Jour 126 ~Bald Mountain à Indian Springs Campground

29,5 km 1150D+ 750D- durée 11h30  Journée agréable. Le matin est plus humide qu’à l’accoutumée. Nous sentons que nous sommes en bord de rivière et que les jours précédents ont été bien pluvieux. Heureusement le choix de la tente, des vestes a été correctement fait. Malgré la moiteur environnante, nous déjeunons au sec. Nous redémarrons en franchissant de nouveau le tronc en équilibre au-dessus de la Muddy Ford river. Il n’y a pas d’humidité dessus, tant mieux. Nous continuons à progresser dans les forêts de l’Oregon en faisant le tour du Mt Hood. Puis, nous plongeons franchement vers le nord. Le début de journée, en face sud des flancs de Bald mountain est bien tonique. Nous avons 450 mètres de dénivelé en moins de 4 kilomètres. C’est presque une surprise, le PCT nous ne nous avait pas habitué à des pentes supérieures à 10 %. C’est agréable et l’avancée matinale dans les sombres forêts de pins de la Mont Hood National Forest nous réconcilie avec la flore. L’ambiance entre ombre et lumière est magique. Nous avons presque l’impression que des lutins ou des golems se cachent et nous observent. A un col sans nom, nous laissons sur notre droite le sentier Mont Hood Timberline Trail. Incroyable, la face nord du Mt Hood est hors des nuages. La dernière fois que nous l’avons vu, il y a trois jours, c’était loin au sud avant d’arriver à Government Camp. Le sommet est encore très blanc et les contrastes avec les vallées environnantes bien marqués. Plus de brumes ce jour, et les panoramas sont plus ouverts. Un ciel bleu azur met le volcan en valeur et les patchworks de neiges et de roches noires ajoutent à la beauté du lieu. Nous sommes chanceux.  Après une descente rapide, sur 4 kilomètres, nous passons un complexe de ligne électrique THT. La trouée est immense, plus de 500 mètres de large et des dizaines de câbles fuient vers le nord le long de West Fork Hood River. Nous franchissons Lolo Pass (si, si cela ne s’invente pas) et remontons les pentes de Hiyu Mountain. C’est une section extraordinaire, à droite le Mont Hood, et à gauche et loin devant nous un nouveau volcan, le majestueux mont Rainier. Nous devinons qu’il est de taille monstrueuse. Nous restons toute la journée sur une crête, bien étroite par endroit, et croisons Sentinel Peak, Devil’s Pulpit, Buck Peak et enfin Indian Peak. C’est une étape surprenante, nous filons de sommets en pics et malgré cela, la sensation de hauteur est amoindrie par les forêts qui recouvrent le moindre espace où pousser. Soudain, dans l’alpage, sous Indian Mountain nous avons une des plus belles vues de la section. En balcon, nous surplombons la Colombia River, et, en un même tableau, les monts Rainier, St Helen et Adams sont devant nous. Un TentSite est possible, en cinémascope, mais de nombreux PCTistes sont installés. Ce n’est pas étonnant. Tant pis. Pas de regret, nous n’avons plus assez d’eau pour le repas du soir. Nous poursuivons le chemin sur un kilomètre et arrivons au croisement entre le PCT et la zone fermée.  Ce soir, le PCT est interdit du fait de la présence à moins de 3 miles d’un feu de taille conséquente, le Whisky Creek Fire. La signalisation est sans ambiguïté. Nous dormons à la jonction du PCT et de la piste d’Eagle Creek avec Pierre. Régis décide de continuer, il veut être tôt en ville. En fait, même sans incendie, nous aurions probablement pris cette variante. Le PCT n’offre, encore une fois, que peu de vues intéressantes. Toutefois, il serait malvenu de bouder la fin de section du jour qui est 3 étoiles. Nous avons eu la chance exceptionnelle d’apercevoir les 4 volcans majeurs du nord de l’Oregon et du sud de l’état de Washington en quelques heures.  Nous installons la tente à même la piste. Nous sommes une dizaine. Des commodités minimales sont présentes, une table de camping et des toilettes sèches. Celle-ci sont collector. Un simple trou, un jeu de palette en bois, un support à poser en porcelaine avec un abattant non fixé, qui risque de vous envoyer dans la fosse et enfin un vinyle noir suspendu et sans toit pour espérer une vague intimité. Cela a juste le mérite d’exister. Demain nous filons sur le site d’Eagle Creek ou nous devrions passer sous les cascades des Tunnel Falls et surtout, en finir avec l’Oregon. Go to the North J127 J126 Au matin dans la mmontée de Bald Mountain J126 Un PCT bien raide J126 La première vue sur le Mont Hood depuis 3 jours J126 Un incroyable lever de soleil J126 La trouée de la ligne à haute tension de LoloPass J126 On s’éloigne vite du mont Hood J126 En montée vers Hiyu Mountain J126 Le mont Rainier J126 La crête vers Devil’s Pulpit J126 Dans l’alpage d’Indian Mountain J126 Le point de vue sur le Mont St Helen, le mont Adam et le mont Rainier J126 Le campsite du soir J126 Une signalétique on ne peut plus claire One step back Oregon One step forward

Jour 125 ~Timberline Lodge à Bald Mountain

20 km 450 D+ 1400 D- durée 6 h 30 Mont Hood. Nous sommes de retour sur le PCT. Nous avons décidé de limiter les kilométrages pour cette reprise. L’étape devrait être facile, elle est intégralement en descente, même si nous savons que ce n’est jamais sympathique pour les genoux. Nous avons de la chance, il ne pleut pas. Certes, nous passons une bonne partie de la journée dans les brumes de l’Oregon, avec une condensation terrible… mais sans crachin. La veille les autres pctistes ont vécu les choses différemment. Alors on ne se plaint pas. Nous sortons par l’arrière de l’hôtel. Une courte montée nous amène au croisement du PCT et des pistes de ski. Nous sommes toujours dans les nuages. Après avoir fait une photo du groupe, auquel s’est jointe Athéna, venue ce matin avec Pierre et Régis qui était resté dormir à Government Camp, nous empruntons un chemin en légère descente. Cela ne saurait durer. Nous avançons de points de vue remarquables en panoramas majestueux, du moins sur le topo ! Nous sommes noyés dans le brouillard à couper au couteau. C’est frustrant ! Il est indiqué partout « point of view ». C’est vrai, les paysages sont superbes, nuance de gris, sur gris, sur gris ! On compense comme on peut et certains hikers s’extasient devant les pastels ouateux qui empêchent les vues. Plutôt cocasse. On doit commencer à être fatigué. On a quelques rares moments des éclaircies permettant de faire des photos fantomatiques. La forêt est par contre luxuriante. Les mousses et les lichens qui nous entourent sont de tailles importantes. Des espèces chevelues tombent en crinière des branches ou des troncs des arbres environnants. D’autres sont étalés au sol, en de gigantesques feuilles de la taille de nos choux européens. Nous devinons aisément que le coin est plutôt humide, et la végétation est exubérante. Au quinzième kilomètre nous passons Sandy River, le river crossing est tonique, mais sans danger, ou alors nous sommes devenues efficaces. Des randonneurs à la journée sont eux beaucoup plus circonspects. Nous, on ne sait pas poser de questions.  Au seizième kilomètre, nous décidons d’emprunter un chemin parallèle au PCT pour aller voir la cascade Marina Falls. En effet, le PCT continue de prendre un malin plaisir à éviter les sites remarquables. Comme si seul le fait d’avancer était important ! Le détour de deux kilomètres est à faire. La chute d’eau est effectivement superbe. De multiples filets sautent de basalte en basalte verdi par l’humidité. Par contre, faire des photos qui valorise le lieu est difficile. Les prises de vue demanderaient une préparation incompatible avec les impératifs de la marche en groupe. Les images dans ces conditions médiocres ne rendent pas totalement justice au site. Nous arrivons tôt au campement que nous avons repéré. Sur le topo il est situé en rive droite de Muddy Fork, que nous franchissons à l’aide d’un tronc. Le courant est bien tonique. La chute est interdite. Dommage, l’ensemble des emplacements sont déjà occupés. Tant pis. On décide de faire demi-tour, nous avions avec Pierre vue sur le croisement entre le PCT et le sentier qui part vers les cascades de Marina un espace correct.  Le lieu est agréable et bienvenu, car le prochain site est à 4 km et nous n’avions pas envie de continuer. Régis est absent, il a dû avancer plus loin.  Go to Canada J 126 J125 Athéna, Pierre, Régis, Hélène et Emgan J125 Les brumes du Mont Hood J125 Le PCT dans le brouillard J125 ZigZag Canyon J125 La forêt primaire de l’Oregon J125 Les lichens chevelus J125 Hélène perplexe devant tant d’humidité J125 Marina Falls J125 Le pont sur Muddy Fork J125 Détail sur lichen au sol J125 Lichen en feuille dans les arbres One step back Oregon One step forward

Jour 124 ~Government Camp à Timberline Lodge

Zero day. Timberline Lodge. Nous nous levons tranquillement et filons déjeuner en groupe en ville. Nous avons prévu de prendre le car vers 10 h pour aller à l’hôtel d’altitude ou nous avons réservé une nuitée. L’objectif est d’être à poste pour aller manger au buffet à midi, à volonté (All-You-Can-Eat). La réputation de celui-ci est dithyrambique parmi les randonneurs du PCT. Après une séance de recherche de bouteille de gaz, que nous trouvons dans un magasin de sport ou la vendeuse essaie de comprendre ce que l’on dit entre deux vapeurs de cannabis, nous nous trompons d’arrêt de bus sur les conseils embrumés d’un cerveau ralenti. Le chauffeur s’arrête quand même, mais nous fait la remarque. Il accepte de nous de nous prendre. Faire les benêts d’Européens cela sert ! Nous arrivons au terminus une vingtaine de minutes plus tard. Un brouillard à couper au couteau est présent. Difficile de reconnaître les lieux, pourtant si renommés. La mélasse bien dense créer une ambiance à la Shining. Cool ! Par contre, nous sommes surpris, nous pensions être sur le parking en face de l’hôtel, il n’en est rien. Nous découvrons que Timberline Lodge est une station de ski, et commençons par déambuler dans un couloir à côté des remonte-pentes. Après 5 minutes, nous trouvons enfin l’entrée. C’est imposant. Nous montons les marches du respectable bâtiment. Il est de forme étonnante, en sceptre. Une immense construction centrale grise, hexagonale est flanquée sur deux de ses faces de longues bâtisses de 4 étages. Des drapeaux de différentes nationalités sont surmontés d’une croix en forme de boussole. Le style presque protestant est austère et il est aisé de comprendre le choix de Kubrick. Le hall d’entrée est démesuré, en son centre une cheminée de pierre à 3 âtres est présente. La salle de repos, mezzanine de deux étages est encore plus grandiloquente. Nous retrouvons une deuxième cheminée identique qui court sur 3 niveaux, entourée, pour l’étage du bas d’alcôves dans lesquels sont réfugiés moult PCTistes. Au-dessus, les tables de restaurants sont toutes occupées. Nous ne sommes pas déçus, l’hôtel est effectivement hors norme. Dans celui-ci se côtoie un joyeux mélange de PCT hikers trash, de skieurs en doudoune et chaussures fluo, d’enfants en tenue de bain, bonnets et brassière pour aller à la piscine. Les nageurs doivent circuler dans les couloirs pour en profiter. Bref, un beau bordel baroque à l’américaine. Après avoir récupéré les clés de notre chambre, nous descendons au buffet. Espérons que nous ne serons pas déçus. La réputation de celui-ci n’est pas usurpée. Enfin, pas de tacos, hamburgers ou french fries ! Pour 30 dollars, vous pouvez manger à volonté, fruits, légumes frais, haricots verts, courgettes, brocolis, polenta au fromage et pleurotes, porc à l’ananas, etc. C’est presque trop beau pour être vrai. Honnêtement, c’est notre premier restaurant crédible depuis le début. Presque une anomalie dans ce pays, où, pour ce que nous avons pu consommer, la malbouffe est reine, avec quantité comme critère principal de satisfaction. Certains randonneurs avec qui nous discutons nous confirment que la viande a disparu des tables au profit de produits tous transformés. Certains steaks sont plus proches d’un mélange de graisse et de fibre de bambou que des vaches que nous croisons. Demain, on espère un meilleur temps pour voir le Mont Hood et rejoindre la frontière entre l’Oregon et l’état de Washington en passant par Cascade Locks. Keep Going J125 J1234 Government Camp J124 Il est ou l’arrêt de bus J124 L’entrée de Tmberline Lodge J124 Le hall de Timberline Lodge J124 Un des petits salons de Timberline Lodge J124 La salle à manger All you can eat One step back Oregon One step forward

Jour 123 ~Buckskin Butte à Government Camp

28 Km 500 D+ 700 D- durée 12 h 00 Journée de transition… encore. Nous démarrons Pierre, Hélène et moi en pleine forme. Nous sommes motivés, car aujourd’hui nous arriverons à la bourgade Government Camp. Il y a un côté schizophrène, à vivre isolé vous ne rêvez plus, au bout d’un moment, que de bétons, de bitumes et d’un vrai lit. Et quand vous êtes en ville, vous n’aspirez rapidement qu’à repartir sur le chemin ! Pour l’instant c’est plutôt la version, vite la civilisation qui nous pousse et nous fait accélérer le pas. Il est vrai aussi que les paysages limités, immenses forêts, aux vues restreintes n’incitent pas à s’extasier sur le PCT. Mais ne nous plaignons pas, ces forêts ont pour elles d’être encore debout et préservées des incendies. Cette année, les feux de la côte ouest des États-Unis et du Canada sont à la fois nombreux et d’une intensité rare. Nous sommes en permanence les yeux rivés sur l’application Watch Duty qui nous renseigne en temps réel sur les catastrophes environnantes : localisation, extension, niveau d’alerte et périmètres interdits au public, pistes fermées, et sections du PCT inaccessibles. Nous passons presque plus de temps à nous inquiéter de la suite de l’aventure qu’à vivre le quotidien. Nous savons qu’après notre prochaine ville il y a encore un feu qui empêche et oblige à prendre un autre sentier. Difficile de ne pas prendre conscience d’un phénomène d’une ampleur telle que les forêts et les paysages sont en train de changer devant nous. Et pas pour le meilleur. Nous verrons bien. Soudain, au détour d’un chemin, incroyable, « amazing » comme dise les les locaux, un trailmagic de taille industrielle au lieu-dit Joe Graham Horse Camp. C’est sûrement THE Best of du PCT. Il est 8 h du matin. Nous voilà après un petit déjeuner pas si lointain, à peine une heure, à remanger, qui un hamburger, qui des brownies, qui des chips, avec du coca, du café, etc., le tout dans un centre équestre, temporaire, pour vacanciers, avec deux magnifiques Mastiffs anglais et des chevaux partout. Réellement sympathique, et surtout imprévu. Bien évidemment, nous retrouvons Régis, il est arrivé la veille. Cela sent l’appel de l’estomac. Notre ami est resté nous attendre en… dégustant. On ne peut pas lui en tenir rigueur. On aurait fait pareil.  Nous profitons un moment, puis repartons. Le démarrage est plutôt lent, mais pas totalement inefficace, malgré une digestion qui va être laborieuse. On a peut-être un petit peu abusé, avec les deux petits déjeuners et le repas de midi avant 10 h. Nous longeons le lac Timothy Lake, qui, sur notre gauche, s’étale en un immense miroir. Le chemin est fréquenté et nous croisons de nombreux Day hiker. Nous passons en trombe devant une famille, en nous excusant de notre impolitesse à avancer comme des fauves. Ceux-ci nous demandent si nous sommes des PCTistes et nous répondons par la positive. La maman d’une petite fille prend alors le temps de lui expliquer ce que nous sommes, description au combien dithyrambique qui ne peut que nous flatter. Nous recroiserons celle-ci à deux reprises et sommes émus par son regard et le respect qu’elle nous réserve. Nous avons presque l’impression d’être des ORNI, Objets Randonnant Non identifiés. Nous ressentons bien que le statut de PCTiste et de thru hiker à un sens particulier ici, car les gens savent que nous venons de marcher plus de 4 mois. Nous apercevons, plus loin, et pour la première fois le Mt Hood. C’est un monstre, en taille et en surface, encore bien enneigé. Nous y serons demain. Nous avons réservé une chambre à l’hôtel de Shining, le fameux Timberline Lodge*. Après avoir longé, la Salmon River, qui donne par moment l’impression d’être une vallée tropicale, avec fougères et lichens luxuriants, nous arrivons enfin à la route Warm Spring Highway au niveau de Wapitinia Pass. Elle est démesurée et les véhicules roulent vite. Nous devinons que le stop va être compliqué. Nous nous étalons sur plus de 100 mètres et nous positionnons près du Trail Head. Par chance, un automobiliste s’arrête et discute avec Régis. Celui-ci lui fait du charme pour le convaincre. Il est trop fort. Nous filons à 4 hikers vers Government Camp en moins de 20 min.  En arrivant en ville, nous commençons à cogiter pour savoir où nous allons dormir. Au détour du trottoir nous croisons Athéna, une hikeuse suisse qui s’est blessée en randonnant. Nous l’avions rencontrée juste avant Lava Rock, il y a maintenant quinze jours. Elle nous propose de venir dans le cottage qu’elle a réservé. Il y a de la place pour quatre personnes. Incroyable chance et un grand merci à elle. Du coup, ce soir, c’est ravitaillement, laverie, restaurant, et surtout dodo dans un vrai lit. Le paradis.  Keep Going. J124 *Pour plus d’informations sur « The Shining Hotel », voir le site suivant. Faire simple n’était pas dans la nature de Stanley Kubrick! J123 Au sortir de Warm Spring Indian Reservation J123 Adopte un Trail J123 THE trail magic J123 Tag PCT J123 Le magnifique porche que croise les Sobos en arrivant Joe Graham Horse Camp J123 C’est juste inimaginable J123 Pont sur Little Crater Creek J123 Le mont Hood One step back Oregon One step forward

Jour 122 ~Olalie Lake Resort à Buckskin Butte

38 km 800D+ 1100D- durée 12 h 00 Une journée de plus. Nous sommes nombreux ce matin sur le site. Des PCTistes se préparent à continuer, des randonneurs à la journée se lèvent et quelques photographes profitent des couleurs de l’heure dorées.  Nous démarrons avec Pierre et quatre autres hikers. Le début de chemin est strictement identique à la veille. Nous montons au nord dans un énième désert forestier. Le Lionshead d’il y a quelques années n’a pas laissé beaucoup de survivants.   Les vues rendues possibles par la disparition de la végétation ne compense pas la présence permanente des troncs noircis, calcinés et des branches qui jonchent le sol. Par contre la progression est aisée, car un travail incroyable d’entretien du chemin a été fait. Aucun arbre ne subsiste en travers de la piste. On en profite pour avancer vite et nous laissons rapidement Ollalie Butte dans notre dos. Nous sortons après une heure de marche de cette antichambre de l’enfer. Après une longue section de plus de vingt kilomètres dans les forêts de l’Oregon et dans Warm Spring Indian Reservation.   Nous arrivons aux South et North Pinhead Butte, d’où nous plongeons dans les futaies du Mont Hood National Forest. Dans la réserve, ou nous marcherons toute la journée, 4000 natives, indiens Païutes, Wasco et Tenino vivent autonome, malgré des tentatives de rachats de leurs terres par le gouvernement Américain. Un travail énorme d’entretien a été fait et le sentier est complètement libre de tous troncs. Cela change des étapes précédentes et nous savourons de ne pas avoir à escalader encore et encore les arbres morts.  Notre progression est, à plusieurs moments de la journée, ralentie par l’abondance sur le bord du chemin de plants d’airelles ou huckleberry qui nous offrent dessert, repas de midi, goûter. En fait nous pourrions nous arrêter à chaque virage. Nous voilà tous à ramasser par poignées les baies proches des myrtilles. C’est un bonheur simple et bienvenu, surtout que nous ne consommons quasiment pas de fruits ou de légumes. Bientôt ce sera, peut-être, framboise et compagnie. Concernant les paysages nous sommes sur une section de transition entre le Mt Jefferson et le Mt Hood au nord. Nous n’avons pas de vue extraordinaire et les sommets se cachent des randonneurs. Heureusement la forêt est agréable ce qui fait passer le temps un peu plus vite. Les animaux sont plus présents et nombreux, chipmunks, souris, oiseaux filent dès que nous faisons du bruit. Au kilomètre 30 nous franchissons, Warm Spring River, et remontons vers Summit Butte. L’ascension est bien raide. Cela étonne, nous nous étions habitués aux pentes douces des étapes précédentes. L’avantage c’est que nous montons vite. Nous avons prévu de dormir au niveau d’une ligne à haute tension. Sur le topo les commentaires sont satisfaisants et nous devrions ne pas avoir à trop chercher. Effectivement le camp est évident, sauf que le lieu est déprimant. Une immense saignée dans la forêt laisse passer nombres câbles à TRÈS haute tension. Le sol a été réduit en copeau afin d’éviter que arcs électriques ne viennent créer un feu. Un bruit sourd, d’abeilles en colère, ou d’électrons en transit est présent. Dormir ici nous semble, à Hélène et moi peu judicieux. Nous découvrons sur le chemin une inscription, Régis va marcher plus de 40 kilomètres et va chercher plus avant. Nous attendons Pierre qui va dans notre sens. Nous voilà repartis derechef. Nous sommes prêts à poursuivre sur les cinq à six prochains kilomètres. La journée va encore être bien fatigante. Nous restons attentifs aux moindres recoins entre les arbres, espérant un miracle. À peine 20 minutes de marche plus tard, c’est le jackpot. Un campsite est nettoyé au bord d’une ancienne route forestière. Il y a de la place pour au moins 6 tentes. C’est dommage que dans le topo le site ne soit pas signalé. Nous montons rapidement nos abris, et avec Pierre profitons pour savourer les dernières heures de jour.  Nous sommes rejoints 1 h 30 après par un hiker qui est dans le même état d’esprit que nous il y a quelques heures. Il nous demande s’il reste des emplacements et nous lui montrons les espaces libres. Nous avons droit à une réflexion compréhensible et justifiée, « what a f.…, why it isn’t in farOut! » Demain nous arrivons à Government Camp, dernière ville avant Washington State… enfin. On franchira un nouveau cap vers le terminus de l’aventure. Keep Going J123 J122 Mise en abime du photographe J122 Ollalie Lake au levé de soleil J122 Une belle cachette sur le bord du chemin J122 Vive le goûter J122 Le PCT qui se cache dans les forêts de l’Oregon J120 Un impressionant pin au sol J122 Huckelberry J120 Plus d’1.50 de diamètre J122 Journée en forêt One step back Oregon One step forward

Jour 121 ~Coyote Lake à Olalie Lake Resort

37 km 1100D+ 1300D- durée 12 h 00 Une des plus belles journées sur la piste en Oregon. Nous ne sommes pas les premiers à nous réveiller et à quitter le camp. Nous sommes maintenant tous devenus des machines et se lever tôt est presque une évidence pour tous les randonneurs. Il n’y a que des avantages à cette façon de vivre le chemin. Pour commencer, les kilomètres parcourus sont, comme le dit régulièrement Régis, gratuits. Les corps reposés de la nuit ne sont plus douloureux, et le pas est facile. La faune, la flore sont aussi présentes et la nature se pare de ses plus belles couleurs. Enfin, psychologiquement, savoir à midi que nous avez marché plus des deux tiers de l’étape permet de pouvoir prendre des pauses si nécessité dans l’après-midi.  Nous commençons en forêt, et apprécions de voir ré apparaître les géants que nous avons côtoyés il y a maintenant plus de quinze jours. Les pentes à notre gauche qui file du mont volcanique Jefferson sont impressionnantes. Il ne s’agirait pas de tomber, car nous descendrions bien bas. Les premiers kilomètres sont enchanteurs. Nous passons régulièrement dans des clairières en fleurs, avec des couleurs rouges, jaunes, bleues, orange, blanches, violettes. C’est un kaléidoscope fou. Le sommet du Jefferson derrière lequel se lève le soleil ajoute à la grandeur du lieu. Nous avons envie de nous arrêter pour profiter des alpages, mais restons raisonnables, car l’étape est encore longue ce jour. Malheureusement, à partir du sixième kilomètre, nous retrouvons les zones de forêts carbonisées sur pied. Les arbres blancs, sans vie redeviennent nos compagnons d’avancée, et gâche le plaisir d’être ici. Sur la carte topographique, les surfaces détruites sont immenses. Après le premier feu, White fire de 2017, la végétation à repoussée partiellement et de jeunes pins sont omniprésents. Par contre la persistance des troncs morts, encore sur pied rappel que l’endroit a été bien brûlé et la progression de blow down (nom du widow maker quand il est au sol et que le randonneur le franchi) en saut de haies est fatigante. Brutalement, au 10 kilomètres, nous entrons dans l’immense mega feu de 2020. Le Lionshead fire a brûlé plus de 400 000 hectares. C’est invraisemblable et dantesque, le feu a détruit des zones qui avaient déjà été consumées trois ans auparavant. Les hikers, nous inclus, passons et essayons de ne plus trop regarder. On finit par s’habituer, et on fait abstraction de la désolation environnante. Sauf, qu’on ne peut ignorer que l’Oregon brûle de nouveau et que cette année c’est pire que tout. À date de fin juillet, les surfaces incendiées sont déjà cinq fois plus importantes que lors de la plus mauvaise année connue. C’est réellement impressionnant, d’autant que la situation est également dramatique en Californie, où un nouveau feu, le Park Fire à l’ouest du Lac Alamno (J97) est toujours hors de contrôle. Il en est de même au Canada où le parc National de Jasper vient de vivre sa pire catastrophe avec la destruction d’une partie de la ville de Jasper. Certains ont beau se voiler la face, les changements climatiques sont à l’œuvre et l’urgence d’une prise de conscience collective est plus que nécessaire. Nous, nous profitons des forêts encore existantes en faisant le tour du mont Jefferson. De temps en temps, des portions de quelques mètres ont survécu. Nous apprécions. Le mont Jefferson ressemble aux montagnes que nous connaissons dans les Alpes européennes. Pentes raides, pics rocheux et, cerise sur le gâteau, un vrai glacier en face nord, le premier que nous voyons sur un sommet aux USA. Nous avons par ailleurs, la chance d’assister pour la deuxième fois à une éclosion de fonte de printemps, le chemin oscillant entre 1400 et 1600 mètres. Particulièrement importante cette année en Oregon, la présence tardive de la neige nous offre un festival de couleurs, et de parterres de fleurs odorantes. Les photos font peu honneur à l’ambiance très alpestre. C’est une des portions qui se rapproche le plus de ce que nous connaissons des Alpes. Au nord du Jefferson, nous franchissons Park Butte après une belle ascension de plus de 700 mètres de dénivelé. Magique, en descente en face nord, nous retrouvons des névés. Nous revoilà comme des gamins à courir et à glisser en ramasse sur le dernier obstacle glacé de tout notre PCT.  Sympathique et inattendu. Nous passons rapidement au pied de Ruddy Hill, Campbell Butte, Double Peak, Twin Peaks et arrivons enfin à notre campement du soir. Incroyable, nous rattrapons Hélène et Clément que nous avions perdu de vue depuis 4 jours. Ils avaient accéléré pour finir la section Oregon pour que Clément puisse prendre son avion dans les temps. Sauf que Clément s’est blessé et est obligé de ralentir. Nous proposons à Hélène quand elle sera de nouveau solo de se joindre à nous si elle le souhaite.  Le site de campement d’Olalie Lake, qui a été sauvé de la destruction du Lionshead est vraiment à conseiller. C’est un havre de verdure dans un désert de cendres et de troncs calcinés ressemblant à des allumettes géantes.  Go to Canada J122 J121 Dans les pentes du mont Jefferson J121 Les magnifiques clairières sous le Jefferson J121 Milk Creek J121 Un PCT incroyable J121 Bouquet de bruyère J121 Une floraison magnifique au passage de WhiteWater Creek J121 Indian Paint Brush et bruyères J121 Indian Paint Brush J121 Hélène et Régis dans la montée de Park Butte J121 Russel Lake et la face nord du mont Jefferson et White Water Glacier J121 Pierre et Hélène sur le dernier névé de Park Butte J121 Le feu Lionshead de 2020 J121 Olalie Lake, le Jefferson et les forêts détruites par le Lionshead J121 Un chipmunk bien curieux J121 Le ponton d’Olalie lake, au couchant One step back Oregon One step forward

Jour 120 ~Santiam Pass à Coyote Lake

37 km 1200D+ 950D- durée 12h30 Journée magnifique. Après une nuit bien fraîche et un réveil à 6 °C, nous nous installons tous les quatre sur la table de piquenique. Il fait plus froid et nous avons perdu l’habitude de devoir mettre la polaire au matin. Nous sommes fin juillet et peu haut en altitude, à 1450 mètres. Il ne devrait pas faire aussi bas en température. Nous démarrons le PCT par une longue montée vers les pentes du Three Fingered Jack, jusqu’au col entre Porcupine Rock et celui-ci. Nous passons notre journée à le contourner, par le sud, puis l’ouest puis le Nord. Dès le matin, nous devons composer avec les fumées de l’incendie Pyramid Fire à l’ouest qui obscurcissent l’horizon, et stagnent en couche épaisse dans les fonds de vallée. C’est magnifique et désolant à la fois. Cela doit représenter des années de forêts qui s’évaporent en quelques funestes heures. Plus au sud, à l’ouest du mont Washington que nous avons contourné hier, ce sont les volutes de l’Ore Fire qui se dispersent vers le nord-est. C’est impressionnant de voir cette immense nappe terne et jaunâtre qui se déploie dans tous les sens. Au sud, les Three Sisters émergent des fumées et offrent un panorama des plus majestueux. Ils dominent de presque 1000 mètres des nuages que l’on pourrait croire normaux. Il n’en est rien, le col de Mc Kenzie est complètement noyé sous un smog persistant. Nous admirons 50 nuances de gris, desquels pointent, isolés, les sommets volcaniques. Nous commençons par contre à sentir sur notre souffle l’impact de l’omniprésence des suies. Par moment, nous toussons, et crachons nos poumons. Heureusement, à mi-montée, nous respirons un air moins contaminé. À partir de 1800 mètres et selon le vent dans les vallées, des bulles d’atmosphères non toxiques permettent de reprendre haleine.   Nous arrivons au col qui surplombe la face nord-est du Three Fingered Jack. La progression est parfois complexe devant le nombre important de troncs en travers du chemin. C’est pénible et bien usant. L’entretien du sentier est absent sur cette section. Nous croisons un randonneur qui nettoie ce qu’il peut avec sa scie personnelle. C’est juste inimaginable de vouloir s’attaquer à ce travail de titan avec si peu de moyen et pourtant il avance, certes lentement, mais assurément. Merci à lui.  Le reste de la journée, nous alternons entre lacs, de tailles variées, pentes volcaniques raides, et le Three Fingered Jack qui continue à nous dominer de ses pics et arrêtes extrêmement découpées. La couleur noire de celui le rend majestueux, et évoque immanquablement les décors d’un film d’heroic fantasy. Nous aurions presque envie de le gravir pour y jeter l’anneau de Pouvoir. Après Minto Pass, nous plongeons plus avant vers le nord, et le mont Jefferson apparait, nous dominant à plus de 3000 mètres d’altitude. Le PCT continue sur une crête en forêt qui croise Rockpile Mountain, South Cider, North Cider Peak pour obliquer aux trente troisièmes kilomètres dans la vallée de Hunt Cove sous Cathedral Rock. Cette fin de journée est des plus longues qui soit. Nous croisons un panneau qui affiche que les quatre prochains kilomètres sont interdits au campement. Nous devons donc continuer à avancer,  sortir de la zone protégée et trouver le lieu de couchage. Ce ne sera pas évident, surtout avec la fatigue qui s’accumule. Nous sommes à la peine. Un pas, puis un autre, et encore recommencer ! Nous passons enfin le lac Shale et Coyote et la zone interdite. Ca y est, nous arrivons au campement. Il est parfait, le sol est plat, un peu trop poussiéreux, mais bien protégée par la forêt qui nous entoure. Nous sommes rejoints rapidement par Pierre, puis une heure après par Régis. L’ambiance est au beau fixe. Demain… on remet le couvert. Qui a dit que c’était une simple partie de plaisir ? Ce soir, nous sommes bien éreintés et nous nous endormons vite.  Keep Going J121 J120 Cinquante Nuances de gris J120 Un magnifique widow maker J120 Le volcan Belknap dans les fumées J120 La face ouest des three Fingered Jack J120 Les Three Sisters au matin J120 Le Three Fingered jack J120 Hélène, Régis et Pierre La Face nord du Three Fingered Jack J120 L’impressionant Pyramid Fire J120 Le mont Jefferson J120 Entretien du PCT J120 Le très graphique Mont Jefferson J120 Les praires de The Table devant le Jefferson J120 Pierre le lyonnais au milieu de nulle part J1220 Hélène pose devant le Jefferson One step back Oregon One step forward

Jour 119 ~Lava Camp Lake TrailHead à Santiam Pass

24 km 600 D+ 800D- durée 8h00 Des hauts et des bas. Nous nous levons un peu plus tôt que d’habitude. Nous devons franchir une longue section d’immenses champs de lave. Le PCT traverse les coulées du volcan Belknap. Le parcours est décrit comme rude et exigeant par les Américains, et le topo donne dans le grandiloquent. Les vingt prochains kilomètres seraient des plus atroces, pas d’eau, un sol noir et un soleil qui vous cuit jusqu’à que vous soyez complètement déshydraté. Nous démarrons avec un peu d’appréhension. Pourtant, nous sommes normalement parfaitement acclimatés et nous nous connaissons bien maintenant. Comme quoi, l’humain est un animal étonnant.  Nous commençons par rejoindre le PCT que nous avions quitté la veille, et arrivons au mur volcanique issu du Yapoah Crater que nous avons longé la veille. Rapidement nous montons sur la lave solidifiée et avançons sur un chemin tracé à coup d’explosif et de barres à mine. C’est un chaos rocheux des plus inhospitaliers qui soient. D’immenses dépressions de pierres rétractées ont laissé des cicatrices de profondeurs variables, de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres. Le sentier louvoie en un improbable serpent sous ecstasy, à droite, à gauche en bas, en arrière. C’est complètement fou d’avoir tracé ici. Un merci respectueux aux forçats qui ont donné de leurs temps pour que randonneurs puissent accéder à ce lieu unique.  Nous arrivons à Mc Kenzie Pass. La route qui franchit la zone est un ouvrage encore plus invraisemblable que le PCT. Nous atteignons au troisième kilomètre la fontaine d’eau laissée par un trailangel. Nous profitons pour reconstituer nos réserves. Étonnant une culotte noire sèche toute seule dans les buissons. Un PCTistes a dû l’oublier. Il va y avoir un malheureux ce soir.  Nous attaquons l’ascension vers un col sans nom entre le Belknap Crater et Little Belknap. Nous n’avons pas de mots pour décrire cette section. C’est juste majestueux, nous cheminons dans un désert de roche anthracite, sortie du ventre de la terre. Nous ne sommes que tolérés en ce lieu. Les fumées des feux couvrent la zone d’un brouillard qui se déchire sur le lointain. Au sud les 3 Sisters émergent après une suite ininterrompue de collines, palettes de gris noirs qui se succèdent en une composition visuelle qui laisse sans voix. Ces dix kilomètres vont être la section la plus effrayante et belle de tout notre PCT. Nous avons une chance extraordinaire, il fait frais, et nous avançons vite. Nous pouvons aussi mesurer la difficulté que cela doit être d’évoluer dans ce lieu où les températures doivent devenir extrêmes, en l’absence d’ombre et du fait des roches mates.  Pour nous, comment l’écrire, il s’agit encore de propos alarmistes à l’américaine. En fait c’est l’une des plus belles sections qu’il nous ait été donné de parcourir. Après être monté pendant deux heures dans les coulées de lave immenses dans le désert minéral, nous arrivons au point haut de notre journée. Nous pouvons voir les sommets de plus de 3 000 m. Il règne une ambiance de fin du monde avec l’omniprésence des fumées brumeuses et jaunâtres des incendies à l’ouest. Il n’y a pas de difficulté particulière pour marcher, le chemin a été tracé pour être plat. Il faut juste être attentif aux roches abrasives et utiliser ses capacités proprioceptives acquises de haute lutte après plus de trois mois et 3 000 km de randonnée. Nous continuons et contournons par l’ouest le Mont Washington, pic isolé qui va nous accompagner sur plus de 10 kilomètres.  Vers midi nous arrivons à Big Lake Youth Camp au bord du lac de Big Lake. Au bord de celui-ci, une communauté religieuse catholique avec une colonie de vacances offre gîte et couvert aux PCT hikers. On peut aussi prendre une douche et faire sa lessive. Le tout sur donation volontaire. C’est encore une fois incroyable.  Le fait du jour c’est que je réussis à me casser le sacrum en S3 en chutant dans la salle de bain. Un vrai boulet. J’arrive à marcher, mais c’est… désagréable. Pas grave, la douleur n’est qu’une information ! On verra pour la suite. Nous reprenons le chemin, puis nous nous dirigeons vers la route qui permet d’aller à la ville de Sisters ou nous devons faire notre ravitaillement. Nous bénéficions d’une chance extraordinaire, après 10 minutes de stop, une voiture qui ramène deux hikers s’arrête. Nous regardons dans celle-ci, et reconnaissons Régis et Pierre. C’est fabuleux, ils étaient partis devant nous et nous les avons rattrapés. Le conducteur nous récupère et nous descend vers le supermarché. Trail magic ! Le ravitaillement ne pouvait mieux se passer, d’autant plus que celui-ci nous propose de nous attendre pour nous raccompagner sur le PCT. Alléluia ! On en deviendrait presque croyant. Nous remontons vers Santiam Pass. Avec de la chance, vu le peu de temps que nous avons mis, nous ne devrions pas être bien loin de Régis et Pierre. En arrivant sur le Trail Head, nous les rattrapons sortant du chemin. Chouette, nous aurons de la compagnie pour les prochains jours. Nous nous arrêtons pour préparer le déconditionnement/reconditionnements de la nourriture au départ du chemin. Soudain, sur le parking, un deuxième trail Angel se gare et nous propose soda, gâteau, et boîtes de thon. Clairement c’est une autre planète. Avec tout cela, nous voilà tard et il semble déraisonnable de repartir. Après discussion à quatre, décision est prise, on reste dormir à Santiam Pass. Ce soir se sera table de piquenique, toilette sèche et surtout journée fabuleuse. Demain nous attaquons une section plus longue sur 4 jours qui devrait nous amener vers le Mont Hood, presque à la fin de l’état de l’Oregon. Keep going. J120 J119 Les Three Sisters J119 Le Belknap Crater J119 Three Fingered Jack J119 Dans les coulées de lave du Yapoah Crater J119 Hélène dans un désert de lave J119 Le panorama de lava Rock vers le sud J119 En montée vers little Belknap J119 Le Three Fingered Jack J119 Hélène au col sans nom entre les deux cratères Belknap J119 Dans

Jour 118 ~Mesa Creek à Lava Camp Lake TrailHead

32 km 950 D+ 1050 D- durée 11 h 00 Journée magnifique. Nous ne dérogeons pas à notre routine. Ce lever au début des premiers rayons lumineux est un luxe. Nous avons les premières brumes des prairies qui dessinent des estampes étonnantes. La nature se réveille et nous commençons à entendre la vie autour de nous. Les écureuils, curieux, courts d’arbres en arbres, les cerfs tournent à distance de la tente, espérant à notre départ l’oublie de nourriture, et les oiseaux créent une musique que nous ne pouvons qu’apprécier, alternance de notes aiguës, graves et de mélodie répétitives et entêtantes. La nature est agréable et nous sentons bien que chaque être vivant est à sa juste place. Nous découvrons aussi que les températures sont redevenues normales et nous avons même du givre sur la toile. Nous commençons en franchissant Mesa Creek. Nous sommes surpris, en fait de nombreux campeurs sont présents dans les bois. Nous n’avions pas été aussi loin la veille et nous sommes plus d’une vingtaine. Nous apprendrons plus tard que Clément et Hélène se sont, comme nous, arrêtés ici. Nous longeons les flancs ouest, majestueux des Three Sisters, du sud vers le Nord. Le massif est truffé de volcans, le Yapoah, le Four in One Cone, le Collier Cone, etc. Des coulées de lave de couleurs rouges, noires, composées de pierre ponce, de pouzzolane, d’obsidienne seront nos compagnes de la journée. Dans ce capharnaüm minéral, des pins ont réussi à pousser, et des prairies se sont installées entre les différentes coulées. L’ensemble est incroyable et je vais passer l’étape à faire des photos. Plus de 300 au total. Nous montons pendant les six premiers kilomètres sur 200 mètres dans une forêt peu dense. De temps en temps, des troncs brûlées rappellent la permanence du risque de feu dans ces lieux desséchés par les températures estivales implacables de l’Ouest américain. Les prairies d’herbes rases, encore vertes sont constellées de millions de couleurs vives. En quelques kilomètres, les tapies de fleurs jaunes et roses laissent place à des pins qui ressemblent à des mélèzes, puis au détour d’un virage, nous foulons une terre ocre et aride. L’omniprésence des 3 sommets à notre droite est incroyable. C’est un parc d’une beauté assez rare. C’est avec une joie réelle que nous avançons dans cet univers aussi changeant. Au quinzième kilomètre nous entrons dans la réserve intégrale d’Obsidian falls. L’endroit est interdit à tout arrêt hors chemin à l’exception de la petite cascade ou nombre de randonneurs viennent pour une courte séance photo. Les hivers préfèrent quant à eux s’y ravitailler et remplir les gourdes. Le lieu est invraisemblable. Le sol n’est qu’un immense champ tranchant d’obsidienne vitreuse. Il s’agit de ne pas tomber ici, ce serait redoutable et la peau aurait des soucis à se faire. Quel que soit l’endroit où le regard se porte, une fine cendre de verre gris pilé enserre des roches noires fumées. Nous n’avions jamais rencontré d’aussi volumineuse poche de rhyolite. Nous comprenons que de nombreux day hikers fassent le détour. Par contre nous ne feront pas de commentaire sur les touristes qui repartent les sacs pleins d’éclats brillants, souvenirs qui finiront poussiéreux dans un obscur coin d’un salon miteux. L’humain est indécrottable ! Nous continuons à avancer et entrons dans l’immense coulée de lave descendue du Collier Cone. La montée au col Opie Dildock Pass est juste indescriptible. La roche, d’un rouge vineux, est mélangée à des blocs noir plus dense. Au milieu de cet invraisemblable capharnaüm minéral, un sentier ondule, fin trait éphémère. Des millions de randonneurs ont dû, comme nous, se sentir petits et chanceux que le lieu soit accessible. Nous avons l’impression de ne pas être sur Terre. Après ce passage unique, nous basculons en descente sur les flancs nord du graphique cratère Yapoah. Au loin nous devinons nos prochaines destinations, le Mt Jefferson, les Three Fingers et encore plus loin, bien enneigé le Mt Hood, limite entre l’état de Washington et l’Oregon, aligné en un tableau parfait. Des arbres morts au tronc blanchi ajoutent une touche supplémentaire à ces lieux ou la vie est juste tolérée.  Nous croisons un peu plus de randonneurs sur cette portion, section ou thrue hikers. Ces derniers sont faciles à reconnaître. Ils sont souvent bien fracassés et on sent que continuer à avancer tient du combat mental pour certains. Nous dormons au Lava Camp Lake Campground. Nous ne sommes pas seuls et des Américains font du paddle sur le lac. Nous, nous apprécions de pouvoir nous laver et baigner, après ces longs kilomètres poussiéreux. Notre compagnon de campement ce soir, un jeune américain, sera d’ailleurs à plusieurs reprises au bord des larmes, cassées de fatigue, pendant le repas que nous prenons ensemble. Nous n’en sommes pas là, mais on devine que nous entrons dans une autre dimension après presque 4 mois de randonnée et plus de 3000 km. Encore trente jours ! Cela va être compliqué, mais on va essayer. « Day by day » comme, disent les Américains. Keep Going. J119 J118 Mesa Creek au matin J118 Three Sisters Wilderness J118 Widow maker impressionant J118 Un PCT bucolique J118 Le magnifique sommet South Sister J118 The Husband Peak J118 Une des plus belles journées J118 Des alpages en beauté dans le parc des South Sisters J118 Obsidian Fall J118 Détail des superbes obsidiennes fumées J118 A l’attaque de la coulée de lave du Collier Cône J118 Un PCT trés minéral J118 En route vers Opie Dilldock Pass J118 Le site désolé d’Ahalapam Cinder Field sous North Sister J118 On est pas bien la ? J118 Les derniers mètres dans l’immense coulée de lave de Yapoah Crater J118 le plus beau point de vue de la journée, au loin Three Fingered Jack, Rock Pile et Le mont… J118 Toute l’âme du PCT, forêts, alpages, neiges et sommets J118 Les terres désolées avant Scott Pass J118 Au loin Scott Pass One step back Oregon One step forward

Jour 117 ~Elk Lake Resort à Mesa Creek

17 km 600D+ 400D- durée 4 h 30 Come back on the PCT. Après un lever tranquille, nous commençons par aller déjeuner dans un bistro, aux viennoiseries bien françaises. C’est un luxe bien cher, et le croissant à 8 dollars va nous calmer. De retour à hôtel, nous déménageons vers la laverie en face pour nettoyer nos vêtements. Pendant qu’Hélène met en route les lessives, je fais des aller-retour avec les colis. C’est un vrai sketch, et cela amuse beaucoup les locaux. C’est un peu la course, mais on y arrive. Après avoir été rejoints par Clément et Hélène, nous filons avec un Uber à la poste où nous confions nos boîtes à une postière bien sympathique. Elle nous félicite même sur la précision des adresses. Régulièrement, les PCTistes se trompent et elle rectifie. Visiblement nous ne sont pas les seules à être venue faire ces ravitaillements pour l’étape Washington.  Nous prenons ensuite le temps d’aller manger rapidement au restaurant, puis l’épouse de Mike, le Trail Angel de la veille nous conduit jusqu’à Elk Lake Resort. Elle nous pose directement sur le TrailHead et on évite la case Elk Riviera. Un grand merci à nos deux conducteurs. À chaque fois c’est 30 min de voiture. Ils sont incroyables et sans eux ce serait bien plus compliqué. Nous voilà de retour sur ce qui est devenue notre quotidien. Le départ sur le PCT est tranquille. L’objectif est de se remettre dans le bain après le vortex de la ville. Nous prenons le temps de la montée sur 500 m et 10 kilomètres dans les flancs de la Koosah Moutain. Ce sera le point haut du jour. Les paysages que nous devinons devant nous sont maintenant très minérales. Après avoir longé Camelot Lake, et grimpé sur The House Rock en une courte pente, une plaine s’ouvre face à nous. Le mini cône volcanique de Le Conte Crater se dessine, et semble débonnaire. Il faut reconnaître que le cône du mont Sister South en toile de fond le domine de plus de 1000 mètres. Le sommet couvert de névés sur des flancs rouge carmin est extraordinaire. Le panorama laisse sans voix. L’ambiance est féerique et les couleurs sont incroyables. Au pied de celui-ci, une immense coulée de lave pyroclastique s’est arrêtée dans l’alpage de Wickiup Plain. D’une cheminée plus basse, Rock Mesa, satellite du maître des lieux, une furie éruptive de plus de plus de deux kilomètres sur 50 à 100 mètres mètres de haut est visible. C’est juste invraisemblable et nous restons à regarder un moment ce chaos rocheux gris, noir, de magma de 15 000 ans d’âges. Quelques arbres ont réussi à pousser. En y pensant, nous sommes bluffés, le sol est sans aucune possibilité de se nourrir. C’est improbable. Cette unique touche de vert permet de prendre la pleine dimension de ce que nous longeons sur plusieurs kilomètres. Le fait marquant du jour, c’est la chute d’un tronc en direct à côté de nous. On comprend mieux le terme widows makers ou faiseurs de veuves. En passant en forêt, nous entendons tout d’abord un premier craquement, bruit sec et court. Nous nous arrêtons et regardons. Un arbre mort, à notre gauche, penche vers la pente, et semble inoffensif. Sa direction ne nous menace en rien et nous recommençons à avancer. Soudain, en silence, un énorme tas de bois d’une vingtaine de mètres descend. Plusieurs kilos passent à quelques de mètres de nous, et explose en un fracas assourdissant. Effrayant, avant de toucher le sol, la chute a été feutrée. Si vous êtes sur la trajectoire, vous n’avez aucune chance et vous êtes au minimum blessé, voire mort. Vous n’avez pas le temps de vous pousser, car le bruit n’apparaît que lorsque l’arbre est à terre. Pas très rassurant. On a bien compris la leçon et pour la suite on sera attentif aux futurs campsites.  Nous arrivons au campement dans l’immense prairie de Mesa Creek. Étonnant, nous sommes seules. Pourtant l’endroit est évident, le sol plat et une rivière coulent à proximité. Nous ne voyons pas non plus Hélène et Clément. Ils ont marché plus vite et doivent être arrêtés plus loin.  Nous montons la tente et nous nous disons que pour une fois, les Américains ne nous ont pas menti. Ils nous avaient juré que cette section était la plus belle de l’Oregon. Cela semble vrai, le cadre est somptueux. Ce soir nous dormons au pied d’une des Trois Sœurs et apprécions ce moment privilégié. Got to Canada. J 118 J117 Au départ d’Elk Resort J117 On devine les Sisters au loin J117 Dans les pentes de la Koosah Mountain J117 Le Conte Crater et derrière le South Sister J117 Hélène sur le PCT J117 En route vers Wickiup Plain J117 L’incroyable Wickiup Plain J117 Le PCT en beauté J117 L’immense coulée de lave de Rock Mesa J117 Wickiup Plain et House Rock J117 Le campsite du soir dans Mesa Creek One step back Oregon One step forward