
29 km 1255 D+ 1500D- durée 10 h 00
Terminus moins cinq.
Nous partons dans la poussière et l’humidité. La présence des deux lacs a été terrible. Une fine couche de terre noire et grise est agglomérée et colle sur toutes nos affaires. Nous avons tous la perception que cette section a été particulièrement salissante.
Nous déjeunons en essayant de nous souiller le moins possible. Il ne fait pas froid, mais l’humidité ajoute à la sensation de fraîcheur. On sent aussi que le temps est en train de changer. Il est annoncé de la pluie en fin d’après-midi. Nous devrions être à l’abri. Après avoir pris quelques minutes pour nettoyer la poussière sur les tentes, nous filons vers Stevens Pass.
Le profil du sentier est atypique, nous avons 4 ascensions et 4 descentes ce jour. Jamais de très gros dénivelés, par contre, à l’inverse des étapes précédentes, le degré des pentes est sévère. Il faut vraiment pousser sur les mollets. Heureusement que les sacs sont légers.
Nous commençons dans les flancs ouest du mont Surprise Mountain par une montée de 300 mètres en direction du col de Pieper Pass. Le ton est donné, ça grimpe vite, et nous survolons Deception Creek mille mètres en contrebas. Le sentier en lacet serré qui se jette dans Glacier Lake est magnifique. Au loin, les vues sur le sommet de Diamond Peak, qui domine la région du haut de ses 3200 sont majestueuses. Nous aurions dû en faire le tour dans 3 jours.
À peine arrivé à hauteur du lac et de son voisin, Surprise Lake, le PCT décide de repartir droit dans le pentu, comme dise les savoyards. La succession de lacets serrés est collector. Enfin, le PCT ressemble à un vrai chemin de montagne.
Nous croisons maintenant énormément de randonneurs embarqués pour la journée ou sur cette seule portion. Nous nous rendons compte que nos vitesses de montée et descente sont élevées, parfois du double des autres marcheurs que nous rencontrons. À force de ne côtoyer que des thru hikers, nous avions oublié cela.
Les paysages continuent à être magnifiques, comme les sections précédentes.
L’appréciation des membres de notre tramily pour les 4 derniers jours sur l’ensemble du massif de Snoqualmie à Stevens Pass est unanime : exceptionnel. En fait, après discussion avec les locaux nous apprenons qu’il s’agit pour beaucoup d’entre eux, de la plus belle étape du PCT dans l’État de Washington. Heureusement que nous avons pu la parcourir.
Nous passons Trap Pass, à toute vitesse. Le groupe des randonneuses qui nous ont laissé la place la veille au campement fait une pause au col. Elles sont épuisées par l’ascension. Elles hallucinent de nous voir avancer à des vitesses qui leur semblent inatteignables. Mesdames, nous avons plus de 3500 kilomètres d’entraînement. C’est normal !
Nous discutons avec une Française habitant aux USA depuis 20 ans. Elle est originaire de la ville de Landerneau, à quelques kilomètres de chez nous. Elle en profite pour prendre des nouvelles de la région.
Après être descendus dans les dévers sous une crête qui relie une série de sommets sans nom, dans la vallée de Trap Creek, nous filons en direction de Hope Lake, et Mig Make. Celui-ci est 100 mètres plus haut que son voisin et est idéalement situé aux deux tiers de l’étape. Nous nous arrêtons pour la pause. Le lieu est plus ouvert et les alpages ressemblent à s’y méprendre aux Alpes.
En repartons, nous avons la surprise de rencontrer une Tramily que nous connaissons bien pour avoir randonné un peu avec eux. C’est le groupe de Paul. Je m’étais occupé de Waddle qui était tombée dans la Sierra. Nous apprenons que celle-ci et son compagnon sont à une semaine derrière nous. Eux ont touché le monument. Ils sont FINISHERS. Ils font maintenant Sobo la section que nous sommes en train de parcourir. Ils avaient quitté le trail à Chinook Pass pour aller plus avant vers le nord. On sent dans leurs regards que nous sommes presque, nous aussi, devenus des membres de la petite communauté de hikers pouvant dire « j’ai randonnée le PCT ! »
Nous repartons motivés par ces bonnes nouvelles, et attaquons les deux dernières bosses, de 250 mètres de pentes raides. Après avoir laissé le magnifique lac Josephine sur notre droite, nous arrivons sur les pistes de ski de Steven Pass que nous traversons. La remontée sous le téléphérique de Jupiter express est sans particularité, juste longue, sous des câbles qui se croisent. Altitude 1560 , c’est notre ultime col de l’étape. Les sensations sont étranges.
Nous ne nous attardons pas, et finissons au pas de charge la descente de 400 mètres et 3 kilomètres en 30 minutes, presque en courant. Stevens Pass, comme toutes les stations de sports d’hiver, l’été, est moche, et sans charme. Heureusement un bar est ouvert et nous pouvons déguster une glace, excellente au demeurant.
La séance de stop qui va suivre est épique, l’highway US2 est passante, et les véhicules roulent bien trop vite pour s’arrêter. Il nous faut 30 minutes avant qu’une voiture ne nous prenne. Nous montons tous dans un véhicule-logement, si nombreux aux USA. La descente vers Leavenworth est rapide. Hélène réussit l’exploit de trouver une chambre au FairBridge Inn & Suites Leavenworth. Nous avons cru un moment que nous serions obligé d’aller de nouveau au camping. Cool, nous allons pouvoir nous laver.
Nous visitons ensuite la ville. Elle est étonnante, c’est un Disneyland Bavarois, kitch, et surfréquentée par les touristes.
Le repas du soir au Watershed Cafe est parfait. Les plats sont cuisinés et cela nous change du sempiternel hamburger. C’est un peu cher, mais idéal et bienvenu. C’est étrange de voir un brocoli dans une assiette américaine !
Dehors, un orage effrayant éclate et des salves ininterrompues d’éclairs rayent la nuit. Heureusement, nous ne sommes pas sous les tentes en altitude.
Demain Winchester vient nous chercher pour nous emmener chez lui à Moses Lake.
Keep Going