23.5 km 700 D+ 700D- durée 6 h 30
Nous devrions bénéficier d’une journée clémente.
Nous avons peu de kilomètres à parcourir et nous devrions arriver tôt à Agua Dulce. Cela nous permettrait de prendre un nero day. Nous avons impérativement besoin de faire le ravitaillement, et de nettoyer nos affaires. Les dernières étapes ont été plutôt poussiéreuses.
Nous nous levons comme d’habitude à 6h00, au lever du jour. Les températures sont enfin agréables, ni trop chaudes, ni trop froides. Il y a beaucoup de tentes ce matin, de nombreux hikers sont arrivés sur le tard. Certains font des journées vraiment importantes de plus de 40 kilomètres. En pratique, nous préférons avancer à un rythme qui permettra d’être en presque 45 jours aux portes de la Sierra Nevada. Si nous atteignons trop tôt la porte sud des hautes montagnes, nous devrons composer avec presque un mois de neige.
La première partie de marche est facile. Nous alternons courtes montées et descentes. Les collines ont perdu de leurs superbes et nous ne grimpons au plus que de 100 mètres. Le désert est maintenant une constellation de plantes qui profite des conditions clémentes du printemps pour fleurir. Tous les arbustes sont couverts de jaunes, violets, pourpres, rouges, roses, pour le plaisir de nos yeux. De hautes herbes sont aussi présentes, et ondulent au gré du vent.
Cette section est réputée chaude et pénible en période plus tardive. Nous savourons de ne pas cuire en plein désert. Après six kilomètres nous arrivons à la route Soledad Canyon. Elle relie Los Angeles à Palmdale et Lancaster. C’est un lieu de passage fréquenté. Nous n’avons pas à faire de stop et longeons celle-ci pour nous rendre au L.A. RV Resort d’Acton Koa. Nous découvrons la démesure des premiers camping-cars (RV) à l’américaine que nous croisons. Certains font plus de 4 m de haut pour 15 mètres de long. Impressionnant. Nous mangeons un deuxième déjeuner, et complétons nos sacs avec un court ravitaillement pour terminer sereinement notre étape du jour.
Nous retrouvons de nouveau Janet, l’Américaine avec qui nous avions parcouru Mission Creek. Elle est restée dormir au RV. Elle était devant nous. Elle n’a pas fait de pause à Big Bear, et WrightWood. C’est sympa de discuter avec elle. Elle profite encore un peu du lieu, puis partira pour Agua Dulce en fin de matinée.
Nous revenons vers le PCT et franchissons la Santa Clara River dans Soledad Canyon. Nous savons que nous allons avoir 300 mètres d’ascension en plein soleil le long de Three Sisters Rocks. Nous démarrons tranquillement. Il n’y a plus de forêt, et une prairie ininterrompue d’herbes hautes couvrent les collines. Des falaises ocre, conglomérats d’un ancien fond marin émergent çà et là sur des crêtes que nous contournons.
Nous passons rapidement les canyons de Bobcat, Long et Nellus puis descendons dans l’immense Escondido Canyon. Au loin une monstrueuse autoroute raye le paysage. Antelope Valley Freeway est comme de souvent démesurée. De nombreux véhicules, voitures, 4*4, Pick up, camions créent un bruit sourd et désagréable. La civilisation est de retour. Nous nous engouffrons sous celle-ci, à l’aide d’un tunnel de 300 m de long, dans lequel coule un maigre ruisseau.
Nous nous retrouvons sans transition dans un canyon absolument incroyable. Les falaises qui nous entourent font plus de 40 mètres de haut et les parois sont à moins de 5 mètres l’une de l’autre au plus étroit. Les rochers sont un conglomérat de galets enchâssés dans un ciment ocre, travaillés par l’érosion. Des anfractuosités servent de refuges à de nombreux oiseaux et des coulées de guano blanc sont omniprésentes. Au détour d’un lacet, en franchissant la rivière nous croisons deux jeunes femmes, Indiennes en prière. Le lieu est encore sacré pour les Indiens Tataviam. Ils ne sont plus que 900 et ont bénéficié d’un don de 500 acres du fond Land Veritas début janvier 2024. Paradoxe, le site est aussi quelques kilomètres plus loin un attrape touriste venant voir les parois et escarpements qui ont servi de cadre aux films Star Trek, la planète des singes et tant d’autres. Vasquez Rock est un de ces lieux, protégé… à l’américaine.
Le PCT évite les formations rocheuses par le nord. Par contre les visiteurs peuvent quasiment y aller en voiture. À n’y rien comprendre. Le leave no trace n’est pas valable pour tout le monde !
Nous arrivons en milieu d’après-midi à Agua Dulce, ou, après avoir arpenté 1,5 km de bitume, le long d’Agua Dulce Canyon Road, nous retrouvons Régis le Belge qui nous accompagnait depuis le début. Nous l’avions perdu de vue depuis une semaine. De nombreux autres PCT hikers sont présents. Nous avons presque rattrapé la bulle devant nous partis les jours précédents. Nous profitons de l’épicerie pour acheter une glace, plaisir simple, mais ô combien agréable.
En fin de journée, avec Régis, nous marchons plus avant vers la sortie du village ou un particulier a aménagé son jardin pour accueillir les randonneurs.
L’Oasis est un de ces lieux improbables qui n’existent que sur le PCT. Entre camping et site improvisé. Nous y trouvons tout ce dont peut avoir besoin un PCTiste, douches, lessives, ravitaillement. Demain grasse matinée. L’endroit est un must have et est à la hauteur de sa réputation. C’est en emplacement incontournable.
Le soir, nous allons manger au restaurant Maria Bonita, le mexicain du coin. Les portions sont copieuses. Par contre, nous n’arrivons pas à nous faire à l’absence de plats simples. C’est comme de souvent gras, avec peu de saveur.
Heureusement la faim permet de trouver bon ce qui est moyen.
Keep Going.