
32 km 1000 D+ 1200 D- durée 10 h 00
Journée superposable à celle de la veille.
Nous continuons l’étonnante routine du lever tôt. Le réveil aux aurores permet de procrastiner quelques minutes dans le duvet, puis de s’habiller rapidement.
Les températures deviennent élevées en fin de matinée, mais au lever, nous percevons toujours la fraîcheur de la nuit à plus de 2000 mètres d’altitude. Nous sommes fin juin et pourtant l’été, en montagne peine à être entier. Les écarts thermiques sont encore importants. Tant mieux, c’est plus agréable comme cela. Nous pouvons marcher sans trop souffrir. La gestion du 27° à l’ombre est en train d’être affaire de tous les instants. Nous devons prendre des pauses plus régulières, mais aussi recommencer à être vigilants pour ne pas faire d’erreur sur le portage en eau, et si besoin, accepter d’avancer doucement.
Le départ à 7 h, en forêt permet de retrouver rapidement les immenses vues ouvertes sur les vallées ou des lacs bleu turquoise, surmontés de falaises de roches que nous devinons volcaniques. Les parois grises sont séparées d’éboulis rouges, en contraste des arbres qui essaient de s’y accrocher.
Par contre, dès que nous passons le couvert des pins, la marche se fait dans une ambiance plus glauque, leurs tailles de plus de 40 mètres empêchant toute vie en sous-bois. L’absence complète de végétation n’est pas enthousiasmante visuellement. Heureusement de temps en temps des clairières égaient les vues. Dans celle-ci, la flore est en pleine croissance de printemps. L’herbe est verte fluo, et des millions de fleurs profitent de ne pas être brûlées pour composer des tableaux floraux magnifiques.
Nous louvoyons entre les pics Washington, Gibraltar, Beartrap, et Stafford, par de petits cols sans nom qui séparent les sources des rivières qui dévalent vers les plaines de la Californie. Malgré l’omniprésence de celles-ci, et comme nous passons à leurs origines, la surveillance des points d’eau est une nécessité. Les torrents Jamison ou Lavezolla sont secs. Heureusement, dans les pentes du mont Gibraltar, au niveau d’une branche de la rivière Nelson Creek, nous trouvons de l’eau en abondance. Parfait, cela fait une dizaine de kilomètres que nous marchons.
Nous faisons une pause déjeuner assis dans un immense champ de fleurs, qui arrive à la hauteur des épaules d’Hélène. L’image est comique, et nous avons l’impression d’être dans une plantation de marguerites jaunes.
L’après-midi est plus agréable que les forêts désertes, avec alternance de clairières vertes, d’alpages, de zones rocheuses et de vues sur les collines de la Californie. Le rythme est régulier et il n’y a plus de problème pour avancer. On maintient toutefois notre objectif de 30 km par étape, avant de monter à plus de 35 d’ici quelques jours. Cela préfigure la traversée future de l’Oregon où nous devrions accélérer. Nous avons au loin le Volcan Lassen, pyramide parfaite que nous croiserons demain en voiture.
Au trentième kilomètre, nous prenons le temps de faire un aller-retour de 400 mètres à la source South Fork Spring. Parfait, l’eau coule à flots et nous pouvons sans difficulté remplir nos gourdes. Le surpoids ne va pas être pénible, il reste deux kilomètres à marcher.
Nous arrivons plus tôt que la veille, vers 17 h sur la colline de Pilot Peak. Nous avons lu sur le topo qu’il existe un emplacement de tente au croisement d’une piste et du PCT. La blague, c’est tout moche et plein de poussière. Nous décidons d’avancer et à peine 200 mètres plus loin, un espace est libre entre des buissons. Le lieu est parfait, avec arbres de petite taille, vue sur les collines, et quelques blocs pour faire champêtre.
Demain nous irons à Quincy où nous ferons le ravitaillement pour 5 jours, puis nous ferons du stop ou commanderons un Uber pour contourner la portion brûlée. Les commentaires concernant celle-ci ne font pas rêver, peu d’eau ou polluée par le retardant chimique des canadairs, arbres morts en pagaille en travers du chemin, pas d’ombre. Avec le pic de chaleur à 30 °C, ça va être l’enfer sur la section.
En discutant avec un randonneur à la journée il confirme le peu d’intérêt de l’étape, sauf le franchissement de la borne symbolique du MidPoint qui marque la moitié de l’avancée vers le Canada. Les deux zones brûlées par le Bear Fire et le Dixie Fire, deux des principaux mégafeux de l’année 2021 sont encore bien présents.
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