J138 Le campsite du soir

27 km 1100D+ 1200D- durée 9 h 00 

Monter, descendre, c’est toujours avancer !

Incroyable, alors que nous sommes haut en altitude pour la région, le col est encore dans le brouillard. Le temps est constant de médiocrité. L’humidité est omniprésente et il fait frais. Nous sommes mi-août, et on sent bien qu’à 2 000 m, il peut vite faire très froid.

Nous déjeunons réfugiés dans nos tentes. Les conversations se font à distance. Le moral du groupe est excellent. Nous commençons la randonnée en direction de Snowshoe butte. Le PCT hésite pendant plusieurs kilomètres entre suivre une route forestière et une trace parfois encombrées dans les buissons.

Nous finissons par rester sur le fin trait de terre officielle du sentier. Cela nous permet tout d’abord d’éviter de nous perdre, mais aussi de profiter de la flore en étant, bien immerger dedans. Les feuilles et branchages fouettent de temps en temps les vêtements. Nous ne sommes pas gênés, car il n’y a plus depuis bien longtemps d’épineux sur notre passage. Nous contournons Snowshoe par l’est et arrivons sur un système de crêtes, mal délimitées vers le col de Stampede. À partir de celui-ci, ce sera une succession ininterrompue de bosses et de collines.

Le PCT louvoie le long des pentes nord-est de Meadow Mountains, en direction de Tinkham Peak et le lac Mirror, notre destination de ce soir. Nous montons ou descendons peu d’une seule traite, par contre, et au final nous cumulons un dénivelé conséquent alors que nous n’avons pas l’impression de faire tant que cela. On se croirait presque sur un sentier côtier.

Les paysages sont maintenant complètement alpins, malgré la faible altitude où nous évoluons. La sensation de survoler la région est permanente, et les fonds de vallées environnantes sont 500 à 1000 mètres plus bas. L’alternance de forêts et d’alpages est la norme depuis quelques jours.

Les baies, et notamment les myrtilles et airelles sont omniprésentes. Nous nous arrêtons régulièrement pour les cueillir. C’est un vrai don de la nature pour des hikers affamés. Nous passons probablement plus de deux heures à nous goinfrer. C’est l’étape où nous avons battu notre record de temps de pauses. Il est possible qu’à la fin de la journée nous ayons mangé entre un et un kilo cinq de fruits chacun. Nous avons les mains bleues de nous être trop arrêtés.

Nous continuons aussi à voir un nombre important de champignons, notamment des bolets de taille gigantesque et de superbes, mais toxiques amanites tue mouches jaunes. Nous ne consommerons pas les boletus, les espèces étant différentes de l’Europe et mes connaissances insuffisantes. La végétation est redevenue luxuriante. Dès que les rayons du soleil éclairent un fond de vallon, de thalwegs, des arbrisseaux aux feuilles dentelées s’épanouissent en un capharnaüm floral débridé.

Nous arrivons peu tard à Mirror Lake. Régis va continuer. Il veut être tôt à Snoqualmie, car il souhaite aller rencontrer son frère à Portland. Il ira ensuite aux PCT Days, festival du PCT à Cascades Locks. Nous lui disons bonne chance et au revoir. À partir de maintenant, nous serons devant. 

Au lac, un groupe d’adolescents randonneurs américains sont disséminés dans tous les coins. Nous confirmons, la jeunesse n’est pas plus intelligente aux USA. Nous trouvons sur la berge sud, une série d’emplacements qui ont été aménagés par des scouts féminines. Le lieu est parfait. Nous avons presque la sensation d’être en vacances au bord d’un fjord norvégien. 

Nous arriverons demain à Snoqualmie, petite station de ski, où nous attends un colis de nourriture que nous avons posté vingt jours auparavant dans la ville de Bend, dans l’Oregon. Nous avons l’impression d’avoir quitté cet État il y a longtemps. Cette sensation est probablement entretenue par l’importante sollicitation du PCT sur cette portion.

Nous sommes tous impatients d’aller nous laver, et nettoyer nos vêtements, car la section a été très poussiéreuse. Cela fait maintenant une semaine que nous n’avons pas pris de douches, et nous nous sentons réellement sales. L’association de terre et d’humidité est franchement désagréable. Nous avons beau faire une toilette systématique avec des lingettes et de l’eau, il y a un moment où cela ne suffit plus. 

Plus que 10 km. Vivement le Nero day de demain.

Keep Going

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