Zero Day 0Km 0D+0D-
Bishop, bis repetita.
On a tous prévu un « zero day ». Après douze jours en montagne les organismes sont bien fatigués.
Comme les fois précédentes, nous nous attelons aux taches qui ne peuvent être faites dans l’univers exigeant de la Haute Sierra : faire la lessive, réparer ou acheter le matériel cassé, manquant. Rien de très original pour nous maintenant. C’est d’autant plus facile que nous connaissons bien la ville depuis notre dernier passage.
Après une matinée bien occupée, à manger faire le ravitaillement, nous nous rendons compte que, ça y est, nous découvrons ce qu’est le trop fameux « hiker hunger ». Décrit par les thru hikers comme une sensation de faim permanente, malgré des repas, copieux et rapprochés. C’est effectivement étonnant. Nous allons sur la journée nous asseoir à 7 h, puis 10 h, 15 h et 18 h. Et les portions sont monstrueuses à chaque fois. Inquiétant et effrayants de voir que les organismes sont capables de telles… performances. Heureusement, c’est pour la bonne cause : être en forme.
La palme du plus hallucinant mangeur du jour revient à Régis. On a presque l’impression qu’il regrossit à vue d’œil. Chacun de ces repas doit faire 2000 kcal, et il est méthodique, 7/10/12/15/18/22. Si, si c’est les heures de ses collations. En sachant qu’il trouvera le moyen d’intercaler un poulet rôti entier qu’il aura brillamment attrapé au vol au supermarché. On ne peut que s’incliner.
Nous préparons ensuite la prochaine étape. Le groupe a décidé de repartir pour essayer de finir la section Sierra Nevada. Du coup, le ravitaillement est calé sur 6 jours pour rejoindre Mammoth Lake. Ice Breaker a pris contact avec une famille sur Facebook, qui accepte de monter 9 randonneurs en une fois demain au départ avec 3 voitures. Parfait, la team est efficace. C’est toujours aussi fou la gentillesse des trails angels.
L’ambiance est excellente dans Bishop et, nous rencontrons d’innombrables hikers, dont certains que nous avions perdus de vue. Nous pensions qu’ils étaient 2 à 3 jours derrière nous. En fait, ils viennent juste de sortir de la première portion. Nous avons une semaine d’avance sur eux. Pourtant nous n’avons pas l’impression d’être des énervés. Probablement que le nombre moindre de zero day fait la différence.
Nous sommes talonnés par la bulle de début avril. Ceux-ci sont à nous poser moult questions. Ils savent que la fonte des neiges est en train de battre des records, jusqu’à 40 % du manteau en une journée sur certaines sections, et souhaite connaître nos itinéraires. Étrange sensation que de les voir se projeter sur la semaine que nous venons de vivre. Ils nous parlent avec respect, comme si nous étions des anciens combattants. Nous essayons de donner les informations les exhaustives sur l’état des cols, chemins, pièges, etc. Cela leur sera utile.
Nous apprenons que Waddle, la jeune femme qui a chuté dans la Sierra se porte bien. Elle et son chéri prenne une semaine de repos et redémarrerons le PCT au plus tôt.
Nous croisons enfin un randonneur australien que nous avions rencontré vers Julian, il y a plus d’un mois. Il a été évacué en hélicoptère suite à une fracture et un claquage du péroné et du mollet. Pas cool. Décidément nous avons eu de la chance.
Demain, nous repartons via piste qui traverse la Sierra d’est en ouest par le col de Piute. Peu d’informations, mais d’autres randonneurs l’on fait, donc nous devrions y arriver. Nous avons aussi l’information que les premiers PCTistes de l’année viennent d’arriver à Sonora Pass, la fin de la section Sierra. ils sont 3 semaines devant nous. Incroyable.
Go to Canada.