19 km 1350D+ 1350D- durée 10 h 00
Aujourd’hui c’est « vacances » sur le PCT.
Comme décidé la veille, Régis et moi partons rejoindre le trail sur les pentes du mont San Jacinto. Hélène reste à l’hôtel pour profiter de celui-ci, se reposer et optimiser son sac à dos.
Nous avons regardé sur la carte, et deux options s’offrent à nous, passer par le sentier du South Ridge et le Tahquitz Peak, ou par Saddle Jonction, croisement du PCT et du chemin vers le sommet du San jacinto. Nous faisons le choix d’aller sur le Tahquitz, qui présente des vues multiples vers le Sud, Apache Peak, et les flancs nord-ouest du San Jacinto. Cela nous permettra de voir l’enneigement et de décider pour demain, marcher le PCT, suivre les crêtes de Fuller, ou contourner plus au nord en évitant Fuller Ridge par les Blacks mountains.
Après un lever discret, aux aurores, nous sommes dans les rues d’Idyllwild à 7h00. Il y a peu de monde dans le village et nous profitons du calme et de la présence de nombreux animaux, écureuils, oiseaux, dont un magnifique merlebleue de Californie. Celui-ci va nous accompagner un moment en prévenant de notre passage le reste de la faune.
Nous sommes rapidement pris en stop et nous filons au Trail Head du Tahquitz.
Le chemin est raide et permet de facilement être en hauteur. Les vues sur le désert et les différents lacs autour sont toutes grandioses. Nous rencontrons les premiers névés vers 2300 m d’altitude obligeant à chausser les crampons. C’est le baptême du feu, ou plutôt neige pour les crampons. Avec Hélène nous avons fait le choix de crampons plutôt que des microspikes. La dimension des dents nous permettra d’être plus à l’aise notamment dans les pentes et traversées un peu longues. Pour Régis c’est microspikes. La suite nous dira si c’est suffisant…
L’ascension, bien tonique, est menée tambour battant. Les lacets serrés et une inclinaison forte sont redoutables pour faire des dénivelés. Sur la fin, il n’y a plus de portion hors neige. Nous montons droit et finissons sur une épaule raide m’obligeant à tailler des marches pour Régis après avoir escaladé en pointe avant.
J’apprécie ces moments entre alpinisme et randonnée. La station de surveillance du Tahquitz est fermée, seuls quelques pas venant de l’Ouest témoignent de rares passages humains. Par contre vers Saddle jonction il n’y a plus rien.
Les pentes inférieures étant trop sévères et entre deux barres rocheuses au départ de la cabane, je préfère m’engager sur la crête au-dessus de la trace officielle.
Des corniches sont omniprésentes, surplombant les falaises vers le Sud, cela a dû souffler fort ces derniers jours en altitude. Après une centaine de mètres, je descends droit dans la pente, au niveau d’un verrou rocheux aux alentours de 60°, il faut rester vigilant. La descente pointe en avant et piolet se fait sans difficulté. Par contre, les accumulations sont impressionnantes et je me retrouve dans un bon 50°, 60° avec de la neige jusqu’à la taille. Pas cool. Après un examen du manteau neigeux avec le piolet, celui-ci semble stable. Les couches de regel forment un mille-feuille compact et les nombreux arbres garantissent une absence de déclenchement d’avalanche. Régis, en retard sur moi, ne peut pas avec ses microspikes s’engager dans la pente. Il fait demi-tour.
Plus de trace, me voilà donc partie pour la première PCT-Tahquitz de l’année. Après une bonne heure de taille de marche, de montée et descente laborieuse, en vitesse lente, un kilomètre en une heure, je finis par arriver sur des traces récentes. Un groupe semble avoir essayé de passer, et a visiblement fait demi-tour. Les pentes est du Tahquitz resteront pour moi un moment « sketchy » comme, disent les Américains. Je comprends mieux les différents accidents. Il faut avoir un passif d’alpiniste plus que de randonneur dans ces pentes trompeuses. Prendre son temps est la clé.
Je rejoins le PCT à 2700 m d’altitude. Trois hikers sont présents et ont franchi Apache Peak. Le passage se fait, mais est bien sportif. Par contre piolet et microspikes sont un minimum obligatoire. Il faut en plus anticiper une avancée fortement ralentie. Ils ont progressé à la vitesse moyenne de 1 mile/heure. Ils sont bien fatigués et leurs sacs de nourritures sont vides. Ils se dirigent vers la sortie officielle vers Idyllwild et n’ont pas voulu franchir le verrou du Tahquitz qui leur semblait encore plus « casse gueule » qu’Apache Peak. Je leur montre les photos prises dans la section raide et leur confirment que le chemin est très enneigé. Plus rapide qu’eux, je file vers la jonction au lieu-dit Saddle. Des traces sont présentes, mais peu nombreuses. Le trail est agréable et rassurant pour la suite.
La descente se fait sans difficulté, malgré les innombrables pentes et une neige de qualité médiocre en ce début d’après-midi. Les crampons sont clairement un game-changer sur ces chemins. Mille trois cents mètres plus bas, je suis enfin de retour. Les genoux sont bien fatigués, mais le moral est bon.
Demain sera un autre jour. Départ prévu vers la passe de San Gorgonio au nord du massif des San Bernadino, que nous atteindrons dans deux nuitées.