
26 km 850 D+ 1100 D- durée 8 h 00
Journée magnifique, mais usante tant sur le plan physique, que moral.
Comme nous le craignions hier soir, le groupe s’est scindé en deux.
Benjamin ne se sent pas à l’aise dans la neige et Tamara est trop pénalisée par ses micros spike et à peur de ne pas arriver à passer le col Forester dans deux jours. Ils ont décidé de sortir du PCT en rebroussant chemin après une longue discussion. Du col de Trail Pass, ils partiront vers le nord vers Horse Meadows, et feront du stop vers la ville de Lone Pine. De celle-ci, ils se rendront à Bishop, ou nous serons dans 3 à 4 jours. Après ce moment difficile où nous avons l’impression de perdre un peu de l’âme du groupe, nous nous remobilisons avec Hélène et préparons nos affaires.
Nous nous levons plus précocement que d’habitude, et sommes concentrés. Le froid est bien présent et il ne faut pas rester statique nous peine de vite se rafraîchir. Le lever de soleil à l’est sur Trail Peak est un festival de teintes roses, orange. Quelques nuages couvrent l’horizon, mais ne devraient pas nous gêner. Après un départ enneigé, sans besoin de crampons, la surface étant durci par le regel, nous avançons en montée, puis descente avant de rejoindre les abords du lac Chicken Spring sous Trail Master Peak.
Les vues ouvertes vers le sud sont maintenant en cinémascope et nous nous arrêtons régulièrement pour apprécier les paysages. Une grande partie de la matinée se déroule entre 3300 et 3500 m, crampons aux pieds. La progression est rendue complexe par le souffle court de la haute altitude, la marche dans une neige parfois traffolée, et une navigation au GPS obligatoire. Les prédécesseurs sont passés au mieux, en suivant les lignes de faiblesse du relief. Nous devons monter droit dans des pentes raides afin de retrouver le chemin, notamment quand celui se faufile entre des verrous rocher. Comme nous sommes les premiers à démarrer ce matin, il y a peu de traces et c’est par moment pénible.
Au plus haut point de notre journée, à 3500 m, les paysages sont réellement exceptionnels, hauts plateaux désertiques, prairies ou pinèdes d’altitude. On sent que les conditions naturelles sont ici particulièrement difficiles. Après presque 5 h 00 de marche, au seizième kilomètre, nous rencontrons notre première vraie traversée de rivière ou « river crossing » un peu musclée au niveau de Rock Creek. Le torrent a un sacré débit, et l’eau passe au-dessus des genoux. Les bâtons, indispensable pour ne pas être déséquilibré, vibrent sous l’effet du courant.
C’est le début d’une longue série. Pour beaucoup de randonneurs, c’est probablement ce qui est le plus craint. En cas de chute, le sac à dos, même si nous défaisons l’ensemble des sangles, risque de vous entraîner au fond. Sans penser aux conséquences qu’aurait ici la perte de ses affaires. Cela se passe bien et respectons les consignes, toujours trois appuis, et ne pas de se précipiter.
Nous continuons à avancer et franchissons le col de Guyot à 3330 mètres en fin d’après-midi. La montée de 400 mètres pour y arriver se déroule dans un cirque majestueux sous le mont éponyme. Le chemin est remarquablement bien tracé et facilite la marche, même si les 100 derniers mètres sont bien raides. On sent la fatigue des plus de 50 jours de voyage qui se combine avec l’altitude. Il nous reste encore deux heures et un peu de 5 kilomètres à parcourir. Normalement, cela devrait se faire sans trop de difficulté, le PCT étant maintenant en descente jusqu’au campement. Sauf que la neige complique la progression, les prédécesseurs ont tracé droit dans les pentes raides. Elle est, en plus, fondue. Nous sommes méfiants à ne pas nous faire une entorse en nous enfonçons violemment entre deux cailloux.
La fin de journée sera des plus désagréable. Nous descendons 100 mètres en moins de 400 mètres de distance. Il n’y a pas de vraies empreintes et un chemin bien glissant. Je fais l’erreur de ne pas prendre le temps de laisser Hélène mettre ses crampons. Celle-ci va se faire peur, alors que nous avons tous les outils pour que le PCT soit parcouru en sécurité. Pas très intelligent de ma part. C’est la contrainte d’une entrée précoce dans la Sierra, les traces sont parfois plus que pénibles et faites en dépit du bon sens !
Après avoir franchi, en équilibre sur un tronc d’arbre, la rivière Whitney Creek nous arrivons enfin. Janet, Anthony et Chloé sont déjà la. Le campement est immense et nous montons vite nos tentes, à la jonction entre le PCT et du chemin qui part vers le sommet du Mt Whitney. Nous ne ferons pas l’ascension de celui-ci, car en ce début de saison cela tient plus d’une course d’alpinisme, certes facile, que d’une randonnée tranquille.
Nous prenons des nouvelles de Tamara et Benjamin avec la balise satellitaire. Ils sont bien arrivés à Bishop et tout s’est bien passé pour eux. Cool, nous sommes rassurés.
Demain nous filons vers le site de campement du col Forester.
Keep Going