
17 km 600D+ 400D- durée 4 h 30
Come back on the PCT.
Après un lever tranquille, nous commençons par aller déjeuner dans un bistro, aux viennoiseries bien françaises. C’est un luxe bien cher, et le croissant à 8 dollars va nous calmer.
De retour à hôtel, nous déménageons vers la laverie en face pour nettoyer nos vêtements. Pendant qu’Hélène met en route les lessives, je fais des aller-retour avec les colis. C’est un vrai sketch, et cela amuse beaucoup les locaux. C’est un peu la course, mais on y arrive. Après avoir été rejoints par Clément et Hélène, nous filons avec un Uber à la poste où nous confions nos boîtes à une postière bien sympathique. Elle nous félicite même sur la précision des adresses. Régulièrement, les PCTistes se trompent et elle rectifie. Visiblement nous ne sont pas les seules à être venue faire ces ravitaillements pour l’étape Washington.
Nous prenons ensuite le temps d’aller manger rapidement au restaurant, puis l’épouse de Mike, le Trail Angel de la veille nous conduit jusqu’à Elk Lake Resort. Elle nous pose directement sur le TrailHead et on évite la case Elk Riviera. Un grand merci à nos deux conducteurs. À chaque fois c’est 30 min de voiture. Ils sont incroyables et sans eux ce serait bien plus compliqué.
Nous voilà de retour sur ce qui est devenue notre quotidien. Le départ sur le PCT est tranquille. L’objectif est de se remettre dans le bain après le vortex de la ville.
Nous prenons le temps de la montée sur 500 m et 10 kilomètres dans les flancs de la Koosah Moutain. Ce sera le point haut du jour. Les paysages que nous devinons devant nous sont maintenant très minérales. Après avoir longé Camelot Lake, et grimpé sur The House Rock en une courte pente, une plaine s’ouvre face à nous. Le mini cône volcanique de Le Conte Crater se dessine, et semble débonnaire.
Il faut reconnaître que le cône du mont Sister South en toile de fond le domine de plus de 1000 mètres. Le sommet couvert de névés sur des flancs rouge carmin est extraordinaire. Le panorama laisse sans voix. L’ambiance est féerique et les couleurs sont incroyables. Au pied de celui-ci, une immense coulée de lave pyroclastique s’est arrêtée dans l’alpage de Wickiup Plain. D’une cheminée plus basse, Rock Mesa, satellite du maître des lieux, une furie éruptive de plus de plus de deux kilomètres sur 50 à 100 mètres mètres de haut est visible.
C’est juste invraisemblable et nous restons à regarder un moment ce chaos rocheux gris, noir, de magma de 15 000 ans d’âges. Quelques arbres ont réussi à pousser. En y pensant, nous sommes bluffés, le sol est sans aucune possibilité de se nourrir. C’est improbable. Cette unique touche de vert permet de prendre la pleine dimension de ce que nous longeons sur plusieurs kilomètres.
Le fait marquant du jour, c’est la chute d’un tronc en direct à côté de nous. On comprend mieux le terme widows makers ou faiseurs de veuves. En passant en forêt, nous entendons tout d’abord un premier craquement, bruit sec et court. Nous nous arrêtons et regardons. Un arbre mort, à notre gauche, penche vers la pente, et semble inoffensif. Sa direction ne nous menace en rien et nous recommençons à avancer.
Soudain, en silence, un énorme tas de bois d’une vingtaine de mètres descend. Plusieurs kilos passent à quelques de mètres de nous, et explose en un fracas assourdissant. Effrayant, avant de toucher le sol, la chute a été feutrée. Si vous êtes sur la trajectoire, vous n’avez aucune chance et vous êtes au minimum blessé, voire mort. Vous n’avez pas le temps de vous pousser, car le bruit n’apparaît que lorsque l’arbre est à terre. Pas très rassurant. On a bien compris la leçon et pour la suite on sera attentif aux futurs campsites.
Nous arrivons au campement dans l’immense prairie de Mesa Creek. Étonnant, nous sommes seules. Pourtant l’endroit est évident, le sol plat et une rivière coulent à proximité. Nous ne voyons pas non plus Hélène et Clément. Ils ont marché plus vite et doivent être arrêtés plus loin.
Nous montons la tente et nous nous disons que pour une fois, les Américains ne nous ont pas menti. Ils nous avaient juré que cette section était la plus belle de l’Oregon. Cela semble vrai, le cadre est somptueux. Ce soir nous dormons au pied d’une des Trois Sœurs et apprécions ce moment privilégié.
Got to Canada.