
18,5 km 400 D + 700 D- durée 5 h 00
Mammoth Lake… enfin.
Après cette dernière longue section où nous avons passé 6 jours dans les montagnes, chacun a hâte de pouvoir se poser.
Vivre avec le strict minimum est une drôle d’expérience. On applique le principe « hiker trash », pas ou peu de toilettes, un seul T-shirt, et short. Du coup la première urgence c’est laver ses vêtements et les individus !
Honnêtement à la fin de chaque étape, on termine dans un état pas très… propre. Vivement la ville.
Nous démarrons en montée sur les pentes ouest d’un sommet de 3500 mètres, sans nom, que nous longeons pendant une dizaine de kilomètres. Au loin les pics Devils Top et Double Peak émergent dans les lumières roses orangées du levant. C’est toujours un régal pour les yeux, même si cela oblige à s’éveiller avant l’heure dorée. Il ne fait pas froid et nous avançons vite. Janet nous accompagne. Nous préférons l’avoir en visuel. Elle a réussi à manger quelques snacks ce matin. Tant mieux cela lui évite une évacuation héliportée !
Nous marchons l’intégralité de cette étape en forêt, où se côtoie pins Ponderossa, à sucre, séquoia, douglas et autres essences que nous ne connaissons pas. C’est réellement impressionnant, d’autant plus que la taille des arbres locaux est hors norme par rapport à celle des frondaisons européennes. L’absence de végétation au sol, la neige venant juste de fondre, donne une sensation d’apaisement tout à fait étonnante. Il n’y a pas de bruits, à peine quelques oiseaux et parfois le vent dans les cimes. Des animaux commencent à courir dans les branches, et nous croisons des familles de Chipmunks sous amphétamines. La randonnée est devenue quasi idyllique, le PCT est meuble et le chemin parfaitement tracé.
Nous retrouvons malgré tout une cadence satisfaisante. Nous faisons l’étape en 5 h alors que les jours précédents il nous fallait marcher pendant plus de 12 h pour la même distance. Nous avons passé le plus dur. Enfin !
Au mile 900, nous croisons le trail qui remonte vers le col de Mammoth, Pack Pass sur 5 kilomètres. Celui-ci se sépare en deux. Nous bifurquons vers la branche de gauche. Surprise des troncs sont au sol, dans tous les sens. Nous essayons d’avancer, peine perdue. Nous rebroussons chemin et reprenons la pente à droite. Cool, celui-ci est entretenu. Il louvoie dans un abracadabrantesque mikado géant. Une tempête a couché les arbres. Nous retrouvons malheureusement de nouveau ces fichus paquets de neige qui impose escalade et désescalade, les névés faisant jusqu’à 1,5 m de haut. Les traces sont plus nombreuses et nous ne perdons pas de temps sur le 150 mètres de montée.
Nous arrivons enfin au col de Mammoth. Un panneau marque l’emplacement de celui-ci. En fait il s’agit plus d’un replat débonnaire et sans aucun intérêt. On devient exigeant, et étions habitué à mieux !
La descente longe les lacs Mc Cloud et Horseshoe, où des pêcheurs à la mouche sont présents. Le cadre est bucolique et agréable. Après quelques derniers névés, ça y est, nous y sommes.
L’arrivée à Mammoth est… déstabilisante. On côtoie sans préavis, familles en goguette, randonneurs du jour, voire d’une heure. Ils sont attentifs à ne pas glisser et étonnés de voir des énervés passer en mode chamois, à toute vitesse. Incroyable, ils sont propres, et surtout ils sentent bon. On n’ose pas imaginer ce qu’ils pensent de nous !
Au Trail Head, le parking est rempli de voiture. Un vrai choc visuel. Nous attendons à peine une demi-heure et sommes rejoints par Tamara, Anthony, puis Chloé et Benjamin qui attrape sur le fil la navette. Le bus gratuit, d’un siècle lointain, est rouge pétant, et son intérieur en bois et dorures.
Il nous dépose devant notre hôtel où nous resterons 2 jours et 2 nuits. Premier double zéro depuis 2 mois. Nous commençons par aller manger.
Il était temps.
Go to Canada.