Jour 86 ~De Nipple à Carson Pass
10 km 400 D+ 400 D- durée 3h30 Journée difficile. Et chemin plutôt facile! Il y a, comme hier, des séries de courtes montées et descentes. Sauf que, la périostite d’Hélène est devenue permanente. Celle-ci traîne depuis 48 h une douleur consécutive à des chocs répétés de la languette de la chaussure sur la face antérieure du tibia gauche ! La veille la progression avait pu se faire. Aujourd’hui c’est un chemin de croix. Montée, descente, rien n’y fait, ça fait mal ! Malgré le découpage de la languette, le « taping » de la zone inflammatoire et un bas de compression, il faut se faire une raison. Pas d’amélioration. C’est dommage, car cette section est magnifique. Nous démarrons dans une forêt de pins, dans un environnement de granit érodé, de couleurs or. Après deux kilomètres, sous quittons celle-ci et retrouvons des pentes de roches volcaniques qui ressemblent à que nous avions eu il y a quelques jours. Les espaces arides sous le sommet de The Nipple s’élèvent au-dessus des lacs Upper Blue Lake, et lost lakes et sont incroyables. Ils alternent blocs gris, rouges, ocres parsemés de rares fleurs jaunes. Nous avons même droit à un retour de la neige, au nord du pic Elephants Back, avec une immense traversée en diagonale évoquant la haute Sierra. C’est presque un baroud d’honneur du chemin pour nous rappeler que rien n’est gagné sur le PCT. Nous prenons le temps de passer en sécurité, Hélène met les crampons et ce ne sera finalement qu’une formalité. Nous arrivons à un petit col sans nom et apercevons Carson Pass, derrière un mini lac, Frog Lake. Nous retrouvons plusieurs randonneurs à la journée en provenance du trail head juste à proximité. L’arrivée au Trail Head du Col de Carson, nous remet du baume au cœur. Un double trail magic exceptionnel est offert, coca, fruits frais, hot dog, chantilly ! Hallucinant. Cela fait du PCT un chemin vraiment à part. Décision est prise de quitter la piste pour aller reposer la jambe devenue trop handicapante. Nous ferons du stop au parking de Carson pour la ville de South Lake Tahoe que nous aurions dû atteindre demain. Hélène accuse le coup et a l’impression de ne pas finir la section Sierra. En fait, il nous manque un peu moins de 14 km sur plus de 800 km. Ce n’est pas bien grave et de toute façon nous ne sommes même pas à la moitié. Il faut être stratégique et savoir se soigner. Nous prenons le temps de signer le registre et continuons notre journée. Janet continue solo. Nous la reverrons demain. Le départ vers South Lake Tahoe se fait en stop. Nous attendons à peine une quinzaine de minutes et un véhicule fait demi-tour pour nous récupérer. Deux dames, retraitées, ont décidé de nous aider. Elles ajoutent même 30 miles de plus à leur trajet initialement prévu pour nous emmener. Le top. Go to Canada J87 J86 Le PCT en balcon au dessus de Blue Lake J86 Alpages sous le Pic de Nipples J86 Upper Blue Lake et la Sierra J86. Dans les pentes volcaniques sous the Nipple J86 Upper Blue Lake J86 Lower Blue Lake J86 Lower et Upper Blue Lake J86 Lost Lakes J86 L’arrivée à Carson Pass J86 Le trail magic de Carson Pass J86 Deux trails angels au milieu de nulle part One step back Sierra Nevada One step forward
Jour 85 ~De Nobble Canyon à The Nipple
33 km 1100D+ 1200 D- durée 10 h 30 Journée… longue. Plus de 30 km au compteur, avec comme hier peu d’ampleur dans les raidillons ou descentes, par contre, on passe son temps à les enchaîner. Et à la fin de l’étape, on sent bien ses cuisses ! Nous démarrons aux aurores et poursuivons la montée de la veille le long de Ebbetts Peak. Au niveau du col du même nom, nous traversons la route CA 4. C’est étonnant, nous avons l’impression de débarquer sur une autre planète. Nous retrouvons la civilisation sans préavis. Nous fuyons celle-ci derechef. Nous apprendrons plus tard que Régis, quittera le PCT sur un coup de tête juste ici, pour aller à South Lake Tahoe. Nous sommes en forêt et les arbres sont de tous types, pins, majoritairement, mais aussi petits chênes, et essences inconnues. Dès que nous remontons en altitude, ce sont les pins qui prédominent. Ils arrivent à pousser dans des pentes et des falaises invraisemblables. Nous sommes avançons en zone volcanique, avec le panel complet des minéraux possibles, pierre ponce, pudding, cendres, coulée basaltiques, etc. C’est réellement étonnant, nous n’avions pas imaginé rencontrer ces paysages aussi tôt sur le PCT. Dans les espaces rocheux, la végétation est plutôt rase. Seul, quelques pins Brittlescone multi centenaires semblent trouver ici un terrain propice pour croître. Les panoramas sont maintenant très ouverts et nous avons enfin des vues plus larges que juste la rive d’en face de la vallée dans laquelle nous randonnons. L’alternance de collines en herbes ou de forêts desquelles émergent les cônes volcaniques modifie l’horizon à chaque instant et rend les montagnes russes moins pénibles. Au dixième kilomètre, nous passons dans Raymond Meadows, sous Reynold Peaks. Çà et là quelques névés obligent à louvoyer pour ne pas glisser. Dans la prairie, nous assistons à notre deuxième printemps, après celui du désert. C’est une multitude de fleurs en tous genres. Nous croisons même une plante unique de couleur fuchsia en forme d’asperge, endémique. Elle vit en symbiose avec le mycélium de champignons, ce qui lui permet de ce nourrir de la photosynthèse des pins. Qu’elle soit hallucinogène ne nous surprendrait pas. À partir de ce moment, nous allons faire un immense tour de plus d’un trois quarts de cercle de presque quinze kilomètres autour d’un sommet de plus de 3000 mètres, Raymond Peak. Nous faisons la pause de midi avant de passer la difficulté du jour. Nous avons vu dans le topo que dans la partie nord de Raymond Peak les pentes se frayent un chemin dans une falaise. Il semble qu’au sortir de celle-ci persiste un névé, « steep traverse », au vingtième kilomètre. Effectivement, il y a encore de la neige. Le premier et deuxième sont insignifiants. Le troisième est un toboggan. Il s’agit de descendre sur à peine quelques mètres, et les possibilités de s’arrêter sont faibles. Il y a juste une zone d’éboulis dans l’axe et après c’est une longue chute libre pour finir dans un chaos rocheux. La trace de glissade d’un randonneur met dans l’ambiance. C’est un coup à vraiment se faire mal ! Nous apprendrons bien plus tard que c’est Jana avec qui nous avions fait une pause au Mini Petting Zoo il y a 2 mois qui a chu. Elle en sera quitte pour une entorse et une sacrée peur. Nous retrouvons Janet au lake Tamarack, puis passons une autre route, qui amène au Lower Lake Campground. Il y a beaucoup de voitures et nous ne traînons pas. Nous remontons 250 mètres dans les pentes de Nipple mountain, à rebours des randonneurs du jour qui descende. C’est aussi cela le charme de la marche itinérante, rester sur le chemin quand tout le monde rentre. Mauvaise nouvelle, Hélène a une périostite au tibia gauche. Pour l’instant elle arrive à avancer, mais cela devient de plus en plus douloureux. On verra au réveil. Ce soir, nous posons notre tente dans un espace rocheux granitique de la plus belle forme qui soit, dalles plates entourées de pins immenses. Demain, on continue vers South Lake Tahoe. Nous espérons y être dans 2 jours pour récupérer notre colis envoyé depuis Kennedy Meadows South. Keep Going. J86 J85 Ebbetts Peak J85 Hélène au matin du 85 ème jour J85 En montée vers un col sans nom sous Reynolds Peak J85 Clôture d archer ou doigts du diable ou Snow Plant J85 Le PCT vers Lower Kinney Lake J 85 Ériogone à ombelle J85 Les pins incroyable dans les pentes de Reynolds Peak J85 Penstemon speciosus Douglas J85 Le PCT vers Wet Meaadows Reservoir J85 Orobanchaceae J85 Le passage bien stressant dans les pentes de Raymond Peak J85 Raymond Peak J85 Newberry’s penstemon Le campsite du soir One step back Sierra Nevada One step forward
Jour 84 ~De White Canyon à Nobble Canyon
30,5 km 1200D+ 1300D- durée 10 h 00 Journée des plus agréables. Nous nous levons, le soleil est toujours caché derrière Whitecliff Peak. Nous le verrons éclairer notre campement au moment du départ. Dans ces forêts immenses, la luminosité est amoindrie par la hauteur de la canopée. L’ambiance est particulière et les contrastes importants. Nous démarrons notre étape par une série de montée et descente au niveau de chaque thalweg que nous croisons, dans les dévers gauches de White Canyon. C’est étonnant. Le peu de plaques de neige restant ne nous pose pas de problème et la marche est agréable. Bien évidemment, il y aura quelques chutes et sur l’un des névés, dans une pente en fin d’après-midi, nous finissons tous les deux sur notre postérieur. Je suis le premier à glisser. Je réussis à m’arrêter juste avant de frotter les fesses dans la boue. Hélène, solidaire, tombe quelques mètres derrière moi. Plus motivée, elle termine dans la terre. Trop drôle ! En pratique, se laisser aller dans ces neiges de printemps si la réception est sans danger reste la meilleure technique pour éviter de se faire mal. Les paysages sont de plus en plus volcaniques et nous continuons à marcher sur des coulées de lave anciennes. Nous avons la chance d’apercevoir une colonne de basalte au sein d’une zone granitique, Boulder Peak. Des orgues effleurent, ça et là, isolés. La végétation a déserté les pentes et le dôme est d’une minéralité extrême. C’est une leçon de géologie pour les nuls. Nous traversons Golden Canyon, et passons Disaster Peak qui nous surplombe et que nous contournons par son flanc Est. Dans cette portion où prédomine la forêt, l’absence de vue est dommage. Nous devinons par moment que les montagnes qui nous entourent sont magnifiques. Nous en profitons pour regarder plus souvent les fleurs, car nous vivons un deuxième printemps après celui du désert. Les variétés sont nombreuses, et alternent bleus, jaunes, rouges, parmes. Dans les zones et pentes volcaniques, de rares pins bristlecones essaient de pousser. Les formes de ceux-ci sont torturées, bien plus que celles des arbres communs. Les troncs de couleur ocre, associés aux nuances sombres des roches environnantes rend l’ensemble particulièrement esthétique. Nous attaquons l’après-midi, par une passe sans nom, dans Murray Canyon qui se prolonge au nord vers Arnot Peak. Nous démarrons dans celui-ci par une étrange ascension. Tout d’abord une montée courte, mais bien raide, puis rapidement un replat avec des vues incroyables, puis une descente strictement identique pour enfin arriver à Wolf Crek Pass. En fait, nous franchissons le col du jour en suivant une crête, ce qui fait que pour nous cela correspond à un point bas. Perturbant s’il en est pour un marcheur. Après celui-ci nous grimpons en une longue diagonale vers Tryon Peak où nous passons une brèche sans nom. L’endroit est splendide et les vues sur Ebett et Highland Peak compensent ce que nous n’avons pas admiré ce matin. Nous filons rapidement vers ce qui sera la plus belle section de la journée, dans Nobble Canyon. Dans le verrou glaciaire, sous le lac éponyme, des dizaines de pins Brittlescone sont accrochés à la pente. Ils ressemblent à des bonsaïs géants, et sont parmi les arbres les plus graphiques qui soient. Nous passons un dernier névé en pont de neige. Janet est arrivée depuis 30 minutes. Elle nous raconte qu’elle est tombée dans le torrent au passage en glissant. Ses affaires sont toutes trempées. Décidément, c’est vraiment la spécialiste des chutes. Ce soir, nous sommes bien fatigués. L’alternance de zones granitiques et volcaniques a transformé la journée en une immense partie de montée et descente. L’ascension la plus longue de l’étape aura été d’à peine 300 m, mais à la fin nous aurons quatre fois plus de dénivelés au compteur. Incroyable. Cela aura été bien usant pour les pieds, et les muscles commencent à faire savoir que ce régime de barbare est un peu trop too much. Tamara et Anthony sont absents ce soir, ils ont dû s’arrêter au lac Nobble. Demain, la journée sera probablement identique, sauf si nos jambes nous informent qu’il convient de réduire l’allure. Go to Canada. J85 J84 WhiteCliff au levant J84 A la jonction vers Boulder Lake J84 Un PCT magnifique J84 Le basalte de Boulder Peak J84 Boulder Peak et Stanilaus Peak derrière J84 Col sans nom sous Disaster Peak J84 Highland Lake J84 Murray Canyon Creek J84 Le PCT au printemps vers Arnot Peak J84 En route vers Tryon Peak J84 Les pentes volcaniques de Nobble Canyon J84 Un des beaux plus pins du PCT J84 Pin Brittlescone sur le bord du PCT J84 Passage de la rivière Nobble J84 Le roi des arbres J84 Pins Brittlescone en majesté J84 Détail de l’écorce de deux pins Brittlescone J84 Campsite du soir One step back Sierra Nevada One step forward
Jour 83 ~De Sonora Pass à White Canyon
17 km 650D+ 900 D- durée 5h00 Go back ! Après avoir pu profiter de notre après-midi hier sur Kennedy Meadows North, nous reprenons le périple ce matin. Nous avions le choix entre un départ tôt avant 7 h et plus tardif. Nous avons préféré partir en milieu de matinée. Le nero aura été de courte durée. Par contre, la chance de pouvoir bénéficier d’une cabine rien que pour nous a été fabuleuse. Le dortoir commun n’a pas été si reposant que cela pour certains. Nous avons pu faire la totalité de ce que nous avions prévu. Les travaux d’étapes ressemblent aux douze travaux d’Hercules : douche, lavage des vêtements, ravitaillements, réparations, coutures, achats des outils usés ou cassés, trouver dans la hikerbox les petits ustensiles absents à la vente, se délasser, manger, faire le road book de la prochaine section, téléphoner à ses proches, nettoyer la caméra et, enfin, transférer les photos et vidéos sur la carte de sauvegarde ! Il n’y a pas vraiment de difficulté pour faire tout cela, même si cela reste contraignant. Nous sommes maintenant parfaitement rodés, et on commence à être de vrais thru hikers. Nous partons, Janet, Tamara, Anthony, Hélène et moi, pour le PCT vers 10 h 30. Au moment où la navette arrive et se gare, parmi les PCTistes qui ont été récupérés ce jour nous avons la surprise de revoir Chloé, Icebreaker et Régis. Les retrouvailles sont sympas. Ceux-ci sont justes à 24 h derrière nous. C’est logique, car nous n’avons pas fait le détour par le Yosemite. On se recroisera probablement plus tard. Après ses retrouvailles, nous montons dans le mini van. Treize hikers, plus un chien, plus le chauffeur réussissent à s’y entasser. Bel exploit pour un véhicule prévu pour au maximum 8 personnes… sans compter les sacs à dos ! Cela reste pourtant conforme à l’habitude, complément improvisé et surtout bon enfant. Après la dépose au col de Sonora, nous repartons sur le chemin où nous marchons de nouveau, de façon éparse, dans la neige. Dès le premier mètre, Hélène aura le malheur de glisser et de se faire mal au poignet. Je prends le temps de l’examiner. Ce sera strapping ce soir. Elle en est quitte pour à minima une entorse. Décidément, il faut vraiment rester vigilant. On verra dans 4 jours si des radios sont nécessaires. Nous montons en face sud de l’immense Sonora Peak, qui ferme la vallée de Deadman Creek. Nous retrouvons les strates rouges de roches volcaniques. L’ascension se fait sans difficulté. Heureusement que les banquettes de neiges sont absentes sur cette portion. Les pentes sont des toboggans gigantesques et avancer en crampons aurait été bien pénible. Après une heure, au détour d’un virage, nous avons malheureusement un nouveau névé en travers du chemin. Il est incliné à plus de 70° et surplombe deux petites falaises dans un thalweg peu engageant. Un couple de hikers a fait le choix de passer en amont. Cela semble judicieux pour ce qui est de suivre le PCT, par contre, cette remontée impose juste derrière, une désescalade dans une face d’une dizaine de mètres. Chaque caillou ne tient que parce que personne n’a tiré dessus ! Un randonneur engagé dans la section ne nous rassure pas du tout. En cas de chute, il n’y a aucune solution pour s’arrêter ! Nous décidons avec Hélène, Tamara et Anthony de passer par la partie basse, dans une zone sans névé, entre deux falaises verticales de 5 à 10 mètres. J’accompagne Hélène dans le passage et cela se fait sans difficulté. Les années passées à évoluer dans des clapiers fumeux en secours sont clairement d’une aide précieuse. Anthony et Tamara mettront plus de temps que nous pour passer. Ils ont bien raison. Il vaut mieux être lent dans ces sections si on n’est pas à l’aise. Concernant les paysages nous sommes dans une ambiance toujours très volcanique, ce qui à haute altitude, vers 3 300 m donne une impression d’isolement vraiment marqué. Après 1 h 30 de montée nous arrivons au niveau d’un col sans nom, et d’un petit sommet, White point. Puis nous descendons dans la vallée de Wolf Creek sur 2 kilomètres. Impossible de nouveau de suivre le PCT et nous avançons en mode sanglier, en fonçons à travers les buissons. Nous quittons la neige vers l’altitude 2600 mètres, bien plus bas que d’habitude. Clairement on en a marre. Mais bon nous savions que la partie nord de la Sierra avait bénéficié d’un enneigement abondant et tardif. Nous confirmons sa présence amenant à une fin de saison bien désagréable. Au-dessus, de Wolf Lake, nous franchissons une petite passe et basculons dans East Fork Carson River, entre Stanilaus et White montain Peak. La descente durera plus de 12 kilomètres et 700 mètres de dénivelé négatif. À East Fork, nous ré attaquons la rive gauche du canyon pour 250 mètres d’ascension bien raide dans White Canyon. Nous arrivons enfin au campement, en face de White Cliff Peak. Ce soir nous dormons dans une forêt de pins, ou une partie du groupe habituel est présent, à savoir Janet, Tamara et Anthony qui nous ont rejoints une heure après notre installation. Demain normalement journée de 20 miles. On verra en fonction de l’état du chemin. Keep Going. J84 J83 Au départ de Sonora Pass J83 Ambiance sous Sonora Peak J83 Tamara et Anthony dans un passage bien dangereux J83 Hélène et Janet dans la montée de Sonora Peak J83 Arrivé à un col sans nom sous Sonora Peak J83 Dans les pentes de White Canyon J83 Les sommets encore bien enneigés J83 En route vers Wolf Creek One step back Sierra Nevada One step forward
Jour 82~De Leavitt Peak à Sonora Pass
8 km 500 D+ 800D- durée 3h00 Nuit épique. Nous n’avons pas eu froid, malgré un couchage à 3200 m d’altitude. L’emplacement que nous avons trouvé hier, entre des buissons, a été salvateur. Le vent n’a pas eu prise sur nos tentes. Par contre, il a soufflé toute la nuit, et le bruit a été infernal. Du coup, nous ne sommes pas totalement reposés ce matin. Ce n’est pas bien grave, nous avons à peine 10 kilomètres à marcher. Nous savons que la journée doit être courte, nous devons être avant 10 h 30 au croisement entre la route et le PCT, à Sonora Pass. La navette qui nous amène à Kennedy Meadows North a des horaires précis et cela nous permettrait d’éviter d’avoir à faire du stop. Le lever de soleil dans l’environnement dénué d’arbre sur les calderas volcaniques est somptueux. Le ciel se teinte d’un rose sang, qui se fond dans l’immensité bleu noir au-dessus des sommets que nous avons dépassés durant les étapes précédentes. Les rochers couleur ocre ajoutent à cette ambiance une dimension qui nous donne l’impression d’être sur Mars. Nous déjeunons dans la tente, puis démarrons le chemin en direction de Leavitt Peak. Cette courte section aurait dû être tranquille. Comme à l’accoutumée, ce ne sera pas le cas. Dès le début, un vent violent d’altitude oblige à être prudent pour ne pas tomber. Le passage d’un col sans nom pour basculer en face Est, au-dessus du lac Latopie est épique. Il nous repousse et nous sommes contraints de faire preuve d’une attention de tous les instants pour ne pas être bousculés. Nous retrouvons de nouveau la neige. D’immenses névés peu engageants sont encore présents sous le sommet. Ils ne sont pas complètement gelés et n’incitent guère à la confiance. Hélène remet les crampons. Il vaut mieux perdre 5 minutes et arriver entier. Les paysages au sein de la Caldera volcanique de Leavitt Peak que nous contournons sont magnifiques. Le falaises fracturées alternent avec des pentes de scories, laves, pierre ponce. Çà et là, quelques lacs en glace ajoutent une touche de blanc dans ce lieu sans vie. Les contrastes de lumière sont éblouissants et donnent un aspect lunaire à cette portion. Nous passons sur la crête que nous allons suivre jusqu’à notre terminus par une brèche dans l’arête rocheuse. Le moment est incroyable. Au loin, les sommets de la Californie du Nord s’étendent à perte de vue. Aux kilomètres six, nous loupons l’embranchement entre un chemin qui part droit vers le nord et le PCT qui revient vers les pentes de Leavitt Peak au-dessus de Sardine Creek. Funeste erreur ! Nous avions lu que la descente vers Sonora pouvait être délicate, « … should be extremely careful if there is any snow… ». Ce sera le cas. Nous passons un dernier névé complètement gelé. Je manque de finir cul par-dessus tête en glissant et m’arrête à distance d’une falaise. Nous avons aussi cru que Janet allait faire une ultime grande chute, car elle est encore plus prêt du bord que moi. À la fin de la crête, nous buttons sur un couloir de roche instable. Pas le choix, les traces sont bien la, droits dans l’éboulis ! Nous sommes obligés de descendre à nous agrippant à la paroi à notre main gauche, pour finir par une séance de désescalade de 4 à 5 mètres dans un aplomb au-dessus des alpages. Pas bien long, mais suffisamment pour vous amener direct en réanimation. Nous avançons ensuite, sans transition, dans une prairie verdoyante et arrivons enfin à Sonora Pass. Après avoir attendu presque une heure au col, et grâce à Janet qui va convaincre un automobiliste, nous atteignons enfin le refuge du jour, Kennedy Meadows North. Nous réussissons avec Hélène à louer un lodge. Cool, nous ne dormirons pas en dortoir. Nous prenons l’après-midi pour faire le plein de calories, nous décrasser et compléter le ravitaillement pour les 4 prochains jours. Ce soir, nous mangeons avec Antoine Clément* un ultra trailer nantais qui fait le PCT en courant. Il a pour objectif de faire le PCT en moins de 80 jours. Il espère aussi profiter pour se préparer pour un ultratrail aux USA, à savoir la Barkley. Avec une moyenne de 60 km par jour, on est clairement sur un autre voyage. Par contre, c’est le même PCT, en autonomie, avec des contraintes similaires. Bref un hike your own hike d’une dimension stratosphérique ! Go to Canada J83 * Il finira en 65 jours. J82 Lever de soleil sur les montagnes du nord Sierra J82 Emigrant Wilderness au matin J82 La vue de la tente J82 Passage d’un col sans nom sous Leavitt Peak J82 Le PCT en majesté J82 Dans les pentes sous Leavitt Peak J82 Au passage de la brêche sous Leavitt Peak J82 Les montagnes de la Californie du Nord au loin J82 En route vers Sonora Pass One step back Sierra Nevada One step forward
Jour 81~De Dorothy Lake à Leavitt Peak
23 km 1000D+ 700D- durée 8h30 Un autre monde. L’étape est théoriquement identique à celle de la veille. Un peu moins exigeante pour les dénivelés et la distance, nous devrions continuer à alterner entre des cols isolés et des vallons immenses dans des paysages de montagnes typiques des derniers jours. En fait il n’en sera rien. On passe brutalement en changeant de vallée, à hauteur d’Emigrant Wilderness d’un monde à un autre. Les dômes arrondis qui nous accompagnaient depuis 4 jours font place à un terrain mixte, de roches volcaniques et métamorphiques. On est sur le bord de l’énorme poussée magmatique granitique du Yosemite. Du coup c’est un vrai bazar géologique et les couleurs sont folles, alternance de rouge, noir, gris, vert ou jaune. Avec la persistance de la neige, vous avez une ambiance et des paysages extraordinaires. Nous démarrons en longeant l’immense lac de Dorothy, lové en haut de la vallée de Jack Man Canyon, dans le majestueux cirque de Forsyth Peak. Le soleil qui se lève à hauteur du col illumine notre campement de teintes dorées. Cela augure d’une étape magnifique. Au passage de Dorothy Pass, nous basculons dans une vallée dans laquelle de nombreux lacs sont présents, Stella, Bonnie, Harriet, Cora, Ruth lakes. Probablement qu’un ancien trappeur a nommé tous les lacs du secteur des patronymes de sa famille ! Pourquoi pas, mais le lac Cinko, un peu plus loin rappel qu’il y avait des habitants autres dans ces vallées. Nous suivons Cascasde Creek, en direction d’Emigrant pass Trail. Soudain, dans un virage, sous lisons l’écriture avec émotion au sol… 1000 miles. Un vrai marqueur, nous avons marché plus de 1 600 km, entre désert, haute altitude, neige, et torrents, chaleur et froid. Quel chemin ! Le plus étonnant c’est que l’envie de continuer l’aventure est toujours au rendez-vous. Nous passons West Fork Walker River sur un pont annoncé comme dangereux dans le topo. Encore une fois, ce ne sera pas le cas. C’est pénible ces écrits inadaptés ! Nous faisons la pause déjeuner, après celui-ci dans un cadre tranquille. Le lieu est bucolique à souhait. Cet après-midi, nous remontons l’immense vallée de Walker Meadow pendant plus de dix kilomètres sur prêt de 700 mètres de dénivelé. Il faudra que nous soyons vigilants à ne pas louper le torrent au km16, ce soir nous dormirons dans un campsite à plus de 3200 m, sans eau. Les vues sont incroyables. Jour après jour, les paysages se modifient, et la fin de la Haute Sierra se précise. Nous poursuivons notre périple dans une forêt de pins clairsemée, sur une sente en balcon sur des scories de couleurs rouge violacé. À l’altitude 3000, nous retrouvons un immense névé qui domine la vallée et que nous suivons en montée. C’est une des plus belles ascensions qui soient. Nous avons l’impression de survoler le sud Sierra, qui s’étale à perte de vue devant nous. À plus de 3 200 m dans une ambiance lunaire, nous retrouvons un vent qui va nous accompagner sur les derniers kilomètres, dans Emigrant Wilderness. Nous avançons sur les flancs arides de Leavitt Peak au-dessus de Kennedy, 1000 mètres en contrebas. L’absence de végétations rend le lieu unique. Il y a un peu de beauté islandaise dans ces grands espaces naturels. Nous arrivons à l’emplacement du campement et sommes surpris. Il est derrière un minuscule buisson, et avons peine la place pour un abri et nous ne pouvons pas nous protéger des vents tourbillonnants. Nous décidons d’avancer quelques centaines de mètres plus loin, au deuxième site décrit. Mince, pas mieux ! Nous cherchons alors dans les rares et seuls arbrisseaux environnants. Banco, bien caché dans un épais massif, il y a une zone pour deux tentes. Nous avons l’impression de nous lover dans un cocon végétal. C’est une vraie chance, car les flancs des sommets volcaniques sont austères et surtout sans protection aucune. C’était l’unique endroit disponible. Il ne fallait pas le louper. Nous montons nos maisons éphémères, et les fixons au sol plus que de coutume et filons rapidement nous coucher. Nous sentons bien que nous avons recommencé à marcher plus longtemps et les ascensions en altitude se font moins vaillantes. La fatigue est de retour. Heureusement les trails legs permettent des miracles. Nous gardons un rythme de progression bien supérieur à ce que nous connaissons d’ordinaire. Demain, nous serons Kennedy Meadows North pour un nero day. Vivement la douche, 8 jours c’est… too much. Keep Going. J82 J81 Dorothy lake au matin J81 Les magnifiques couleurs de la Sierra J81 Dorothy Lake et Forsyth Peak J81 Encore quelques névés J81 Troncs d’arbres de fortunes sur le PCT J81 1000 miles J81 Pont de fortune sur le PCT J81 West Fork Walker River J81 Les paysages changent J81 En montée vers Emigrant Wilderness J81 L’immense névé sous Emigrant Wilderness J81 La pente se fait plus raide J81 Les derniers mètres J81 Le panorama d’Emigrant Wilderness J81 Janet et Hélène au col J81 Un hiker heureux J81 Le PCT en direction de Leavitt Peak J81 Le camp site du soir One step back Sierra Nevada One step forward
Jour 80~De Kerrick Canyon à Dorothy Lake
31 km 1200 D+ 1050 D- durée 11h30 Aujourd’hui, étape en double W. On commence par descendre, puis monter, puis descendre, puis monter puis descendre puis… remonter. Ça va nous calmer bien comme il faut. Un vrai roller coaster californien, qu’il faut savoir gérer. Pas trop vite pour ne pas avoir les genoux qui pleurent, pas trop lentement pour ne pas faire des 15 h de randonnée. On donne la conclusion avant de décrire la fin. On s’en est plutôt bien sortie, départ 6 h 30, arrivée 18 h, pause incluse, traversée de torrents et déshabillage compris. Une petite journée de 11 h 30 sur le PCT ! Cette étape s’effectue pour partie en forêt. À l’exception des prairies de bas de descente, le chemin se faufile dans les immenses bois du Parc du Yosemite. Nous sommes entourés de blocs granitiques, de dômes et de sommets plus ou moins acérés. C’est vraiment magnifique, et on comprend mieux pourquoi les Américains considèrent celui-ci comme l’un des plus beaux parcs nationaux. Nous commençons notre journée sans traîner. Nous voulons passer le gué de Kerrick Creek, encore appelé Rancheria Creek avant que le courant ne forcisse. Après cinq kilomètres de marche, et à peine 1 h 15 nous arrivons au passage décrit comme dangereux. Surpris, il n’en est rien. Effectivement le débit est conséquent, mais les appuis sont excellents et on a vu pire. Cela se fait sans difficulté et nous sommes rapidement sur la rive en face. Nous attaquons ensuite notre première ascension de 300 mètres dans une face rocheuse avec un chemin taillé. Les futaies sont splendides et nous retrouvons de nouveau des pins Brittlescone qui réussissent à pousser en pleine falaise. C’est un environnement magique, et les fleurs réapparaissent. Nous arrivons au croisement de deux canyons, Thompson et Stubblefield. Nous passons un lacis de torrents, à l’aide de troncs d’arbres. Il s’agit de ne pas tomber, il y a peu de débit, mais la rivière est profonde. Le lieu est somptueux, les vallées sont dans toutes les directions et nous ne savons plus dans quel sens nous avançons. C’est un régal de randonnée. Il est tôt, et nous sommes déjà au dixième kilomètre. C’est une excellente nouvelle, nous allons pouvoir être vite en haut de la deuxième montée, vers Macomb Ridge. Effectivement, à peine 1 h 10 après nous basculons en versant nord vers Tilden Canyon Creek. Celui-ci est large, mais peu profond. C’est un torrent splendide, aux couleurs jaunes, vertes. Cela fait autant de temps à passer dans une eau bien fraîche, et avec les températures qui grimpent cela devient même agréable. Nous voyons nos premiers poissons. Nous descendons vers Wilmer Lake que nous logeons en rive gauche. Nous faisons la pause de midi au bord de celui-ci, entre la rivière Flass Creek qui le longe et sa berge sud. Les saumons nous côtoient dans leurs titanesques remontées vers les frayères. Les moustiques sont aussi de sortie et ils ont faim ! Nous faisons avec, on commence à s’habituer. Par contre, nous sommes dans dans le lieu parfait pour voir des d’ours ! Et ben rien, nada, absent ! On est vraiment malchanceux ! Nous repartons et marchons pour le reste de la journée en rive droite de Falls Creek, puis dans Jack Man Canyon. Nous sommes tous les trois en forme olympique et parcourons la vallée en faisant les prochains quatorze kilomètres, en montée sur 400 m en à peine 4 h. Soit une vitesse presque au double de ce matin. Cela augure de bonnes choses pour la suite. Il faut avouer que cette gorge est splendide, ouverte, sur une prairie en fleurs, encerclées par une forêt de pins, d’où émergent les dômes granitiques de Chittenden, Kendrick, Bigelow, Keyes du parc du Yosemite. Ce soir nous installons notre tente au bord du Lac Dorothy, écrin bleu roi. Il est entouré de sommets enneigés, dont Forsyth Peak. Ce sera notre dernier campement dans le parc du Yosemite . Encore 35 km et nous serons à Kennedy Meadows North. C’est une étape importante qui va se finir. Nous prendrons le temps de nous reposer. Go to Canada. J81 J80 En route ver Kerrick Creek J80 Le retour des pins BrittleScone J80 Tag PCT J80 Plantagenets en fleur J80 Janet au passage de Stubblefield Creek J80 Hélène à la manoeuvre J80 Passage de gué extraordinaire J80 Lichens J80 Le PCT est tout droit J80 Vallée de Jack Man Canyon J80 Tilden Canyon Creek J80 Dorothy Lake J80 Campsite du soir One step back Sierra Nevada One step forward
Jour 79 ~De Miller Lake à Kerrick Canyon
26 km 1300D+ 1500D- durée 11 h 00 Grosse journée en perspective. Nous avons deux points hauts à passer. La première est le col de Benson à 3100 mètres, le second est Seavey Pass à 2800 mètres d’altitude. C’est une étape qui sera sous le signe des montées et descentes. Nous nous levons tôt. Le vallon de Miller Lake est sous le givre et les températures ne sont pas bien élevées. Au-dessus de 3000 mètres, nous devons continuer à être habillés chaudement. Nous partons vite, et plongeons dans le canyon de Matterhorn, point de plus bas de notre journée à 2400 mètres. Nous passons à gué Matterhorn Creek dans une prairie où la rosée du matin ajoute à la fraîcheur. Le fond de vallée est encore à l’ombre des sommets qui s’éclairent au levant. Ils nous dominent de plus de 800 mètres, et, le lieu faisant à peine 1 kilomètre de large, nous avons une impression d’être enfoncés au cœur du parc, minuscules humains de passage. Nous bifurquons de nouveau vers le nord et remontons le torrent de Wilson que nous laisserons après trois kilomètres pour arriver à Benson Pass. L’ascension est raide et bien tonique. Heureusement, il est presque complètement hors neige, ce qui pour un col à 3000 m est nouveau. Pour le fun il reste juste quelques névés dans les derniers mètres. Depuis 1 mois, tous les passages d’altitude étaient encombrés. Du coup, la progression est rapide. Les paysages sont maintenant bien différents de la Sierra. Nous côtoyons des dômes granitiques qui occupent les vues dans toutes les directions. Les couleurs oscillent entre le gris, les ocres, les jaunes. Nous rencontrons deux autres randonneurs au col. Cela ne suffit pas à diminuer la sensation de solitude extrême de cette partie du PCT. Nous sommes à la hauteur de San Francisco, et celle-ci est à plus de 100 kilomètres de notre position. Cela donne le vertige rien que d’y penser. Nous avançons en rive gauche du lac Smedberg, sous Volunteer Peak, puis avons l’impression de plonger dans la vallée de Piute Creek. C’est un sommet magnifique, dont les faces grises dominent notre prochain objectif. Nous passons par un étroit corridor entre des blocs au pied de celui-ci. C’est une sacrée épreuve de navigation, car le chemin essaye de se frayer au mieux dans un environnant minéral sans concession. Le PCT est terrible, les lacets ultras serrés, et les rares banquettes de neige encore bien présentes sont casse-pattes. Nous voilà de nouveau ralentis. Il serait malvenu de se blesser ici et nous devons rester vigilants. Pas simple ce PCT. Nous faisons la pause déjeuner au kilomètre 19, et sommes rattrapés par Janet un peu plus lente aujourd’hui. Nous continuerons ensemble, c’est plus raisonnable. Nous reprenons notre périple et arrivons à Piute Creek. Surprise, plus de traces du PCT et, la forêt que nous devons traverser est infernale. Des troncs sont au sol, dans tous les sens, obligeant à jouer aux équilibristes. Pour compliquer le tout, deux passages de rivières sacrément long et bien profond sont présents. Par chance, nous suivons deux randonneurs qui viennent de retrouver le PCT après 20 minutes d’errance. Par contre, Janet s’égare trop au nord. Elle en sera quitte pour une sacrée frayeur. Après une demi-heure, nous la récupérons en pleurs, après avoir réussi à la guider à la voix vers notre position. Nous repartons pour une nouvelle montée le long d’un vallon raide sous Piute Moutain. La trace est complexe, alternance de millions de virages, bosses, descentes, compliquée par une neige persistante de qualité médiocre. Nous passons notre temps à compenser les pertes d’équilibre. Pour nous, en fin de journée, c’est rochers instables et glissades. Bref, nous n’avons pas encore fini de composer avec l’hiver. Nous sommes enfin au col de Seavy qui doit être insignifiant au plus fort de l’été. Il n’aura pas été si facile pour nous. Après plus d’une dizaine de torrents au compteur, nous plongeons dans Kerrick Canyon. Ceux-ci nous ont bien occupés, avec au choix deux méthodes de franchissement. La première, en mode tant pis, consiste à garder ses chaussures et espérer les sécher le soir. La seconde version, on enlève ses affaires, et on met ses sandales pour passer. En tout cas, cela nous aura bien fait réfléchir. Nous trouvons après plus de 25 kilomètres un emplacement convenable pour deux tentes dans les pentes de Piute Moutain, en face de Price Peak. Nous sommes en forêt et étonnamment il n’y a pas trop de moustiques. D’autres randonneurs arrivent sur le tard. Cela nous rassure, ils sont dans le même état que nous : Exhausted ! Les journées commencent à être sacrément longues ! Demain, nous aurons à traverser tôt un torrent peu sympathique si l’on se fie aux commentaires de celles et ceux qui nous ont précédés : Kerrick Creek. On verra bien quand on y sera. Keep Going and will see. J80 J79 Miller Lake sous le givre du matin J79 Le premier river crossing du matin J79 Matterhorn Creek J79 Le magnifique Matterhorn Canyon J79 Benson Pass J79 Volunteer Peak vue de Benson Pass J79 Dans la descente de Benson Pass J79 Le PCT vers Sister Lake J79 Volunteer Peak, le maitre des lieux J79 En route vers Piute Creek J79 Smedberg Lake J79 Hélène en montée dans les pentes de Volunteer Peak J79 Le labyrinthe sous Volunteer Peak J79 Lac sans nom sous Seavy Pass J79 Pause au lac sous Seavy Pass J79 Mare à Seavy Pass One step back Sierra Nevada One step forward
Jour 78 ~De Delaney Creek à Miller Lake
25 km 900 D+ 650D- durée 8 h 30 Moustiques. Nous nous réveillons à 5 h, et quittons le campement à 6 h 30. Les forêts ressemblent à celle que nous avions croisée en toute fin du désert du Mojave. La journée devrait être tranquille, nous n’avons pas de col à passer, les traversées de torrents infernaux sont facilitées par des ponts. Le sol est sablonneux, arène granitique des sommets environnants et est agréable à marcher. Ce sera juste une longue randonnée dans les vallées du parc du Yosemite et c’est cool. Nous commençons par longer la rivière Tuolumne, que nous franchissons à plusieurs reprises à l’aide de plusieurs passerelles en bois. Son débit est impressionnant et par endroit elle fait plus de 50 mètres de large. Les sommets qui nous entourent ont perdu de leurs superbes pour s’appeler « dôme ». Nous passons ainsi entre Telemark, Cottage, PotHom et Doda dome. Ils sont tous arrondis par une érosion glaciaire qui a dû être conséquente. Les nombreuses cascades de Tuolumne Falls, portion situées après le pont qui permet d’aller de la rive droite à gauche, sont toutes plus belles les unes que les autres. Le débit de l’eau crée un aérosol permanent, qui compose avec les reflets du soleil du matin, en des arcs-en-ciel de toutes couleurs. On se sent plutôt privilégié d’être là aussi tôt. Bon, après il faut quand même se lever et accepter d’avancer Into the Wild. Au sixième kilomètre, nous repassons la rivière sous la cascade White et filons plein nord dans Cold Canyon jusqu’au Lac Miller. Cold Montain nous surplombe de plus de 400 mètres et ses pentes sont des monumentaux toboggans granitiques lisses. C’est un vrai rêve éveillé de beaucoup de grimpeurs. Nous traversons plusieurs affluents sans difficulté aucune. Les alternances de zones étroites avec quelques torrents un peu plus énergiques et d’immenses prairies permettent de diminuer la monotonie de certaines sections. Nous avançons par moment intégralement en forêt sous un couvert végétal dense et parfois il n’y a aucune vue possible. Par contre les moustiques sont de plus en plus nombreux et surtout affamés, obligeant à randonner avec les vêtements de pluie. Pas terrible. Mais bon, ils font partie de l’écosystème… tout comme nous. La pause sous Elbow hill est écourté, du fait de hordes qui se jettent sur nous. Aux dix-neuvièmes kilomètres, nous passons à gué Mc Cabe et Return Creek, avec de l’eau à mi-cuisse, pour nous engager dans Virginia Canyon. Le PCT donne vraiment l’impression de se faufiler par magie dans des vallées, qui vue de loin semblent toutes infranchissables. Nous remontons ensuite entre deux immenses sommets sans nom le long de Spiller Creek que nous quittons pour aller vers le lac d’altitude de Millet Creek à 2900 mètres. Nous avons un cadre alpin magnifique pour nous accompagner et malgré la présence de temps en temps de névés, nous sommes maintenant dans un environnement bien plus tranquille. Cela s’en ressent et le soir nous sommes moins fatigués, même si nous allongeons les distances. Le site de campement est choisi un peu plus tôt que prévu, du fait d’un risque d’orage vraiment marqué. Le cumulonimbus qui nous surplombe et effrayant, d’un gris noir peu engageant. Au loin, les éclairs fendent le ciel. Nous préférons nous arrêter et monter la tente au sec. En pratique, nous aurons la chance de ne pas être arrosés, les nuages ne franchissant pas les sommets que nous avons croisés il y a quelques heures. Par contre plus au sud, c’est un festival de sons et lumières. Les dieux sont avec nous. Demain, nous continuons en direction du col de Benson. La journée devrait être aquatique, en raison des nombreuses traversées de torrents en perspective. Go to Canada. J79 J78 La rivière de Tuolumne J78 le PCT en forêt J78 Les magnifiques sommets de PotHole, Unicorn, Cathedrale et Fairview Dome J78 Dingley Creek J78 Le sentier sous Telemark dome J78 Le premier pont sur Tuolumne Creek J78 Le début des rapides de la section des Tuolumne Falls J78 Tuolumne Creek dans sa portion en canyon J78 Tuolumne Falls J78 Ombres et lumières du matin J78 White Falls, vers Glen Aulin High Sierra Camp J78 Return Creek J78 Spiller Creek J78 Miller Lake sous l’orage J78 Le PCT vers Miller lake J78 L’heure du repas J78 Couleurs d’orages J78 Le campsite du soir One step back Sierra Nevada One step forward
Jour 77 ~De Donohue Peak à Delaney Creek
25 km 800 D+ 900 D- durée 8h 00 Yosemite Parc. Aujourd’hui, nous franchissons le col de Donohue. C’est un passage sans difficulté. C’est l’entrée sud du PCT dans le célèbre parc, où les falaises de granit font plus de 1000 mètres de haut. Ici a eu lieu une des aventures verticales les plus angoissantes du 21e siècle, l’ascension en solo d’El Capitan par Alex Honnold, un voyage unique et à la limite de la folie. Nous quittons le campement à 6 h 15, et arrivons au col à 7 h. Ce matin, la neige est portante, il a regelé cette nuit. Cela ne supprime pas complètement le postholing, mais cela change la façon de marcher. On est certes toujours amené à corriger et compenser les pertes d’équilibre, mais on avance, et vite. L’absence de trace est encore la règle. La team est plutôt joueuse et chacun choisit la ligne de niveau, ou bosse qui lui convient. Bilan des courses, nous nous étalons sur un front de plus de 500 mètres de large et déambulons au gré de nos envies. Qui dans la neige, qui dans les pentes rocheuses sous le col, bref un beau bazar. Nous filons à vue sur la zone basse de la crête qui relie le Mont Lyell et Donohue. Le passage est facile, et nous n’avons pas de besoins des crampons ou de piolet. On est clairement en train de quitter la Sierra. Le lieu est un replat, qui surplombe les bassins versants de la Middle South Fork Creek et Lyell Fork. Le cadre est majestueux et ouvert. C’est encore un de ces plateaux d’altitudes incroyables omniprésents dans les montagnes de Californie. Nous entamons la descente et perdons rapidement de la hauteur. Nous passons de 3300 à 2700 mètres en moins de quatre kilomètres. L’arrivée dans la longue vallée de la rivière Lyell est bluffante. Le lieu est sensationnel, les portions de chemin sont tranquilles dans une prairie immense, avec une rivière aux couleurs vertes, bleues, avec parfois des reflets rouges selon le type de roche dans son lit. Les forêts couvrent les pentes des sommets, à l’exception, çà et là, de quelques falaises granitiques. L’endroit est magnifique et c’est une des plus belles vallées que nous ayons parcourues jusqu’à présent. Durant la descente, nous sommes contrôlés par des gardes Ranger : —Can you show me your permit and do you have a bear can, please? —Yes, one moment. —OK, have a good trip and take care. Cela donne une fantastique impression d’avoir une validation officielle de sortie de la haute Sierra. Le tampon est mis attestant de notre droit et surtout de notre passage. C’est un sésame précieux que ce permis PCT. Sans lui, l’aventure serait plus compliquée. Pendant la descente, Régis, IceBreaker et Chloé décident d’aller vers l’ouest, voir la vallée du Yosemite, comme 90 % des autres randonneurs. C’est à 2 h de route, et les tarifs sont prohibitifs du fait du tourisme de masse. On préfère éviter et nous nous réservons la visite du Half Dôme et de El Capitan pour une prochaine fois. Janet, Tamara et Anthony partent vers l’est, comme nous. À l’arrivée à Tuolumne Meadows, nous filons immédiatement faire du stop pour nous rendre à la bourgade de Lee Vinings et refaire le ravitaillement. Un grimpeur de blocs qui rentre chez lui nous véhicule et, fait incroyable, prend le temps de nous amener dans les 2 épiceries du village. Nous parvenons à faire nos emplettes, mais ce n’est clairement pas une ville hiker friendly. Nous allons du coup avoir une alimentation plutôt identique pendant ces prochains jours. Tant pis, c’est aussi cela le PCT. Nous ne croisons pas Janet, Tamara et Anthony qui sont partis après nous en voiture. Le retour sur le PCT sera plus compliqué. Il y a peu de véhicules qui remonte la route de Tioga, à point de jonction de l’l’highway 395 au niveau de Mono Lake. L’autostop avec 40 min d’attente en plein soleil est un vrai sacerdoce. Finalement, une gardienne du parc du Yosemite qui rentre du boulot nous conduit jusqu’à l’entrée de celui-ci. Elle ne passe pas les guérites du parc, car malgré son statut elle paye le péage à l’entrée ! Décidément les USA sont le royaume du capitalisme. Elle nous surcharge d’une bière de 500 ml et nous souhaite bonne chance. Nous marchons à côté des véhicules et entrons de nouveau dans le Yosemite, devant des Rangers hilares et recommençons à faire du stop. Quinze minutes à peine, des Italiens en voyage s’arrêtent et nous amènent jusqu’au PCT. Ils hallucinent quand on leur raconte notre périple. Nous reprenons le chemin et sommes rapidement au campement, au niveau de la rivière Delaney. Nous sommes les premiers et Janet nous rejoint deux heures plus tard. Tamara et Anthony restent finalement en ville dans un motel. L’ambiance est étrange de soir. Nous ne sommes plus que trois. Nous savions qu’il était classique en sortie de Sierra que les Teams se séparent. Chacun continue sur son rythme de marche, et ce d’autant plus que la sécurité n’est plus un enjeu. Cela s’est fait rapidement, et nous n’avons pas eu réellement le temps de nous dire au revoir, ou adieu. Dommage. Nous verrons bien si nous recroiserons nos compagnons de neige plus tard. Le coucher de soleil est exceptionnel, et les sommets lointains de Cathedral, Echo, Unicorn et Jonhson se parent de leurs plus belles couleurs. Demain, nous rentrons plus avant dans le parc du Yosemite. Keep Going J78 J77 Emgan, séance photo J77 Chloé sous le col de Donohue J77 Régis, aka Bobcat à 3300 mètre J77 Sous le col de Donohue J77 Hélène et Janet au col de Donohue J77 La Team en descente de Donohue Peak J77 Séance Glissading J77 Glissading version Régis J77 Vers le Canyon de Lyell J77 La source de Lyell Fork, au départ du lac J77 Le mont Lyell J77 Pont sur Lyell Fork J77 Upper Lyell Meadow J77 Le PCT le long de Lyell Creek J77 Hélène et Janet le long de Lyell Creek J77 Arrivée à Tuolumne meadow