et remontant droit dans un canyon entre des falaises d’une vingtaine de hauteur, entre les monts Senger et Hooper. Le PCT n’est plus visible et nous visons au mieux.  Après une montée rapide dans un verrou rocheux, à peine quelques lacets et le col est franchi. Nous contemplons l’immense lake Dorothy. Nous sentons que les difficultés de la Sierra sont derrière nous, il n’a pas l’ampleur des précédents. Par contre le cadre rocheux le rend assez singulier, et donne vraiment l’impression de quitter la haute Sierra. Nous attaquons rapidement la descente. Nous ne cherchons pas à suivra le PCT et préférons avancer en suivant la géographie locale au mieux. Nous passons ainsi entre les lacs Marshall et Marie, puis en suivant une vague sente en descente le long de la courbe de niveau nous entrons dans le vallon West Fork. Les traces vont dans tous les sens obligeant à être rigoureux quand au suivi de la carte et du GPS.  Le reste de la journée comprends comme à l’accoutumée un nombre important de rivières à franchir. Nous arrivons après 4 h 00 de marche à la jonction entre le PCT et le chemin qui monte vers le lac Lou Berverly Lake. Sur les informations communiqués par les prédécesseurs dans le topo, il est précisé que le franchissement de la rivière Bear est sportif, avec de l’eau jusqu’au nombril, voire davantage. Comme la fonte des neiges est importante, nous décidons de ne pas la franchir et de passer en hors-piste en rive droite de la rivière Fork, et de franchir plusieurs de ses affluents plutôt que son lit en aval. La progression est réellement hors PCT et hors piste. Nous sommes en foret, au milieu de nulle part, à 3000 mètres d’altitude. En suivant au mieux les lignes de niveaux, et en évitant ce qui est décrit comme des falaises a l’aide du GPS, nous arrivons enfin sur les premier, deuxième puis troisième affluent. Le débit est important. Nous n’osons pas imaginer ce que doit être la force du courant de la rivière Fork une fois que celle-ci c’est vue augmenté de volume. Nous franchissons ceux-ci sans difficulté avec de l’eau à mi-cuisse. Après une heure de navigation nous retrouvons enfin le chemin Bear Creek Alternante Crossing Route, puis le PCT juste après le fameux site de passage annoncé comme dangereux. Et nous constatons… que cela aurait probablement pu se franchir*. Le PCT n’est pas toujours aussi facile qu’imaginer et de temps en temps, il faut vraiment faire appel à d’autre talents que celui de marcher en suivant les marques sur les arbres. Nouveauté annoncée mais toujours redoutée, nous subissons pour la première fois l’assaut des moustiques. Nous savons que dans les 15 jours qui suivent la fonte de la neige ceux ci vont commencer leurs deuxièmes vies. Et ben on y est !  Depuis 3 jours, ils sont sortis de leur torpeur et dans l’après midi ils passent à l’attaque. C’est une véritable expérience désagréable que de ne plus avoir un centimètre de peau exposé non piqué. Ils sont assoiffés et efficaces, à notre dépend. Il va être urgent de se doter d’anti moustique puissant. Ma périostite, présente depuis le col de Mather Pass va me pénaliser plus que de coutume. Je n’avance plus aussi vite que souhaité. Les heures passées à marcher dans la neige n’aident pas à la cicatrisation. Le rythme de 10 miles par jour est parfait, mais je sens qu’au delà ce serait compliqué.. On verra s’il faut prendre 2 jours de repos à Mammoth Lake que nous atteindrons dans trois jours. L’étape de ce jour l’une des plus lentes que nous ayons faites. C’est une vraie découverte que de subir autant la nature ! Ce soir nous dormons en forêt, en présence de Janet, Benjamin, Chloé, Tamara et Anthony. Régis et IceBreaker on décidé de continuer vers Vermillon Valley Resort, et de faire une nuit en dure. Il reprendront le bateau sur le lac Thomas Edisson demain. Comme nous sommes autonome en nourriture nous n’ajoutons pas 20 kilomètres de mieux à l’aventure.  Keep Going J70 *Nous apprendrons plus tard que les membres de notre futur groupe de marche de l’état de Washington, Pierre et Hélène se seront fait emporter par la rivière. A postériori, nous avons fait le bon choix ! J69 Départ du matin J69 Rae Lake au matin J69 La team en montée vers Selden Pass J69 Sallie Keyes Creek J69 Janet et Emgan J69 Dans les méandres de la Haute Sierra J69 Le Col de Selden J69 Le lac Mary J69 Le magnifique lac Mary J69 Arrivée à Selden Pass J69 Upper Bear Creek meadows J69 En route vers West Fork Bear Creek J69 Le détour par South Fork Bear Creek J69 Campsite à la jonction Vermillon Valley Resort et le PCT J69 Bear Creek à la fonte des neiges One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 68 ~De South Fork Joaquim River à Sally Keyes Lake

13 Km 800 D + 100 D- durée 5 h 00 Étape de transition. Aujourd’hui, c’est une progression destinée à optimiser les horaires de passage des prochains cols, en calant au pied de ceux-ci. Nous allons nous installer au plus près de Selden Pass, et nous aurons peu de kilomètres et de dénivelé à marcher. Cela permettra de récupérer de la semaine précédente. En plus, cela fait un réveil cool… à 4 h du matin. C’est parfait pour profiter du paysage et surtout voir les animaux. D’habitude, la vitesse de progression fait que nous ne prenons pas le temps de nous arrêter pour observer la faune et la flore. Nous recommençons à avancer plein nord. Nous passons entre les deux sommets que sont North Rock et Turret Peak. Le chemin est une aventure étonnante. Il réussit à se faufiler dans les immenses vallées de la Sierra par les lignes de faiblesses et les verrous entre les pics.  Nous sommes tous à notre rythme. Janet est partie un peu plus tôt, nous la rattrapons dans la montée de Senger Creek. Anthony, Tamara, Régis et IceBreaker sont derrière, et enfin Benjamin et Chloé. Ces derniers se sont levés plus tard et veulent profiter de la courte étape pour dormir. Le groupe verra sur journée un loup, un coyote, des cerfs, un aigle royal qui pêchent dans un lac, et un nombre important de pika, Chipmunks et autres rongeurs. C’est aussi cela le PCT, savoir de temps en temps, prendre son temps. Nous franchissons avec Janet les torrents dans les pentes rocheuses sous le Mt Senger. Ils descendent des lacs Sallie Keyes. Nous retrouvons la neige à 3 100 m d’altitude et sommes impressionnés par la vitesse de fonte. La progression est devenue boueuse en forêt. Nous nous enfonçons par endroit dans la terre ou les névés fondus. Nous passons en équilibre la rivière Sallie Keys Creek qui quitte le lac du même nom sur des troncs d’arbres partiellement immergés. C’est toujours un moment délicat de jouer à l’équilibriste au-dessus de 1,50 mètre d’eau. Il n’y a aucun danger réel, mais la baignade forcée serait malvenue. Nous avons repéré sur la carte un campement au nord, sous le col. En arrivant, nous découvrons que les emplacements sont peu nombreux, quasiment exclusivement rocheux, et en limite avec la neige. Nous devons poser nos six tentes à plusieurs endroits différents. Une fois encore, nous réussissons à ne pas dormir sur un sol froid. Le panorama au-dessus des lacs Sallie Keyes est enchanteur. Par contre, la présence de pikas est à prendre en compte. Notre poubelle en fera les frais. Un farouche habitant troue notre sac étanche. Décidément nous sommes une aubaine pour les animaux en cette sortie d’hiver ! Les marmottes sont aussi aux portes des tentes. Clairement, nous ne sommes pas des prédateurs. Demain, nous passons le col de Selden. Cela devrait se faire sans difficulté. Nous sommes plus inquiets du franchissement d’un torrent réputé comme dangereux. Nous allons probablement faire un détour pour l’éviter. On verra bien.  Will see and keep going. J69 J68 Camp site au réveil J68 Un pin Ponderossa bien volumineux J68 Et surtout immense J68 Pin Ponderossa et Pin Britlescone J68 Le maitre des lieux J68 Une biche curieuse sur le PCT J68 Le PCT à la fonte des neiges J68 Le lac Sally Keyes J68 Une marmotte voisine de tente J68 Le campsite du soir J68 Marmotte et lac Sally Keyes J68 La tente d’Anthony et Tamara J68 La team fantastic au complet J68 Vue sur le lac Sally Keyes One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 67 ~De Piute Pass à South Fork Joaquim River

19.5 km 200 D+ 1200 D- durée 7h 30 Aujourd’hui journée descente. À l’instar d’il y a deux jours avec le passage du col de Bishop, c’est une étape intégralement hors PCT. Nous ne perdons pas au change. Certes nous ne verrons pas Muir Pass, mais la progression le long de Piute Canyon est juste extraordinaire. L’immense plateau d’Humphreys Bassine sous Piute Pass est à 3000 mètres et les paysages à 360° sont fabuleux. Nous nous levons tôt de nouveau pour profiter de la neige durcie et avancer au plus vite. Il y a peu de kilomètres, mais la trace est peu évidente. Il n’y a pas, tout du moins au départ ce matin, de cheminement évident. Le plus simple dans ce cas est d’aller à l’azimut, de points remarquables en points remarquables. Nous quittons le camp à 5 h 30, avant le lever de soleil. Nousfilons plein nord, en contournant le lac gelé de Summit Lake. Le plateau à l’ouest du col de Piute est immense et nous y passerons presque 1 h 30. Nous franchissons de nombreuses rivières, toutes avec pont de neige. Le seul river crossing d’altitude sera bien frais, et un peu complexe. La hauteur d’eau est importante, même si le débit n’est pas dangereux. Nous sommes maintenant en pleine fonte du printemps et dès le lever de soleil les torrents grossissent rapidement. Nous sommes méfiants, l’humidité de la veille a rendu les rochers glissants. Une fine couche de givre et de glace impose une progression pénible. Hélène fait une chute impressionnante, mais sans gravité. Heureusement les sacs à dos et la forme physique bien solide permettent des miracles ! Janet en essayant de contourner un torrent verglacé fait elle aussi une acrobatie invraisemblable. Elle est littéralement la tête en bas, retenue par son sac, surplombant une gouille peu profonde. Pas de risque de noyade, mais il serait malvenu de finir dans la rivière avec les températures négatives du matin. Je me débarrasse de mon sac à dos et remonte l’aider. Ouf, pas de bobo. C’est réellement un chat à neuf vies ! Par contre, la suite nous oblige à une vigilance accrue, et malgré cela, nous tomberons à plusieurs reprises heureusement sans gravité. Après plus de 10 kilomètres, sous le sommet de Pilot Knob au nord, nous trouvons le chemin officiel. Nous avançons maintenant dans une zone où alternent flaques boueuses, ruisseaux et packs de neige condamnés à fondre à brève échéance. Il est devenu illusoire de garder les pieds aux secs et du coup, on reste la journée en chaussettes humides. C’est d’autant plus vrai que le nombre de river crossing est record. Nous devons même franchir une section bien tonique, à la jonction de Piute Canyon et de French Canyon, de cinq torrents en 150 m. Les débits sont maintenant à considérer avec sérieux. L’eau pousse fort et il est aisé de faire un faux pas. La seule bonne nouvelle c’est que la cryothérapie version Sierra est excellent pour les courbatures. Nous sommes tous en forme et cela se sent. Dès que le chemin devient facile à marcher, les gens avancent vite.  Nous longeons ensuite le torrent de Piute pendant le reste de la journée, mille mètre en contre bas des sommets de Pavillion Dome Turret Peak, jusqu’au dix-huitième kilomètre. C’est effrayant de voir le débit enfler au fur et à mesure des heures qui passent.  Nous récupérons enfin le le PCT à la jonction avec la branche sud de la rivière San Joaquim. C’est la rivière que nous aurions dû suivre lorsque nous avons quitté le PCT il y a 3 jours. À cet endroit, Benjamin et Chloé auront la chance de croiser un ours à moins de 15 m d’eux. Ils sont restés faire une sieste. En se réveillant, ils vont découvrir le plantigrade caché derrière un rocher. Celui-ci s’enfuira immédiatement. Les veinards ! Nous continuons 1 km plus avant et arrivons enfin au campement du soir. Nous sommes plus d’une dizaine, mais le site étant immense il n’y a aucune difficulté pour que chacun s’installe à convenance.  Demain ce sera une étape de montée pour se mettre au plus haut avant le passage du Col de Selden. Keep Going. J68 J67 Départ 5 h 30 devant Summit Lake J67 Anthony devant Summit Lake J67 La beauté de la Haute Sierra au lever de soleil J67 Pont de neige sur Piute Creek J67 Humphreys Bassine J67 Hélène le long de Piute Creek J67 Piute Canyon J67 La rivère en furie sur le sentier J67 Piute Creek, le débit est impressionant J67 Le printemps , enfin J67 Pin Ponderossa au campsite J67 Le chemin en balcon au dessus dans Piute Canyon One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 66 ~De North Lake Hiker Parking à Piute Pass

8 km 700 D+ 100 D- durée 3 h 00 Retour sur le PCT. La matinée est consacrée au dernier ajustement du ravitaillement. Cela se fera sans difficulté, on commence à connaître les chaînes de supermarchés américaines. Puis on passe à la variante locale et infernale du Tetris : le remplissage de la BearCan. Nous avions déjà joué à ce puzzle étonnant, typiquement américain. Il faut arriver à rentrer six jours de nourriture dans une boîte d’un bleu translucide, de 22 cm de diamètre et de 30 cm de haut. En plus d’être lourde, elle est franchement inconfortable. Soit vous la laissez à l’extérieur de votre sac à dos, au risque de la faire tomber, soit vous la mettez dans le sac et elle appuie sur votre dos. Bref indispensable, mais absolument pas ergonomique. Après presque une demi-heure, tout est sa place, sauf le pain. Tant pis, ce sera sachet anti odeur et nous disposerons celui-ci à distance des tentes. Ce n’est pas satisfaisant, mais nous n’avons pas le choix. Nous nous rejoignons devant la boulangerie et après une séance culinaire, nous sommes prêt à reprendre la route qui nous a descendus du col de Bishop. Sur le trajet nous constatons que le printemps est en train de lancer son attaque sur les arbres qui sont tous en feuilles. C’est plaisant et présage de jour plus sympathique.    Pour aller vers le départ et Piute, nous bénéficions d’un transport par des trails angels, d’une même famille qui nous acheminent à 9 dans 3 véhicules. Sur ce coup-là l’efficacité d’Icebreaker est redoutable. Nous proposons de les dédommager de l’essence. Refus et commentaire suivant : « Penser à faire de même quand vous croiserez des voyageurs ». Étonnant cette Amérique qui oscille entre générosité absolue et écriteaux Private Property partout. Nous voilà en début d’après-midi à Piute Pass head. Nous avons bifurqué en montant en voiture à hauteur de Big Trees vers le Nord, au niveau d’Aspendell trail head North Lake.  Nous commençons notre courte journée en suivant le trail de Piute Canyon le long du torrent Bishop Creek (si, si, cela ne s’invente pas) jusqu’au col. Demain nous longerons Piute creek au niveau de son confluent avec la rivière San Joaquim où l’on rejoint l’itinéraire du PCT, confondu ici avec le JMT. La montée vers Piute est rapide, même si les 800 m sont bien toniques. Nous sommes tous reposé et nos organismes sont affutés. Pour certains d’entre nous, Régis notamment, les repas de la veille ont bien rechargé le corps en énergie. Au bout de deux heures d’ascension, nous retrouvons la neige. Celle-ci est plutôt portante et nous marchons sans difficulté aucune. La vallée dans lequel nous avançons est une succession de lacs glaciaires. Des treize croisés, seuls deux sont nommés, les Loch Loven Lake et Piute Lake. L’été, ce doit être une randonnée prisée vue le cadre magnifique de l’endroit. Après une dernière ascension en traversée, nous arrivons enfin au point haut de jour.  Nous restons sans voix. Humphrey Bassin que nous découvrons est un immense amphithéâtre naturel aux couleurs magiques. Le soleil couchant illumine une série de sommets, dont Wahoo peak, le maître des lieux. Bonne nouvelle, nous pouvons monter toutes nos tentes au col de Piute à 3 500 m. Il fait frais, mais la vue et extraordinaire sur les plateaux enneigés compense. C’est avec le sourire que nous nous installons.  Demain, nous aurons une longue descente qui nous amènera juste à la jonction avec le PCT. Normalement, nous devrions avoir beaucoup de traversées de torrents. Nous nous lèverons tôt. Keep going. J67 J66 Loch Leven Lake J66 Hélène en route vers Piute Pass J66 Le verrou rocheux avant Piute Lake J66 North Fork Bishop Creek J 66 Piute Lake et North Fork Bishop Creek J66 Le névé sous Piute Pass J66 Couché de soleil sur Summit lake sous la glace J66 Campsite de Piute Pass J66 Régis revient de son ravitaillement en eau J66 Le campsite du soir J66 Humphreys basine J66 Mt Morrow au couchant J66 Dernier rayons du soleil J66 Vue de la tente One step back Sierra Nevada One step forward