J48 Bientôt la Sierra

26 km 1000 D+ 900 D- durée 7 h 00

Réveil matin peu habituel. 

Depuis 5 h 00, un oiseau au-dessus de la tente de Tamara et Anthony s’évertue à imiter le son d’une alarme de voiture. C’est probablement un petit Northern Mockingbird, ou Moqueur Polyglotte, de la famille des Mimidae. Il n’est pas bien gros en taille, mais a des capacités vocales étonnantes. Nous sommes sur son territoire et il nous le fait savoir. Pas besoin de montre pour avoir les yeux grands ouverts dans son duvet ce matin.

Le lever est agréable et, malgré l’altitude de 2000 mètres, il fait déjà bon. L’étape devrait être facile, si la météo reste à l’identique des jours précédents. La température est fraîche aux aurores, puis plus élevée à partir de 14 h 00. On sent depuis quelque temps une montée progressive de la chaleur, mais qui reste supportable.

Nous quittons le camp comme d’habitude à 6h30, en compagnie de Janet, le long des pentes de Spanish Needle. Nous filons plein nord sur une crête évasée en balcon au-dessus de Sand Canyon à l’est et de la vallée de Chimney Creek à l’ouest. Nous restons pendant les 10 premiers kilomètres à l’ombre des flancs ombragés, dans une forêt de pins Ponderossa. La journée va être une affaire de gestion des distances, de point d’eau en point d’eau. Nous sommes en permanence à choisir entre portage lourd et restriction hydrique. C’est un compromis constant, et on mesure à quel point il est important de ne pas se tromper.

Les paysages sont inchangés, même si nous évoluons dans des collines au caractère de plus en plus alpin, excepté les animaux. Les lézards, mais aussi les rattle snakes sont toujours bien là. Le serpent à sonnette est un compagnon de route dont on se passerait bien. À chaque fois que l’on oublie sa présence, il se rappelle à vous !

Les arbres commencent par contre à être différents et nous croisons nos premiers forets de pins multi centenaires Britlescones. Ils sont impressionnants, troncs torturés et déformés, branches de tailles énormes. Ça fait plaisir de voir des coins de la Californie intacts. Cela nous change des forêts brûlées que nous avons traversées sur les sections précédentes. Même si la repousse de nombreux buissons a pansé les plaies, l’omniprésence des rameaux blanchis par le soleil rappelle la fragilité de la végétation en ces temps tourmentés de réchauffement climatique.

Au  détour d’un virage, Hélène réussit à s’assommer. Elle n’a pas vu une branche, et à une énorme bosse. Heureusement, la casquette a amorti une partie du choc. Décidément ce n’est vraiment pas la section qui lui aura été le plus agréable. Nous apprenons le soir que Régis, que l’on va rattraper dans l’après-midi c’est lui aussi cogné la tête sur le même arbre !

Au treizième kilomètre nous croisons Canebrake Road, piste en latérite perdue au milieu de nulle part. Celle-ci marque le début de la difficulté du jour. Nous allons devoir monter 750 mètres de dénivelée sur 6 kilomètres. Rien de bien extraordinaire, sauf que ce versant de Chimney Peak est intégralement pelé, cicatrice béante d’un ancien incendie. Nous allons avoir chaud et nous devons continuer à être économes. Nous profitons de la présence idéale d’une source pour remplir nos gourdes. L’eau est claire et abondante. Nous ne prenons que le nécessaire et referons le plein au seizième kilomètre, à Fox Mill Spring. Elle est située au 2 -ème tiers de montée. Nous nous ravitaillerons en quantité à celle-ci. Ce soir le campsite sera sec et nous devons anticiper. 

Les vues sur la Sierra Nevada sont maintenant plus proches. C’est immense et impressionnant. Au kilomètre vingt-trois, nous n’avons plus qu’une vallée entre nous et au loin les sommets de la Sierra qui domine sur l’horizon au Nord. Nous apercevons de nouveau des pics de plus de 3000 mètres, en neige.  

Nous arrivons à notre campement en milieu d’après-midi. Il est au bord de la route Chimney Basin Road, dans un fond de vallon aride et sans eau. Nous sommes aux portes de Sequoia National. Nous sommes presque au complet de ce que sera notre future équipe pour la traversée de la Haute Sierra. Régis, Janet Tamara et Anthony sont présents. L’ambiance est cool et on se sent bien plus serein. C’est le dernier couchage avant d’arriver à Kennedy Meadows.

SoCal a déjà été une aventure incroyable. On verra la suite.

Demain nous sortons symboliquement du désert !

Go to the North.

J49

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