J5 Vue sur le désert

25 km 540 D+ 1050 D- durée 7 h 30

Après une nuit tranquille, au chaud, nous déjeunons au Pine House.

Il a fait froid cette nuit et l’ambiance au sortir du restaurant est encore bien hivernale. Il n’a pas neigé, par contre celle-ci commençant à fondre les conditions de marche sont humide. Nous espérons que la descente du Mt Laguna sur ces contreforts vers le désert va permettre une randonnée plus agréable. Après une séance de stop rapide, nous sommes de retour à notre point de sortie du chemin, la veille. 

La journée sera longue, en flanc de moyennes montagnes principalement. Nous continuons à longer les pentes est du Mt Laguna qui surplombe toujours le désert en contrebas. La végétation est une alternance de forêts de pins sur les hauteurs et de buissons dans les zones ou d’anciens feux ont laissé les arbres blanchis, leurs branches dessinant un tableau surréaliste dans le ciel. Ils émergent çà et là, fantômes d’un passé récent. Ces feux ont ouvert de vues sur le lointain. Les perspectives sont toutes plus étonnantes les unes que les autres, comme cette incroyable vue éphémère sur la Laguna Salada au Mexique, immense plaine avec un lac au reflet vert, bleu qui se confond avec l’horizon.

Nous croisons les hikers de la veille qui ont dormi dehors. À les voir sécher tentes, duvets, vêtements et entendre une longue litanie de qualificatifs évocateurs, « freezy, cold, wet » en boucle, pas de regrets pour notre nuit au chaud. On devine à leurs visages marqués, et cernés que leurs nuits a dû être pénibles. Nous restons solidaires. Nous ne nous vantons pas trop de notre sommeil bien confortable. Il est de ces moments ou être discret est une qualité. Encore merci à Puma et Pusher pour cette « filouterie » du retour en arrière. Il est souvent évoqué le « Trail provides » par beaucoup de PCTiste. Ils auront été ce « trail provides », juste là au bon moment, avec ce qu’il fallait de conviction pour nous apprendre à être « opportuniste ».

Le PCT est étonnant, il se faufile sur tous les flancs de collines possibles. Comme si l’objectif était de randonner un maximum de tours, et de détours. On sent bien qu’il faut rester concentré, à savoir, avancer et toujours avancer. Pas si simple quand on voit le PCT au loin, en face, au-dessous de nous, prendre le temps de nous user, de nous faire revenir sur nos pas, de nous faire tourner, encore et encore. À n’apercevoir que la même ligne de niveau pendant des kilomètres, une certaine impatience gagne. Clairement, on n’est pas dans les Alpes.

Par contre, nous sommes chanceux. Les fleurs du désert sont en train d’arriver et nous aurons probablement droit à un « super bloom », explosions de couleurs ardemment attendues par les locaux. Pour le moment, nous profitons déjà des nombreuses fleurs inconnues, qui émergent de la neige. Les yuccas sont saupoudrés de blanc, étonnant mélange d’hiver et d’été en même temps. 

Le soir, nous sommes plusieurs tentes au même endroit. L’ambiance est conviviale, certains racontant leurs mésaventures de la veille, espérant que cela sera vite oublié. Nous nous installons sur un emplacement avec vue sur le désert au loin. Sympa.

Il est aussi discuté stratégie. Il est annoncé une prochaine tempête dans quelques jours et plusieurs choix s’offrent à nous. Attendre et se réfugier en ville dans un hôtel, afin de ne pas être 24 h 00 sous tente dans la neige. Ou, autre option, sur proposition de Pusher et Puma, louer une collocation vers Ranchita Bodega, à quelques kilomètres de Warner Springs, notre future destination.

Nous aviserons au fil de l’eau. C’est une vraie difficulté ces tempêtes tardives, mais c’est la vie du Trail. 

Go to the North. 

J6

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