
16 Km 850D+ 700D- durée 7 h 00
Réveil cool, à 5 h pour un départ 6 h 30.
Cela fait du bien, après les nombreux levers précoces entre 2 et 4 h, de se reposer un peu plus.
La team sort de sa torpeur, et commence à s’affairer. Comme d’habitude Janet est prête la première. Elle s’est levée tôt ce matin. Elle a été malade la nuit précédente. Cette nuit les symptômes ont perduré. Elle a du mal à manger avec les douleurs au ventre et les vomissements. Elle a déjà connu ces symptômes quand elle était au Venezuela où elle avait fait une parasitose bien carabinée. Espérons qu’elle arrivera à avancer.
Nous n’avons pas une grosse journée, et devrions être vites au campement. L’objectif du jour est le lac situé juste sous le col de Silver. C’est l’un des derniers passages d’altitude de la Haute Sierra et nous souhaitons y être tôt, car le dégel a commencé. On est sur des taux de fonte record, atteignant entre 35 et 90 % du manteau neigeux cette semaine. Nous avons bien constaté que la progression sur la neige est maintenant devenue un sacerdoce. L’autre conséquence, c’est l’augmentation spectaculaire du débit des torrents et des rivières. Franchir ceux-ci en matinée est un gage de sécurité indéniable.
D’ailleurs aujourd’hui nous avons probablement effectué les river crossing les plus toniques. Le premier, North Fork Mono Creek, d’une largeur d’une dizaine de mètres se passera avec de l’eau en haut des cuisses. Le courant est violent, mais le sol est peu caillouteux, et nous avançons sans difficulté aucune. Nous longeons ensuite la rivière en rive gauche puis, pour aller de nouveau en face, retraversons de nouveau celui-ci.
Le canyon est plus étroit, et concentre le débit en un vigoureux mur liquide, plus compliqué à négocier. Nous sommes contraints de passer à deux en mode tortue romaine. Le courant et la profondeur font reculer Hélène, malgré ma présence derrière pour stabiliser le binôme. Nous appliquons scrupuleusement ce que nous avons lu, quatre appuis permanents et on ne bouge un bâton ou un pied que sur ordre du dernier de la ligne. Fastidieux, mais redoutable d’efficacité. On n’ose pas imaginer franchir ce torrent dans quelques heures ! Effectivement, le reste du groupe ne pourra pas passer le PCT au même endroit. Ils seront obligés de descendre en aval, dans une zone où le flux se sépare. L’expérience a été pénible et dangereuse.
Le troisième river crossing Silver Pass Creek, se fait sans piège, au pied d’une immense cascade qui recouvre le PCT. C’est une des traversées les plus belles. La rivière dévale une falaise dans un grondement assourdissant et un vent humide nous arrose durant une dizaine de minutes. Nous profitons de cet aérosol géant garanti 100 % Sierra, en ayant les jambes dans 50 cm d’eau à 2 degrés. Vive les vacances.
Nous remontons ensuite le chemin qui se faufile dans une immense paroi en verrou pour mener au lac de Silver Pass où nous dormons ce soir. Comme à l’accoutumée depuis quelque temps, le cadre est somptueux. D’immenses sommets de plus de 3500 mètres nous entourent. La concentration est telle que, sur les cartes, seul l’un d’entre eux a été nommé, le mont Izaak Walton.
Après avoir longé en rive droite la rivière Silver sur prêt de 500 mètres de dénivelé, nous arrivons dans le cirque majestueux du lake Silver, sous le mont Evon. Il est plus de midi et la neige est maintenant une immonde soupe ou nous nous enfonçons jusqu’au bassin. La vitesse sur le GPS est mesurée à 800 mètres/heure. C’est juste incroyable. Heureusement que nous n’avons que 1 kilomètre à parcourir !
Nous arrivons sur une épaule qui surplombe le lac et constatons que la zone de campement officielle est encore couverte de neige. Il va être impossible de pouvoir s’installer, le sol est trop mou et humide. Après une vingtaine de minutes de recherche, en nous séparant, Janet, Hélène et moi, finissons par trouver un espace en terre juste à quelques mètres du lac. De loin cela semblait peu évident, mais ce sera LE bon emplacement pour six tentes.
Nous surveillons ensuite le reste du groupe. Nous voyons en premier Tamara et Anthony à 500 mètres, rejoint une heure plus tard Icebreaker et Régis. Après sifflements et moulinets de bras, ils nous voient et bifurquent vers nous. Chloé et Benjamin, finissent par arriver une heure de mieux. Ils sont exténués et ont eu droit au combo, torrents en furie et neige plus molle que jamais.
Par contre le cadre est exceptionnel. Nous avons le privilège de passer la nuit dans un cirque rocheux aux falaises découpées, au pied du col. Les couleurs sont magnifiques et profitons du moment.
Demain nous filons sur Silver Pass.
Go to Canada.