Jour 136 ~Sheep Lake to Urich Cabin

33km 900D+ 1100D- durée 11 h 30 Good news. Le groupe se prépare au matin. Malgré l’incertitude, l’ambiance est excellente. Chacun va à son rythme. Hélène et moi avons passé une très bonne nuit. Nous démarrons en direction du col de Sourdough Gap. La montée est bien raide. Nous sentons que nous avons quitté les plaines et que l’environnement alpin est devenu notre compagnon de tous les instants. Le chemin est entouré de fleurs, et les lupins créent un tapis violet pourpre dans les alpages. Nous sommes toujours admiratifs de la beauté très particulière de cette région des états unis. En arrivant au col, nous croisons un hiker qui a dormi ici, en cowboycamping. Il y a pire comme endroit pour camper. Il a déjà contrôlé la météo et les sites internet. Bonne nouvelle, le feu est éteint et est 100 % contenu. Les sourires sur les visages sont d’un seul coup plus présent. Nous pouvons partir sereins pour continuer en direction du nord. Il y a juste une alerte orage entre midi et 14 h. Nous serons attentifs, et en fonction de notre progression nous accélérerons pour ne pas être exposés à la foudre en zone haute. Le chemin est magnifique, alternance de crêtes, de prairies, de forêts, certes brûlées pendant au moins 8 km, mais avec des sols verts. Au loin, le Mt Rainier domine toute la région, et est couvert de neige. C’est, de tous les volcans croisés sur le PCT, probablement le plus beau. Il surplombe de 2 000 m tous les sommets environnants. Il possède aussi un dôme sommital bien plus graphique que les autres. Les paysages sont à contempler sans modération. Le chemin progresse de pics en crêtes. C’est une section magnifique qui réussit à ne presque jamais descendre. Après avoir dépassé Three-Way Peaks, nous enchaînons Pickhandle Point, Crown Point, Norse Peak. Nous franchissons de nombreux cols, en apesanteur, Scout Pass, Barnard Saddle, Hayden Pass, Martinson Gap, Louisiana Saddle, et enfin Rods Gap. Le PCT est un serpent incroyable qui se faufile dans les pentes, et les vues sont à la hauteur de la permanente avancée entre 1500 et 2000 mètres d’altitude. Nous avons la chance de croiser nos premières fraises des bois. Elles sont petites, mais réellement excellentes. Nous récoltons aussi les toujours présentes huckleberry. Cerise sur le gâteau, une cueillette de cèpes va se révéler collector, le plus beau spécimen devant faire plus de 500 g. Dans la descente, sous Arch Rock, la Québécoise qui nous accompagne s’arrête à un campement. Elle n’a pas notre entraînement et ne veut pas se blesser en marchant plus de 30 kilomètres. Nous lui disons au revoir et bonne chance. En fin d’après-midi, nous arrivons vers la plaine herbeuse de Government Meadows et de Naches Pass. Au niveau de celle-ci, juste après la rivière Meadow Creek, nous trouvons la cabane de Camp Urich. C’est un refuge d’hiver qui a été construit par l’automobile club local. Il est laissé ouvert pour que les randonneurs puissent être en sécurité si besoin. La présence de toilettes sèches et de brasero pour faire un barbecue rend le lieu presque civilisé. Nous ne sommes pas nombreux, un seul couple de day hiker est installé.  Nous faisons un feu et je réitère l’aventure de cuire des cèpes, plus encore qu’il y a deux jours. Je vais pouvoir préparer à deux reprises un plat succulent. Régis qui n’était pas la première fois se régale, et ce sera même son unique collation du soir. À mi-repas, nous voyons arriver des locaux de l’automobile club. Ils organisent un Trail Magic improvisé, en nous offrent des pommes et des mandarines. Tout cela contribue à faire de ce moment l’un des plus remarquables vécus sur le PCT. En échange, je leur fais goûter le plat de cèpes. Après une vraie réticence, un des américains se décide. Il est perplexe, et ne veut pas me croire quand je lui explique que c’est juste des champignons, de l’huile d’olive et du gros sel. À voir son sourire, on devine qu’il savoure. En fin de soirée, une harde de wapitis va venir honorer de sa présence la prairie au-devant de nos tentes. Impressionnant et surtout inattendu. D’ordinaire, ils sont plutôt casaniers. Les admirer en fin de PCT est une vraie chance que nous apprécions tous. Go To Canada J137 J136 Chinook et deadwood peak au matin J136 En montée vers Sourdough Gap J136 Placer Lake J136 Hélène au levant à Sourdough Pass J136 La team à Sourdought Pass J136 Le PCT en descente vers Bear Gap J136 Blue Bell Pass J136 Hélène à Rods Gap J136 L’extraordinaire lumière sur le PCT au matin J136 Pierre et Hélène après Rods Gap, vue sur l’ouest J136 La team au complet dans Little Crown Basin J136 Le PCT sous Crown Point J136 Le panorama majestieux sur le Mont Rainier J136 Mimule de Lewis J136 Le temps est à l’orage J136 Le mount Rainier vue du col Pickhandle J136 Le PCT encore au milieu des forêts brulées J136 Le dôme du Mont Rainier derrière Silver King Peak J136 Hélène et notre rencontre du jour, une québécoise J136 Les pentes sous Arch Rock J136 Le repas du soir One step back Washington One step forward

Jour 135 ~Crag Lake to Sheep Lake

22 km 800D+ 700D- durée 9 h 30 Le retour des incendies Nous commençons notre journée par un réveil aux aurores. Depuis des mois c’est devenu évident. Les lumières de l’aube sont un moment que nous apprécions tous. Cela permet de marcher avec des ambiances, des teintes magiques. Ce matin ne déroge pas à la règle. Le ciel, dans lequel les nuages de hautes altitudes créent un feu d’artifice de couleurs, est des plus beaux. La première partie de journée est agréable. Après une courte ascension d’à peine 100 mètres dans les pentes de Crag Mountain, nous débouchons sur une crête. Les vues sur le Mt Rainier sont incroyables. Nous avons sur notre droite, en balcon une série de lacs de tous types, tailles. Les noms sont tout sauf originaux, One, Two, Cougar, American, Andersen, et enfin Big Dewey. Heureusement que quelques sommets ont gardé leurs appellations originelles, Naches et Yakima Peak. Le long du sentier, les fleurs sont omniprésentes, couvrant les flancs et les pentes en un patchwork multi couleurs. Le trail est facile et nous avançons vite. Nous savons que des orages sont annoncés en fin d’après-midi et nous espérons pouvoir arriver avant que ceux-ci n’éclatent. Nous ne rencontrons pas de difficulté et nous sommes confiants sur le fait de pouvoir faire l’étape du jour. Nous sommes tôt à Chinook Pass. La team traverse le pont en bois qui surplombe la route Mather Memorial Parkway pour aller plus au Nord. De celui-ci la vue sur le Mont Rainier est extraordinaire. Le volcan visible à l’ouest est monstrueux. Des coulées noires se mélangent aux névés et glaciers. Il domine la région du haut de ses 4300 mètres. Le jour ou celui entrera en éruption on devine qu’il ne fera pas bon être à proximité.  Nous prenons le chemin en direction du lac Tipsoo, hors PCT pour la pause midi. Le spot est tranquille et nous apprécions le cadre.  Rassasiés, nous repartons vers 13 h et marchons le long de la route vers l’est. Nous avançons à peine un kilomètre après la pause repas, que nous voyons le groupe de Paul qui fait du stop. Nous sommes surpris, l’endroit n’est pas connu pour être un lieu de départ vers une ville. Nous les interpellons, car il n’était pas prévu qu’ils sortent du PCT. Nous apprenons qu’il y aurait peut-être un nouveau feu sur la section ! Décidément, c’est pénible ces interruptions ! Va alors commencer une seconde partie de journée dès plus compliquée… Nous quittons le chemin à hauteur d’un parking. Un groupe d’une quinzaine de hikers est réuni autour d’un Trail Magic. Nous essayons de comprendre la situation. Au niveau de Government Meadows cabin, à environ 40 kilomètres plus avant, un incendie serait à moins de 100 mètres du PCT. L’absence de réseau oblige à faire 300 m de dénivelé et 4,5 km aller-retour pour chercher des informations au niveau d’un col. Les randonneurs présents attendent le retour de ceux qui s’y sont rendus. Commence une longue pause, entrecoupée de sodas. Le trail magic est le bienvenu, même s’il n’a pas la saveur habituelle. Vers 16 h, une hikeuse, Wild Flower, que connaît Hélène, nous confirme qu’un feu est bien actif au mile 22, sans données sur sa taille et sa position exacte. Un appel auprès des rangers/pompiers ne fournit comme indication qu’un « attendez demain pour prendre une décision ». Sur le site du PCTA, seule une alerte est mentionnée, sans fermeture. Bref, pas simple. Nous décidons d’aller dormir en altitude, à 2 miles de là, au lac Sheep. Nous ferons le point au matin pour savoir ce qu’il en est, et ferons demi-tour si nécessaire. Après une courte ascension de 3 kilomètres et 150 mètres de dénivelé, nous arrivons à celui-ci. Cool, le cadre est superbe.  Nous sommes rejoints par une Canadienne qui s’installe avec nous. Soudain, nous voyons, sur le tard, une silhouette connue. C’est le retour du Régis. Après discussion, il décide de rester avec nous pour faire le point demain.  Au campement, un chipmunk, que nous surnommons Alvin, va être des plus intrusifs. Le paquet de cacahouètes, amandes, noisettes d’Hélène en fera les frais.  Keep Going. J136 J135 Soleil levant sur les forêt de Washington J135 Alternance de forêt d’alpages J135 Dans les pentes de Crag Mountain J135 Les lupins sont superbes J135 Anderson Lake J135 Le majestueux Mont Rainier J135 Lac sans nom sous le Naches Pass J135 Pont entre les deux lacs Dewey J135 Pause raivtaillement en eau J135 La floraison continue à être flamboyante Big Dewey Lake J135 Hélène qui arrive au col de Naches J135 Hélène et Pierre J135 En descente vers Chinook Pass J135 Chinook Pass J135 Alvin le Chipmunk facétieux One step back Washington One step forward

Jour 134 ~White Pass to Crag Lake

28 km 900 D+ 650 D- durée 10 h 00 Et c’est reparti. Nous sommes les premiers à nous lever et à ranger nos affaires. On sent que certains randonneurs ont été perturbés par la séquence et préfère prendre leurs temps. Nous, nous restons mobiliser. Le Canada est encore loin. Nous mangeons notre déjeuner au niveau de la dizaine de tables installées par le gérant de la station essence de White Pass, au dos de celle-ci. L’ambiance est étonnante, les chaises grises en plastique délavé, posées sur des copeaux de bois, côtoient un container métallique rougeâtre, sous des tonnelles bleues et beige. Des randonneurs fouillent les hikersboxs, boites ou les hikers laissent pour les suivants, outils et nourritures en trop. C’est à la fois roots et très organisé. On devine aussi que le monde des ThruHikers, après des mois en pleine nature, est hors du temps, de la réalité. Tout convient et le moindre morceau de civilisation est un luxe. Aujourd’hui, nous filons vers le nord. Nous prenons le chemin vers la route et franchissons le dispositif des pompiers interdisant l’accès au-delà du col. Nous ne nous sentons pas concernés. Nous bifurquons 500 mètres plus loin, et passons entre les lacs de Leech et Dog. Nous entrons dans la forêt de Mont Baker Snoqualmie National Forest et commençons par une ascension de 400 mètres en direction de Cramer Mountain. Le pas est lourd. En fait, ce sont plutôt les sacs qui sont lourds. On n’arrive toujours pas à s’habituer au poids des sacs à dos. C’est étonnant, malgré plus de 4 mois de portage et de charges itératives liées à la nourriture, nous sommes encore surpris. Tant pis, on fait avec, on sait que cela ne peut que diminuer au fil de la marche, jusqu’au prochain ravitaillement. Le chemin progresse dans une forêt qui ressemble à nos futaies européennes. Pins, chênes, sols calcaires sablonneux, et surtout cèpes. On va en croiser plus de 10 kg, de taille souvent record. Un vrai drame, je ne peux, au plus, en préparer qu’un ou deux avec nos ustensiles de dînette. Je suis donc obligé de laisser cette cueillette sur pied. Un crève-cœur qui fait sourire mes comparses, peu mycologues. Deux exemplaires plus malchanceux que leurs voisins seront cuits à la casserole en titane sur le réchaud ou la température n’est pas réglable, puis assaisonnée au sel de l’Himalaya. C’est un luxe inégalable en ces lieux, et un régal, assez rare pour être souligné. Enfin de la nourriture saine. Les hikers américains sont stupéfaits de nous voir cuisiner des champignons. Il est vrai qu’en dehors des shiitakés et de quelques champignons de Paris, consommer des produits naturels est juste inconcevable, trop peu transformé pour être acceptable selon leurs critères.  Nous passons un tag 2300 miles écrit au sol en brindilles. Cool, on avance mine de rien, l’air de rien. Les paysages sont agréables, alternance de lacs, falaises et forêts. Comme à l’accoutumée dans ces immenses déserts arboricoles, les vues dégagées sont plutôt rares. Par contre, les clairières le plus souvent au niveau de mares, bassins ou étangs sont superbes. Les herbes d’un vert intense recouvrent les prairies, et de petites brumes matinales créent des tableaux reposants. Au détour d’un virage, deux randonneurs sont accompagnés d’une mule. Ce sont nos premiers cowboys de tout le chemin. Respect à eux. C’est encore une autre façon de voyager. Nous croiserons plus d’une dizaine d’étendues d’eau aujourd’hui. Si les dénivelés n’étaient pas aussi présents, nous aurions presque l’impression d’être en Oregon. Après être passés sous Frying Pan Mountain au vingtième kilomètre, nous filons vers Crag Moutain. Nous devrions pouvoir dormir au pied d’un lac, après 400 mètres de montée, dans les pentes raides en face sud. Dans le topo, le camptsite est décrit comme amazing. Après avoir croisé Fish, Buck et Crag Lake, et avoir quitté en descente sur une centaine de mètres le PCT, nous arrivons à notre campement. Le site est No Name. Il est magnifique et reposant. L’eau est vert turquoise, et des couleuvres, poissons, tritons sont visibles. Les lupins, tâches violettes, et les sapins se reflètent au couchant à la surface en une cascade de couleurs magiques. Le soleil rasant ajoute à la beauté du cadre. C’est un site de campement à conseiller sur cette folle avancée vers Manning Park. Les deux Hélène, Pierre et moi-même sommes rejoints par Paul, un Français, que nous avions croisé dans la Sierra. Il est avec une petite partie du groupe dans lequel était la randonneuse qui était tombée lourdement dans la descente de Mather Pass. C’est agréable de prendre des nouvelles et de savoir qu’ils continuent toujours à être de l’aventure. Demain, nous poursuivons vers le nord, le long des contre forts du massif des monts Baker et Snoqualmie la longue transhumance Go to the North J135 J134 Au déjeuner de White Pass J134 La team au départ de White Pass J134 La team avec le sourire J134 La route fermée à White Pass J134 Sand Lake J134 Summit Creek J134 Cowlitz Pass J134 Le repas du soir J134 2300 miles J134 Nos premiers cowboys sur le PCT J134 Vers Snow Lake J134 Réflexion de la forêt au couchant J134 Le camp site du soir One step back Washington One step forward

Jour 133 ~Trout Lake to White Pass

0 Km Bingen.  Nous nous réveillons dans un parc en pleine ville dans un endroit improbable. Nous sommes les derniers à replier nos affaires. Les autres hikers, une vingtaine, donnent l’impression de fuir à toute vitesse. Nous commençons par essayer de trouver un lieu où aller aux toilettes. Cela peut paraître trivial, mais les w.c. publics sont fermés et nous sommes tous à courir dans tous les sens. Situation comique s’il en est ! Le site municipal de Daubenspeck est à l’identique de nombreux parcs aux USA. Propre, bien ordonné, une immense tonnelle au milieu qui a servi d’abri aux cowboys campeurs. Les locaux, qui se promènent avec leurs chiens ne semblent pas surpris de la transformation en camping de leurs uniques espaces verts communs.  Nous suivons la toute Lewis and Clark hwg pour aller manger au premier café du coin. Une horde de hikers s’y trouve déjà, pour les mêmes raisons que nous. Le Carmen’s Kitchen a probablement sa plus grande affluence de l’année.  Nous prenons le temps, Hélène, Pierre, Hélène, et moi d’organiser cette journée imprévue. L’évacuation hier de Trout Lake, l’arrivée tardive à Bingen dans le jardin public, le réveil nocturne par les sprinklers de la pelouse, et le lever chaotique n’ont pas été de tout repos. Par contre, l’expérience de l’arrosage automatique en pleine nuit de camping est une exclusivité PCT que l’on recommande vivement. Nous décidons de passer par Portland par car, puis bus, puis par train… si possible. Après une demi-heure d’attente, nous prenons notre premier transport en commun et refranchissons vers le sud la Colombia River par le pont Hood River Bridger. Nous changeons de bus au Greyhound bus stop : Hood river, puis montons dans un car de couleur fuchsia bien pétante. Le voyage est étonnant. Nous voilà à repasser par notre ville de fin de l’Oregon et de départ de l’état de Washington, Cascade Locks, où nous étions il y a 4 jours. Étrange impression de faire marche arrière.  Nous arrivons à Portland, au Gateway Transit Center, prêt de la clinique de the Oregon Clinic. Nous devrions pouvoir prendre un train pour remonter vers le nord. Après une vingtaine de minutes d’attente, un message posté sur le site Facebook Trail Angel Washington débloque la situation. Un local se propose de nous récupérer et de nous amener directement à White Pass. Imaginer que quelqu’un consacre de son temps pour faire 3 h de voiture aller, puis refasse de nouveau 3 h de route en sens inverse avec d’autres hikers est tout bonnement incroyable. Et pourtant c’est le cas. Un grand merci à Yann le Trail Angel salvateur de Portland. Nous attendons sur le trottoir et le parking en face de la clinique, des vigiles nous confondant avec des SDF viennent poliment nous demander de nous éloigner. Au moment où ils comprennent que nous sommes des thru hikers, ils changent d’attitude, et nous autorisent à rester, sous réserve de nous faire plus discrets. Nous avions craint que cette journée soit compliquée, finalement elle se déroule sans trop de difficulté grâce à l’extrême bienveillance des Trails Angels sans qui le PCT ne serait pas le PCT. Yann arrive vers 14 h et nous installe dans son mini van. L’ambiance est bon enfant et nous nous retrouvons assis sur ce qui lui sert de lit. Le confort est absent, mais point n’est grave.  L’arrivée à White Pass est surprenante et l’atmosphère étrange. Il n’y a plus que des hikers dans la petite station de ski, la route étant fermée à l’est par l’immense incendie du Retreat Fire. Vingt mille hectares sont en train de brûler et des arbres sont tombés sur le bitume. Un cauchemar pour les pompiers. Nous avons l’impression d’être dans une bourgade fantôme qui n’existe plus que et, grâce aux randonneurs.  Nous récupérons nos colis que nous avions postés il y a 15 jours, re organisons nos paquetages, et allons sur une aire de parking qui a été recouverte de copeau de bois pour que les PCTistes installent leurs tentes. Demain nous attaquons une section de 5 jours vers Snoqualmie Pass. Les sacs sont de nouveau lourds, mais on commence à entrevoir la fin de l’aventure. Keep Going J 134 J133 Ou est Satanas J133 Greyhound bus stop J133 Sacré coouleur J133 Hood River Bridge J133 Hikers lost in translation J133 Gateway Transit Center de Portland J133 Prévention contre les incendies J133 Dans le mini van en route vers White Pass J133 White Pass, enfin J133 Des hordes de hikers descendent des mini vans J133 Le camp site du soir J133 Hélène et Pierre à White Pass One step back Washington One step forward

Jour 132 ~Mosquito Creek to Trout Lake

16 km 550D+ 550D- durée 3h30 Ça n’a pas loupé ! Encore un incendie ! Nous l’avions vu hier matin sous forme d’une mince colonne de fumée, sur les flancs ouest du Mt Adams. Toute la journée, il a eu l’air de ne pas vouloir faire des siennes. À 18 h, nous avons confirmation de l’apparition d’un nouveau venu dans le trop grand nombre de feux de l’été, le Williams Mine Fire. Une lecture rapide de Watch Duty ne présage rien de bon. L’incendie a démarré à moins de 100 mètres du PCT sous Horse Meadows. Cela semble peu probable que nous puissions passer. On verra bien. À 20 h, la fermeture redoutée est annoncée. Le PCT est clos à 15 kilomètres de nous, soit juste à la sortie que nous avions choisie pour aller à Trout Lake. Au matin, l’ambiance entre PCTistes est à l’inquiétude. Nous n’avons pas d’information, mais une consultation de plusieurs cartes nous fait vite comprendre que cela risque d’être compliqué. Nous partons rapidement et passons ce qui sera notre seule difficulté du jour. Nous montons dans les pentes de Dry Meadows et arrivons avec Winchester et Pierre à l’intersection entre le PCT et la route vers Trout Lake. Un garde du National Forest Service vient de mettre rubalises et panneaux… « Trail is closed ». Nous sentons que l’ambiance est à l’inquiétude. Nous décidons de faire du stop. Soudain, nous voyons arriver trois véhicules. Incroyable, et aussi surprenant que cela puisse paraître, les habitants ont d’organisés des navettes pour récupérer les randonneurs présents et qui pourrait être en difficulté. Extraordinaire ! En moins de 20 minutes nous voilà conduits en ville. Sur les pentes du Mont Adams, le feu est monstrueux. La route longe celui-ci, les crêtes de flammes sont à moins d’un kilomètre et font plus de 50 mètres de haut. Pas cool.  En arrivant devant le Drugstore, nous sommes nombreux. Va alors commencer une attente pénible, avec informations et désinformations. Que va-t-il être possible de faire ? En fait la seule piste qui permet de contourner le feu par le Nord va se fermer en direct. Une dernière navette part à 16 h. Nous avons eu juste le temps de faire le ravitaillement, mais nous n’avons pas pris de douche, ni fait la lessive. Nous décidons avec Pierre de remettre le départ au lendemain. Régis veut profiter de celle-ci. Elle passe autour du mont Adams en une heure de trajet. Il marchera ensuite à partir de Potato Hills pour aller sur la célébrissime section de Goat Rocks. Pour nous, cela semble un peu trop organisé à l’arrache et temporisons.  Winchester rentre chez lui, Mary sa compagne est venue le chercher. Nous lui disons au revoir, bonne chance et surtout merci pour tous. Vers 15 h 30, nous croisons Hélène qui arrive à l’instant. Nous l’avions perdu de vue depuis 1 semaine. Clément est reparti en France de Portland, ou elle est restée quelques jours. Nous lui proposons de se joindre à nous, car la hikeuse qui marche avec elle veut absolument continuer. Elle ne souhaite pas faire 3 jours de ravitaillement en 20 min. On peut comprendre. Nous voilà de nouveau à quatre. Nous espérons qu’un bus soit affrété pour aller à White Pass demain, à 3 h de route plus au Nord. Pour l’instant, nous n’avons rien de très précis. Ce soir, plus de 40 randonneurs errent en ville, et une vingtaine de tentes, dont la nôtre, se retrouvent dans le jardin d’un particulier. Surprenant et inattendu. Mais les péripéties ne font que commencer. 23 h Réveil en fanfare, on nous annonce un passage en niveau II, soit un risque de départ en moins de 30 minutes. Nous voilà à sortir de la tente, à refaire notre packaging et à nous préparer à une évacuation durant la nuit. Le feu n’est plus qu’à 4 miles, et a grossi de 1 000 hectares à 2 000 en quelques heures. Comme les vents tournent au nord-ouest vers 4 h du matin, dans l’axe de la ville de Trout Lake les pompiers ne veulent pas être en difficulté en devant organiser tout cela au dernier moment. On se recouche habillé, à même la pelouse. La nuit va être longue ! Trente minutes plus tard, branle-bas de combat, 4 véhicules nous attendent et nous filons 25 miles au sud. L’ordre niveau 1, Go now, est malheureusement tombé. Nous montons en moins de cinq minutes dans les camping-cars, 4*4 ou mini bus. L’ambiance n’est pas drôle. Nous avons une pensée pour les locaux qui partent, ne sachant point s’ils reverront leurs logements intacts.  Le conducteur de notre véhicule a fait la route depuis Portland pour venir aider. La solidarité n’est pas un vain mot ici.  Il nous dépose dans une ville inconnue, dans un jardin public, que la mairie met à disposition des hikers en pleine aventure du genre « Lost in Translation ». Nous nous retrouvons à monter les tentes à la frontale, en évitant des buses d’arrosages automatiques. La blague est que celles-ci vont se déclencher une heure plus tard. C’est un grand moment pour ceux qui n’ont pas fait attention, qui dorment en cowboy camping, ou qui n’ont pas fermé leurs abris. En moins de cinq minutes, c’est un beau bazar, des affaires sont bien mouillées pour certains. Ça, c’est de la vraie aventure. Demain, cela va être compliqué de remonter vers le Nord et White Pass. Nous verrons bien. Pour l’instant, on essaie de récupérer. Go to Canada. J133 J132 Le PCT à Grand Meadows, sous Steamboat Montain J132 En route vers Trout Lake J132 Des hikers en perdition J132 Hélène devant un pin giganstesque J132 Presque 70 mètres de haut J132 Trail closure J132 Trout Lake Gas station J132 Un camping sous l’incendie J132 Trout Lake J132 Le feu est à moins de 4 miles J132 La colonne de feu vers le sud J132 Ambiance bien sombre au camping de Trout Lake J132 Des PCTistes chez un trail angel J132 Dans les rues de Trout Lake J132 Go Now J132 La colonne qui évacue les PCTistes One step back Washington One step forward

Jour 131 ~Green Lake to Mosquito Creek

28 km 600D+ 800 D- durée 9h 30 Journée bien plus tranquille. Nous avons moins de distance, et moins de dénivelés à parcourir. Cela donne des hikers heureux et surtout détendu. En pratique, on s’énerve moins, car on sait que demain nous serons dans les temps pour le ravitaillement sur Trout Lake. Comme la navette est soit à 8 h 30, soit à 12 h 30… on choisit celle de 12 h 30, ce qui implique des étapes moins exigeantes. La nuit a été tonique. La veille, j’avais proposé à Hélène de ne pas mettre le double toit pour avoir moins chaud. Nous n’installons plus depuis un moment la partie étanche et ne gardons que la moustiquaire. C’est un compromis entre le cowboy camping des Américains, et ceux qui ne jurent que la tente tous les soirs. Hélène a hésité, puis a dit oui. Mauvaise pioche ! C’était la nuit où nous aurions dû monter l’abri en complétude. Je me retrouve à ajouter en catastrophe le double toit à 4 h du matin, sous un orage du feu de dieu, à moitié habillé et en chaussettes dans le bush. Trop fun. Nous n’avons pas d’affaires mouillées, mais cela aura été moins une. Après une bonne heure de tumultes furieux, le déluge se calme, mais c’est vraiment impressionnant. Le bruit des éclairs roule de sommets en collines en un capharnaüm sonore sous kétamine. Au matin, la nature a retrouvé sa sérénité, et le ciel est de nouveau vide de tous nuages. Par contre, l’air est d’une pureté parfaite, la pluie ayant lavé celui-ci de toutes les poussières volantes depuis des jours. Les couleurs sur le lac Sheep sont magiques et, je profite pour faire des photos cartes postales. Nous traversons une prairie immense 200 mètres après notre départ. Si nous avions eu l’information, nous aurions tous campé à cet endroit. Le lieu est superbe et cela aurait bien plus évident. Point n’est grave, c’est aussi cela le trail, savoir s’accommoder de ce que l’on a et apprécier l’instant. On en deviendrait presque philosophe. Nous montons ensuite vers Berry mountain, puis restons sur les crêtes vers Gifford Peak. De celle-ci nous voyons au loin des fumées dans la vallée sur notre droite. Les éclairs de cette nuit ont eu pour conséquence qu’un nouvel incendie semble pointer son nez sur notre trajet. Il va falloir surveiller cela de près. C’est le problème principal en cette saison. Énormément de feux sont provoqués par la foudre, associé à la particularité d’une végétation avec une bio masse importante qui ajoute au risque. Nous continuons à affectionner les paysages qui s’offrent à nous. Nous avons eu de rares vues du Mt St Helen et du Mt Adams. Les lacs font leurs réapparitions, mais n’ont pas la taille de ceux de l’Oregon. Cela reste appréciable toutefois. La flore se modifie avec plus de chênes, de rhododendrons, de fougères.  Nous passons ensuite dans les pentes qui filent au nord entre Bird et SawTooth mountain. De temps à autre nous croisons des coulées de lave anciennes. Nous sommes dans un immense champ de sommets volcaniques errodés par les ans. Après une dernière montée directement sans lacet, étonnant et inhabituel, nous arrivons à un petit col sans nom entre East et West Twin Buttes, puis descendons vers la route vers Mosquito Creek. Nous franchissons celle-ci et c’est enfin le campement. Il y a nombres hikers, mais il reste des emplacements libres. Parfait. Demain, ce sera ravitaillement et douche, si possible à Trout Lake. Go to Canada J132 J131 Sheep Lake au matin J131 Au sud le Mont Hood J131 Sur les crêtes vers Gifford Mountain J131 Sous East Crater J131 Junction Lake J131 Blue Lake J131 Au loin, un nouveau feu J131 Croisement entre le PCT et le Lemei Lake trail J131 Au loin le Mount Adams J131 Gifford Pinchot National Forest J131 Érythrone des montagnes ou Ail des Ours J131 Pierre, dans les prairies du sud Washington One step back Washington One step forward

Jour 130 ~Panther Creek to Green Lake

29 km 1450 D+ 450D- durée 11h30 Pinchot National Forest. Nous voilà, à cinq, à partir sur une longue et difficile étape. Nous savons que nous ne ferons que monter. L’inclinaison des pentes n’est jamais bien monstrueuse, mais sa constance oblige à être concentré et attentif. Après un petit déjeuner rapide, nous filons tous faire le remplissage des bouteilles d’eau. Malgré l’omniprésence des forêts, les sources sont parfois absentes. Nous passerons la journée en compagnie de Winchester qui continue à nous accompagner sur cette portion. En dépit d’un son sac plus lourd et d’un faible entraînement, il avance et fait les mêmes étapes que nous. Nous sommes seulement plus en forme le soir. Il est impressionnant de volonté, et le voir progresser avec les pieds qui font mal, les muscles endoloris forcent le respect. Chapeau bas l’artiste. Il est en plus d’humeur égale, avec un sens du chemin étonnant. En discutant, nous découvrons un personnage à l’américaine. Il a eu mille vies, les fils handicapés que nous avions rencontrés sont adoptés, et il a construit lui-même son hydravion ! C’est vraiment bluffant.  Après 4 h d’une montée bien soutenue, nous confirmons. Le PCT, dans ce début de Washington est à nous prévenir, les hautes vallées seront bientôt de retour. Le dénivelé est conséquent et surtout continu. Nous avons fini de subir les petites collines, et les montagnes russes. Maintenant, nous voyons réapparaître des ascensions solides, et les mollets et les tendons d’Achille souffrent, déshabitués d’être étirés.  Les paysages sont tels qu’imaginés. Les forêts de Pinchot National Forest sont immenses, indemnes d’incendie et plus aérées. C’est bien plus agréable qu’en Oregon. Nous avons la chance de bénéficier de trouées dans le couvert végétal pour embrasser la face nord du Mt Hood qui semble s’éloigner au sud. Les fumées, nuages maléfiques, du Whisky Creek Fire sont parfaitement visibles dans la vallée ou passe le PCT. Nous devrions apercevoir le mont Adams sur notre droite, mais pour l’instant la canopée est trop haute et ne nous voyons pas les sommets environnants.  Dans une des montées, nous nous faufilons entre des millions de toiles de soie de forme stupéfiante. Dans les rayons du soleil rasant, elles dessinent des dômes d’une précision chirurgicale. L’araignée Linyphiidae ou bowl and doily spider est omniprésente dans les sous-bois et crée une ambiance étonnante. Nous continuons à avancer et au quinzième kilomètre nous passons Big Huckleberry mountain. Nous trouvons un espace ombragé et posons nos sacs à dos pour la pause de mi-journée. C’est toujours avec surprise que les Américains nous voient nous arrêter à midi pétant. Beaucoup d’entre eux ne font pas de stop long, alors que pour le groupe c’est sacré. Cela permet de délasser les muscles, masser les pieds et surtout de prendre le temps de regarder autour de soi. C’est le French Moment.  Nous repartons bien rassasier et retrouvons sur le chemin, des d’airelles, abondantes et de tailles respectables. C’est vraiment sympa. Par contre, cela n’améliore franchement pas la vitesse de progression et nous perdons régulièrement Régis qui se délecte des mets savoureux de dame nature.  Aux vingt-quatrièmes kilomètres, en fin de journée, nous bénéficions d’un nouveau Trail Magic, avec des canettes de soda sur le bord du trail. Réconfortant et surtout le bienvenu avant la dernière montée. C’est avec humour que nous regardons Winchester boire son coca, moment où il est à vivre ce qu’il offre aux autres d’habitude, Trail Magic Angel. Nous croisons la marque 2200 miles, soit plus de 3500 kilomètres. Cela donne le tournis et surtout rappel que cela fait bien plus de quatre mois que nous marchons tous les jours plus de 8 h 00 par jour.  Nous arrivons tard à Sheep Lake, où nous avons repéré sur le topo des emplacements pour dormir. Ils sont tous occupés. Nous commençons, à cinq, à essayer de chercher dans les fourrées des lieux possibles pour monter nos abris. Nous finissons par trouver, 30 mètres au sud du lac un petit espace pour Pierre et notre tente. Régis s’installe en vrac sous un arbre et Winchester réussie, sous un buisson, par se poser.  Ce soir, nous dormons au milieu des d’airelles. Nous n’avons qu’à tendre le bras allongé sur nos matelas pour consommer. Le luxe.  Keep Going J131 J130 Panther Creek au matin J1130 Le pont sur Panther Creek J130 les rares trouées dans la forêt J130 Bowl and doily spider J130 Au sud le Mont Hood et le Whisky Creek Fire J130 En montée vers Big Huckleberry Mountain J130 Un trail Magic à Crest Horse Camp J130 3520 km One step back Washington One step forward

Jour 129 ~Rock Creek to Panther Creek

25 km 800D+ 900D- durée 11h00 Où est Pierre ?  Nous levons ce matin, et constatons en allant cherche de l’eau à la rivière que Pierre n’a pas dormie ici hier soir. Point n’est grave, nous devrions nous retrouver à un moment ou un autre.  Après un déjeuner tranquille et plus tardif, on espère qu’il va nous rattraper. À 7 h, nous descendons de notre lit d’aigle vers le PCT et décidons d’avancer. Régis est en grande conversation avec un randonneur que nous avions vu dans sa tente la veille au bord du chemin. Il nous interpelle et nous demande : – Vous ne devinerez jamais qui est ce brave randonneur ? C’est incroyable ! Hélène et moi, après un rapide examen du concerné restons sans voix. – Incroyable, amazing you’re Winchester! What are you doing here? Nous découvrons au matin que notre voisin est le Trail Angel Winchester qui avait organisé notre premier Trail Magic à Silverwood Lake, il y a maintenant 103 jours ! C’est improbable et invraisemblable après autant de jours, et de kilomètres. C’est juste du délire, la probabilité de se revoir dans cet immense pays, sur le sentier qui plus est, était quasi proche de zéro. Il est en train de faire la section Cascade Locks à Trout Lake en 6 à 7 jours. C’est impressionnant, car il n’est plus tout jeune, et a plus de 70 ans. Du coup nous décidons de randonner la journée ensemble. L’étape, pour nous sera simple, une bosse de 450 mètres de montée, accompagné de roller coaster. Pour Winchester il n’en est rien, il souffre et sue sang et eau, mais suit les Thru Hikers que nous sommes. Chapeau Bas ! Nous passons Rock Creek par un pont de goudron noir et commençons notre première ascension du jour. On interroge avec Régis tous les hikers que nous croisons. Personne n’a vu Pierre, ni en amont ni en aval. Merde ! Il ne s’agirait pas qu’il lui soit arrivé un problème.  Depuis hier soir, nous n’avons plus eu de contact avec celui-ci alors que nous avions convenu du site de campement. Régis qui randonnait derrière lui ne l’a pas doublé. C’est à n’y rien comprendre. Ce ne serait pas le premier hiker qui se blesse et se fourvoie sur ce chemin. Nous décidons à midi de faire une longue pause. Après avoir été rattrapé par plusieurs hikers, il faut se rendre à l’évidence, on a perdu Pierre. Personne ne l’a croisé maintenant depuis plus de 20 km. Après concertation entre Régis, Winchester, Hélène et moi, nous continuons. Cela ne sert à rien d’attendre. On verra au site de campement du soir et on avisera en arrivant. L’étape est magnifique, la végétation est encore plus belle que la veille. Les forêts subtropicales du sud Washington sont impressionnantes et l’abondance d’arbres aux feuilles variées change des pins de l’Oregon.  Par contre, la moiteur permanente et l’hygrométrie record sont difficile à supporter, surtout par plus de 30 °C. D’immenses fougères arborescentes sont présentes dans le fond des thalwegs, des mousses recouvrent les pierres, en des coussins de tailles conséquentes. Les lichens géants sont omniprésents et se mélangent avec les mousses en d’improbables compositions florales. Nous restons à distance des sommets. Les points de vue sont rares, excepté au quatorzième kilomètre, ou au-dessus d’une falaise nous surplombons la forêt et au fond la rivière Trout. Superbe ! Au seizième kilomètre nous arrivons avec Winchester, sans Régis, en arrière, au Trail Head de Trout Creek. Nous passons celui-ci et avançons dans une prairie, Whistle Punk, peu engageante et bardée de Private Property. Nous contournons notre dernière difficulté du jour, Bunker Hill, croisons Szydlo Road, Wind River Road et longeons Warren Gap. Juste avant de franchir la route qui permet d’aller à Panther Creek Campground, nous rencontrons une randonneuse. Elle est trop heureuse de nous dire qu’elle a vu Pierre. Il est devant et est arrêté au prochain campsite. Et ben, voilà une bonne nouvelle.  Incroyable, il était donc devant nous. En fait, en discutant avec lui nous comprenons le gag. Il était bien plus avancé que Régis. En arrivant la veille, il est passé quelques minutes avant celui-ci. Ne nous voyant pas il a continué plus avant, puis fait demi-tour. Pendant ce temps, Régis était en discussion avec nous, et nous avions arrêté de surveiller le PCT. Il a dormi en amont, 400 mètres plus loin. Au matin il est parti plus tôt, dans l’espoir de nous rattraper et nous a doublé dans le noir. Bilan du chassé-croisé, nous avons freiné pour être rejoints par Pierre, et celui-ci a couru pensant que nous étions devant. Une coordination parfaite et une belle brochette de pieds nickelés en vacances! Nous sommes ralliés une demi-heure après par Régis. Nous sommes au complet.  Ce soir nous sommes dans la forêt d’Avatar. Les arbres, mousses, lichens et fougères sont dans tous les sens. Sympathique, mais… humidité garantie. Go To Canada J130 J129 Rock Creek au matin J129 Dans les pentes de Mowich Butte J129 Juste avant North falls J129 Une végétation luxuriante J129 Winchester, the GOAT J129 En balcon au dessus de la rivière Trout Creek J129 Merci le grand angle J129 En route vers Trout Creek Trail Head J129 La rivière Trout Creek J129 Panther Creek Campsite One step back Washington One step forward

Jour 128 ~Cascade locks to Rock Creek

30 km 1500D+ 1100D- durée 10 h 30 Bridge of Gods Après 21 jours dans l’Oregon, Régis, Pierre, Hélène et moi, passons ce matin le fameux Bridge of The Gods, pont métallique suspendu à 50 m au-dessus du fleuve Columbia. Ce moment était attendu, car il annonce le début de la fin, la dernière grande section avant la frontière du nord. Nous commençons, les quatre mousquetaires, à nous dire que peut-être nous verrons le Canada au bout du chemin. Nous avons déjà marché beaucoup. Pourtant, l’envie est toujours présente, et il nous tarde de toucher ce fichu monument. C’est complètement irrationnel. Randonner 4000 km, plus ou moins ne signifie plus grand-chose. Et malgré tout, nous avançons, entourés de hikers aussi fous que nous.  La traversée est étonnante, le sol sous nos pas est constitué d’un grillage à mailles larges laissant parfaitement visible le vide sous nos pieds. Nous marchons face aux voitures sur une chaussée sans trottoir. Ambiance, ambiance. Les véhicules se poussent tous et on sent que les piétons sur cette voie ne sont pas des animaux rares.  Nous profitons de la vue en balcon au-dessus de Cascade Locks et apprécions ce moment un peu hors du temps, en transition. Nous avions tellement imaginé cet instant.  Nous nous arrêtons sous le panneau qui marque la fin du pont et qui affiche fièrement en lettre grise sur fond bleu délavé, « Welcome To Washington ». Hélène prend la pose. Nous sommes au point le plus bas du PCT. Nous tournons à gauche et longeons l’EverGreen Highway sur quelques mètres. Nous passons sous un poteau avec un énorme tag PCT, puis nous nous faufilons dans la végétation luxuriante du sud Washington. Elle est abondante et des centaines de différentes espèces composent un tableau ou le regard se perd, quel que soit l’endroit que l’on admire. Les nuances des verts sont tellement nombreuses que l’on a du mal à croire qu’elles puissent toutes exister.  Nous nous remobilisons rapidement. La montée est sévère. Nous allons devoir subir une ascension de plus de 1 400 m de dénivelé, et pour une fois c’est une vraie pente. Ça grimpe fort pendant plus de 5 h, avec une fin terrible, en plein soleil sous Table Mountain. Nous profitons de la nouvelle vague de chaleur sur l’Oregon pour constater que les épisodes précédents nous ont endurcis. À midi, nous nous arrêtons pour manger à l’ombre. Nous sommes rejoints une heure plus tard par Régis et Pierre. Nous avions bien perçu que nous étions en forme et nous sommes effectivement montés vite, très vite. Sauf que nous commettons la même erreur : mal évaluer nos approvisionnements aux points d’eau. Entre source absente ou sèche, nous nous retrouvons à marcher longtemps avec juste 1,5 l chacun. C’est limite et très inconfortable. Au kilomètre vingt-deux, nous décidons de ne pas aller hors sentier pour aller remplir nos gourdes. Les commentaires sont contradictoires. Bien nous a pris, nous apprendrons plus tard que la fontaine était tarie. Nous continuons d’avancer sur la crête qui file au nord en restant à niveau, vers Three Corner Rock. Des tentsites sont occupés le long du chemin. Cela semble peu surprenant, l’étape est sauvage et certains sont fatigués. Nous, nous espérons que la descente rapide et raide, 600 mètres en 6 kilomètres va nous permettre de ne pas monter la tente à la nuit tombante. Ce sera le cas. Nous sommes vite au niveau de l’extraordinaire campsite de la rivière Rock Creek. Les emplacements sont nombreux, mais les hikers aussi. Nous cherchons et trouvons sur un éperon rocheux, surplombant le PCT un site pour plusieurs couchages. Le cadre est idéal et nous apprécions notre chance. Par contre, nous devons surveiller le chemin, notre nid d’aigle étant invisible du bas. Nous savons que Régis et Pierre doivent nous rejoindre. Nous interpellons Régis qui passe, effectivement il ne nous a pas vus.  Pierre a dû s’arrêter plus tôt et est absent.  Sinon j’ai pris peu de photo du fait d’une panne de batterie. Après, les paysages sont assez fermés, et les images vertes sur fond vert deviennent assez vite lassantes. Dommage. Ce soir nous nous endormons rapidement, bien fatigués, mais satisfaits de ce retour into the wild, bercé par le torrent en contre bas.  Keep Going J129 J128 En route vers le Bridge of the Gods J128 La vue vers l’amont et sur Cascade Locks et la eptite ile de Thunder Island J128 Pierre et Hélène, heureux J128 La vue en aval du pont J128 Hélène et Régis J128 On n’est pas bien la J128 En montée vers Table Mountain J128 Le dernier point d’eau avant le soir J128 Les couleuvres sont de sortie J128 Deux francais en goguettes One step back Washington One step forward

Jour 127~Indian Springs Campground à Cascade Locks

20 Km 100 D+1300 D- durée 5 h 30 Oregon, fin de partie. Nous ne traînons pas ce matin. Avec Pierre, nous rangeons rapidement nos affaires, prenons juste le temps de compléter à la source l’eau des gourdes et en entamons la descente vers la Colombia River. Nous savons que ce ne sera que de la descente toute la journée, et qu’il faudra refreiner nos ardeurs pour ne pas trop fatiguer les cuisses. Par chance, les sacs sont vides de toutes nourritures et donc plaisants à porter. Les quatre premiers kilomètres sur Indian Springs trail pour rejoindre Eagle Creek Trail, sont raide et le sentier est bien étroit. Nous ne sommes clairement pas sur un chemin aussi bien tracé que le PCT. Nous retournons de nouveau dans une immense forêt brûlée. Le feu d’Eagle Creek river de 2017 a détruit plus de 20 000 hectares. Sept ans après les stigmates sont omniprésents. Les filiformes troncs blancs sont encore debout. Au sol une végétation d’arbustes et des fleurs rose vif créent un contraste étonnant. Nous avançons dans la vallée d’Eagle Creek et nous côtoyons en permanence une nature ou alterne de zones consumées, puis intactes, puis calcinées, amenant une ambiance singulière. Par moment, nous évoluons dans un invraisemblable cimetière floral, alors que juste en face de nous, sur l’autre versant, parfois délimitée par la rivière Eagle Creek, la forêt indemne est bien là.  Le trail est taillé à même la roche, rappelant le célèbre chemin de la Mature dans les Pyrénées. La différence, non des moindres, est que la pierre volcanique est noire, ce qui crée des contrastes bien plus importants qu’avec le calcaire blanc de son homologue. L’autre différence est la longueur de la trace. Nous allons rester en rive droite pendant plus de 12 kilomètres et certaines parties sont incroyables. La rivière est en contre bas, à plus de 50 mètres, et nous progressons précautionneusement sur un passage taillé par l’homme. Le luxe a été de creuser la falaise pour franchir la célèbre Cascade Tunnel Falls. La chute d’eau la plus grande que nous croiserons est Twister Falls, qui plonge d’une hauteur de 61 mètres. Juste après celle-ci, le trail en balcon dans l’immense paroi est un magnifique moment de chemin du vertige. La glissade est tout simplement proscrite. Cette descente de la vallée d’Eagle Creek, est une des plus belles randonnées de l’Oregon qui soient. Nous apprécions ce détour, malgré les stigmates de l’incendie d’il y a quelques années. Clairement le site devait avoir une autre dimension. Aujourd’hui, il est malheureusement partiellement détruit, des centaines d’hectares de bois ayant brûlé. Nous arrivons au clou de la visite, Tunnel Falls, au neuvième kilomètre. Le lieu est toujours vert, presque tropical sur les photos. C’est malheureusement trompeur, le haut et le bas du lieu sont morts. Seuls la cascade et son bassin immédiat sont encore intacts.  Le passage derrière la colonne en furie est bien humide et on ressort bien trempé.  Nous allons en rive gauche sur Mile Bridge, puis de nouveau en rive droite sur High Bridge. Celui-ci porte bien son nom et nous regardons la rivière s’immiscer entre les parois, 40 mètres sous nos pieds. Nous croisons de plus en plus de day hikers. Nous nous approchons à grands pas de la civilisation. Soudain, devant nous du goudron, nous posons enfin nos pieds sur le parking d’Eagle Creek Trail Head.  Nous faisons du stop et un véhicule nous amène directement à la ville de Cascade Locks. La conductrice a son gendre qui a fait le PCT l’année dernière et son aînée le prépare pour l’année prochaine. Décidément ce PCT est universel ici. Nous filons manger à Thunder Island Brewing Co. C’est une micro-brasserie, bières au rez-de-chaussée et hamburger à l’étage. Nous découvrons y découvrons un nouveau type de trail magic. La bière est « offerte ». Chaque client peut pré payer une boisson à l’avance au randonneur. Cool, nous apprécions le geste. En nous dirigeant vers notre hôtel du soir, nous posons devant le monument PCT de fin de l’Oregon. C’est une réplique de l’arrivée au Canada que nous devrions voir dans un mois. Ça y est, nous avons terminé la traversée de l’Oregon. Depuis le départ de Seiad cela a été compliqué. Celui qui a écrit un jour que l’Oregon est plat n’a probablement jamais mis les pieds sur le PCT. Certes le ratio km/dénivelé est sans commune mesure avec celui de la Sierra Nevada. Mais ce n’est pas plat ! Du coup, oui on fait plus de kilomètres, mais cela coûte beaucoup d’énergie. D’ailleurs, on a recommencé à maigrir. N’est-ce pas une preuve suffisante ? Il faut ajouter que les températures ont été bien supérieures à la moyenne d’un mois de juillet normal, et cela a probablement contribué à rendre cette section plus difficile. Peu importe, c’est derrière nous, malgré les feux, les blowdowns, troncs d’arbres à franchir, les fumées, les logs ou widows Makers, arbres morts prêts à vous assassiner, les pistes fermées, les ravitaillements limités, les météos capricieuses ! Nous finissons heureusement par un hors PCT exceptionnel. Nous dormons ce soir au Colombia Gorge Inn. Le motel n’est pas somptueux, mais il est parfait pour faire nos courses, les lessives et se doucher. Demain, nous franchirons le pont Bridge of Gods ou Pont de Dieux. Le moment sera plus que symbolique, puisque nous enjamberons le fleuve Columbia et serons sur la dernière ligne droite, vers la fin de l’aventure. Keep Going J128 J127 Dans la descente d’Indian Springs trail J127 Oplopanax horridus ou Bois piquant J127 Les incroyables fleurs d’Eagle Creek Trail J127 Eagle Creek River J127 Un chemin complétement taillé J127 Comme un air de la Mature J127 Un lyonnais sur Eagle Creek Trail J127 Un chemin bien vertigineux J127 Pierre et Twister Falls J127 Pierre au dessus de Twister Falls J127 Hélène au dessus de Twister falls J127 Hélène pose devant Tunnel Falls J127 En route vers Tunnel Falls J127 Pierre s’engoufre dans Tunnel Falls J127 Eagle Creek Trail J127 Le canyon d’Eagle Creek J127 Mile Bridge à mi parcours