J11 Au mileu du désert d'Anza Borrego

25 km 500 D+ 1000 D- durée 7 h 00

Nous sommes parmi les premiers à partir ce jour. Régis nous accompagne.

Nous poursuivons la traversée de l’immense plaine désertique d’Anza Borrego avec impatience. Le parc d’Anza est un des plus grands des USA, badlands mythiques aux paysages uniques. 

Nous savons que cette étape va être fatigante et probablement usante mentalement, mais le cadre somptueux devrait compenser les difficultés. Nous apprécions de découvrir et vivre ces instants rares et précieux. Évoluer dans un univers que nous ne reverrons pas est une chance. Nous sommes dans un immense jardin botanique préservé de toute présence trace humaine. Il est aussi difficile d’imaginer que des Indiens aient pu habiter ici.

Sur la carte c’est un désert aride, fait de coins, recoins, de canyons torturés, de vues impossibles. Les lignes de niveau sont incroyables, et pour avancer de quelques mètres dans une direction il faut accepter d’aller de droite, de gauche, en avant, en arrière, en haut, en bas.

La ou la semaine précédente, nous avions l’impression que le tracé du PCT était tortueux du fait du choix des gens ayant imaginé le sentier, aujourd’hui c’est différent. Il essaye de se frayer au mieux dans un environnement morcelé proche d’un fractal. La matinée se passe aisément. Nous avançons heureusement rapidement, et parcourons quinze kilomètres avant midi.

Nous restons vigilants sur notre hydratation. La gestion de l’eau est délicate. Après trois kilomètres, nous ne faisons par d’erreur et ne loupons pas l’intersection qui permet d’aller au lieu-dit « Mike’s place ». Le chemin monte droit, et rejoint une dirt road, ou de nombreux panneaux sur un improbable poteau en bois nous rappel qu’il existe une civilisation. Après une courte pente raide, nous arrivons à un réservoir noir, immense, avec table de pique-nique pour nous reposer. Nous filtrons celle-ci, remplissons nos poches à eau et repartons avec plus de quatre litres chacun dans les sacs à dos pour les vingt prochains kilomètres. Ceux-ci vont être lourds, mais il serait déraisonnable de ne pas l’accepter. 

Après un rapide retour sur le PCT, nous attaquons la descente vers la plaine d’Anza. Les portions basses des collines sont hostiles, alternance de terre ocre, de zones sablonneuses et de nombreux canyons secs. Nous sommes début avril et il n’y a déjà plus de possibilités d’être à l’ombre sur de longues sections du trajet. Notre passage est heureusement facilité par la persistance d’air frais au nord. La contre partie c’est l’obligation de bien choisir son habillage, idéalement hoodie avec capuche contre les UV.

Les cactus que nous croisons sont parmi les plus beaux que nous ayons vus jusqu’à présent. Parry aux épines blanches, boules d’Orcut ou dent de Dragons, immenses, aux épines recourbées, vertes ou roses, seules ou en groupes, Silver Chola en buisson dense, de taille impressionnante. Ces cactus sont, pour certains, exclusifs de ce désert du sud-ouest des états unis. 

Au point le plus haut de ce jour, nous découvrons les premières vues sur le mont San Jacinto, étape théoriquement prévue dans deux nuitées. Celui-ci est sacrément en neige. D’après les rares informations que nous avons eues, il semblerait qu’aucun PCT hiker n’y soit encore passé cette année. Sauf que celles-ci sont contradictoires et disparates, comme souvent avec les Américains. Premier vrai moment de « fear-mongering », mixte de grandiloquence, « it’s too… », au choix, « much, big, dangerous », de démesure, « you will die », et surtout de connaissance biaisée par une oralité permanente. C’est réellement perturbant, ressemblant vraiment à l’histoire de celui qui a aperçu « l’homme qui a vu l’ours ». Nous ferons un point précis au restaurant Paradise Valley Cafe , dernier moment où l’on croise une route, pour s’engager ou non dans l’immense massif des monts San Bernardino.

Nous arrivons en fin d’après-midi à la zone de campement que nous avons repéré sur la carte. Des randonneurs sont déjà présents, limitant le choix des emplacements. Nous réussirons à nous loger dans un renfoncement de fourrés, entre cactus et épineux. Nous sommes surtout à l’abri du vent qui souffle épines et virevoltants. Si nous ne perçons pas nos matelas ce soir, ce sera un miracle. Après un rapide repas, nous nous réfugions au chaud. Les températures chutant vite après le coucher de soleil. 

Go to the North.

J12

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