
8 km 500 D+ 800D- durée 3h00
Nuit épique.
Nous n’avons pas eu froid, malgré un couchage à 3200 m d’altitude. L’emplacement que nous avons trouvé hier, entre des buissons, a été salvateur. Le vent n’a pas eu prise sur nos tentes. Par contre, il a soufflé toute la nuit, et le bruit a été infernal. Du coup, nous ne sommes pas totalement reposés ce matin. Ce n’est pas bien grave, nous avons à peine 10 kilomètres à marcher.
Nous savons que la journée doit être courte, nous devons être avant 10 h 30 au croisement entre la route et le PCT, à Sonora Pass. La navette qui nous amène à Kennedy Meadows North a des horaires précis et cela nous permettrait d’éviter d’avoir à faire du stop.
Le lever de soleil dans l’environnement dénué d’arbre sur les calderas volcaniques est somptueux. Le ciel se teinte d’un rose sang, qui se fond dans l’immensité bleu noir au-dessus des sommets que nous avons dépassés durant les étapes précédentes. Les rochers couleur ocre ajoutent à cette ambiance une dimension qui nous donne l’impression d’être sur Mars. Nous déjeunons dans la tente, puis démarrons le chemin en direction de Leavitt Peak.
Cette courte section aurait dû être tranquille. Comme à l’accoutumée, ce ne sera pas le cas.
Dès le début, un vent violent d’altitude oblige à être prudent pour ne pas tomber. Le passage d’un col sans nom pour basculer en face Est, au-dessus du lac Latopie est épique. Il nous repousse et nous sommes contraints de faire preuve d’une attention de tous les instants pour ne pas être bousculés. Nous retrouvons de nouveau la neige. D’immenses névés peu engageants sont encore présents sous le sommet. Ils ne sont pas complètement gelés et n’incitent guère à la confiance.
Hélène remet les crampons. Il vaut mieux perdre 5 minutes et arriver entier. Les paysages au sein de la Caldera volcanique de Leavitt Peak que nous contournons sont magnifiques. Le falaises fracturées alternent avec des pentes de scories, laves, pierre ponce. Çà et là, quelques lacs en glace ajoutent une touche de blanc dans ce lieu sans vie. Les contrastes de lumière sont éblouissants et donnent un aspect lunaire à cette portion. Nous passons sur la crête que nous allons suivre jusqu’à notre terminus par une brèche dans l’arête rocheuse. Le moment est incroyable. Au loin, les sommets de la Californie du Nord s’étendent à perte de vue.
Aux kilomètres six, nous loupons l’embranchement entre un chemin qui part droit vers le nord et le PCT qui revient vers les pentes de Leavitt Peak au-dessus de Sardine Creek. Funeste erreur !
Nous avions lu que la descente vers Sonora pouvait être délicate, « … should be extremely careful if there is any snow… ». Ce sera le cas. Nous passons un dernier névé complètement gelé. Je manque de finir cul par-dessus tête en glissant et m’arrête à distance d’une falaise. Nous avons aussi cru que Janet allait faire une ultime grande chute, car elle est encore plus prêt du bord que moi. À la fin de la crête, nous buttons sur un couloir de roche instable. Pas le choix, les traces sont bien la, droits dans l’éboulis !
Nous sommes obligés de descendre à nous agrippant à la paroi à notre main gauche, pour finir par une séance de désescalade de 4 à 5 mètres dans un aplomb au-dessus des alpages. Pas bien long, mais suffisamment pour vous amener direct en réanimation.
Nous avançons ensuite, sans transition, dans une prairie verdoyante et arrivons enfin à Sonora Pass. Après avoir attendu presque une heure au col, et grâce à Janet qui va convaincre un automobiliste, nous atteignons enfin le refuge du jour, Kennedy Meadows North. Nous réussissons avec Hélène à louer un lodge. Cool, nous ne dormirons pas en dortoir.
Nous prenons l’après-midi pour faire le plein de calories, nous décrasser et compléter le ravitaillement pour les 4 prochains jours.
Ce soir, nous mangeons avec Antoine Clément* un ultra trailer nantais qui fait le PCT en courant. Il a pour objectif de faire le PCT en moins de 80 jours. Il espère aussi profiter pour se préparer pour un ultratrail aux USA, à savoir la Barkley. Avec une moyenne de 60 km par jour, on est clairement sur un autre voyage. Par contre, c’est le même PCT, en autonomie, avec des contraintes similaires. Bref un hike your own hike d’une dimension stratosphérique !
Go to Canada
* Il finira en 65 jours.