J40 Kohnen's country bakery

Zero day

Enfin. Pause !

C’est le deuxième jour off que je prends et le troisième pour Hélène en 40 jours.

C’est à la fois incroyable de ne pas avoir plus besoin que cela de mettre les organismes au repos, et inquiétants, car nous ne saurons qu’a la fin de l’aventure si cette marche forcée est intelligente. 

On profite pour faire tout ce qui ne peut pas être fait sur le trail. Tout d’abord, le plus urgent, se laver et nettoyer ses vêtements, puis, réparer les outils abîmés, qui la tente, qui une couture, qui une pièce à changer/acheter. Le désert est sans pitié pour nos affaires. Et comme, en plus ils sont surutilisés, ils vieillissent beaucoup plus vite. L’intérêt d’avoir acheté du matériel de qualité est clairement un « game changer » sur les randonnées longues distances. Certains ont déjà dû racheter tentes, ou sac à dos. Nous, pour l’instant à part mon problème de matelas, nous n’avons pas à faire de nouveau achat, sauf bien évidemment les chaussures. En fin de matinée, chacun a pu réparer ses affaires et il n’y a pas de grosses dépenses à envisager. Bonne nouvelle.

Nous allons ensuite accompagner par notre hôtesse, au Wal-Mart de Tehachapi pour le ravitaillement. Il est parfaitement achalandé et il y a tout le nécessaire pour les prochains jours. Comme on commence à être rodé, c’est rapide et efficace.

On en profite aussi, pour compléter les achats avec vins, salades, fromage et 2 kilos de paleron pour la surprise que nous avons prévu de faire à nos trails angels. On a décidé de faire le repas du soir à l’européenne. Après discussion, nous avons fait des choix géographiques, le plat principal sera français et le dessert tchèque.

Sam a déjà vécu 6 mois à Lyon, et ne sera pas trop étonné. À l’inverse, Natacha est novice de toute « gastronomie du vieux continent » et nous devrions faire mouche. En plus, comme elle enceinte le fait de cuisiner au vin va être un coup de poker et, on l’espère, une vraie découverte. Il faut juste que nous prenions 5 minutes pour expliquer qu’après marinade et cuisson il n’y aura plus d’alcool. Après deux moins de malbouffe, me voilà à attaquer un bœuf bourguignon aux pâtes fraîches et Jana, notre amie tchèque le dessert. Elle va nous préparer des Butchas, petits pains à la levure fourrés à la confiture de prune. Le repas du soir sera, on l’espère, un de grand moment de vraie convivialité. Aux Américains l’accueil, aux hikers le dîner.

À midi nous filons manger tous ensemble dans un restaurant/épicerie/brasserie/boulangerie à l’allemande. Le lieu est un improbable mélange entre une boulangerie classique avec des pains mis en rayonnage derrière les vendeurs, mais aussi une épicerie bavaroise avec un Wilkommen gothique en guise de bienvenue. Régis notre belge hallucine, car des bières plus que local sont en vente. Son épouse est allemande et on sent un brin de nostalgie venir le taquiner.

L’après-midi, après avoir exploité, Hélène, Régis et Janet en commis de luxe, sans trop faire mon tyran, nous arrivons à être dans les temps pour faire une cuisson ad hoc. Merci la cocotte géante mise à disposition. Jana réussit à préparer une trentaine de pains. Elle cuisine en souvenir de sa grand-mère. C’est vraiment sympa. 

Au moment de passer à table, nous commençons par expliquer que nous mangerons tous ensemble, en même temps, et que ce sont les plats qui viennent à la table et pas les mangeurs qui vont aux plats. Nous précisons aussi que l’ordre des plats est ritualisé et diffère de l’ordinaire américain. La salade sera après le Bourguignon, et le fromage avant le désert. Pour des Américains habitués à ce que chacun aille chercher ce qu’il souhaite manger, souvent à convenance, parmi les mets mis à disposition, semble presque incongru. On sent bien que notre sacro-saint, entré/plats/dessert est très éloigné de leurs habitudes.

Que ce soit le Bourguignon ou la Butcha, le repas est délicieux. La viande américaine, quand on peut la préparer différemment que hachée, est vraiment succulente. Quant aux pâtisseries, elles sont excellentes. Nous n’arriverons pas au bout de celles-ci, même si nous serons plusieurs à reprendre. 

Ce moment est un grand épisode de vie à l’américaine à la sauce vieux continent. 

Cette journée de hiker off trail » restera gravée longtemps dans nos mémoires. Pas si reposante que ça sur le plan mental, car il ne faut rien oublier, par contre redoutable pour remettre le physique d’aplomb. C’est même indispensable de faire relâche, on sent que les organismes ont besoin de cicatriser des micros lésions accumulées.

Demain nous filons pour 5  jours à raison de plus de 30 kilomètres minimum par étape. Cela va être longs, et ce, d’autant plus que les sacs sont redevenus lourds, et que le chemin se fait plus exigeant, les dénivelés augmentant.

Go to the north. 

J41

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