J142 Les pentes sont toujours raides

30.5 km 1450D+ 850D- duré 10 h 30

Terminus moins six.

L’ambiance est étonnante ce matin. Nous sommes presque à toucher le but et pourtant nous sommes dans un état d’esprit qui n’est pas différent de celui du départ. Comme si ce PCT était un immense jour sans fin.

Il ne nous reste plus que quatre étapes de randonnée. Nous prendrons un double zero day, dimanche 18 et lundi 19 août. Nous avons convenu avec Winchester de passer une nuit chez lui. Il nous a proposé pour la suite de nous acheminer loin au nord en contournant la section fermée de Glacier Peak.

C’est avec ambivalence que nous évitons cette section. Nous avons maintenant hâte d’en finir, mais nous savons aussi que nous ne verrons pas une des dernières portions mythiques, tant en beauté des paysages qu’en effort pour découvrir le cœur des North Cascades.

Nous nous levons un peu plus tard, et rangeons nos affaires, le soleil est déjà sur les crêtes environnantes. Nous arriverons à 18 h au lieu de 17 h. 

Nous commençons la matinée dans les immenses forêts de Wenatchee et dans l’imposant massif d’Alpine Lakes Wilderness. Nous retrouvons les ambiances feutrées sous la canopée et les arbres sont de nouveau gigantesques.

Au troisième kilomètre, nous croisons un ours qui refuse de se montrer, à moins de vingt mètres de nous. Il fait un bruit d’enfer et bouge les buissons dans tous les sens à chaque fois que nous nous arrêtons. Dommage, cela aurait été chouette de le voir.

Après plus de 800 mètres de montée et seize kilomètres dans la longue vallée de Spinola Creek qui part au nord de Waptus lake, nous passons le lac de Deep Lake. Celui est lové entre les Mont Daniel et Cathedral Rock. Sa teinte est juste invraisemblable, d’un bleu azur, presque pâle qui tranche avec les couleurs environnantes. L’ascension est interminable et les derniers lacets bien raides, mais c’est agréable. C’est physiquement sollicitant, mais le lieu est tellement extraordinaire que nous avançons avec un grand sourire.

Le profil altimétrique est inverse de la veille. Nous savons que nous allons alterner montée, puis descente, puis montée. Nous sommes déjà bien entamés par cette première bosse. Cela devrait être une grosse journée. Et ce sera le cas, à la fin de l’étape nous sentons tous nos cuisses malgré des sacs à dos qui se sont franchement allégés.

Nous arrivons enfin au point haut de notre matinée, à la jonction avec Cathedral Pass Trail. Nous nous installons et attaquons notre repas de midi. Un groupe de trois personnes est présente. La randonneuse est une Française habitant aux USA depuis 20 ans. Elle est originaire de la ville de Landerneau, à quelques kilomètres de chez nous. Elle en profite pour prendre des nouvelles de la région. 

Nous repartons, en descente, au-dessus du lac Hyas Lake. Au kilomètre vingt-deux, nous franchissons notre dernier river crossing du PCT. Le torrent qui descend de Pea Soup lake n’est pas très large, mais le passage et chaotique et les rochers glissants. Je finis dans le torrent avec de l’eau à mi-cuisse. Plus de peur que de mal. Il ne s’agirait pas de se blesser juste avant la fin. Je ne serais pas le premier à qui cela arrive !

Nous remontons en direction de Deception Pass que nous franchissons aux vingt quatrièmes kilomètres. Nous continuons à évoluer dans un environnement alpin, avec des sommets acérés au lointain, des falaises de toutes tailles et de forêts intactes. C’est superbe et nous confirmons ce qui nous a été dit il y a deux jours, c’est beau. Le PCT passe enfin dans des espaces qui sont à la hauteur de nos attentes. Par contre, comme il se faufile en permanence sur des flancs de montagne, il se révèle parfois franchement escarpé. Il y a interdiction de se faire faire un croc-en-jambe, une chute serait fatale.

Sinon, selon une tradition maintenant bien établie, nous continuons de nous arrêter régulièrement sur le bord du chemin pour ramasser le plus de myrtilles possible. Le top du top étant de juste cueillir tout ce qui est à portée de main.

Nous arrivons en fin d’après-midi au niveau des deux lacs, Daisy Lake et Deception Lake ou nous avons lu qu’un campement trois-étoiles serait présent. C’est le cas, sauf qu’il est occupé. Cela aurait été agréable de dormir sur cette portion rocheuse d’une dizaine de mètres entre les deux étendues d’eau. Nous commençons à chercher aux alentours quand nous sommes interpellés par les randonneuses. Elles se préparent à avancer de quelques kilomètres et quittent les lieux. 

Ce ne pouvait être mieux. 

Nous installons nos tentes. Le seul bémol est que le sol est couvert d’une fine poussière qui se soulève à chacun de nos pas. Nous étions sales, nous voila immondes. Demain, ce sera sorti du PCT. Il nous reste presque trente kilomètres à parcourir, mais nous devrions être rapides. Vivement que nous soyons dans la ville de Leavenworth. Elle est une reproduction d’un village autrichien, le top du kitch, où nous pourrons nous (re)poser. 

Go to Canada

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