17 km 850 D+ 800 D – durée 9 h 30
Descendre, puis monter.
La journée s’annonce théoriquement calme. Nous savons que nous allons longer en descente la rivière South Fork Woods Creek pour rejoindre au niveau d’un pont le torrent Woods creek que nous suivrons en montée jusqu’au lac Twin Lakes.
Comme à l’accoutumée, il n’en sera rien. Nous nous sommes levés tôt, méfiants. Bien nous en a pris, nous avons droit à quelques difficultés pas du tout sympathiques. Au matin je commence en conseillant à Hélène d’être prudente par me fracasser le coude sur des rochers intégralement verglacés ! Sérieux, le chemin est débonnaire. On ne va pas en plus devoir aussi marcher en crampons sur le plat !
Nous rejoignons le verrou vers la rive gauche des lacs Rae. Se plonger à 5 h 30 entre les lacs Arrowheard et Dollar Lake dans un torrent bien tonique, qui passe les genoux est revigorant. Finalement avec des températures négatives, une eau au-dessus de zéro degré c’est toujours plus chaud. Nous positivons. Il n’empêche, 2 degrés, ça met dans l’ambiance. Nous n’avons pas de col à franchir, c’est presque un vrai regret. Les passages de gué sont bien plus compliqués et traîtres. En plus, c’est impossible d’arriver à avancer vite. Sois-vous enlevez systématiquement vos chaussures, et vous perdez 10 minutes par rivière, et au bout de 20 cela fait presque trois heures « d’offert » au PCT. Sois-vous gardez vos chaussures et vous appréciez la fraîcheur du sol transmise par l’humidité de vos pieds. Pas simple.
Au kilomètre cinq c’est l’hallali, nous nous retrouvons à franchir un cône d’avalanche ou les arbres ont littéralement explosé. C’est pénible et compliqué, il faut marcher sur des troncs, passer sur, sous, entre les branches et ne pas accrocher nos sacs à dos. La coulée qui est descendue des contreforts du mont Acrodectes Peak a dû être d’une violence invraisemblable. C’est la première fois que je vois une forêt réduite à ce point en confettis et bois sec. C’est probablement une des séquelles de l’année record de 2023, ou il avait neigé par endroit jusqu’à plus de 25 mètres d’épaisseur. En pratique, nous mettrons trente minutes pour à peine 200 m. Ce sera notre vitesse maximum du jour !! Et Hélène aura en plus le plaisir de tomber d’un tronc ou elle se retrouvera intégralement enfouie entre branchage et buissons. Une vraie aventure que ce PCT.
Espérons que la suite sera plus aisée. Nous savons qu’il y a un autre torrent à passer. Il est normalement plus facile, dixit le topo. Comme d’habitude ce sera tout faux. Aux kilomètres sept, sous le sommet du Mount Clarence, le franchissement sera bien plus compliqué et dangereux que l’ensemble des river crossing du jour. Le courant est puissant et le choix peu évident.
Un groupe est déjà présent et hésite. Tout droit, sur la trace balisée ce serait du suicide. En descendant, je trouve un tronc d’arbre tout moisi, et réussi à atterrir sur la rive opposée. Clairement bien trop scabreux, personne ne me suit. Hélène prend l’option « bourrin » et active le mode brut-force quelques mètres au-dessus du PCT. Banco c’est le bon choix. En assurant son équilibre à partir de la berge en face et en attrapant son bâton cela sera payant. Un second randonneur passe ainsi, puis une troisième s’attelle rapidement sur les traces d’Hélène. C’est Icebreaker que nous rencontrons pour la première fois. Elle est impressionnante de facilité. Il faut deux Hélène pour faire une IceBreaker. C’est une force de la nature, mais nous ne le découvrirons qu’après.
Deux autres femmes sont, une trentaine de mètres en amont, à essayer de passer. Effrayant. L’eau est au niveau du bassin et c’est vraiment limite qu’elles ne se fassent emporter. Ouf tout le monde est sauf.
Nous continuons bien échaudés par le franchissement. Heureusement, les suivants seront plus cool. Nous prenons quand même la décision de garder les chaussures pour passer sinon nous y serons encore ce soir.
À la fin de la descente, nous traversons le torrent Woods Creeks à l’aide d’un immense pont suspendu, puis remontons sur un sentier hors neige des plus agréable. Nous longerons la rivière en crue. Le débit est devenu monstrueux en cette fin d’après-midi et le franchir serait impossible. Nous restons en rive droite, trop cool. Les paysages continuent à être impressionnants et magnifiques. La face sud du Mont Cedric Wright est presque sec jusqu’au sommet. Etonnant.
Sur le trajet nous croisons IceBreaker qui a discuté avec Janet. Il semblerait qu’avec son groupe cela soit compliqué. Ils sont sur une logique, on fonce et on gravit les cols, quelle que soit l’heure. IceBreaker n’est pas convaincu et c’est fait peur dans la descente de Glenn Pass, dans une neige non portante. Elle demande à Janet ce qu’il en est de notre équipe. Janet lui explique que je suis un énervé sur la sécurité de par mon passif d’alpiniste et de médecin du secours en montagne. Elle lui propose de se joindre à nous. Du coup nous convenons d’un campement ce soir.
Nous arrivons avec Anthony et Tamara au niveau de Twins Lake, nous ne trouvons pas IceBreaker. L’ensemble des spots sont couverts de névés, par contre il y a des zones hors neige, une centaine de mètres en contrebas. Nous décidons de nous y installer. Nous savourons cette fin de journée bien longue encore.
Nous sommes rejoints par Chloé, Benjamin et Janet moins d’une heure après.
Demain, nous passons Pinchot Pass. Nous partirons à 3 h 30 pour être au sommet tôt et nous avancer le plus possible pour être au plus près du dernier haut col, Mather Pass.
Go to canada.