J52 Britlescone au couchant

25 km 1100 D+ 700 D- durée 8 h 00

Trois mille mètres.

Aujourd’hui, nous continuons notre lente ascension vers les hauts plateaux entre 3500 m et 4000 m d’altitude, que nous allons franchir et côtoyer pendant plusieurs étapes. Nous savons que nous allons démarrer notre périple dans les pentes enneigées et un peu de tension est perceptible. Nous allons réellement avoir une idée de ce qu’il en est de notre forme physique, mais aussi de nos habiletés pédestres à évoluer dans des traces raides, avec un gros sac à dos qui déséquilibre. Nous passons aussi la barre symbolique des 3000 mètres dans la journée. Les choses sérieuses commencent.

Nous quittons le campement tôt. Cela va devenir une constante de la Sierra. Nous allons devoir nous lever encore plus précocement dans peu de temps. Après un déjeuner sur notre table de luxe en marbre, nous partons un peu plus tardivement que Janet, Tamara et Anthony qui ont déjà plié bagage. Seuls Chloé et Benjamin procrastinent. Ce n’est pas bien grave, nous savons que nous devrions tous nous retrouver ce soir.

Nous passons le pont de la rivière Kern dans le brouillard. Cela donne le ton. Nous avons vraiment l’impression de nous enfoncer plus avant dans la Sierra. L’ambiance est solennelle et nous avons la sensation d’un voyage sans retour possible. Après avoir longé la vallée Kern Fork Creek, nous bifurquons plein nord, en nous engageant dans Cow Canyon. La progression est facile, le chemin bien tracé, en pente douce dans une forêt de pins Ponderossa de tailles immenses, entre 40 et 50 mètres de hauteur. Nous avançons vite le long des flancs du Pic Olancha. Nous sentons que nous sommes en altitude et soufflons plus que d’accoutumé. La montée jusqu’à 3 255 m se fera dans la neige et nous devons mettre les crampons pour rester en sécurité.

Les paysages sont très typés hautes plaines de montagne. Cool.

À la côte de 2800 m, au kilomètre sept, nous quittons l’Olancha Pass Trail qui était commun avec le PCT. Nous continuons à avancer pour atteindre les pentes ouest du Pic Olancha après plus de 1000 d’ascension et 12 kilomètres. C’est notre première confrontation avec la neige. Le moment est particulier. Il n’y a plus de traces, et nous devons progresser « à l’aveugle » en nous fiant à la précision du GPS et de la carte. Nous sortons définitivement de notre confort de randonneur européen estival. Nous y sommes « into the Wild ». Plus de pas humain sauf les vôtres ou ceux, rares, des prédécesseurs quand nous arrivons à être sur ce qui devrait être le chemin. C’est une autre aventure qui démarre. 

Après un repas de midi, en groupe, au col sans nom, point haut de notre progression du jour, nous filons crampons au pied droit dans la pente, « dré dans l’pentu » comme dirait les savoyards. C’est étonnant la neige, malgré une heure tardive pour nos standards européens, porte et nous ne nous enfonçons pas. Il n’y a plus qu’a espérer que cela reste vrai pour le reste de la Sierra. Deux heures après ce moment tranquille, changement de ton. Un orage éclate et nous nous retrouvons à essayer de nous protéger de grêlons de la taille d’œufs de caille. Heureusement, nous trouvons un refuge entre des arbres. Nous ne sommes quasiment pas trempés. Par contre nous commençons à nous refroidir au bout de 30 minutes, malgré nos affaires chaudes. Le bivouac statique est vraiment un piège en montagne ! Il nous faut composer avec une nature brute et sauvage.

Alors que nous sommes toujours à l’abri, nous voyons passer la rester du groupe qui ne s’est pas arrêté pour se soustraire aux intempéries. Ils sont bien humides et n’ont pas d’autres choix que de bouger pour se réchauffer. Nous embrayons avec eux, et reprenons notre avancée. Après vingt minutes, nous croisons Janet qui a dû monter sa tente en catastrophe pour se protéger. Malheureusement pour elle, son duvet et ses vêtements sont trempés ! Pas cool. Nous l’informons que nous allons marcher encore 6 kilomètres et nous arrêter plus loin. Celle-ci hésite à repartir. 

Après une heure de chemin facile, nous franchissons la rivière Dry Creek qui se fraye un passage dans Death Canyon. Nous nous chargeons en eau, car nous savons que le campsite sera sec. Nous faisons péniblement les 3 derniers kilomètres, et nous sommes bien contents de la fin d’étape. Nous sentons les effets de la montée en altitude et nos poumons confirment que nous sommes à 2900 mètres. Nous sommes rejoints une heure plus tard par Janet. Nous sommes tous rassurés de son arrivée, nous ne voulions pas prendre de l’avance sur elle. 

Le site de couchage est extraordinaire. Une forêt de pin BritleScone nous entoure de toute part. Leurs formes torturées au soleil du soir sont un plaisir pour les yeux. À l’ouest le Four Canyons va s’éclairer quelques instants permettant de capturer des photos cartes postales. 

Chloé et Benjamin ont décidé de faire un feu de camp. Chouette initiative et nous profitons tous du moment.

Demain, nous aurons notre première grosse journée dans la neige.

Keep Going

J53

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *