32 km 1400 D+ 800 D- durée 8 h 30
Nous nous réveillons aux aurores, comme d’habitude.
C’est devenu une routine, et le corps est maintenant à ne plus nous rappeler que 5 h 00… c’est tôt.
En fait, comme nous nous endormons vers 20 h 00, nous vivons au rythme des levers et couchers de soleil. C’est bien plus physiologique que ce que nous faisions subir à nos organismes le reste de nos vies. Et d’ailleurs aussi probablement beaucoup plus réparateur. Nous n’avons que très peu de courbature depuis le début de l’aventure.
Aujourd’hui nous sommes plusieurs à prendre la même piste. Les premiers sont sur le trail vers 6h30. Tout le monde veut limiter le temps en plein soleil et certains rangent leurs affaires à toute vitesse. On sent qu’il va faire chaud malgré des températures matinales toujours basses, vers 6-7 °C. Depuis quelques jours les écarts thermiques sont assez importants, plus de 20 à 25°. Nous sommes sur le chemin vers 7h et très vite, dès la première demi-heure, on se retrouve en T-shirt. Nous ne remettrons plus la polaire … sauf pour se protéger du soleil. Un comble.
Nous sentons que nous perdons maintenant de l’altitude, même si le trail continue de nous balader dans les contreforts sud du Mojave. Brutalement, au détour d’un lacet on prend en pleine figure l’immensité du désert devant nous. Nous sommes impressionnées et émues de le voir si proche, presque à pouvoir le toucher. C’est aussi, après presque un mois de marche, l’aboutissement d’un avancement qui se concrétise, doucement mais surement. Nous sommes à une portée de kilomètres de celui-ci, sauf que nous n’y serons officiellement que demain.
Par contre, nous évitons une partie du tronçon pour ne pas nous retrouver dans ce que les Américains appellent « poodle dog bush town ». C’est une longue section incendiée, dans laquelle pousse une plante qui a le charme de vous affubler d’un décollement cutané bulleux du genre brûlure sévère pour une quinzaine de jours. Il n’y a aucun intérêt à s’y frotter et grever la marche pour plusieurs jours. Le risque c’est de ne plus pouvoir avancer, et de devoir se soigner au calme. Nous voilà donc, à cinq, Régis, Postcard, Janet, Hélène et moi, sur des pistes en latérite poussiéreuse parallèlement au PCT. Nous ne sommes jamais bien loin de celui-ci, et nous le voyons parfois à moins de 10 mètres de nous. Effectivement les poodle dog sont bien omniprésents et souvent de tailles importantes !
Dans ces conditions, aucun scrupule à ne pas marcher la trace officielle.
Nous aurons sur cette route droit à un incroyable moment de gentillesse. Après une vingtaine de kilomètres dans les collines de SawMill mountain, nous croisons des ouvriers qui réparent la piste et installent des tuyaux pour canaliser l’eau dans les canyons d’Abraham, Spring, Forsythe et Steiner. Le conducteur d’engins après s’être rangé pour nous laisser passer descend de celui-ci et vient nous encourager de notre avancée. Il nous fait même un don d’un billet de deux dollars, symbole de chance et de richesse. Il rêve de faire le PCT et nous dit clairement que nous voir c’est un peu le faire par procuration. C’est sa contribution pour que nous réussissions. Étonnant, touchant et surtout incroyable. Décidément, nous sommes sur une autre planète !
Après avoir marché un long moment, nous arrivons au vingt-septième kilomètres au point de ravitaillement en eau. Sur le topo, trouver la source semble simple. En pratique nous allons errer pendant plus de vingt minutes, faisant aller et retour au croisement du PCT et de deux dirt roads à angle droit. Hélène finit par repérer, caché une dizaine de mètres en hauteur dans la colline, une masse qui pourrait correspondre à la citerne que nous cherchons. Après une courte montée, bingo, celle-ci est pleine d’une eau propre. Nous nous chargeons de plus de 6 litres.
Nous repartons vers le Campsite de Sawmill. Nous réussissons à allonger l’étape de deux kilomètres en nous ne trouvant pas un raccourci qui permet d’arriver directement au campement. Nous y retrouvons Régis, Post Card et Janet, qui s’est aussi trompée et a marché 3 kilomètres de mieux. Pas brillant cette histoire.
Nous sommes les seuls hikers ce soir. Nous profitons de la totalité de l’espace pour installer nos tentes aux endroits les plus sympas.
L’ambiance est excellente et chacun soutient l’autre, surtout en raison des bobos multiples bien partagés.
Demain ce sera le désert. Enfin !
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