J128 Pierre et Hélène, heureux

30 km 1500D+ 1100D- durée 10 h 30

Bridge of Gods

Après 21 jours dans l’Oregon, Régis, Pierre, Hélène et moi, passons ce matin le fameux Bridge of The Gods, pont métallique suspendu à 50 m au-dessus du fleuve Columbia. Ce moment était attendu, car il annonce le début de la fin, la dernière grande section avant la frontière du nord.

Nous commençons, les quatre mousquetaires, à nous dire que peut-être nous verrons le Canada au bout du chemin. Nous avons déjà marché beaucoup. Pourtant, l’envie est toujours présente, et il nous tarde de toucher ce fichu monument. C’est complètement irrationnel. Randonner 4000 km, plus ou moins ne signifie plus grand-chose. Et malgré tout, nous avançons, entourés de hikers aussi fous que nous. 

La traversée est étonnante, le sol sous nos pas est constitué d’un grillage à mailles larges laissant parfaitement visible le vide sous nos pieds. Nous marchons face aux voitures sur une chaussée sans trottoir. Ambiance, ambiance. Les véhicules se poussent tous et on sent que les piétons sur cette voie ne sont pas des animaux rares. 

Nous profitons de la vue en balcon au-dessus de Cascade Locks et apprécions ce moment un peu hors du temps, en transition. Nous avions tellement imaginé cet instant. 

Nous nous arrêtons sous le panneau qui marque la fin du pont et qui affiche fièrement en lettre grise sur fond bleu délavé, « Welcome To Washington ». Hélène prend la pose. Nous sommes au point le plus bas du PCT. Nous tournons à gauche et longeons l’EverGreen Highway sur quelques mètres. Nous passons sous un poteau avec un énorme tag PCT, puis nous nous faufilons dans la végétation luxuriante du sud Washington. Elle est abondante et des centaines de différentes espèces composent un tableau ou le regard se perd, quel que soit l’endroit que l’on admire. Les nuances des verts sont tellement nombreuses que l’on a du mal à croire qu’elles puissent toutes exister. 

Nous nous remobilisons rapidement. La montée est sévère. Nous allons devoir subir une ascension de plus de 1 400 m de dénivelé, et pour une fois c’est une vraie pente. Ça grimpe fort pendant plus de 5 h, avec une fin terrible, en plein soleil sous Table Mountain. Nous profitons de la nouvelle vague de chaleur sur l’Oregon pour constater que les épisodes précédents nous ont endurcis.

À midi, nous nous arrêtons pour manger à l’ombre. Nous sommes rejoints une heure plus tard par Régis et Pierre. Nous avions bien perçu que nous étions en forme et nous sommes effectivement montés vite, très vite. Sauf que nous commettons la même erreur : mal évaluer nos approvisionnements aux points d’eau. Entre source absente ou sèche, nous nous retrouvons à marcher longtemps avec juste 1,5 l chacun. C’est limite et très inconfortable. Au kilomètre vingt-deux, nous décidons de ne pas aller hors sentier pour aller remplir nos gourdes. Les commentaires sont contradictoires. Bien nous a pris, nous apprendrons plus tard que la fontaine était tarie.

Nous continuons d’avancer sur la crête qui file au nord en restant à niveau, vers Three Corner Rock. Des tentsites sont occupés le long du chemin. Cela semble peu surprenant, l’étape est sauvage et certains sont fatigués. Nous, nous espérons que la descente rapide et raide, 600 mètres en 6 kilomètres va nous permettre de ne pas monter la tente à la nuit tombante. Ce sera le cas. Nous sommes vite au niveau de l’extraordinaire campsite de la rivière Rock Creek.

Les emplacements sont nombreux, mais les hikers aussi. Nous cherchons et trouvons sur un éperon rocheux, surplombant le PCT un site pour plusieurs couchages. Le cadre est idéal et nous apprécions notre chance. Par contre, nous devons surveiller le chemin, notre nid d’aigle étant invisible du bas. Nous savons que Régis et Pierre doivent nous rejoindre. Nous interpellons Régis qui passe, effectivement il ne nous a pas vus. 

Pierre a dû s’arrêter plus tôt et est absent. 

Sinon j’ai pris peu de photo du fait d’une panne de batterie. Après, les paysages sont assez fermés, et les images vertes sur fond vert deviennent assez vite lassantes. Dommage.

Ce soir nous nous endormons rapidement, bien fatigués, mais satisfaits de ce retour into the wild, bercé par le torrent en contre bas. 

Keep Going

J129

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *