J60 Col de Kearsage

16 km 950 D+ 950 D- durée 11 h 00

Et c’est reparti !

Nous nous levons à 3 h, et commençons à marcher à 4 h 30. Nous avons deux cols à 3600 m à franchir aujourd’hui.

Tamara et Anthony sont partis encore plus tôt. Tamara, qui va essayer ses crampons a préféré prendre de l’avance. Elle a envie d’être à l’aise et avancer un peu plus doucement est la clé. Le premier col, Kearsage nous est déjà familier.  C’est le passage que nous avions emprunté pour sortir du PCT il y deux jours. C’est une mise en jambe de 3 km pour 600 m d’ascension. Nous savons qu’il y a une traversée un peu sérieuse. Ce sera plus agréable de progresser avec une neige portante.

Nous avançons bien et les sensations sont excellentes. Le repos a été bénéfique. Étonnamment, nous errons moins qu’au premier passage et arrivons à bien suivre les traces. Après avoir franchi les deux ressauts au niveau des lacs de Heart Laket et BigPotHole lake, dans l’immense cirque d’University peak qui commence à s’illuminer sous le soleil levant, nous nous engageons dans les pentes sous Kearsage. Nous devinons au loin Anthony et Tamara qui sont déjà au col. Génial et bien vue !

Nous profitons de cette longue avancée aux couleurs matinales pour reprendre nos marques. La progression en crampons est maintenant maîtrisée. 

Étonnamment nous ne voyons pas Chloé et Benjamin, nous étions pourtant juste quelques minutes devant eux. Nous apprendrons plus tard qu’ils ont perdu du matériel et que Benjamin est retourné le chercher. Nous arrivons au col quelques minutes après le lever de soleil. L’ambiance est magique et les sommets s’allument tous les uns après les autres. 

Nous filons rapidement dans la descente qui se fera bien plus facilement qu’à l’aller, la neige ayant bien fondu par endroit en deux jours. Nous poursuivons en rive droite et laissons les lacs de Kersage à notre gauche pour avancer sous les flancs des falaises granitiques du Mt Rixford. Le chemin a été taillé et surplombe Bulfrog Lake que nous avons longé il y a 48 heures. Nous retrouvons le PCT à hauteur du Lake de Charlotte Lake dans les forêts qui nous amènent au second col, Glenn Pass

C’est un verrou à franchir qu’il ne faut pas prendre à la légère. Idéalement nous devons être au terme de l’ascension avant 10 h pour que la neige à la descente ne soit pas trop molle. Il permet de passer d’un des affluents de Bubbs Creek à l’immense vallée glaciaire qui fend du sud vers le nord la Sierra jusqu’au col de Mather Pass. 

Après plus de neuf kilomètres, nous n’avons toujours pas retrouvé Janet. C’est étonnant. Nous sommes maintenant dans les pentes de Glenn Pass et il n’y a plus d’emplacement hors neige. 

Soudain, au sommet d’une bosse, nous voyons celle-ci qui nous faire de grands signes dans sa doudoune jaune. Elle est restée dormir en cowboy camping à même le sol, sous un arbre. Décidément elle est inclassable ! À l’altitude où nous nous trouvons, la nuit a été fraîche. Nous nous arrêtons avec Hélène pour qu’elle descende chercher ses affaires et sommes rejoints par les quatre fantastiques qui étaient 30 minutes derrière nous.

Nous repartons pour une montée dans les cirques rocheux au nord du Mt Rixford, entre falaises et lacs. L’endroit est un des plus beaux sites de montagnes qui soient. A la cote 3500 m, au niveau du lac sous Glenn Pass nous voyons enfin celui-ci. Le dernier raidillon est bien penché et les prédécesseurs sont passés directement à l’aplomb. Nous avançons dans une pente à 45° sur 100 m, à l’aide des crampons plus à leur aise que les micro-spikes. Nous  franchissons le col en en retrouvant le PCT sur une portion empierrée. Impressionnant, mais heureusement peu difficile. C’est par contre un des endroits du PCT ou la chute est totalement interdite. Le chemin louvoie au-dessus d’une falaise de 30 mètres et du lac . En cas de glissade, c’est un plongeon direct qui équivaudrait à un dernier baiser mortel ! 

Le passage tôt en saison est vraiment une aventure entre alpinisme et randonnée.

Glenn Pass. Ça y est, nous y sommes, et à l’heure. Les cirques rocheux de part et d’autre sont parmi les plus beaux qui soient. Succession de lacs entourés de sommets escarpés. Un régal pour la vue. La descente se fera prudemment, celle-ci étant réputée « sketchy». L’usage de la corde achetée par Anthony sera des plus utiles, permettant de sécuriser les moins téméraires. La neige commence à se transformer. Il ne faut pas traîner. Au col Janet tombe sur Hélène, qui en sera quitte pour quelques côtes cassées. Heureusement, elle est solide et fera contre mauvaise fortune bon cœur. C’est un avertissement sérieux, ici toute inattention se paye cash. 

Le reste de la journée, sera plus classique. Entre pénible « postholing »., et recherche d’itinéraire adéquat, les hikers ayant tracé dans toutes les directions nous commençons à espérer que cela se termine. Il est temps de monter la tente.

Nous rejoignons Tamara et Anthony qui sont déjà installés au camp du soir. Janet, Chloé et Benjamin s’arrêtent un kilomètre plus tôt bien fatigués de leurs journées. 

Demain l’étape devrait être de nouveau longue. Nous savons que de nombreux passages de gué nous attendent.

Keep going

J 61

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