20 km 800 D+ 400 D- durée 4 h 30
Après un début de soirée bercé par les hurlements lointains et délicats des coyotes, nous passons une excellente nuit, malgré le froid.
Les micros réveils se font plus rares. Nous sommes maintenant dans notre élément. Au milieu de la nature, « into the wild ». Le vent ne nous a pas gênés, même si celui-ci a forci.
Nous nous levons aux aurores, nous voulons être à pied d’œuvre à 7 h 30. Arriver tôt à la jonction pour aller au restaurant « Paradise Valley Cafe » avant 15 h 00 serait idéal.
Nous démarrons par une montée progressive, à l’ombre des collines, et nous laissons sur notre droite le campement ou Régis et un autre randonneur sont à plier et ranger leurs tentes. Le vent est omniprésent et glacial. Les bourrasques obligent à garder le coupe-vent toute la matinée. Après être passés le long du canyon Tule, après 3 h 00 de marche et 400 m de dénivelé nous arrivons à Coyote Canyon. Pas très original dans la région, mais magnifique. Peu profond, à peine une centaine de mètres, il est toutefois un des beaux que nous ayons franchi. Nous devinons le chemin qui s’élève en lacets rapprochés sur la rive en face. Nous serrons vite sur les contreforts de la Table Montain.
Nous laissons à notre droite des falaises ocre, ravinées. Les vues sur les dédales immenses de terres, roches, arbustes en équilibre le long de parois improbables sont saisissantes. Les pluies ont sculpté des paysages de fin du monde. Nous contournons en fin de matinée la Lookout Mountain après une ascension menée tambour battant. Hélène a décidé d’accélérer le pas. Nous ferons l’intégralité de l’étape en moins de 4 h 30. La forme est là et c’est agréable de ne plus subir montée, descente et d’avancer sans difficulté aucune. Nous pourrons aussi manger à midi, plutôt qu’a 15 h 00 trop cool. Nous quittons définitivement Anza Borrego State park.
Prochaine étape les monts San Bernardino et le San Jacinto.
Après une séance de stop rondement menée, nous filons au Paradise Valley Cafe, ou nous commandons le sacro-saint… hamburger. Il va falloir se faire une raison, la nourriture américaine se résume à deux tranches de pain, du cheddar et un steak. Le reste à l’intérieur étant juste des variantes infinies, avocats, salades, etc., pour se donner bonne conscience. Les Américains ont à apprendre à bien manger ! En fait c’est pas gagné, ils pourraient presque vous convaincre d’inscrire ce mets non gastronomique au patrimoine de l’humanité.
Après discussion avec d’autres hikers nous décidons finalement de ne pas faire les vingt-cinq kilomètres suivants. Les conditions de progression sont encore bien en neige. Le contournement en face nord d’Apache Peak reste délicate, avec pentes raides, le long de falaises, et franchissement pénibles de tronc d’arbre au sol. Il est un des passages dangereux, qui malheureusement cumule à lui seul le plus d’accidents mortels de tout le PCT.
Sur le parking, deux vacancières, Peggy et Cindy, nous proposent de nous amener à Idyllwild, notre prochaine étape. Maggy la « Dog trail Angel » nous accompagne et s’installe à qui mieux mieux sur nos genoux. Entre le canidé et les hikers la complicité olfactive crée une fragrance « wild wild west » dans le véhicule. Il est temps de se doucher et de laver nos affaires.
Nous arrivons à Idyllwild, petite station de ski en forêt, très agréable et accueillante. Nous prenons rapidement nos marques dans l’hôtel. La laverie est à proximité et nous consacrons une heure à être plus présentable. Le repas dans un restaurant mexicain est copieux, nous sommes plus d’une vingtaine d’hikers et l’ambiance est à la franche camaraderie. Puma et Pusher nous ont rejoints. Demain ils retournent sur Julian pour passer sa soutenance. Bonne chance à lui.
Nous, nous prévoyons de faire, sans la charge des sacs à dos, une montée au mont Tahquitz. Cela nous permettra de voir et marcher un bout de la portion que nous aurions dû faire, si les conditions de franchissement d’Apache Peak n’avaient pas été aussi mauvaises. Les habitants d’Idyllwild nous ont confirmé que plusieurs randonneurs ont glissé et ont pu se rattraper grâce à leurs piolets*. Bref, pas de regret à être au chaud ce soir. Hélène a décidé de rester prendre un jour de repos.
* Un hiker sera évacué par hélitreuillage une semaine après notre passage, ce qui lui vaudra le trail name de SkyWalker. Nous mangerons avec celui-ci 1000 kilomètres plus loin. Deux autres PCTistes n’auront malheureusement pas cette chance le mois suivant notre court séjour.