5 km 400 D+ 0 D- durée 1 h 30
Nero Day.
C’est décidé, on repart aujourd’hui. Nous ferons une matinée et une après-midi tranquille, puis nous irons sur le chemin. On laisse les pieds cicatriser des micros traumatismes accumulés, lors des étapes précédentes. Ce n’est pas un luxe. Si on ne fait pas attention, on finira pas se blesser. C’est un marathon ce PCT, pas un 100 mètres.
Nous dormons deux heures de plus que d’habitude, puis on se lève… à 7h00. Le corps est tellement habité maintenant que nous avons l’impression d’avoir fait une énorme grasse matinée ! On file manger avec Janet en ville, à l’Américaine. Le repas est pantagruéliques pancakes, œufs pochés, lards, saucisses, café à volonté et chocolat chantilly. Pas très diététique, mais sacrément efficace pour recharger les batteries. Nous allons ensuite faire le ravitaillement. La nourriture est hors de prix, nous payons au tarif le plus élevé que nous ayons rencontré sur le PCT pour l’instant : 170 euros pour 3 jours et pour deux. Ça calme. Bon après on n’a pas le choix. Mais les achats sont très peu « hikers friendly » à Lake Isabella.
Nous aurions sûrement dû aller à RigdeCrest. Les autres PCTistes qui ont fait ce choix nous ont confirmé que la ville est bien plus sympathique. Tant pis, c’est aussi cela le chemin. Tout ne peut pas être parfait.
De retour au camping, nous faisons de nouveau le déconditionnement/reconditionnement de la nourriture. Encore une fois, nous sommes impressionnées par la quantité de plastiques et de déchets. On est clairement dans un drôle de moment de civilisation ou le paraître prédomine sur le bon sens. Certains gâteaux sont en triple emballage, carton, puis plastique, puis plastique. Au secours !
À midi, joue décidons de commander une pizza sur les conseils du gérant. Ce sera n’importe quoi. À l’appel le restaurant nous donne un délai de livraison qui nous permettra d’arriver vers 15 h 00 sur le chemin. Au final il mettra 3 h 00 pour nous amener des plats froids et on ne démarrera que vers 17 h 00.
On ne peut que déconseiller Lake Isabella, propriétaire du camping peu sympathique, prix prohibitif et possibilité de se nourrir limitée.
Heureusement le stop se passe bien mieux. Un jeune de 23 ans, local, nous conduit au col de Walker Pass, en faisant un détour. C’est un ancien Marine qui a fini son temps militaire. On le sent touché par ce qu’il a vécu. Je devine qu’un PTSD (Post-traumatic stress disorder) est sournoisement à l’œuvre. Il est à vouloir aller ailleurs, la vallée de son enfance est devenue inhospitalière. Malgré la disparation des habitants, les rares logements sont trop chers. La frustration s’entend dans son discours. Il part dans deux jours dans le Texas pour aller travailler dans l’eldorado américain de l’Oil and Gas. Ce n’est pas toujours facile de rester dans les zones rurales désertiques. Nous lui souhaitons de réussir.
Il nous dépose précisément où nous sommes sortis la veille et nous le remercions chaleureusement.
Après un dernier regard vers Walker Pass, nous rejoignons par une ascension bien sportive la crête en balcon qui serpente vers Morris Peak. Au premier campsite, nous ne pouvons nous arrêter, un couple franco-canadien est installé. Il n’y a pas la place pour deux autres tentes. Nous discutons un moment avec eux. Ils ont déjà rencontré et marché avec les Français que nous avons croisés il y a quelques jours, Benjamin et Chloé. Nous continuons deux kilomètres de mieux et arrivons à un emplacement qui devrait convenir. Nous hésitons à aller plus avant. Après conciliabule à trois, nous concluons que ce serait déraisonnable de poursuivre. Le prochain campement semble peu accueillant. Nous posons la tente sur un col, à cheval sur la crête qui surplombe Freeman Canyon à l’est et Three Pines Canyon à l’Ouest. Nous croisons les doigts pour que le vent ne lève pas. Le coucher de soleil est majestueux et nous continuons à nous émerveiller de ces paysages en cinémascope.
Demain, nous entamons les 3 étapes dernière étape pour arriver au lieu symbolique qu’est Kennedy Meadows South. Nous sommes bientôt aux portes de la Sierra.
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