J130 Au sud le Mont Hood et le Whisky Creek Fire

29 km 1450 D+ 450D- durée 11h30

Pinchot National Forest.

Nous voilà, à cinq, à partir sur une longue et difficile étape. Nous savons que nous ne ferons que monter. L’inclinaison des pentes n’est jamais bien monstrueuse, mais sa constance oblige à être concentré et attentif.

Après un petit déjeuner rapide, nous filons tous faire le remplissage des bouteilles d’eau. Malgré l’omniprésence des forêts, les sources sont parfois absentes. Nous passerons la journée en compagnie de Winchester qui continue à nous accompagner sur cette portion. En dépit d’un son sac plus lourd et d’un faible entraînement, il avance et fait les mêmes étapes que nous. Nous sommes seulement plus en forme le soir.

Il est impressionnant de volonté, et le voir progresser avec les pieds qui font mal, les muscles endoloris forcent le respect. Chapeau bas l’artiste. Il est en plus d’humeur égale, avec un sens du chemin étonnant. En discutant, nous découvrons un personnage à l’américaine. Il a eu mille vies, les fils handicapés que nous avions rencontrés sont adoptés, et il a construit lui-même son hydravion ! C’est vraiment bluffant. 

Après 4 h d’une montée bien soutenue, nous confirmons. Le PCT, dans ce début de Washington est à nous prévenir, les hautes vallées seront bientôt de retour. Le dénivelé est conséquent et surtout continu. Nous avons fini de subir les petites collines, et les montagnes russes. Maintenant, nous voyons réapparaître des ascensions solides, et les mollets et les tendons d’Achille souffrent, déshabitués d’être étirés. 

Les paysages sont tels qu’imaginés. Les forêts de Pinchot National Forest sont immenses, indemnes d’incendie et plus aérées. C’est bien plus agréable qu’en Oregon. Nous avons la chance de bénéficier de trouées dans le couvert végétal pour embrasser la face nord du Mt Hood qui semble s’éloigner au sud. Les fumées, nuages maléfiques, du Whisky Creek Fire sont parfaitement visibles dans la vallée ou passe le PCT. Nous devrions apercevoir le mont Adams sur notre droite, mais pour l’instant la canopée est trop haute et ne nous voyons pas les sommets environnants. 

Dans une des montées, nous nous faufilons entre des millions de toiles de soie de forme stupéfiante. Dans les rayons du soleil rasant, elles dessinent des dômes d’une précision chirurgicale. L’araignée Linyphiidae ou bowl and doily spider est omniprésente dans les sous-bois et crée une ambiance étonnante.

Nous continuons à avancer et au quinzième kilomètre nous passons Big Huckleberry mountain. Nous trouvons un espace ombragé et posons nos sacs à dos pour la pause de mi-journée. C’est toujours avec surprise que les Américains nous voient nous arrêter à midi pétant. Beaucoup d’entre eux ne font pas de stop long, alors que pour le groupe c’est sacré. Cela permet de délasser les muscles, masser les pieds et surtout de prendre le temps de regarder autour de soi. C’est le French Moment. 

Nous repartons bien rassasier et retrouvons sur le chemin, des d’airelles, abondantes et de tailles respectables. C’est vraiment sympa. Par contre, cela n’améliore franchement pas la vitesse de progression et nous perdons régulièrement Régis qui se délecte des mets savoureux de dame nature. 

Aux vingt-quatrièmes kilomètres, en fin de journée, nous bénéficions d’un nouveau Trail Magic, avec des canettes de soda sur le bord du trail. Réconfortant et surtout le bienvenu avant la dernière montée. C’est avec humour que nous regardons Winchester boire son coca, moment où il est à vivre ce qu’il offre aux autres d’habitude, Trail Magic Angel. Nous croisons la marque 2200 miles, soit plus de 3500 kilomètres. Cela donne le tournis et surtout rappel que cela fait bien plus de quatre mois que nous marchons tous les jours plus de 8 h 00 par jour. 

Nous arrivons tard à Sheep Lake, où nous avons repéré sur le topo des emplacements pour dormir. Ils sont tous occupés. Nous commençons, à cinq, à essayer de chercher dans les fourrées des lieux possibles pour monter nos abris. Nous finissons par trouver, 30 mètres au sud du lac un petit espace pour Pierre et notre tente. Régis s’installe en vrac sous un arbre et Winchester réussie, sous un buisson, par se poser. 

Ce soir, nous dormons au milieu des d’airelles. Nous n’avons qu’à tendre le bras allongé sur nos matelas pour consommer. Le luxe. 

Keep Going

J131

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