30 km 1300 D+ 1100 D- durée 8 h 00
Une de ces étapes magnifiques qui fait la magie du PCT.
Après un départ vers 6h30, nous commençons par une courte montée sur les hauteurs de la montagne Morris Peak. Les couleurs sont remarquables. Sur le sentier nous croisons des fleurs de yucca d’une nouvelle espèce, dopée aux hormones, immenses et d’un blanc superbe, légèrement vanillé. C’est gratifiant et nous avons chaque jour notre lot de surprises. Nous avons clairement quitté le désert, même si le chemin reste couvert de poussière.
La progression est maintenant sous l’aune des dénivelées. Il n’y a plus de section plate, à l’exception des rares fonds de vallée que nous franchissons. Nous sentons nettement que nous avons commencé à nous élever en altitude. Les collines s’apparentent plus à des « Pré-Alpes ». Les sentiers sont devenus exigeants en termes de pentes tant en montée qu’en descente. Et évidemment les genoux en font les frais. Les arbres sont de plus en plus impressionnants. Nous retrouvons une futaie proche de ce que nous avions connu sur les monts San Jacinto et Baden Powell, pins Ponderossa, à sucre et les premiers Britlescone. Ce pin endémique de la région du sud-ouest et de la Sierra Nevada va être un fidèle compagnon de randonnée durant plus d’un mois. C’est un arbre extraordinaire, le tronc et les branches sont torturés par le temps passé. Ils sont d’une longévité invraisemblable, les plus vieux ont 4500 ans ! La mixité avec les plantes du désert parfois encore présente crée une diversité unique au monde, et à chaque virage on ne peut qu’être impressionné. Nous aurons aussi la chance de bénéficier de la pause d’un lézard cornu qui consent à un gros plan photo des plus graphique. Il n’y a pas que la flore qui est incroyable !
Après avoir contournons Morris Peak par l’ouest, nous franchissons un petit col sans nom, et arrivons sur le flanc est du mont Jenkins. En quelques mètres on se retrouve au-dessus de la plaine gigantesque de la vallée d’Indian Wells vers l’est, que nous surplombons de plus de 1000 mètres. Un nombre important de canyons se jette dans celle-ci, Buena Vista, Manuel, Morris et Indian Wells Canyon. Les pentes sud de ce dernier sont des à-pics immenses de granit grisâtre. Ce sont les premières falaises de la Sierra que nous contemplons. Au vu de leurs grandeurs, on n’ose imaginer la suite. Les vues sont à couper le souffle.
Le trail poursuit son avance dans les fonds de vallées puis le long des talwegs. Les ouvreurs ont taillé, probablement à l’aide d’explosif le chemin. L’aspect minéral est maintenant omniprésent. Au dixième kilomètre nous franchissons de nouveau un col sans nom, point haut d’Indian Wells Canyon, et basculons en face ouest, sous Owens Peak. Nous longerons celui-ci pendant plus de 10 kilomètres. Cette face est aussi le départ d’immense canyon, Berts, Cow, et Spanish Needle Creek qui se jette dans la vallée vers Lake Isabella. L’ascension des pentes de ce torrent sous le pic Spanish Needle va être à être à l’origine d’une surprise des plus désagréable. Nous avions prévu de dormir sur le campsite à mi-montée. Les commentaires du topo étaient plutôt engageants. Funeste erreur. Le site est à peine grand pour une tente une personne et surtout boueux. Impossible de pouvoir rester. Nous décidons de poursuivre le chemin, en plein soleil couchant vers l’ouest. L’absence d’ombre et la rigueur de la pente seront pénibles et Hélène a, durant cette montée, une énorme baisse de motivation. Après 47 jours de vie en plein air, c’est juste étonnant que ce moment de ras-le-bol ne soit pas arrivé plus tôt.
Nous arrivons enfin à un col à 2000 m. Des randonneurs sont déjà présents, et ont installé leur tente en mode seul au monde. Il occupe à eux deux les emplacements d’au moins trois sites ! Pas cool.
Heureusement, nous trouvons avec Janet un peu plus loin un espace agréable avec vue imprenable. Nous serons rejoints 2 h 00 plus tard par les deux Franco-québécois, Tamara et Anthony. Ils ont eux aussi été piégés par le tente site bidon décrit dans le topo. Nous avions laissé un endroit disponible, du coup ils s’installent avec nous.
Demain nous poursuivrons dans ces collines, en espérant que nous ne serons pas en difficulté après l’énergie importante que nous avons dépensée ce jour.
Keep going.