24 km 1300 D+ 300 D- durée 7 h 00
Journée de reprise sur le PCT.
Le moral est bon. Nous nous sentons en forme ce matin. Le repos a été profitable. Nous avons remis à neuf et/ou lavé nos affaires, vêtements, bien sûr, mais aussi, sacs à dos, cuisines, tentes. On ne s’en était pas rendu compte, mais une poussière fine s’était insidieusement infiltrée partout.
Nous prenons un taxi, et filons vers à rebours vers Cajon Pass. Sur la route, nous avons la surprise de croiser les quatre Allemands du Lion Mountain qui marchent sur l’asphalte. Stratosphérique, ils se rendent à Wrightwood en évitant le PCT ! Nous respectons, mais cela nous parait complément fou de ne pas passer par les montagnes et le chemin. Voyager vers le Nord en suivant les highway doit être infernal, pénible et en plus démoralisant. Il serait plus sage de faire la version vélo. Bref, hike your own hike, mais pas pour nous.
Nous sommes déposés devant le Mc Donald’s de la veille au niveau de Cajon Jonction. Après une rapide descente sur la route, nous retrouvons le PCT. Il s’engouffre sous les voies de communication autoroutières et ferrées, en empruntant différents tunnels en un labyrinthe chaotique. L’endroit est moche, la rivière Crowder Canyon essaie de se faufiler sous les piliers de ponts, entre béton et zones sableuses. Des tags de toutes formes et couleurs ajoutent une touche décalée au lieu. Le chemin est mal tracé, heureusement les marques du PCT nous permettent de nous extraire en une trentaine de minutes. Dire que certains randonneurs dorment ici, pour profiter du restaurant. Entre le bruit omniprésent et l’ambiance de fin du monde, c’est un coup à arrêter son thru Hike.
Nous filons dans les collines, pas mécontents de quitter cet endroit. Nous croisons de nouveau nos amis les serpents. On commence à s’y habituer, mais cela surprend toujours autant.
Au détour du sentier, après avoir repris de l’altitude nous voyons réapparaître les Mt San Bernardino et San Jacinto. Étrange sensation que de les visualiser si petits au loin après avoir été si minuscules sur leurs flancs. Mine de rien, nous avançons. Les immenses plaines du Mojave au sortir d’un virage sont aussi de retour sur notre droite. Nous devrons les longer encore au moins 6 jours avant de les traverser dans une partie plus étroite au lieu dit Agua Dulce. Pour l’instant, l’objectif à court terme est de passer dans 2 jours le sommet enneigé du Baden Powell.
La montée des flancs de Ralston Peak, nous permet de voir une vallée unique et célèbre sur notre gauche. Nous allons franchir le rift de San Andréa, star des films catastrophes d’Hollywood. Le canyon où circule la faille porte ici le nom de Lone Pike. Nous devrions trouver à la jonction entre la piste qui ondule en son fond et le PCT une Water Cache. Elle permet de progresser en sécurité dans cet environnement désertique. Il n’y aura plus de points d’eau durant les 30 prochains kilomètres. Avec la chaleur, je vais me charger de 7 litres et de 3 litres pour Hélène. Ce sera juste, mais si nous sommes raisonnables cela devrait suffire.
Un registre du PCT est présent et nous regardons les différentes signatures. Régis notre ami est passé la veille, ainsi qu’une dizaine de randonneurs. Nous ne sommes que quatre sur cette section ce jour. La solitude va de nouveau redevenir notre compagne. Nous rattrapons vers midi, une Anglaise de Liverpool qui progresse seule. Elle avance extrêmement doucement et semble fatiguée. Nous lui donnons l’information de notre lieu de couchage. Elle ne nous rejoindra pas, probablement trop épuisée des étapes précédentes. Nous ne rencontrons pas d’autres randonneurs. C’est étonnant d’observer cet effet de bulle du « hiker ». Dès que nous quittons celle-ci, nous repassons en mode « isolé du monde ».
Nous poursuivons la montée le long de Upper Lyttle Creek Ridge, avec une vue en cinémascope sur notre gauche des monts San Gabriel. Ils sont tous enneigés et leurs pentes abruptes plongent dans des vallées et canyons aux couleurs magnifiques. Le ciel est uniformément bleu et nous cuisons lentement sous les rayons verticaux du soleil. Pas de coup de chaleur, mais il faut rester vigilant. S’hydrater et la clé du voyage en ces terres arides.
Nous arrivons à notre lieu de couchage vers 18 h 00. Le Camp Hachey 1 est petit, avec deux uniques emplacements. Cela tombe bien, nous sommes seuls. Le campsite est un des plus beaux depuis le départ. Cocon enchâssé entre des chênes verts, nous dominons de plus de 400 mètres le canyon de North Fork Little Creek, juste en face le mont San Antonio, 3068 mètres, nous surplombe de toute sa blancheur. L’emplacement est cinq étoiles et nous mesurons la chance d’être en ce lieu unique.
Demain ravitaillement à Wrightwood.
Keep Going.