30,5 km 1200D+ 1300D- durée 10 h 00
Journée des plus agréables.
Nous nous levons, le soleil est toujours caché derrière Whitecliff Peak. Nous le verrons éclairer notre campement au moment du départ. Dans ces forêts immenses, la luminosité est amoindrie par la hauteur de la canopée. L’ambiance est particulière et les contrastes importants.
Nous démarrons notre étape par une série de montée et descente au niveau de chaque thalweg que nous croisons, dans les dévers gauches de White Canyon. C’est étonnant.
Le peu de plaques de neige restant ne nous pose pas de problème et la marche est agréable. Bien évidemment, il y aura quelques chutes et sur l’un des névés, dans une pente en fin d’après-midi, nous finissons tous les deux sur notre postérieur. Je suis le premier à glisser. Je réussis à m’arrêter juste avant de frotter les fesses dans la boue. Hélène, solidaire, tombe quelques mètres derrière moi. Plus motivée, elle termine dans la terre. Trop drôle !
En pratique, se laisser aller dans ces neiges de printemps si la réception est sans danger reste la meilleure technique pour éviter de se faire mal.
Les paysages sont de plus en plus volcaniques et nous continuons à marcher sur des coulées de lave anciennes. Nous avons la chance d’apercevoir une colonne de basalte au sein d’une zone granitique, Boulder Peak. Des orgues effleurent, ça et là, isolés. La végétation a déserté les pentes et le dôme est d’une minéralité extrême. C’est une leçon de géologie pour les nuls. Nous traversons Golden Canyon, et passons Disaster Peak qui nous surplombe et que nous contournons par son flanc Est.
Dans cette portion où prédomine la forêt, l’absence de vue est dommage. Nous devinons par moment que les montagnes qui nous entourent sont magnifiques. Nous en profitons pour regarder plus souvent les fleurs, car nous vivons un deuxième printemps après celui du désert. Les variétés sont nombreuses, et alternent bleus, jaunes, rouges, parmes. Dans les zones et pentes volcaniques, de rares pins bristlecones essaient de pousser. Les formes de ceux-ci sont torturées, bien plus que celles des arbres communs. Les troncs de couleur ocre, associés aux nuances sombres des roches environnantes rend l’ensemble particulièrement esthétique.
Nous attaquons l’après-midi, par une passe sans nom, dans Murray Canyon qui se prolonge au nord vers Arnot Peak. Nous démarrons dans celui-ci par une étrange ascension. Tout d’abord une montée courte, mais bien raide, puis rapidement un replat avec des vues incroyables, puis une descente strictement identique pour enfin arriver à Wolf Crek Pass. En fait, nous franchissons le col du jour en suivant une crête, ce qui fait que pour nous cela correspond à un point bas. Perturbant s’il en est pour un marcheur.
Après celui-ci nous grimpons en une longue diagonale vers Tryon Peak où nous passons une brèche sans nom. L’endroit est splendide et les vues sur Ebett et Highland Peak compensent ce que nous n’avons pas admiré ce matin. Nous filons rapidement vers ce qui sera la plus belle section de la journée, dans Nobble Canyon. Dans le verrou glaciaire, sous le lac éponyme, des dizaines de pins Brittlescone sont accrochés à la pente. Ils ressemblent à des bonsaïs géants, et sont parmi les arbres les plus graphiques qui soient.
Nous passons un dernier névé en pont de neige. Janet est arrivée depuis 30 minutes. Elle nous raconte qu’elle est tombée dans le torrent au passage en glissant. Ses affaires sont toutes trempées. Décidément, c’est vraiment la spécialiste des chutes.
Ce soir, nous sommes bien fatigués. L’alternance de zones granitiques et volcaniques a transformé la journée en une immense partie de montée et descente. L’ascension la plus longue de l’étape aura été d’à peine 300 m, mais à la fin nous aurons quatre fois plus de dénivelés au compteur. Incroyable. Cela aura été bien usant pour les pieds, et les muscles commencent à faire savoir que ce régime de barbare est un peu trop too much.
Tamara et Anthony sont absents ce soir, ils ont dû s’arrêter au lac Nobble.
Demain, la journée sera probablement identique, sauf si nos jambes nous informent qu’il convient de réduire l’allure.
Go to Canada.