![J89 Jack et Dick Peak J89 Jack et Dick Peak](https://followthetrail.fr/wp-content/uploads/elementor/thumbs/J89-Jack-et-Dick-Peak-qzti51e5vx91rizh7ld8bqkezumn4iibbf8dsmnroo.webp)
23 km 700 D+ 900 D- durée 8h30
Nuit bien tonique.
Nous n’avons pas eu de visite de l’ours, par contre le vent s’est levé, et nous avons mangé le sol pendant notre sommeil. On ne peut pas tout avoir !
En nous réveillant, nous avons une drôle de sensation. Nous avons comme l’impression d’avoir du sable dans le gosier et lorsque nous serrons les dents cela croustille. Étonnant. En fait, un zef pas possible a soufflé toute la nuit et, au petit matin, les duvets, les sacs à dos, la tente sont recouverts d’une couche noirâtre de poussière de terre. Pas cool du tout. Surtout que la prochaine douche est dans… 3 jours. Nous avons vraiment la certitude d’être crasseux maintenant. Après avoir secoué nos affaires, ébouriffé nos cheveux, ce ne sera pas si catastrophique, juste pénible.
Nous démarrons par une montée jusqu’au col de Dicks Pass. Ce sera une journée test pour le tibia d’Hélène. Presque 1000 mètres de descente, cela va permettre de se faire une idée de la guérison ou non de la jambe malade. Nous laissons définitivement la Sierra dans notre dos. À partir de maintenant, nous ne la verrons plus. Le ciel est couvert et le vent qui pousse les nuages de l’ouest, qui bute sur Jacks et Dicks Peak à notre gauche offre un tableau majestueux d’une nature déchaînée.
Par contre, il ne fait pas chaud et nous continuons à apprécier nos triples protections. En arrivant, au premier replat, faux plat avant le vrai col, nous avons droit à une claque visuelle. C’est grandiose, nous avons un névé en premier plan et devant nous la vallée que nous allons parcourir. En contre bas, une série de lacs d’un bleu sombre, Dick, Fontanillis, Upper Velma Lake nichés dans une forêt immense offre un panorama que nous prenons le temps de savourer. Après une dernière montée, nous arrivons enfin au col. Ce sera le seul point haut du jour. Il reste un peu de neige et un poteau isolé marque le lieu.
Nous filons et entamons une longue, très longue descente de presque vingt kilomètres. Deux petites bosses essaieront bien de nous faire douter, mais non, nous perdons bien de l’altitude.
Nous passons le lac Fontanillis en rive droite, et franchissons par un cours river crossing le torrent qui s’échappe et rentrons dans l’immense forêt de Desolation Wilderness. Le lieu porte un nom étonnant. L’endroit est tout sauf désolé. Les montagnes sont certes austères, mais c’est bien plus accueillant que certaines portions de la Haute Sierra. Les paysages de l’après-midi alternent entre rares points de vue et forêts primaires à l’américaine, avec des pins, beaucoup de pins et encore des pins.
Nous commençons aussi à nous projeter sur la suite, à savoir la section Californie du nord où nous allons devoir composer avec nos bobos. Théoriquement, nous devrions accélérer à plus de 30 km/jour.
Sauf que, comme pour toute longue randonnée, entre la planification et la réalité, il y a parfois la blessure. Du coup, nous sommes contraints de prévoir un scénario bis dans le programme. Comment procéder pour optimiser les difficultés ? Si nous ne pouvons pas avancer aussi bien que nous l’ambitionnerions, nous devrons contourner certaines sections. Nous verrons bien. Nous avons encore quelques jours pour décider.
Bonne nouvelle, jusqu’aux dix-huitièmes kilomètres, Hélène n’a presque pas mal. La douleur réapparaît lorsqu’elle accélère uniquement. Cela a l’air de tenir. Après, c’est de nouveau pénible, mais elle arrive à marcher, certes, pas comme elle souhaiterait, mais cela se passe.
Nous nous installons au campement au pied de Lost Corner Mountain. Janet, qui court devant nous, a dormi ici la veille. Nous reconnaissons ses empreintes de pas. Le coin n’est pas très beau, mais il est fonctionnel.
Demain, nous ferons une journée tranquille, avec 19 km et peu de dénivelés.
Keep Going.