Jour 147~Devil’s Ridge Trail to TERMINUS
Mercredi 21 août 2024 38 km 1600 D+ 1250 D- durée 12 h 00 It’s done! C’EST FAIT ! 5 mois et 3 semaines. Into the wild, step by step along the PCT. Nous avons enfin conclu cette longue traversée de la côte ouest des États-Unis, après une grosse journée de marche, menée tambour battant, probablement du fait de l’excitation du proche dénouement. Nous savourons ce moment suspendu. Nous commençons au matin, en montée sur 450 mètres de dénivelé. Nous avons la tête dans les nuages. Autour de nous, les pentes des alpages sont excessivement raides. C’est impressionnant. Même si nous sommes maintenant aguerris, nous restons vigilants. Passé le premier col, nous longeons Canyon Creek à notre gauche, sous les sommets de Shull Mountain et Holman Peak, et atteignons le col de Rock Pass, après une heure de marche. Symboliquement, c’est le début de la fin, devant nous s’étalent, immenses, les paysages du Canada. Sauf que, nous sommes dans les nuages et les vues sont bouchées ! En retard sur groupe, je devine au loin sur la crête mes trois comparses qui filent. Ils dessinent en ombre chinoise un ensemble solidaire et synchrone. Je les rejoins rapidement, et nous nous engageons dans les pentes de la vallée de Rock Creek sous Powder Mountain. Elles sont raides et vertigineuses. Un premier lacet surplombe le PCT. Nous perdons 200 mètres d’altitude en deux kilomètres. C’est un bon 10 % d’inclinaison qui fait avancer vite. Nous marchons pendant trois kilomètres sur des lapiaz glissants et restons attentifs. Le chemin est abîmé et passe plusieurs ravines creusées par des coulées de pierres instables et de boues qui descendent des falaises qui nous dominent. Au loin, nous devinons de temps en temps, lorsque les nuages se déchirent le col de Woody Pass notre prochain objectif. Il permet de prendre pied dans les contreforts ouest de Three Fools Peak ou nous montons pendant 150 mètres vers une épaule isolée. Le site est en balcon au-dessus de la vallée dans laquelle est lové le monument du PCT. Nous poursuivons en direction du mont Winthrop, qui surplombe à plus de 2300 mètres la vallée de Castle Ford. Une série de crêtes, Lake View Ridge, puis Devils Starway consentent à nous laisser passer vers le lac Hopkins et ses campements. Nous sommes en équilibre, entre la fin du PCT, 850 mètres en contre bas, sur notre gauche et le plan d’eau ou nous dormirons ce soir. Trente minutes plus tard, nous montons notre tente. Nous devrons revenir sur nos pas, car nous ne franchirons pas la frontière. Il est inutile de faire les derniers kilomètres en portant ce dont nous n’avons pas besoin. Ce sera agréable de n’avoir, au retour, que le repas à cuisiner. Ça y est, le campement est installé. Nous préparons nos affaires. Ce sont les ultimes instants avant la définitive et irréversible fin de l’aventure. À partir de maintenant ce n’est plus que fuite en avant. C’est étrange, les sensations sont bien là, joies, excitations, interrogations et pourtant la routine engendrée par la répétition des enjambées, de la marche continue, fait que nous sommes encore dans le rythme simple d’avancer, jour après jour, heures après heures. Le monument est dans dix kilomètres, à peine. C’est juste irréel ! Nous remontons le peu de pentes qui sépare les bords du lac du PCT, passons Hopkins Pass, puis Castle Pass, et entrons dans le dernier tunnel vert. Au bout, le Canada, la frontière et une sculpture en bois nous tendent les bras. La forêt de pins est dense et cache une partie de la vue. Qu’importe, ce ne sont plus les paysages qui nous intéressent. Ultimes virages, droite, gauche, nous écartons la végétation qui envahit le chemin, et soudain devant nous une clairière. Des cris et des applaudissements. Nous y sommes. Les deux Hélène embrassent le monument. Hélène conclut cette aventure d’un volontaire et décidé « on l’a eu ce PCT » ! Les autres PCTistes présents sont à nous féliciter. Nous faisons de même. Nous savons tous le prix psychique, physique et la ténacité d’une telle épopée. Un profond respect est palpable. Les sentiments sont exacerbés par le poids d’une trop longue période à imaginer, douter, espérer, rêver. Cette arrivée au monument est un réel plaisir, et une vraie satisfaction. Nous sommes fiers d’avoir osé croire en l’impensable. Bien évidemment nous ne sommes pas les seuls à avoir fait le PCT. Mais à deux, en couple, avec la démultiplication des risques de blessure, les changements de motivation, d’humeur à des moments différents, c’était un authentique challenge. Malgré les portions non parcourues du fait des feux, la marche nous a offert pleine et entière satisfaction. Nous débouchons un cidre en lieu et place du champagne et trinquons. Soudain, nous entendons un autre groupe arriver. Ils sont plusieurs. Incroyable, parmi eux nous reconnaissons, Micha, Raykin, et l’Australien Quincess que nous avions croisés à Bishop au 65e jour et qui s’était fait une déchirure musculaire au mollet dans la Sierra. Il a pris 1 mois de repos et est reparti plus haut sur le chemin. Nous pensions que Raykin était avec IceBreaker, 3 semaines derrière nous. En fait, elle a aussi dû contourner plusieurs sections et avancer du fait de son visa, comme beaucoup d’internationaux. Micha est ravi de nous retrouver. Nous avions dormi avec lui et Gabriel sur le site de campement à Hauser Creek le premier soir. Nous l’avions dépassé la journée du Baden Powell, croisé à Bishop et nous ne savions pas s’il était toujours sur le PCT. Et là, au dernier mètre on se revoit. C’est juste extraordinaire. C’est vraiment le temps des moments improbables cette fin de PCT. Nous quittons le groupe après une heure à savourer et revenons sur nos pas. Nous avalons les 10 kilomètres et 600 mètres de montée en à peine deux heures, dopé à l’adrénaline et à l’euphorie de cet instant unique. Nous arrivons à notre campement et nous nous jetons sur le repas du soir. Une heure plus tard, nous voyons de nouveau passer la tramily de Micha et Raykin qui ont
Jour 145 ~Moses Lake to Mazama
Moses Lake to Mazama Deux jours « off trail ». Deux jours de parenthèse enchantée.Nous avions eu une proposition de la part de Winchester de venir chez lui. L’idée était de se faire récupérer dans la ville de Leavenworth, puis ensuite de passer le dimanche chez lui, et enfin qu’il nous amène à Mazama le lundi.Présenté comme ça, cela semble simple. En fait il faut imaginer que de Moses Lake, la ville où habite Winchester, jusqu’à Leavenworth il y a 150 km et que de Moses Lake à Mazama il y a …300 km (Voir la carte ci-dessous avec le trajet effectué en noir). Et que c’est donc une proposition qui va bien au-delà du « Trail Angel » classique. Marie et Randy ( Aka Winchester) vont littéralement modifier la fin du PCT. Ils vont nous accueillir chez eux, où nous aurons le plaisir de partager les repas du dimanche et du lundi. Nous aurons en plus la chance de dormir dans leur caravane. Par ailleurs nous sommes entourés de nombreux animaux, poneys, chats, chiens, poules, chèvres, canards et paons. Une vraie ménagerie. Les chèvres circulent dans l’enclos des poneys, ou dans la caravane, nous obligeant à sortir les intrus, les canards viennent manger dans votre main. Bref, un moment suspendu après tous ces mois à marcher, marcher et encore marcher.Lundi nous aurons même droit à une proposition typiquement américaine, celle d’une séance de tir, avec le 357 Magnum que Winchester porte sur lui lorsqu’il chasse dans l’Idaho afin de se protéger des Grizzlys. Impressionnant et détonnant.Nous ne les remercierons jamais assez pour leur gentillesse.Ce soir nous dormons à Mazama, dernier et ultime Camp avant le monument de fin du PCT que nous atteindrons dans 2 jours. Le camp est incroyable, entre lieu de transit, place hippie ou fin d’aventure pour ceux qui sont revenus après 3 jours. On sent de la fébrilité, de l’inquiétude pour certains qui vont devoir revenir à la vraie vie. Bref nous profitons de l’instant et… nous verrons bien comment nous vivrons ce moment tant attendu.Le tout situé sur la carte du jour… No Images Found! One step back Washington One step forward
Jour 144~Leavenworth and Moses Lake
Leavenworth to Moses Lake Zero day. Nous démarrons notre journée sans difficulté aucune. Notre seul travail du matin est de s’habiller, puis aller déjeuner. Il y a pire pour un Thru Hiker. Nous avons convenu avec Winchester qu’il nous récupère vers 11 h. Le passage par Leavenworth est le bienvenu. Si les incendies du Miners complex, notamment le Lower Sulphur Thirty-two Fire, n’avaient pas encore modifié le programme, nous aurions dû remonter jusqu’à Stevens Pass, puis aller sur la section K du PCT. Cela représente 160 km manquants. Certains essayent de parcourir en partie la portion ouverte, puis, en sortant par le Cady Creek Trail, ou le Glacier Peak Loop, reviennent vers le sud, vers l’imposant lac de Stehekin. Pour avoir discuté avec les locaux, c’est complexe, et les échappatoires difficiles. Une grande partie de la marche se fait dans les basses vallées sur des routes bitumées, sauf si par miracle passe un véhicule. En ces temps d’incendie, les randonneurs préfèrent éviter la zone et cela peut vite être pénible. Décidément, il va devenir compliqué d’accomplir le PCT historique, celui où toutes les sections étaient praticables. D’ailleurs, la presse locale a interviewé Hélène à propos de son évacuation de Bend, et relate l’impact des feux sur le monument national qu’est le PCT. À 11 h précise, Winchester est là. Le choc, il est rasé, en jeans, bref propre. Nous l’avions quitté en mode randonneurs, nous retrouvons un humain civilisé. Cela nous renvoie à notre image. Je comprends mieux que certains Américains nous confondent avec des Homeless. Si nous n’étions pas dans l’étroit corridor autour du PCT, et sans le Tag sur le sac à dos, nous serions vite regardés comme des OVNIS, ou ignorés tout simplement. Nous nous calons dans la voiture et nous voilà parties. En chemin, nous appelons la mère d’Ice Breaker chez qui nous avons envoyé nos affaires. Après un rapide détour dans la ville de Wenatchee, nous récupérons notre colis de la Sierra. Cela commence vraiment à sentir la fin de l’aventure. Un grand merci à elle pour avoir fait poste restante. Cette solidarité extraordinaire rend ce chemin décidément atypique. À partir de là, nous plongeons, le long de la Colombia River, vers Quincy, puis Moses. La campagne de l’est de Washington est hors norme. Les kilomètres s’égrènent au fil des poteaux électriques qui bordent les routes. La région semi-aride fait partie du bassin de drainage de la Colombia River. On est dans les immenses plaines fantasmées de l’Ouest américain. C’est un moment étrange, où nous passons de la montagne à un désert vert en quelques kilomètres ! Nous arrivons chez Winchester, en rive droite du lac Moses. La propriété est immense et c’est une arche de Noé, poney, poules, cochons d’indes, chèvres. Mary est passionnée par les animaux et cela se voit. Le repas du soir, au lever de pleine lune, est typique, le barbecue avec une viande succulente est parfait. Go to Canada J145 J144 Un lever de pleine lune impressionant J144 Un havre de tranquilité à l’américaine J144 BBQ, Doritos et viande One step back Washington One step forward
Jour 143 ~Deception Lake to Stevens Pass
29 km 1255 D+ 1500D- durée 10 h 00 Terminus moins cinq. Nous partons dans la poussière et l’humidité. La présence des deux lacs a été terrible. Une fine couche de terre noire et grise est agglomérée et colle sur toutes nos affaires. Nous avons tous la perception que cette section a été particulièrement salissante. Nous déjeunons en essayant de nous souiller le moins possible. Il ne fait pas froid, mais l’humidité ajoute à la sensation de fraîcheur. On sent aussi que le temps est en train de changer. Il est annoncé de la pluie en fin d’après-midi. Nous devrions être à l’abri. Après avoir pris quelques minutes pour nettoyer la poussière sur les tentes, nous filons vers Stevens Pass. Le profil du sentier est atypique, nous avons 4 ascensions et 4 descentes ce jour. Jamais de très gros dénivelés, par contre, à l’inverse des étapes précédentes, le degré des pentes est sévère. Il faut vraiment pousser sur les mollets. Heureusement que les sacs sont légers. Nous commençons dans les flancs ouest du mont Surprise Mountain par une montée de 300 mètres en direction du col de Pieper Pass. Le ton est donné, ça grimpe vite, et nous survolons Deception Creek mille mètres en contrebas. Le sentier en lacet serré qui se jette dans Glacier Lake est magnifique. Au loin, les vues sur le sommet de Diamond Peak, qui domine la région du haut de ses 3200 sont majestueuses. Nous aurions dû en faire le tour dans 3 jours. À peine arrivé à hauteur du lac et de son voisin, Surprise Lake, le PCT décide de repartir droit dans le pentu, comme dise les savoyards. La succession de lacets serrés est collector. Enfin, le PCT ressemble à un vrai chemin de montagne. Nous croisons maintenant énormément de randonneurs embarqués pour la journée ou sur cette seule portion. Nous nous rendons compte que nos vitesses de montée et descente sont élevées, parfois du double des autres marcheurs que nous rencontrons. À force de ne côtoyer que des thru hikers, nous avions oublié cela. Les paysages continuent à être magnifiques, comme les sections précédentes. L’appréciation des membres de notre tramily pour les 4 derniers jours sur l’ensemble du massif de Snoqualmie à Stevens Pass est unanime : exceptionnel. En fait, après discussion avec les locaux nous apprenons qu’il s’agit pour beaucoup d’entre eux, de la plus belle étape du PCT dans l’État de Washington. Heureusement que nous avons pu la parcourir. Nous passons Trap Pass, à toute vitesse. Le groupe des randonneuses qui nous ont laissé la place la veille au campement fait une pause au col. Elles sont épuisées par l’ascension. Elles hallucinent de nous voir avancer à des vitesses qui leur semblent inatteignables. Mesdames, nous avons plus de 3500 kilomètres d’entraînement. C’est normal ! Nous discutons avec une Française habitant aux USA depuis 20 ans. Elle est originaire de la ville de Landerneau, à quelques kilomètres de chez nous. Elle en profite pour prendre des nouvelles de la région. Après être descendus dans les dévers sous une crête qui relie une série de sommets sans nom, dans la vallée de Trap Creek, nous filons en direction de Hope Lake, et Mig Make. Celui-ci est 100 mètres plus haut que son voisin et est idéalement situé aux deux tiers de l’étape. Nous nous arrêtons pour la pause. Le lieu est plus ouvert et les alpages ressemblent à s’y méprendre aux Alpes. En repartons, nous avons la surprise de rencontrer une Tramily que nous connaissons bien pour avoir randonné un peu avec eux. C’est le groupe de Paul. Je m’étais occupé de Waddle qui était tombée dans la Sierra. Nous apprenons que celle-ci et son compagnon sont à une semaine derrière nous. Eux ont touché le monument. Ils sont FINISHERS. Ils font maintenant Sobo la section que nous sommes en train de parcourir. Ils avaient quitté le trail à Chinook Pass pour aller plus avant vers le nord. On sent dans leurs regards que nous sommes presque, nous aussi, devenus des membres de la petite communauté de hikers pouvant dire « j’ai randonnée le PCT ! » Nous repartons motivés par ces bonnes nouvelles, et attaquons les deux dernières bosses, de 250 mètres de pentes raides. Après avoir laissé le magnifique lac Josephine sur notre droite, nous arrivons sur les pistes de ski de Steven Pass que nous traversons. La remontée sous le téléphérique de Jupiter express est sans particularité, juste longue, sous des câbles qui se croisent. Altitude 1560 , c’est notre ultime col de l’étape. Les sensations sont étranges. Nous ne nous attardons pas, et finissons au pas de charge la descente de 400 mètres et 3 kilomètres en 30 minutes, presque en courant. Stevens Pass, comme toutes les stations de sports d’hiver, l’été, est moche, et sans charme. Heureusement un bar est ouvert et nous pouvons déguster une glace, excellente au demeurant. La séance de stop qui va suivre est épique, l’highway US2 est passante, et les véhicules roulent bien trop vite pour s’arrêter. Il nous faut 30 minutes avant qu’une voiture ne nous prenne. Nous montons tous dans un véhicule-logement, si nombreux aux USA. La descente vers Leavenworth est rapide. Hélène réussit l’exploit de trouver une chambre au FairBridge Inn & Suites Leavenworth. Nous avons cru un moment que nous serions obligé d’aller de nouveau au camping. Cool, nous allons pouvoir nous laver. Nous visitons ensuite la ville. Elle est étonnante, c’est un Disneyland Bavarois, kitch, et surfréquentée par les touristes. Le repas du soir au Watershed Cafe est parfait. Les plats sont cuisinés et cela nous change du sempiternel hamburger. C’est un peu cher, mais idéal et bienvenu. C’est étrange de voir un brocoli dans une assiette américaine ! Dehors, un orage effrayant éclate et des salves ininterrompues d’éclairs rayent la nuit. Heureusement, nous ne sommes pas sous les tentes en altitude. Demain Winchester vient nous chercher pour nous emmener chez lui à Moses Lake. Keep Going J144 J143 Deception Lake au matin J143 Les sommets vers le nord J143 Trap Lake J143 La chaine des North Cascades au
Jour 142 ~Waptus River to Deception Lakes
30.5 km 1450D+ 850D- duré 10 h 30 Terminus moins six. L’ambiance est étonnante ce matin. Nous sommes presque à toucher le but et pourtant nous sommes dans un état d’esprit qui n’est pas différent de celui du départ. Comme si ce PCT était un immense jour sans fin. Il ne nous reste plus que quatre étapes de randonnée. Nous prendrons un double zero day, dimanche 18 et lundi 19 août. Nous avons convenu avec Winchester de passer une nuit chez lui. Il nous a proposé pour la suite de nous acheminer loin au nord en contournant la section fermée de Glacier Peak. C’est avec ambivalence que nous évitons cette section. Nous avons maintenant hâte d’en finir, mais nous savons aussi que nous ne verrons pas une des dernières portions mythiques, tant en beauté des paysages qu’en effort pour découvrir le cœur des North Cascades. Nous nous levons un peu plus tard, et rangeons nos affaires, le soleil est déjà sur les crêtes environnantes. Nous arriverons à 18 h au lieu de 17 h. Nous commençons la matinée dans les immenses forêts de Wenatchee et dans l’imposant massif d’Alpine Lakes Wilderness. Nous retrouvons les ambiances feutrées sous la canopée et les arbres sont de nouveau gigantesques. Au troisième kilomètre, nous croisons un ours qui refuse de se montrer, à moins de vingt mètres de nous. Il fait un bruit d’enfer et bouge les buissons dans tous les sens à chaque fois que nous nous arrêtons. Dommage, cela aurait été chouette de le voir. Après plus de 800 mètres de montée et seize kilomètres dans la longue vallée de Spinola Creek qui part au nord de Waptus lake, nous passons le lac de Deep Lake. Celui est lové entre les Mont Daniel et Cathedral Rock. Sa teinte est juste invraisemblable, d’un bleu azur, presque pâle qui tranche avec les couleurs environnantes. L’ascension est interminable et les derniers lacets bien raides, mais c’est agréable. C’est physiquement sollicitant, mais le lieu est tellement extraordinaire que nous avançons avec un grand sourire. Le profil altimétrique est inverse de la veille. Nous savons que nous allons alterner montée, puis descente, puis montée. Nous sommes déjà bien entamés par cette première bosse. Cela devrait être une grosse journée. Et ce sera le cas, à la fin de l’étape nous sentons tous nos cuisses malgré des sacs à dos qui se sont franchement allégés. Nous arrivons enfin au point haut de notre matinée, à la jonction avec Cathedral Pass Trail. Nous nous installons et attaquons notre repas de midi. Un groupe de trois personnes est présente. La randonneuse est une Française habitant aux USA depuis 20 ans. Elle est originaire de la ville de Landerneau, à quelques kilomètres de chez nous. Elle en profite pour prendre des nouvelles de la région. Nous repartons, en descente, au-dessus du lac Hyas Lake. Au kilomètre vingt-deux, nous franchissons notre dernier river crossing du PCT. Le torrent qui descend de Pea Soup lake n’est pas très large, mais le passage et chaotique et les rochers glissants. Je finis dans le torrent avec de l’eau à mi-cuisse. Plus de peur que de mal. Il ne s’agirait pas de se blesser juste avant la fin. Je ne serais pas le premier à qui cela arrive ! Nous remontons en direction de Deception Pass que nous franchissons aux vingt quatrièmes kilomètres. Nous continuons à évoluer dans un environnement alpin, avec des sommets acérés au lointain, des falaises de toutes tailles et de forêts intactes. C’est superbe et nous confirmons ce qui nous a été dit il y a deux jours, c’est beau. Le PCT passe enfin dans des espaces qui sont à la hauteur de nos attentes. Par contre, comme il se faufile en permanence sur des flancs de montagne, il se révèle parfois franchement escarpé. Il y a interdiction de se faire faire un croc-en-jambe, une chute serait fatale. Sinon, selon une tradition maintenant bien établie, nous continuons de nous arrêter régulièrement sur le bord du chemin pour ramasser le plus de myrtilles possible. Le top du top étant de juste cueillir tout ce qui est à portée de main. Nous arrivons en fin d’après-midi au niveau des deux lacs, Daisy Lake et Deception Lake ou nous avons lu qu’un campement trois-étoiles serait présent. C’est le cas, sauf qu’il est occupé. Cela aurait été agréable de dormir sur cette portion rocheuse d’une dizaine de mètres entre les deux étendues d’eau. Nous commençons à chercher aux alentours quand nous sommes interpellés par les randonneuses. Elles se préparent à avancer de quelques kilomètres et quittent les lieux. Ce ne pouvait être mieux. Nous installons nos tentes. Le seul bémol est que le sol est couvert d’une fine poussière qui se soulève à chacun de nos pas. Nous étions sales, nous voila immondes. Demain, ce sera sorti du PCT. Il nous reste presque trente kilomètres à parcourir, mais nous devrions être rapides. Vivement que nous soyons dans la ville de Leavenworth. Elle est une reproduction d’un village autrichien, le top du kitch, où nous pourrons nous (re)poser. Go to Canada J143 J142 Pierre au Camp Site de Waptus Lake J142 Le PCT sur le pont de Spade Creek J142 Deep Lake J142 L’imposant Mont Daniel J142 Le panorama sur Deep Lake et Daniel Mountain J142 Vers l’est la vallée de Cle Elum River J142 Cathedral Pass Trail J142 Cathedral Rock J142 Notre dernier River Crossing J142 Les pentes sont toujours raides J142 Cle Elum River J142 Deception Lake J142 Le camp site du soir One step back Washington One step forward
Jour 141 ~Park Lakes to Waptus River
33 km 1050D+ 1600D- Durée 11 h 00 Journée bien sportive. Le programme est simple, une montée de 1000 m et deux descentes de 800 m. Bilan des courses, ce soir nous sommes rincés. Les derniers mètres de dénivelé se sont faits au mental, les pieds étant bien fracassés. Nous décollons de nouveau au lever du soleil. Nous sommes à l’ombre des arbres et il fait sombre. Les contrastes de lumière sont déjà bien marqués. Les paysages, semblables à ceux de la veille, sont grandioses, avec des vues à 360°, et énormément de baies à manger. On aura probablement ingéré plus d’un kilo de myrtilles en fin de journée. Nous commençons par une courte montée le long des pentes des Three Queens. Nous surplombons le lac Spectacle Lake, 300 mètres en contrebas. Il est dominé par le Lemah Mountain et Chimney Rocks aux pics, arrêtes et faces sud abruptes. Les sommets ressemblent vraiment à l’arête des ecclésiastiques dans le massif du Mont-Blanc. Des nuages se mélangent aux glaciers que nous devinons dans les combes lointaines. Après un court passage rocheux en épaule, nous plongeons dans la descente en face nord des Three Queens. Le chemin se faufile dans un étroit canyon de granit gris. La végétation est dantesque. Entre les pins toujours présents, des arbres, buissons, de toutes tailles et formes se côtoient en un tableau psychédélique. La totalité des couleurs vertes possibles se sont donné rendez-vous. On devine qu’il doit pleuvoir souvent. Nous, nous profitons d’une météo plutôt clémente. Nous sommes protégés des nuages qui viennent de l’ouest par les hauts sommets de la chaîne des North Cascades. On sent par contre que le temps risque de se dégrader dans les prochaines 48 h. L’accumulation des nuées sur les pics et dans les fonds des vallées depuis 2 jours est menaçante. La pluie est annoncée pour samedi. On espère arriver avant celle-ci. Les orages localement sont du genre violent et sans concessions. On croise les doigts. Nous rencontrons peu de personnes, et les rares bipèdes croisés sont souvent des PCTistes. Les day ou section hikers sont étonnants, et quasiment tous nous encouragent pour la fin du PCT. On est immédiatement identifié comme Thru hikers. C’est à la fois flatteur et inquiétant. C’est flatteur, car nous sommes félicités pour l’exploit d’être sur le chemin depuis le Mexique, inquiétant, car nous devons ressembler à des zombies puants, fatigués d’être depuis trop longtemps sur cet interminable PCT. Dans la vallée au sud de Summit Chief Mountain, nous regardons les pentes d’Escondido Mountains qui nous domine. Sacrés morceaux, la montée se fait sur 600 mètres pendant dix kilomètres. Le dénivelé n’est jamais très raide, par contre c’est bien usant. Les lacets s’éternisent et nous n’en voyons pas le bout. À midi, nous nous posons devant Lemah Mountain pour manger. Le cadre est grandiose. Une immense mer de nuage venant de l’ouest se déverse dans la vallée face à nous. Heureusement les volutes se désagrègent, sinon nous serions vites dans la brume. Autour de nous l’alpage n’est qu’un gigantesque tapis de myrtilles que nous cueillerons par poignée. C’est juste parfait. En repartant, nous découvrons un nouveau feu plein est du PCT, à 3 km, avec un front de flamme vers Pollalie Knob. Il franchira la crête de la colline pendant que nous filons vers le nord, à bonne distance de celui-ci. Pas cool. Nous passons Waptus Pass Jonction et attaquons la descente vers la rivière Waptus. Nous voyons en face Bear Breasts Mountains. C’est un sommet imposant et sa face sud-est est un toboggan de plus de 1200 m de granit gris qui plonge dans les entrailles de la vallée encaissée où nous dormirons ce soir. Pendant la fin de parcours, nous dominons l’immense lac Waptus. C’est un monstre bleu roi tout en longueur. Ça y est, nous y sommes, nous passons le pont sur Waptus River. Il est conséquent et permet d’éviter un river crossing qui aurait été compliqué. En rive droite, nous trouvons le campement. L’endroit est vraiment très agréable et parfaitement aménagé. Nous nous installons rapidement et profitons des dernières lueurs du jour pour faire une toilette à la rivière. L’eau est glaciale, mais nous apprécions et nos muscles endoloris nous remercient. Go to Canada. J142 J141 Park Lake au matin J141 Lemah Mountain et Chimney Rocks J141 Pierre au matin J141 Suivi d’Hélène J141 Et d’Hélène J141 Des mousses bien vertes J141 Hélène dans la descente de Three Queens J141 La végétation en fleur J141 Dans la vallée de Lemah Creek J141 Dans le petit vallon sous les Three Queens J141 Dans la montée d’Escondido Point J141 Thimbleberry J141 SalmonBerry J141 Le panorama de Lemah Mountain J141 La mer de nuages venant de l’ouest J141 Escondido Lake et un nouveau feu au loin J141 Des myrtilles à profusion J141 Dans la descente vers Waptus Creek J141 Waptus Lake J141 Hélène à Waptus Pass Jonction One step back Washington One step forward
Jour 140 ~Snoqualmie to Park Lakes
25 km 1500 D+ 900D durée 9 h 00 Cinémascope. Nous nous levons à l’identique des autres randonneurs. Le déjeuner est copieux sans impasse calorique. Œufs, saucisses, pancake, thé ou café, chacun y trouve son compte et surtout peut manger à satiété. Nous avons maintenant une capacité à pouvoir ingurgiter des portions impressionnantes. Nous récupérerons nos vêtements qui sèchent, rangeons nos affaires et commençons notre journée. Nous prenons le temps de nous poser devant le Washington Alpine Club et nous voilà parties pour l’avant-dernière section. C’est impossible de prendre la mesure de ce que nous avons déjà parcouru. Quand on regarde la carte, on voit bien que le départ est lointain, et on devine maintenant que l’arrivée est toute proche, mais aussi encore bien abstraite. La fin est annoncée bien physique et il ne faut pas se désunir. La veille, nous avons eu des informations sur les étapes futures, et elles promettent d’être toniques en termes de dénivelé montant et descendant. Il nous a aussi été répété qu’elle serait superbe. Nous n’avons pas été déçus. Les montées se sont révélées bien soutenues avec des pentes avec cailloux et éboulis dans tous les sens. C’est un rien casse-pattes, mais rien de compliqué, car le chemin est bien tracé. Le PCT se faufile entre des cols, falaises abruptes et pics acérés. Les effets de survol à plus de 1000 m au-dessus des gorges et ravins environnants sont magiques. Nous ne nous lassons toujours pas. La montée vers Kendall Peak, puis en balcon au-dessus de la vallée de Commonwealth Creek est soutenue. Les day hikers sont à la peine, par contre les PCTistes filent à toute allure et les encouragent. Nous faisons de même. Au passage de Kendall Catwalk, col taillé dans la crête, qui va de Kendall Peak à Red mountain nous basculons soudainement au-dessus de Wenatchee National Forest. Le lieu est hallucinant, au lointain des nuages composent une folle farandole de formes. Au loin dans la vallée, d’immenses pentes sont rayées de falaises titanesques, de couleurs grises, noires ou rouge vif. C’est une des plus belles étapes du PCT. Les montagnes sont peu hautes en altitude, par contre elles sont de caractères bien trempés. C’est féerique et grandiose. Nous continuons vers le nord sur un chemin de cabri, taillé dans une paroi interminable. Juste après Collar mountain et Ridge lake, nous passons dans les alpages sous Alaska Mountain. Les couleurs de la flore sont des plus folles qui soient. Nous avons aussi une réelle chance. Nous rencontrons de nombreux animaux : chipmunks, pikas, marmottes, et surtout la star des montagnes des North Cascades, la chèvre des montagnes. À une semaine de la fin, c’est inespéré de voir cet animal symbolique et en voie de disparition. En descente, après Huckelberry Moutain, sous Chikamin Peak, sur un promontoire surplombant le vide, en plein brouillard, une harde de Mountains Goats pose. Des juvéniles sont réfugiés auprès des mères et ne bougent pas à notre passage. C’est un vrai moment extraordinaire et exceptionnel. Nous continuons notre étape et arrivons dans les pentes et les dévers sous Four Brothe. L’ambiance est impressionnante, car les nuages passent leurs temps à se déchirer et se refermer sur nous. Des coins de ciel bleus apparaissent et disparaissent. Nous devinons enfin deux kilomètres plus loin et 200 mètres plus bas le lac de Park Lake et les deux autres lacs sans nom plus à l’ouest. Nous avons convenu de dormir ici ce soir. Étonnant, le lieu est fréquenté. Nous cherchons pendant 10 minutes un espace libre et trouvons sur une butte, entre des pins un Tente Site parfait. On domine le site. Une heure après Pierre rejoint le trio, il a eu un petit coup de moins bien ce jour. Dans la tente, je prends le temps de regarder le compteur de l’appareil photo, plus de 300… C’est bien mon impression, je me suis fait plaisir. Nous nous endormons au milieu des bois, le calme est notre cocon et nous nous calfeutrons dans nos duvets. Un bonheur simple, mais précieux. Demain, nous savons que la portion sera bien tonique. On préfère ne pas y penser. Keep Going. J141 J140 La french Crew J140 Pierre au Washington Alpine Club J140 Le Washington Alpine Club J140 Le commonwealth Campground J140 En montée vers Red Mountain J140 La vallée de Commonwealth Creek J140 Encore et toujours des fleurs J140 Panorama sur Red Mountain J140 Les deux hélènes sous Kendall Peak J140 Hélène devant Red Peak J140 L’arrivée à Kendall Katwalk J140 Les deux Hélènes à Kendall Katwalk J140 Hélène et Emgan à Kendall Katwalk J140 Pierre à la fin de Kendall Katwalk J140 Ridge Lake J140 Au dessus d’Alaska Lake J140 L’incroyable vue au dessus de Joe Lake J140 Sous Chikamin Peak J140 Sous Four Brothers J140 Mountain Goat J140 Hibox Mountain en ombre chinoise One step back Washington One step forward
Jour 139 ~Mirror Lake to Snoqualmie Pass
14 km 350 D+ 700D- Durée 4 h 00 Journée courte et très agréable. Nous nous levons tôt. Nous savons que nous avons peu de kilomètres à parcourir et que ce sera, à l’exception de la montée de 100 mètres de dénivelé, au matin, un long toboggan vers notre destination du jour. Nous avons prévu de passer un Nero Day à Snoqualmie. Si nous marchons assez vite nous serons à midi pour manger et récupérer nos colis. Malgré l’omniprésence des nuages et d’une petite bruine fine bien bretonne, avancer sur le chemin est encore agréable. Les sommets sont invisibles, le plafond brumeux est aux alentours de 1500 mètres. Pourtant, nous avons droit à tous les attendus du PCT en quelques kilomètres, des lacs, de la forêt, des fleurs, des montées, des descentes et un Trail Magic, avec sodas et fruits frais. Nous sommes maintenant habitués au gigantisme des lieux et nous ne faisons plus attention aux géants qui nous entoure. Sauf que, soudain, au détour d’un virage, une énorme soucoupe de racine de plus de cinq mètres de diamètre de terre nous rappelle que rien n’est à l’identique de l’Europe. Les deux Hélène prennent la pose pour faire échelle. Après avoir longé par l’est Silver Peak, puis passé Windy Pass où nous trouvons une boîte pleine de sodas, avec un mot à l’attention des randonneurs, nous plongeons avec impatience dans la végétation, le long d’Ollalie Creek. Ça y est nous arrivons aux deux derniers lacs, Lodge et Beaver Lake. Plus que deux kilomètres et nous serons au terme de notre étape. Nous faisons encore de nombreuses pauses, car nous avons sur le bord du trail toute la gamme des baies locales, myrtilles, airelles, mûres (salmonberry ou Rubus spectabilis), framboises jaunes (thimbleberry ou Rubus parviflorus). Bien évidemment nous mangeons plus que de raisonnables. Honnêtement, nous aurions tort de ne pas profiter du banquet et des opportunités culinaires et gastronomiques qui s’offrent à nous. Nous croisons quelques day hikers, dont un groupe de randonneuses âgées. Elles félicitent longuement les deux Hélènes. On devine un profond respect pour le chemin parcouru. Il est vrai que nous approchons des 4000 kilomètres, ce qui, on en conviendra tous est complètement fou dingue ! Nous arrivons en diagonale sur le haut des pistes de ski. Le lieu est à une heure de voiture de Seattle, et fait partie de ces endroits fréquentés par une clientèle aisée. Pour nous, le lieu est insipide, inodore, et malheureusement sans intérêt, quelques rares chalets isolés, une autoroute, une épicerie, une station essence, un motel et c’est tout. Il est même franchement bruyant, ce que nous n’avions plus l’habitude de subir. Une gigantesque et démesurée highway de 4*2 voies déchirent les flancs des montagnes et un flot de véhicules passent indifférent à la beauté du site. Nous filons à l’hôtel Summit Inn. Nous nous installons et commandons, petit déjeuner et midi ensemble. Cela ressemble à un mélange chaotique de hamburger, pancakes, saucisses et Milk Shake. Peu importe l’ordre, nous avons faim ! La serveuse n’est même plus impressionnée. Nous ne sommes pas les seuls OVNIS du PCT à passer ici. Nous reprenons nos affaires et allons à notre couchage, en longeant la route vers l’ouest sur deux kilomètres. Nous avons la chance de dormir au chalet de l’Alpine Washington club. Le lieu est chaleureux, bien organisé et surtout hiker friendly, 55 dollars, nuitée, repas du soir, breakfast, douche et lessive. Normalement, il est réservé exclusivement aux locaux inscrits et à jour de leurs cotisations. À titre exceptionnel, les PCTistes sont acceptés. C’est imbattable et à conseiller. La seule contrepartie est, en échange du paiement peu cher, une participation à la cuisine, et un nettoyage des communs. Nous prenons notre douche, longuement et on nettoie nos affaires. C’est toujours étonnant, nous avons l’impression de nous métamorphoser. Après, c’est de moins en moins le cas, car nos affaires ont maintenant été portées tous les jours pendant presque 4 mois. L’usure est visible, et, malgré un lavage intensif, nous ne faisons plus illusion. Nous sommes bien devenus des Thru Hiker Trash. Demain nous repartons pour 4 jours jusqu’au dernier col avant de définitivement nous diriger vers la fin de l’aventure, que nous devrions attendre entre le 20 et le 22 août. Go To Canada J140 J139 Au départ du Lac Mirror J139 Vue sur la monstrueuse autoroute du colde Snoqualmie J139 Géant à terre J139 Lac Beaver J139 Salmonberry J139 Des randonneuses into the wild J139 La végétation est luxuriante One step back Washington One step forward
Jour 138 ~Bearpaw Butte to Mirror lake
27 km 1100D+ 1200D- durée 9 h 00 Monter, descendre, c’est toujours avancer ! Incroyable, alors que nous sommes haut en altitude pour la région, le col est encore dans le brouillard. Le temps est constant de médiocrité. L’humidité est omniprésente et il fait frais. Nous sommes mi-août, et on sent bien qu’à 2 000 m, il peut vite faire très froid. Nous déjeunons réfugiés dans nos tentes. Les conversations se font à distance. Le moral du groupe est excellent. Nous commençons la randonnée en direction de Snowshoe butte. Le PCT hésite pendant plusieurs kilomètres entre suivre une route forestière et une trace parfois encombrées dans les buissons. Nous finissons par rester sur le fin trait de terre officielle du sentier. Cela nous permet tout d’abord d’éviter de nous perdre, mais aussi de profiter de la flore en étant, bien immerger dedans. Les feuilles et branchages fouettent de temps en temps les vêtements. Nous ne sommes pas gênés, car il n’y a plus depuis bien longtemps d’épineux sur notre passage. Nous contournons Snowshoe par l’est et arrivons sur un système de crêtes, mal délimitées vers le col de Stampede. À partir de celui-ci, ce sera une succession ininterrompue de bosses et de collines. Le PCT louvoie le long des pentes nord-est de Meadow Mountains, en direction de Tinkham Peak et le lac Mirror, notre destination de ce soir. Nous montons ou descendons peu d’une seule traite, par contre, et au final nous cumulons un dénivelé conséquent alors que nous n’avons pas l’impression de faire tant que cela. On se croirait presque sur un sentier côtier. Les paysages sont maintenant complètement alpins, malgré la faible altitude où nous évoluons. La sensation de survoler la région est permanente, et les fonds de vallées environnantes sont 500 à 1000 mètres plus bas. L’alternance de forêts et d’alpages est la norme depuis quelques jours. Les baies, et notamment les myrtilles et airelles sont omniprésentes. Nous nous arrêtons régulièrement pour les cueillir. C’est un vrai don de la nature pour des hikers affamés. Nous passons probablement plus de deux heures à nous goinfrer. C’est l’étape où nous avons battu notre record de temps de pauses. Il est possible qu’à la fin de la journée nous ayons mangé entre un et un kilo cinq de fruits chacun. Nous avons les mains bleues de nous être trop arrêtés. Nous continuons aussi à voir un nombre important de champignons, notamment des bolets de taille gigantesque et de superbes, mais toxiques amanites tue mouches jaunes. Nous ne consommerons pas les boletus, les espèces étant différentes de l’Europe et mes connaissances insuffisantes. La végétation est redevenue luxuriante. Dès que les rayons du soleil éclairent un fond de vallon, de thalwegs, des arbrisseaux aux feuilles dentelées s’épanouissent en un capharnaüm floral débridé. Nous arrivons peu tard à Mirror Lake. Régis va continuer. Il veut être tôt à Snoqualmie, car il souhaite aller rencontrer son frère à Portland. Il ira ensuite aux PCT Days, festival du PCT à Cascades Locks. Nous lui disons bonne chance et au revoir. À partir de maintenant, nous serons devant. Au lac, un groupe d’adolescents randonneurs américains sont disséminés dans tous les coins. Nous confirmons, la jeunesse n’est pas plus intelligente aux USA. Nous trouvons sur la berge sud, une série d’emplacements qui ont été aménagés par des scouts féminines. Le lieu est parfait. Nous avons presque la sensation d’être en vacances au bord d’un fjord norvégien. Nous arriverons demain à Snoqualmie, petite station de ski, où nous attends un colis de nourriture que nous avons posté vingt jours auparavant dans la ville de Bend, dans l’Oregon. Nous avons l’impression d’avoir quitté cet État il y a longtemps. Cette sensation est probablement entretenue par l’importante sollicitation du PCT sur cette portion. Nous sommes tous impatients d’aller nous laver, et nettoyer nos vêtements, car la section a été très poussiéreuse. Cela fait maintenant une semaine que nous n’avons pas pris de douches, et nous nous sentons réellement sales. L’association de terre et d’humidité est franchement désagréable. Nous avons beau faire une toilette systématique avec des lingettes et de l’eau, il y a un moment où cela ne suffit plus. Plus que 10 km. Vivement le Nero day de demain. Keep Going J139 J138 Au départ de BearPaw au matin J138 La pause numéro 50 J138 American fly yellow agaric ou Amanite muscaria J138 Des vrais ours J138 Pas loin du col de Stampede J138 Dans les vallons de la forêt de Mt Baker Snoqualmie National Forest J138 Des bolets de tailles conséquentes J138 En arrivant au lac Mirror J138 On se croirait en Norvège J138 Le campsite du soir One step back Washington One step forward
Jour 137 ~ Urich Cabin to Bearpaw Butte
31 km 1100D+ 1200 D- durée 11 h 00 Tempus fugit. Le lever au matin dans les brumes de la plaine de Government Meadow est splendide. Un fin brouillard dessine des ombres, au sein duquel nous devinons les Wapitis. Ils se sont rapprochés du campement durant la nuit. Un à un, au loin ils se séparent et, sans bruits disparaissent dans les bois environnants. Impossible de les prendre en photos. Ils sont trop loin et surtout ressemblent à des fantômes. Après, avoir rangé nos affaires, nous repartons sur le chemin et continuons à avancer vers le nord. Nous croisons le Naches Trail et commençons à monter en direction de Pyramid Peak que nous contournons par l’ouest. Les paysages sont de plus en plus alpins, et les vues restent assez classiques de cette portion de l’état de Washington : arbres, prairies, crêtes, et toujours l’imposant Mt Rainier qui barre de sa superbe l’horizon à l’ouest. Nous devinons au loin les North Cascades, avec dans le lointain des sommets plus escarpés et rocheux. Malheureusement, nous savons que cette section est fermée du fait de plusieurs incendies, dont l’un, le Pioneer Fire, de taille conséquente. Tant pis, cela fait partie du PCT qui de fait est aujourd’hui impossible à parcourir en totalité. Il y a bien trop de feux cet été sur les états de la côte ouest. Ils sont frustrants pour les hikers, mais ce n’est rien par rapport à ce que vivent les locaux qui doivent subir cette épée de Damoclès tous les ans. Et nous savons que certains ont tout perdu et notamment leurs maisons. Le groupe, composé de francophones, surnommé la French Crew, avec Pierre, « Second Life », Hélène, « Six Blisters », Régis le Belge, « Bobcat », Hélène, « Happy Feet » et « Hawk Eyes », moi-même, relativisons. Les cinq ont maintenant leurs trails name. Celui de Pierre date de ce jour, et celui d’Hélène de la veille. Pour Pierre, il s’agit clairement de rappeler qu’il démarre magnifiquement une nouvelle vie de retraité. Hélène quant à elle, est la recordwoman des ampoules au pied. Elle aurait pu être baptisée Seven ou Eight, car elle réussit encore à avoir des échauffements en marchant. Trop Forte ! Nous avons déjà parcouru une distance respectable et nous ne nous en sortons pas trop mal. Nous savons que certains derrière nous n’ont pas pu randonner des sections que nous avons eu la chance de découvrir. D’autres, à l’instar d’IceBreaker, dont nous avons régulièrement des nouvelles, plus puristes, ont décidé d’avancer en contournant les obstacles, sauf que cela signifie marcher parfois longtemps sur des routes bitumées. Trop peu pour nous. Nous commençons aussi à percevoir auprès des autres hikers l’issue de cette aventure et la fin du chemin, probablement dans une dizaine de jours. Il y a, à la fois, l’impatience que cela se termine et de nombreuses interrogations sur l’après-PCT. En fait, c’est même de l’inquiétude pour certains. Certes, on a mal aux pieds, au dos, mais la routine du PCT est très agréable et rassurante. Bref, c’est une vraie ambivalence de sentiments et beaucoup de questions. Surtout, pour ceux qui ont tout laissé, notamment un emploi ou de difficultés. À midi, nous faisons la pause au bord du chemin sous le sommet BlowOut Mountain. Étonnant, nous nous étions fixé ce lieu pour manger avec le groupe. Régis est absent, il a dû continuer. Soudain, sur le trail, nous entendons une voix que nous connaissons. Incroyable, Jana aka Wild Flowers apparaît un détour d’un virage. Nous la pensions devant nous, car elle marche bien plus vite. Nous ne l’avions plus vue depuis la Sierra, presque 3 mois. Le temps file à toute allure ! Elle est en forme et nous nous racontons nos aventures. Nous découvrons que son retard est dû à une chute sur un névé, qui a failli très mal se terminer. Avant d’arriver à Carson Pass, elle a glissé dans Steep Traverse sous Raymond Peak. Nous nous rappelons bien du passage et de la trace dans la neige. Cela nous avait fait froid dans le dos. Et dire que c’était Jana ! Nous sommes contents que cela se soit bien fini. Elle a réussi, par miracle, par s’arrêter sur un vague caillou en pleine pente. Elle repart et nous lui souhaitons bonne fin de PCT. Une dizaine de minutes plus tard, du chemin qui va au sommet de Blowout, nous voyons Régis pointer le bout de son museau. Il est allé manger avec panorama sur l’état de Washington. Sur ses conseils je prends 5 min et monte faire des photos. Effectivement le paysage est splendide. Nous arrivons en milieu d’après-midi au col de Tacoma, puis attaquons nos cinq derniers kilomètres jusqu’a une épaule sous BearPaw Butte ou il y a un campsite. Nous le trouvons sans difficulté. Par contre, nous sommes en plein vent et en plein brouillard. Il fait environ 10 °C et on sent que nous sommes maintenant franchement plus au Nord. Il nous reste encore deux jours de marche jusqu’à Snoqualmie. Sacrée étape. Go To The North J 138 J137 La plaine de Covernment Meadow dans la brume J137 Les couleurs changeantes du matin J137 Le mont Rainier au matin J137 Au loin, le Canada J137 Le panorama du sommet de BlowOut Peak J137 Loin au nord, les Norths Cascades J137 Sous BearPaw Butte One step back Washington One step forward