J145 L'épicerie de Winthrop

Moses Lake to Mazama

Deux jours off trail.

Deux jours de parenthèse enchantée.

La proposition de Winchester de venir chez lui a été un moment féérique hors du temps. L’idée de se faire récupérer dans la ville de Leavenworth, passer le lundi dans sa maison, et de nous amener à Mazama le mardi a modifié la fin de ce PCT.

Présenté comme ça, cela semble simple. En fait, il faut imaginer que de Moses Lake, la ville où habite Winchester, jusqu’à Leavenworth il y a 150 km et que de Moses Lake à Mazama il y a 300 km (voir la carte ci-dessous avec le trajet effectué en noir). C’est donc une proposition qui va bien au-delà du Trail Angel classique.

Marie et Randy Aka Winchester nous ont accueillies chez eux, offert les repas du lundi midi et soir, puis le déjeuner du mardi. Ils nous ont fait dormir dans leur caravane, la même que celle que nous avions croisée à Silverwood Lake il y a maintenant tout juste 4 mois. C’était un 19 avril, au milieu de nulle part, et nous n’avions marché qu’à peine 23 jours et 530 kilomètres. C’était une éternité à l’échelle du PCT. 

Leur propriété est improbable. Immense comme de souvent à l’Américaine. Elle comprend des espaces pour tous les animaux de Mary, poneys, chats, chiens, poules, chèvres, canards et paons. Une vraie ménagerie. Les uns circulent dans l’enclos des autres, ou dans la caravane, nous obligeant à sortir les intrus, les gallinacés viennent manger dans votre main. Bref, un moment suspendu, en apesanteur, après tous ces mois à marcher, marcher et encore marcher.

Nous avons même droit à une proposition typiquement américaine, celle d’une séance de tir, avec le 44 Magnum que Winchester porte sur lui lorsqu’il chasse dans l’Idaho afin de se protéger des Grizzlys. Impressionnant et détonnant. Le pistolet en question propulse des équivalents de cartouche de la fameuse Winchester. Son maniement est qualifié de viril ! Hélène, qui s’essaie à l’exercice en mode Calamity Jane, recul de bien 40 cm et confirme. C’est un outil peu démocratique ! 

Nous ne les remercierons jamais assez pour leur gentillesse.

Nous disons une dernière fois au revoir à Mary et ses deux enfants, puis entamons avec Winchester la longue remontée vers notre ultime étape. 

Nous longeons de nouveau la Colombia River vers le nord, puis bifurquons le long de Methow River en direction de Winthrop, puis de Mazama. C’est une superbe façon de presque conclure notre rêve américain.

Nous traversons des lieux que nous n’aurions jamais pris le temps de visiter, hors du déplacement de masse. Une vraie Américaine plus traditionnelle et sympathique que celle des foules guidées par le consumérisme touristique. Le passage en voiture dans Winthrop est détonnant. La ville est surnommée The CowBoy Town. Effectivement elle est dans son jus, Saloon, façades en bois colorées, Grocery bien ancienne, Gas station, ou même les pompes à essence ont arrêté de vieillir. On repassera sur le retour dans quelques jours. 

À Mazama, nous filons manger au Mazama Public House. Nous invitons Winchester et prenons le temps de lui dire tout le bien que l’on pense de ces deux jours. Nous savons que les adieux sont définitifs. Winchester a du mal à retenir quelques larmes et nous aussi. 

Encore merci, pour cette parenthèse unique et sans pareil. 

Ce soir, nous dormons aux Lions Den. C’est le dernier et ultime Camp avant le monument sur la frontière canadienne du PCT que nous atteindrons dans 2 jours. Le lieu est incroyable, entre endroit de transit, place hippie ou fin d’aventure pour ceux qui sont revenus après 3 jours. On sent de la fébrilité, de l’inquiétude pour certains qui vont devoir retourner à la vraie vie.

Nous profitons de l’instant. Nous verrons bien comment nous vivrons ce moment tant imaginé. Sur un mur, nous retrouvons le pendant de la fresque de CLEEF à Campo, avec toutes les signatures. La taille moindre rappel que moins de 700 randonneurs finissent le chemin. Même si les 5000 heureux propriétaires du permis ne sont pas tous au départ, il est considéré que seuls 10 à 20 % des PCTistes atteignent leurs buts. Nous ne voulons pas forcer la chance. Nous n’écrirons sur ce mur qu’une fois de retour, dans 4 jours ! 

Go to Canada

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