
0 Km
Bingen.
Nous nous réveillons dans un parc en pleine ville dans un endroit improbable. Nous sommes les derniers à replier nos affaires. Les autres hikers, une vingtaine, donnent l’impression de fuir à toute vitesse. Nous commençons par essayer de trouver un lieu où aller aux toilettes. Cela peut paraître trivial, mais les w.c. publics sont fermés et nous sommes tous à courir dans tous les sens. Situation comique s’il en est !
Le site municipal de Daubenspeck est à l’identique de nombreux parcs aux USA. Propre, bien ordonné, une immense tonnelle au milieu qui a servi d’abri aux cowboys campeurs. Les locaux, qui se promènent avec leurs chiens ne semblent pas surpris de la transformation en camping de leurs uniques espaces verts communs.
Nous suivons la toute Lewis and Clark hwg pour aller manger au premier café du coin. Une horde de hikers s’y trouve déjà, pour les mêmes raisons que nous. Le Carmen’s Kitchen a probablement sa plus grande affluence de l’année.
Nous prenons le temps, Hélène, Pierre, Hélène, et moi d’organiser cette journée imprévue. L’évacuation hier de Trout Lake, l’arrivée tardive à Bingen dans le jardin public, le réveil nocturne par les sprinklers de la pelouse, et le lever chaotique n’ont pas été de tout repos. Par contre, l’expérience de l’arrosage automatique en pleine nuit de camping est une exclusivité PCT que l’on recommande vivement.
Nous décidons de passer par Portland par car, puis bus, puis par train… si possible.
Après une demi-heure d’attente, nous prenons notre premier transport en commun et refranchissons vers le sud la Colombia River par le pont Hood River Bridger. Nous changeons de bus au Greyhound bus stop : Hood river, puis montons dans un car de couleur fuchsia bien pétante. Le voyage est étonnant. Nous voilà à repasser par notre ville de fin de l’Oregon et de départ de l’état de Washington, Cascade Locks, où nous étions il y a 4 jours. Étrange impression de faire marche arrière.
Nous arrivons à Portland, au Gateway Transit Center, prêt de la clinique de the Oregon Clinic. Nous devrions pouvoir prendre un train pour remonter vers le nord. Après une vingtaine de minutes d’attente, un message posté sur le site Facebook Trail Angel Washington débloque la situation. Un local se propose de nous récupérer et de nous amener directement à White Pass. Imaginer que quelqu’un consacre de son temps pour faire 3 h de voiture aller, puis refasse de nouveau 3 h de route en sens inverse avec d’autres hikers est tout bonnement incroyable. Et pourtant c’est le cas. Un grand merci à Yann le Trail Angel salvateur de Portland.
Nous attendons sur le trottoir et le parking en face de la clinique, des vigiles nous confondant avec des SDF viennent poliment nous demander de nous éloigner. Au moment où ils comprennent que nous sommes des thru hikers, ils changent d’attitude, et nous autorisent à rester, sous réserve de nous faire plus discrets.
Nous avions craint que cette journée soit compliquée, finalement elle se déroule sans trop de difficulté grâce à l’extrême bienveillance des Trails Angels sans qui le PCT ne serait pas le PCT. Yann arrive vers 14 h et nous installe dans son mini van. L’ambiance est bon enfant et nous nous retrouvons assis sur ce qui lui sert de lit. Le confort est absent, mais point n’est grave.
L’arrivée à White Pass est surprenante et l’atmosphère étrange. Il n’y a plus que des hikers dans la petite station de ski, la route étant fermée à l’est par l’immense incendie du Retreat Fire. Vingt mille hectares sont en train de brûler et des arbres sont tombés sur le bitume. Un cauchemar pour les pompiers. Nous avons l’impression d’être dans une bourgade fantôme qui n’existe plus que et, grâce aux randonneurs.
Nous récupérons nos colis que nous avions postés il y a 15 jours, re organisons nos paquetages, et allons sur une aire de parking qui a été recouverte de copeau de bois pour que les PCTistes installent leurs tentes.
Demain nous attaquons une section de 5 jours vers Snoqualmie Pass. Les sacs sont de nouveau lourds, mais on commence à entrevoir la fin de l’aventure.
Keep Going