Jour 96 ~Hellgramite Lake to Pilot Peak

32 km 1000 D+ 1200 D- durée 10 h 00 Journée superposable à celle de la veille. Nous continuons l’étonnante routine du lever tôt. Le réveil aux aurores permet de procrastiner quelques minutes dans le duvet, puis de s’habiller rapidement. Les températures deviennent élevées en fin de matinée, mais au lever, nous percevons toujours la fraîcheur de la nuit à plus de 2000 mètres d’altitude. Nous sommes fin juin et pourtant l’été, en montagne peine à être entier. Les écarts thermiques sont encore importants. Tant mieux, c’est plus agréable comme cela. Nous pouvons marcher sans trop souffrir. La gestion du 27° à l’ombre est en train d’être affaire de tous les instants. Nous devons prendre des pauses plus régulières, mais aussi recommencer à être vigilants pour ne pas faire d’erreur sur le portage en eau, et si besoin, accepter d’avancer doucement. Le départ à 7 h, en forêt permet de retrouver rapidement les immenses vues ouvertes sur les vallées ou des lacs bleu turquoise, surmontés de falaises de roches que nous devinons volcaniques. Les parois grises sont séparées d’éboulis rouges, en contraste des arbres qui essaient de s’y accrocher.  Par contre, dès que nous passons le couvert des pins, la marche se fait dans une ambiance plus glauque, leurs tailles de plus de 40 mètres empêchant toute vie en sous-bois. L’absence complète de végétation n’est pas enthousiasmante visuellement. Heureusement de temps en temps des clairières égaient les vues. Dans celle-ci, la flore est en pleine croissance de printemps. L’herbe est verte fluo, et des millions de fleurs profitent de ne pas être brûlées pour composer des tableaux floraux magnifiques. Nous louvoyons entre les pics Washington, Gibraltar, Beartrap, et Stafford, par de petits cols sans nom qui séparent les sources des rivières qui dévalent vers les plaines de la Californie. Malgré l’omniprésence de celles-ci, et comme nous passons à leurs origines, la surveillance des points d’eau est une nécessité. Les torrents Jamison ou Lavezolla sont secs. Heureusement, dans les pentes du mont Gibraltar, au niveau d’une branche de la rivière Nelson Creek, nous trouvons de l’eau en abondance. Parfait, cela fait une dizaine de kilomètres que nous marchons. Nous faisons une pause déjeuner assis dans un immense champ de fleurs, qui arrive à la hauteur des épaules d’Hélène. L’image est comique, et nous avons l’impression d’être dans une plantation de marguerites jaunes.  L’après-midi est plus agréable que les forêts désertes, avec alternance de clairières vertes, d’alpages, de zones rocheuses et de vues sur les collines de la Californie. Le rythme est régulier et il n’y a plus de problème pour avancer. On maintient toutefois notre objectif de 30 km par étape, avant de monter à plus de 35 d’ici quelques jours. Cela préfigure la traversée future de l’Oregon où nous devrions accélérer. Nous avons au loin le Volcan Lassen, pyramide parfaite que nous croiserons demain en voiture.  Au trentième kilomètre, nous prenons le temps de faire un aller-retour de 400 mètres à la source South Fork Spring. Parfait, l’eau coule à flots et nous pouvons sans difficulté remplir nos gourdes. Le surpoids ne va pas être pénible, il reste deux kilomètres à marcher.  Nous arrivons plus tôt que la veille, vers 17 h sur la colline de Pilot Peak. Nous avons lu sur le topo qu’il existe un emplacement de tente au croisement d’une piste et du PCT. La blague, c’est tout moche et plein de poussière. Nous décidons d’avancer et à peine 200 mètres plus loin, un espace est libre entre des buissons. Le lieu est parfait, avec arbres de petite taille, vue sur les collines, et quelques blocs pour faire champêtre.  Demain nous irons à Quincy où nous ferons le ravitaillement pour 5 jours, puis nous ferons du stop ou commanderons un Uber pour contourner la portion brûlée. Les commentaires concernant celle-ci ne font pas rêver, peu d’eau ou polluée par le retardant chimique des canadairs, arbres morts en pagaille en travers du chemin, pas d’ombre. Avec le pic de chaleur à 30 °C, ça va être l’enfer sur la section. En discutant avec un randonneur à la journée il confirme le peu d’intérêt de l’étape, sauf le franchissement de la borne symbolique du MidPoint qui marque la moitié de l’avancée vers le Canada. Les deux zones brûlées par le Bear Fire et le Dixie Fire, deux des principaux mégafeux de l’année 2021 sont encore bien présents. Go to Canada J97 J96 Au démarrage, ombres et contrastes J96 Les forêts désertes vers le Mont Gibraltar J96 Clairière en pleine floraison J96 Dans les pentes, sous le mont Washington J96 Spencer Lakes J96 Pause déjeuner dans les alpages J96 Bunker Hill Ridge. L’essence du PCT. Un chemin et des vues incroyables. J96 Au loin le mont Lassen J96 Campsite du soir. J96 Coucher de soleil en forêt. Magique. One step back Californie du Nord One step forward

Jour 95 ~Sierra City to Hellgramite Lake

33 km 1500 D+ 700 D- durée 10 h 00 Départ de Sierra City un peu tardif.  Nous partons en stop, après à peine 5 minutes d’attente sur le bord de la route. Un trail angel aux aguets nous fait monter dans son véhicule, une Subaru hors d’âge bien poussiéreuse. Le conducteur, au moins 70 ans, est bavard et heureux de la saison du PCT qui est maintenant installée. Pendant deux mois, il est là tous les jours pour aider. Il est vrai que nous sommes les seuls touristes en ce lieu incroyablement isolé. Nous ne sommes au départ qu’à 9 h 30. Pas de regret, nous avons pris le temps d’un petit déjeuner au top, et cela fait du bien. On commence à savoir ce que l’on veut, et cela permet d’avoir un maximum de calories pour entamer la marche. Nous démarrons par une longue et soutenue ascension en plein soleil, dans les pentes de Sierra Buttes, d’emblée 700 m de dénivelée bien raide. Heureusement une légère brise aide à ne pas rôtir, surtout que nous sommes très vite hors du couvert des arbres. Les vues sont magiques et nous surplombons de 1000 mètres la ville que nous venons de quitter trois heures auparavant. L’arrivée après 12 km au sommet de celle-ci nous convient parfaitement. Le PCT croise une piste forestière fréquentée. Une courte montée de 150 m autorise les locaux et permet de profiter du panorama sur les sommets. Par contre, jusqu’au pic de Sierra Buttes, c’est une autre affaire, il reste encore 500 bons mètres. Sans nous ! On se pose et on prend le lunch à l’ombre d’un pin, dans l’alpage. Nous repartons sans trop traîner, pour faire les 20 kilomètres suivants. Le PCT alterne montées, descentes, entre forêts et prairies. Nous passons entre les deux lacs de Tamarack, puis filons au trailhead de PackSaddle. Nous sommes en week-end et avec Hélène on se fait la réflexion que les trails magics c’est souvent les samedi et dimanche. Peut-être que nous allons y avoir droit. Incroyable à peine 20 minutes plus tard, une glacière est déposée au bord du sentier. Nous sommes trop contents. Et là, c’est le drame. Elle est vide. Les prédécesseurs ont tout bu. Et pour achever le tout, c’est Icebreaker, régis and co, qui sont les vilains. Ils ont osé signer leurs méfaits.  Tant pis c’est aussi cela le PCT. Nous remontons dans Grass Lake en direction de Deer Lake que nous contournons à distance, le chemin restant… sur les collines. En passant SawMill Creek, nous croisons un groupe de saumons qui remontent vers leurs frayères. Sympa, et plutôt rare.  Il commence à s’installer une certaine constance dans les paysages. Il va falloir s’y habituer, c’est probablement le type de vue que nous allons avoir pendant les 600 prochains kilomètres sur les crêtes, en forêt. Ce n’est pas désagréable, loin s’en faut, par contre c’est beaucoup moins graphique et les photos ne sont pas représentatives de l’ambiance, plutôt sylvestres des heures passées. Nous faisons au 32 kilomètres, un ravitaillement de plus de 6 litres d’eau. La source Pauley Seep nous donne du fils à retors pour être localisée. En fait l’écriteau pour indiquer le lieu n’est visible que SOBO en revenant sur ses pas. Nous avons eu un court instant de doute. Nous laissons les sacs sur le trail, et après un rapide aller-retour de 200 mètres, nous sommes tranquilles. Le campsite de ce soir est en forêt, sec, et avoir rempli les gourdes est salvateur.  Nous arrivons tard au site de couchage… vers 19 h 30 ! On est bien fatigué. Un autre randonneur nous rejoint et s’installe à proximité. Il ne reste pas traîner et se réfugie vite dans son abri pour se reposer… lui aussi. Go to Canada. J96 J95 The collector old Sierra Hotel ! J95 En bas, Sierra City J95 On commence à se déshydrater J95 Le PCT dans les pentes de Sierra Buttes J95 Pause dans la montée de Sierra Buttes J95 Lis, Lady Washington Lily J95 On devine au loin les neiges sur Desolation Wilderness J95 On sort de la forêt pour entrer dans les alpages J95 Tamarack Lake J95 La face nord de Sierra Buttes J95 A la jonction entre Deer Lake et Salmon Lake J95 Saumons dans SawMill Creek J95 Gold Lake J95 Round, Silver et Big Bear Lake One step back Californie du Nord One step forward

Jour 94 ~Mules Ear Creek to Sierra City

26 km 300 D+ 1200 D- durée 6h00 Sierra City. Journée attendue. Nous allons en ville. Nous devrions enfin pouvoir nous poser, et souffler. La fin de la Sierra a été exigeante mentalement, nous obligeant à continuer à croire en nos capacités.  Nous avons bien fait d’être rigoureux. Cela a payé, Hélène est en bonne voie de consolidation et la périostite commence à être de l’histoire ancienne.  La randonnée est menée tambour battant, 26 km en 6 h. Du campement jusqu’à Sierra nous filons en une longue descente, le long du torrent Milton Creek. Il y a quelques jours… c’était difficile, voire impossible. Nous arrivons dans une toute petite ville de 225 habitants, lovée dans une vallée encaissée qui suit la rivière Yuba.  Le PCT est à l’identique de la veille, beaucoup de forêts, de plus en plus de fleurs et une végétation qui essaie de reprendre ses droits sur le chemin. De temps en temps c’est direct dans le… bush, comme disent les locaux. Nous commençons à voir énormément de chipmunks, par contre ils sont impossibles à photographier. Ils courent dans tous les sens et donnent l’impression d’être sous caféine.  Au croisement du PCT, et de Haypress Creek, nous bifurquons sur une piste de terre. Cela permet d’éviter un pont partiellement détruit quelques kilomètres plus loin qui n’ajoute rien à la randonnée du jour et oblige à des acrobaties scabreuses. Nous passons le campement de Wild Plum, ou de nombreux vans sont installés. La civilisation est de retour.  À Sierra city, nous achetons pour 2 jours de ravitaillement. Nous devrions atteindre notre prochaine étape Quincy dans 68 kilomètres. En marchant deux sections de plus de 30 kilomètres, cela devrait se faire tranquillement. Après nous, allons devoir faire du stop. Nous avons pris la décision de ne pas faire une partie de la portion de Belden à Old Station. Celle-ci a partiellement brûlé et oblige à dormir 3 nuits dans les cendres du feu de 2022. Le PCTA déconseille, mais n’interdit rien. Beaucoup de hikers tergiversent, un coup oui, un coup non. Nous, peu importe l’orthodoxie et le, il faut TOUT marcher, nous tenons à nos poumons. Certains feront le trajet et avancerons avec un masque FFP2. C’est une solution, mais peu agréable. S’encrasser avec suies et poussières d’incendies me semble être une mauvaise idée. Sans parler de l’effet désastreux sur le matériel photographique, car les cendres viennent se loger sur le capteur, malgré l’étanchéité supposée de l’appareil. Nous retrouvons Régis, Icebreaker, Tamara et Anthony qui sont eux aussi arrivés ce matin. Ils repartiront dans l’après-midi.  Nous, nous filons au seul hôtel du coin, le Old Sierra City Hôtel, en face du Country Store. L’ambiance est baroque et la chambre top. Nous prenons une douche. Quel bonheur de sentir enfin bon ! Par contre, le nettoyage des vêtements est plus exotique. Pour deux dollars, le gérant vous loue une lessiveuse de poche. C’est tambour et rinçage à la main puis séchoir sommaire sur une corde entre le mur de la pension et la maison dans face. C’est la version -DIY- do it yourself de fortune la plus étonnante du PCT. On va être honnête, les vêtements sont à peine propres. C’est mieux que rien et devrait suffire pour les 2 prochaines étapes. Demain, nous reprenons le chemin tôt. Nous savons que la matinée va tonique, 650 mètres d’ascension nous attendent. Keep Going. J95 J94 Doigts du diable J94 Crête sans nom au dessus de Milton Reservoir J94 Lis ou Tiger Lilly J94 Les forêts interminables de Tahoe National Forest J94 En route vers Sierra City One step back Californie du Nord One step forward

Jour 93 ~Castle Pass to Mules Ear Creek

31 km 950 D+ 1100 D- durée 10 h 00 Journée plus longue que planifiée. Nous avions prévu de marcher 28 km, et de monter en charge progressivement sur la Californie du Nord. Sauf que le premier le site de campement visé est privé d’eau. Nous devons choisir entre, faire un portage lourd avec beaucoup d’eau et un bivouac sec, ou, faire plus de kilomètres et nous arrêter près d’une source. Nous préférons la seconde formule. Ce sera donc 31 kilomètres. On verra bien ce soir si cela était la bonne stratégie. La jambe d’Hélène ne fait plus mal, et nous sommes au dixième jour de sa périostite. Il ne faudrait pas qu’elle se reblesse, mais c’est le temps qu’il m’avait fallu pour cicatriser, donc cela se tente. Il n’y a pas de grosses difficultés d’étapes. Cinq collines de 200 mètres de dénivelé à passer et nous serons au campement.  Nous démarrons en forêt dans les pentes des monts Castle et Basin. La prairie de Lower Castle Creek est magnifique. Les couleurs du matin éclairent une zone humide d’un vert presque fluo. Nous enchaînons derrière sur une montée bien raide. Le chemin est bordé de bruyère. Le sol rouge en latérite rend celui-ci roulant. Les paysages continuent à changer. Dans les alpages, une nouvelle plante aux énormes fleurs jaunes fait son apparition depuis quelques jours. Dès que nous sortons des forêts, à la lisière, les prairies en sont couvertes. Associés aux lupins omniprésents qui font leurs retours, c’est un vrai régal pour les yeux.   Sur les crêtes, l’absence d’arbre permet de contempler l’immense Tahoe National Forest. La densité de lacs est juste inimaginable. Où que votre regard se porte vers l’ouest, on aperçoit des taches bleues au milieu des vallées, canyons et praires d’altitudes. Nous arrivons à Perazzo canyon, puis traversons Meadow Lake Road dans Bear Canyon en direction du mont Lacey. Au sommet de celui-ci, nous avons les premières vues du Mt Lassen, sommet volcanique très caractéristique. Puis nous continuons à alterner entre forêts vers 2300 m et alpages de fleurs vers 2400 m. C’est très agréable, et change des marches précédentes. Nous arrivons tôt, vers 16 h 00, au campement malgré la distance de plus de trente kilomètres. Nous n’avons pas mis plus de temps que les sections plus courtes des étapes passées. Bonne nouvelle, cela signifie que nous avons accéléré sans nous en rendre compte. Nous sommes en forme. Nous pourrions poursuivre, mais les très grosses journées seront pour plus tard, donc on s’arrête. On est clairement en train de voir guérir cette satanée périostite tibiale. Dix jours est bien la durée pour consolider. Ce soir le moral est au beau fixe. Nous continuons à rester raisonnables et cela paie. Surprise de l’étape, nous nous faisons redoubler par Icebreaker. C’est à n’y rien comprendre. Elle est passée devant nous il y a deux jours avant d’arriver à Donner Pass et la revoilà. En fait, avec Régis ils ont pris un Nero. Celui-ci a croisé sur Donner Pass une randonneuse française qu’il avait rencontrée sur le GR5. Elle leur a proposé une nuit hors sentier. Du coup, pour rattraper leurs « retard » ils tentent le 30 miles… soit 48 kilomètres ! Des vrais boulets ! Nous, nous restons fidèles à notre mantra, lents et réguliers, aussi efficaces que rapide, avec plusieurs nero.  Par contre les températures continuent à grimper, et un portage minimum de 3 l d’eau par personne est devenu indispensable. Qu’est-ce que cela sera quand les grosses chaleurs vont arriver ? Demain, nous allons en ville, à Sierra city, pour le ravitaillement. Nous prendrons une nuit d’hôtel pour avoir droit à une DOUCHE. Une autre forme de paradis sur Terre ! Nous ferons aussi la lessive, cela fait maintenant plus de 5 jours que nous sommes dans nos vêtements. Une honte !  Keep Going J94 J93 Lever de soleil derrière les arbres J93 Le campsite au Matin à Castle Pass J93 Round Valley au matin J93 Dans la montée de Basin Peak J93 Velar des prairies J93 Pont sur White Rock Creek J93 Hydrophyle Gray J93 En montée vers la crête qui prolonge Webber Peak J93 Eriogone à Ombelle J93 au loin dans 2 mois, le Canada J93 Toms Valley J93 Cistanthe Umbellata J93 Les incroyables lacs Meadow et Fordyce J93 Les alpages vers White Rock Lake J93 Asteraceae J93 A l’ouest, Meadow Lake Hill et English Mountain J93 Ancolie J93 Clairière en forêt, et pause de midi vers Lacey Creek J93 Un joli franchissement de tronc d’arbre sur le PCT J93 CampSite du soir One step back Californie du Nord One step forward

Jour 92 ~De Billy’s Peak à Castle Pass

25 km 1000 D+ 950 D- durée 7 h 30 Ravitaillement à Truckee. La journée se fera en deux parties. Nous aurons d’abord à marcher quatorze kilomètres, puis nous reviendrons sur nos pas pour avancer en direction de Sierra City sur une distance non déterminée. C’est un moment particulier, officiellement la section Sierra Nevada sera finie quand nous serons au col de Donner Pass. Nous démarrons tôt, afin d’être rapidement en ville. Nous devons faire nos emplettes, un envoi de colis et un passage en magasin de sport pour acheter des piquets pour la tente. Nous en avons perdu plusieurs. La première montée très minérale vers les crêtes sous Tinker Knob est bien tonique, avec deux cents mètres de dénivelé en plein vent. Nous débouchons sur une arrête de roches volcaniques pelées. Les températures sont bien fraîches. Nous surplombons les forêts du nord du Lake Tahoe et les paysages sont extraordinaires. Nous avons bien fait de faire le bivouac en bas, les bourrasques sont redoutables. Nous retrouvons Benjamin et Chloé qui sont en train de finir de déjeuner et de ranger leurs affaires. Ils ont réussi à trouver le seul endroit sans trop de vent pour dormir. Heureusement pour eux. Nous continuons le chemin en direction des pics Anderson et Lincoln. Il n’y a pas un nuage dans le ciel qui est d’un bleu azur et les vues sont toutes impressionnantes. Au loin, vers le col de Donner, nous devinons de rares névés sur les sommets de plus de 2600 mètres. En arrivant sous Lincoln Peak, nous croisons un dernier passage enneigé bien pentu. Tamara et Anthony sont en train de le franchir. Nous décidons de rester plus bas. Après plusieurs mois de Sierra, nous éludons aisément le problème et filons sur le PCT. Nous rencontrons à deux reprises des remontées mécaniques. Ça y est la civilisation est de retour. Nous sommes dans la station d’hiver de Soda Springs. Des randonneurs à la journée sont présents. C’est toujours étonnant, ces moments où nous croisons des gens normaux et propres, qui sentent bon et nous encouragent, alors que nous sommes sales et sentons la nature sauvage ! Dans la descente vers Donner Pass, j’ai le plaisir d’expérimenter la caresse inopportune d’une branche sur mon scalp innocent en ne prêtant pas assez attention à un tronc d’arbre ! Bilan des courses, nous sortons bétadine, compresses et colle pour fermer la plaie de quelques centimètres. Cinq minutes et me voilà étanche. Rien de grave, mais cela aurait pu être pénible s’il avait fallu aller aux urgences. Merci la pharmacie et merci Hélène qui vient de faire sa première suture en milieu isolé.  À l’arrivée à Donner Pass nous rejoignons rapidement la ville de Truckee après une courte séance de stop. Le conducteur nous amène directement à la poste. Ça y est nous n’avons plus de boîtes à ours et le sac s’allège d’un coup de plus d’un kilo et cinq cents grammes ! Nous profitons d’être en ville pour manger italien, faire nos courses puis repartons vers le PCT. La douche et la lessive ce sera dans 2 jours.  Après le ravitaillement, nous sommes pris en stop par une automobiliste qui fait la route rien que pour nous. Il s’agit d’une jeune femme qui a déjà fait le John Muir Trail. Ceci explique cela. N’empêche cela reste étonnant et touchant ces moments où les gens nous aident dans notre marche sur le PCT. De retour à Donner Pass, nous retrouvons le chemin qui passe sous des falaises ou des grimpeurs… grimpent vers Stephens et G.R Stewart peak. Au vingt et unième kilomètre, nous passons dans un tunnel d’une trentaine de mètres de long sous l’autoroute 80 en mode petite souris. Nous longerons ensuite celle-ci sur un kilomètre. Le bruit est infernal et ne dure heureusement pas. Nous arrivons au col de Casttle Pass ou nous dormirons en sous-bois. Deux autres randonneurs, dont Skywalker que nous avons déjà croisé, nous rejoignent sur le tard. Le coucher de soleil dans l’axe de la tente est de toute beauté. Nous apprenons en consultant nos SMS la sortie du PCT de Janet. Nous informons Skywalker qui la connait aussi. Elle était à Sierra City où nous serons dans deux jours. Le moment est terrible pour elle et triste pour nous. C’est la fin d’une aventure commune de 2 mois. Heureusement, nous avons eu le temps de lui dire adieu à South Lake Tahoe. Un autre chemin commence pour elle. Go to Canada. J93 J92 Sur crête après Tinker Knob J92 Dans les pentes d’Anderson Peak J92 Au loin Lincoln Peak J92 En route vers le mont Lincoln J92 Les crêtes pelées vers Lincoln Peak J92 Au départ de Donner Pass sur le PCT J92 L’abominable highway 80 J92 Le campsite du soir et la lecture des SMS J92 Un magnifique coucher de soleil J92 Au lit One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 91 ~De Twin Peaks à Billy’s Peak

24 km 850 D+ 1000 D- durée 9 h 00 Quatrième étape dans Wilderness Desolation. Aujourd’hui nous poursuivons notre long périple de rééducation du tibia. Nous nous levons parmi les premiers, et démarrons par huit kilomètres le long d’une crête en surplomb au-dessus du lac Tahoe et de Granite Chief Wilderness de Ward à Washeshu peak. Nous avons en contre bas, sur notre droite la petite station de ski d’Alpine meadows et Olympic Valley.  Bonne nouvelle, les douleurs ne réapparaissent qu’au bout de 3 h et de façon modérée. Les paysages et les vues en balcon au petit matin sur le lac sont impressionnants. On en redemande. Les fleurs sont maintenant omniprésentes et le printemps en altitude s’en donne à cœur joie. Nous avons par endroit des bandes de terres volcaniques rougeâtres qui émergent ajoutant une palette de couleur supplémentaire aux panoramas grandioses. C’est, jusqu’à présent, une des arrêtes les plus graphiques que nous ayons parcourues. C’est un privilège que de pouvoir profiter de ces moments éphémères. Nous contournons Washeshu Peak par l’ouest, en direction de Granite Chief peak. Les crêtes vers les plaines de Californie sont superbes et les sommets Needles et Lyons peak accentuent la beauté du lieu. Nous avons en plus la chance d’avoir un ciel de traîne magnifique, avec une mer de nuages presque orageuse. Les nuances de gris, sur le sol rouge, orange ou vert sont à construire des tableaux difficiles à valoriser en photos. Dans la montée bien raide sur un sentier étroit en direction du col, nous entendons une voix dernière nous qui interpelle. Incroyable, c’est IceBreaker qui nous rattrape. Le groupe est avec elle, à une heure. Ils étaient partis de Carson Pass il y a 4 jours. Nous sommes surpris de ne pas les avoir croisés plus tôt. Normalement en marchant entre 35 et 40 kilomètres ils auraient déjà dû être devant. Qu’importe, nous prenons des nouvelles. Elle est en forme et Régis n’est pas loin. Nous passons un col sans nom sous Granite Chief et basculons dans les pentes après dix-sept kilomètres de périple. Il reste un névé bien antipathique. Ice Beaker, ainsi qu’une autre hikeuse Raykin sont à le franchir et nous conseillent de descendre en désescalade sous le sentier. Effectivement c’est le bon passage. Tout droit, c’est suicidaire et c’est surement un très bon moyen de finir aux urgences, voire pire. Nous discutons avec elle, et nous les informons que nous allons faire la pause déjeuner juste derrière le verrou.  À peine trente minutes plus tard, nous entendons une voix bien connue qui cherche son chemin. C’est Régis, nous lui donnons les traces à suivre sur la section. Au vu de l’horaire, il décide de s’arrêter avec nous.  Nous repartons en début d’après-midi et croisons une seconde fois Icebreaker qui s’était posée un kilomètre plus loin au niveau de la rivière Washeshu Creek. Elle file vite sur un rythme soutenu et nous la voyons de nouveau disparaître. Régis nous accompagne.  Nous arrivons enfin dans les alpages sous Billys peak. Nous avons un peu de mal à trouver le campement, mais une fois celui-ci localisé, c’est le top. Une place immense dans un cirque herbeux protégé du vent. Nous apprécions. Hélène n’a presque plus eu de douleur, et, à l’exception de l’œdème résiduel, la périostite semble contenue. Ce n’est pas encore complément cela, mais c’est en voie de guérison. Régis continue encore sur quelques kilomètres. Nous voyons passer beaucoup plus tard, Tamara, Anthony, Chloé et Beanjamin. Ils vont jusqu’au prochain campsite. Nous sommes à la fois contents pour eux de leur progression rapide et un peu contrariée de leur avancée vers le Nord sans nous. Nous avons par contre convenu, avec Régis d’un co voiturage d’évitement d’une partie de la section N du PCT brûlée en quasi-totalité en 2022, par le méga-incendie Dixie Fire. Nous ne souhaitons pas passer dans la zone du fait de la présence trop importante de suie et lui non plus.  Cela va nous obliger à accélérer pour être dans les temps. Nous serons plus rapides sur les ravitaillements et ferons moins de Nero day. En espérant que cela soit possible. Go to Canada. J92 J91 Arc en ciel sur le PCT J91 Départ de Groose Canyon J91 L’incroyable ambiance du PCT au matin J91 Needle Peak J91 Les couleurs magnifiques du printemps californien J91 En route vers Washeshu Peak J91 La crête avant Alpine Meadows J91 Les crêtes au dessus d’Olympic Valley J91 Au loin le lac Tahoe J91 En descente vers Washeshu Peak J91 Dans les pentes de Ward Peak J91 Coulée de lave J91 Billys Peak et Tinders knob notre fin d’étape J91 La Californie sous un ciel d’orage J91 Campsite du soir sous Billys Peak One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 90 ~ De Richardson Lake à Twin Peaks

 18.50 km 750D+ 450D- durée 7 h00 Étape tranquille. La périostite est toujours bien présente, il est important de ne pas trop en faire. Ce sera presque le cas.  Nous démarrons posément vers 6 h 30. Nous continuons à nous lever tôt. C’est à la fois une routine et cela permet de profiter de la fraîcheur et des lumières magnifiques du matin. Après une très courte montée, nous basculons en rive gauche du lac Richardson. Nous croisons sur le chemin un cerf peu farouche qui va avancer au même rythme que nous, puis sauter dans les arbustes et descendre en courant en direction du lac. Nous entrons dans les prairies de Miller et Barker Meadows et contournons le pic Ellis à l’est. Les paysages du jour sont plutôt monotones. Nous avons encore et toujours ces immenses forêts primaires. La présence des alpages amène heureusement un peu de changement, notamment avec le printemps qui fleurit tout ce qui est vert autour de nous. À hauteur de la piste de Cothrin Cove, nous recommençons à monter, au sixième kilomètre, en direction de Barker Pass. Nous croisons une route en terre en provenance de BlackWood Canyon et un camping-car. Nous longeons ensuite les pentes au-dessus de North Fork BlackWood Creek vers le sommet Twin Peak. La vue du Lake Tahoe va progressivement s’ouvrir. C’est magnifique et on mesure son immensité. Nous faisons la pause de midi au quinzième kilomètre. La douleur est devenue insupportable brutalement dans la descente. Nous prenons le temps du repos, et de laisser les antalgiques faire effet. Nous redémarrons, tranquillement, et arrivons sur la crête en face de Twin Peak, qui marque l’entrée dans Granite Chief Wilderness, gigantesque forêt au nord de Widerness Desolation. C’est bien plus joli qu’à l’accoutumée et nous apprécions de progresser dans ces lieux encore non brûlés et protégés.  Nous croisons aussi un peu plus de monde ces jours-ci. Cette portion du PCT est commune avec le Tahoe Rim Trail. C’est un sentier prisé qui fait le tour du Lake Tahoe et est un des plus beaux trails en boucle de la Californie.  À l’inverse, nous sommes surpris du peu de PCTistes, moins de 10, à nous doubler, et ce malgré notre vitesse réduite. Soit les gens ont sauté la section, du fait de l’obligation d’avoir une boîte à ours, soit il y a vraiment peu de randonneurs qui poursuivent après la Sierra. On verra cela dans deux jours au Col de Donner. Nous arrivons tôt à notre campement. Nous sommes les premiers et nous nous installons au mieux, car le site est en plein vent. Le lieu est magique. Nous sommes sur un replat qui surplombe Groose Canyon à l’ouest, et Ward Creek à l’est. Avec le nom Groose il était prédestiné que nous ayons la visite de l’habitant du coin. Effectivement une femelle gallinacée traverse le camp à distance de notre tente. Cool.  Par contre, et même si cela est si est frustrant de devoir s’arrêter à 15 h, nous réussissons à avancer de façon satisfaisante. Hélène se réfrène en permanence alors que la tête est prête à faire davantage. La gestion de la blessure est délicate. Il faut savoir composer et être patient, car sur un Thru Hike, un jour à faire n’importe quoi peut entraîner une impossibilité de pouvoir ensuite marcher correctement. Ce n’est clairement pas un 100 mètres de course, et l’équilibre entre trop et trop peu est difficile à trouver. Demain, si faisables, nous aurons une étape plus ambitieuse. Nous croisons les doigts pour que tout se passe bien. Keep Going and Will See. J91   J90 En route vers Richardson lac J90 Miller Meadows J90 La vallée de North Fork Creek et le lac Tahoe J90 Le PCT et le Tahoe Rim Trail au niveau de Barker Pass J90 En arrivant sur crête de Twin Peak J90 Twin Peak J90 En route vers Groose Canyon J90 Au loin l’immense lac tahoe J90 Le PCT dans Granite Chief Wilderness J90 Le campsite du soir One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 89 ~De Gilmore Lake à Richardson Lake

23 km  700 D+ 900 D- durée 8h30 Nuit bien tonique. Nous n’avons pas eu de visite de l’ours, par contre le vent s’est levé, et nous avons mangé le sol pendant notre sommeil. On ne peut pas tout avoir ! En nous réveillant, nous avons une drôle de sensation. Nous avons comme l’impression d’avoir du sable dans le gosier et lorsque nous serrons les dents cela croustille. Étonnant. En fait, un zef pas possible a soufflé toute la nuit et, au petit matin, les duvets, les sacs à dos, la tente sont recouverts d’une couche noirâtre de poussière de terre. Pas cool du tout. Surtout que la prochaine douche est dans… 3 jours. Nous avons vraiment la certitude d’être crasseux maintenant. Après avoir secoué nos affaires, ébouriffé nos cheveux, ce ne sera pas si catastrophique, juste pénible. Nous démarrons par une montée jusqu’au col de Dicks Pass. Ce sera une journée test pour le tibia d’Hélène. Presque 1000 mètres de descente, cela va permettre de se faire une idée de la guérison ou non de la jambe malade. Nous laissons définitivement la Sierra dans notre dos. À partir de maintenant, nous ne la verrons plus. Le ciel est couvert et le vent qui pousse les nuages de l’ouest, qui bute sur Jacks et Dicks Peak à notre gauche offre un tableau majestueux d’une nature déchaînée. Par contre, il ne fait pas chaud et nous continuons à apprécier nos triples protections. En arrivant, au premier replat, faux plat avant le vrai col, nous avons droit à une claque visuelle. C’est grandiose, nous avons un névé en premier plan et devant nous la vallée que nous allons parcourir. En contre bas, une série de lacs d’un bleu sombre, Dick, Fontanillis, Upper Velma Lake nichés dans une forêt immense offre un panorama que nous prenons le temps de savourer. Après une dernière montée, nous arrivons enfin au col. Ce sera le seul point haut du jour. Il reste un peu de neige et un poteau isolé marque le lieu. Nous filons et entamons une longue, très longue descente de presque vingt kilomètres. Deux petites bosses essaieront bien de nous faire douter, mais non, nous perdons bien de l’altitude. Nous passons le lac Fontanillis en rive droite, et franchissons par un cours river crossing le torrent qui s’échappe et rentrons dans l’immense forêt de Desolation Wilderness. Le lieu porte un nom étonnant. L’endroit est tout sauf désolé. Les montagnes sont certes austères, mais c’est bien plus accueillant que certaines portions de la Haute Sierra. Les paysages de l’après-midi alternent entre rares points de vue et forêts primaires à l’américaine, avec des pins, beaucoup de pins et encore des pins. Nous commençons aussi à nous projeter sur la suite, à savoir la section Californie du nord où nous allons devoir composer avec nos bobos. Théoriquement, nous devrions accélérer à plus de 30 km/jour. Sauf que, comme pour toute longue randonnée, entre la planification et la réalité, il y a parfois la blessure. Du coup, nous sommes contraints de prévoir un scénario bis dans le programme. Comment procéder pour optimiser les difficultés ? Si nous ne pouvons pas avancer aussi bien que nous l’ambitionnerions, nous devrons contourner certaines sections. Nous verrons bien. Nous avons encore quelques jours pour décider. Bonne nouvelle, jusqu’aux dix-huitièmes kilomètres, Hélène n’a presque pas mal. La douleur réapparaît lorsqu’elle accélère uniquement. Cela a l’air de tenir. Après, c’est de nouveau pénible, mais elle arrive à marcher, certes, pas comme elle souhaiterait, mais cela se passe. Nous nous installons au campement au pied de Lost Corner Mountain. Janet, qui court devant nous, a dormi ici la veille. Nous reconnaissons ses empreintes de pas. Le coin n’est pas très beau, mais il est fonctionnel. Demain, nous ferons une journée tranquille, avec 19 km et peu de dénivelés. Keep Going. J90 J89 Le PCT au départ du lac Gilmore J89 Jack et Dick Peak J89 Le magnifique lac Half Moon J89 Les couleurs incroyables du Cirque du Pic jack J89 Les dernières vues de la Haute Sierra J89 En montée vers Dicks Pass J89 Le Lac Dick, notre prochaine destination J89 Un névé pour le fun J89 Dick Pass J89 Les magnifiques bruyère le long du PCT J89 Hélène devant Dick Lake J89 Fontanillis Lake J89 Lower Velma Lake J89 De nouveau des arbres bien torturés One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 88 ~Echo Lake à Gilmore Lake

18 km 700 D+ 500 D- durée 5 h 30 Retour sur le PCT. On se lance, on va faire la section Wilderness Desolation en mode rééducation de périostite en faisant de courtes distances. On prévoit de passer en quatre jours et demi au lieu de 3. On verra si la recette que nous avions appliquée dans la Sierra pour ma jambe droite va fonctionner. En tous cas cela se tente.  Nous démarrons la matinée par une séance de stop compliquée. Au départ, nous devions bénéficier d’une navette que la gérante de l’hôtel avait proposée. La mauvaise nouvelle c’est de découvrir au moment du départ que finalement nous sommes Grosjean ! Point n’est grave, nous allons avec les bus gratuits vers la sortie de la ville et nous ferons preuve de patience. Nous prenons des informations de l’ex-Team. Chloé, Benjamin, Régis et Icebreaker redémarrent de Carson Pass. Ils seront donc derrière nous sur le chemin. Janet est déjà partie et enfin Tamara et Anthony restent à South Lake Tahoe jusqu’a demain. Nous sommes paradoxalement en tête. Étonnant.  Nous sommes pris en stop par une local, une femme âgée de 70 ans, qui fait des transports de panier alimentaire pour… personnes âgées. Elle habite à plus de 100 kilomètres d’ici et travaille encore. C’est du délire, mais à l’image de la réussite américaine. Son véhicule est brinquebalant, et dans un état effroyable. En discutant, elle découvre le PCT et notre aventure. Elle décide du coup de nous amener à notre point de départ, ajoutant à son périple prêt de quarante kilomètres. Heureuse, elle voit le site d’Echo Lake, un endroit où elle n’était jamais venue et trouve le moyen de nous remercier de ce détour. Honnêtement les Américains sont réellement étonnants.  Le retour sur la piste se fait au départ du trail head, au niveau d’un petit port au niveau de Lower Echo Lake. C’est bucolique à souhait et plutôt fréquenté. Nous démarrons et longeons celui-ci en rive gauche, en montée progressive. Sur les prochains kilomètres, nous allons côtoyer plus de 10 lacs de montagne tous plus sympathiques les uns que les autres. Il y a énormément de monde et on devine que c’est une randonnée ultra connue. Pas surprenant, accès facile, paysages fantastiques. Tout pour plaire. Bonne nouvelle, la jambe d’Hélène semble supporter les kilomètres. Cela reste fragile, mais cela tient. Nous passons l’immense lac Aloha. Le lieu est un des plus beaux qui soient. Des centaines d’îlets de pierres grises, ou pousse de rares pins, au milieu d’une eau bleu turquoise sont surplombé par les monts Price et Pyramid Peak encore enneigés. Après une courte descente vers l’ouest, en direction des lacs Heather et Susie, nous remontons vers le lac Gilmore, notre objectif du jour. Le cirque rocheux formé par les sommets Jack et Dicks est vraiment splendide. La jambe d’Hélène semble encaisser la marche. Top. Nous arrivons au campement. Le lieu est immense, et les rares tentes sont toutes à plus de cent mètres les unes des autres.  Nous prenons le temps de bien protéger, cacher et suspendre notre nourriture. Les commentaires du topo ne sont pas engageants. Les ours locaux ont appris à décrocher les sacs dans les arbres. Nous ne sommes pas très rassurés. Nous espérons qu’ils ne viendront pas mettre le bazar dans nos affaires. On verra demain. Keep Going. J89 J88 PCT, le retour au départ d’Echo Lake J88 Petit cottage au nord de Lower Echo Lake J88 Le PCT en mode chemin de pierre J88 Lac Aloha et Pyramid Peak J88 Lac Aloha et Mont Price J88 Heather Lake One step back Sierra Nevada One step forward

Jour 87 ~Salt Lake Tahoe

South Lake Tahoe Pas de kilomètre. Zero day et cicatrisation Aujourd’hui est un samedi de repos et d’achats divers et variés. La veille, après quelques pérégrinations nous avons fini par réussir à récupérer notre colis qui avait été posté de Kennedy Meadows South. Après avoir réussi à trouver un hôtel dans le centre de South Lake, nous faisons un deuxième tri et rangement des affaires. Nous avons mis de côté tout ce qui ne nous sera plus utile après la Sierra, crampons, piolets, mérinos chaud, chaussettes étanches, etc. Nous refaisons un deuxième paquet et envoyons celui-ci à la mère d’IceBreaker. Nous le récupérons dans 2 ou 3 mois. Merci à elle. Le soir nous retrouvons Régis, qui nous raconte ses péripéties et son craquage de sortie. Ce soir, le moral est meilleur et il est prêt à repartir. Cool Au matin, après un déjeuner dans the place to be, le Red Hut Cafe, immense restaurant ou les Américains se réunissent par centaine pour manger, nous filons acheter de nouvelles chaussures pour Hélène. Le magasin Sport Ltd, dans la rue qui prolonge notre hôtel, dans le village Center a la marque Topo. Top. Nous trouvons la bonne taille pour qu’Hélène reparte sur le chemin sans trop souffrir et surtout ne plus aggraver sa périostite avec la languette. Nous prenons aussi des manchons de compressions pour chevilles. On croise les doigts pour que cela permette de calmer les douleurs. La visite de la ville ne présente pas d’intérêt particulier. Elle est archi touristique avec visiblement une frange d’ultra riche, et est essentiellement tournée vers son immense et magnifique lac. Dans les transports en commun, nous discutons longuement avec un américain, sans le sou, qui veut quitter l’agglomération. Pour lui, le rêve américain est mort. Il est devenu SDF du fait de la saisie de sa maison, et des prix devenus délirants de l’habitat californien. Il reproche au maire de privilégier les riches. Le capitalisme est ici aussi à croquer ses pauvres. Et effectivement, l’ambiance est particulière. La ville n’est que grosse voitures, édifices cachés aux regards, et surtout tarifs… prohibitifs. Dommage, vivre dans ce coin verdoyant de la Californie doit être plaisants, sous réserve de pouvoir être dans la bonne strate sociétale, en y affectant beaucoup d’argent. Pour nous, c’est bien loin de l’esprit du PCT. Nous ne regretterons pas de quitter la ville. Dans toute la mesure du possible, notre place est sur la piste ! Ce soir nous mangeons avec Janet. Elle a proposé aux autres membres de la Team Fantastic de venir. Nous ne serons que trois. Dommage. Nous prenons une table au Base Camp Pizza and co (si, si cela existe) et retrouvons celle-ci. Elle est accompagnée d’un hiker du trailname de Skywalker. Nous avions déjà évoqué sa mésaventure. Il s’était luxé l’épaule sur le San Jacinto dans la neige et sur la vidéo de treuillage… il marche. Comme quoi, un surnom ne tient pas à grand-chose.  Nous prenons le temps d’une longue discussion avec Janet. Sa fille, trentenaire est en fin de vie d’une maladie chronique. Elles s’étaient promis de se retrouver à la fin du PCT. Janet a eu des nouvelles sombres, et me demande mon avis du fait de mes connaissances médicales. Je suis clair avec elle, sa place est auprès de sa fille qui est mourante. Celle-ci ne veut pas que Janet quitte le PCT, car elle sait ce que cela signifie. Ce sera l’arrêt du voyage pour Janet, mais surtout le début d’un autre voyage pour elle. Janet va essayer d’aller au plus loin sur le chemin, mais nous ne sommes pas dupes. Elle n’ira pas au bout du PCT cette année.  Nous prenons le temps d’adieu, à la fin du repas, que nous pressentons comme définitif. Une incroyable aventure humaine de 2 mois avec une femme hors norme se termine. Janet est, et restera pour nous la belle personne des USA. Son surnom de Shepard est sa plus éclatante carte de visite. See you soon. Go to Canada.  J88 J87 La plage de South Lake Tahoe J87 Un ponton à l’Américaine J87 La future étape au loin vue du ponton de Soiuth Lake Tahoe One step back Sierra Nevada One step forward