21,5 km 1050 D+ 350 D-
Aujourd’hui, nous allons dans les territoires isolés d’Anza Borrego State Park, ou nous monterons plein nord vers les contreforts sud du Mt San Jacinto.
Notre objectif est d’arriver dans cinq jours à la ville d’Idyllwild.
Après un lever aux aurores, nous rangeons tous nos affaires que nous avions mises à sécher autour du poêle à bois, après les lessives de la veille. Nous ne regrettons pas cette nuit au chaud. C’est bien, gelé et enneigé ce matin. La tempête a laissé sa patte blanche sur l’ensemble des sommets environnants. Pas de remords concernant cette escapade hors du PCT, que d’aucuns pourraient considérer comme une entorse à l’orthodoxie du PCT. Le lodge typique, perdu au milieu de nulle part, avec des propriétaires purs Rednecks est à découvrir. Il est aussi une partie de l’aventure américaine.
Nous reprenons, à l’envers et à pied cette fois-ci, la route de latérite. Le sol gelé est plus praticable que la veille. Nous croisons de nombreux animaux, qui profitent des premiers rayons du soleil pour se réchauffer.
À la route principale, nous commençons à nous interroger sur le temps que nous allons mettre pour aller à Warner Springs. La séance de stop va se révéler laborieuse. Le premier véhicule qui s’arrête ne peut prendre que deux randonneurs. Nous laissons Régis et Jana monter. Nous décidons de marcher le long sur le bitume… pendant plus de 2 h 00.
Heureusement que les paysages sont splendides, compensant partiellement la frustration d’être en « errance » au milieu de l’immense vallée de Chihuahua. Enfin un pick up s’arrête. Le propriétaire descend acheter des cigarettes en ville. Il fera un détour de 20 min pour nous amener au départ du PCT. Les Américains sont étonnants. En tout cas, la magie du PCT opère.
Nous apprécions d’être de retour aux affaires.
Le PCT démarre sous un pont, moche à souhait, puis chemine le long de la rivière Agua Caliente que nous croisons au moins à six reprises, « River crossing », pénible, mais ce n’est qu’un début. Nous arrivons à ne pas enlever nos chaussures et à garder les pieds aux secs. La Sierra sera plus sportive sur ce point-là.
Après avoir quitté le lit de la rivière, nous entamons une longue montée de 6 h 00 en direction des flancs des Bucksnort Mountains dans la Cleveland National Forest. Le lieu est remarquable, alternance de plantes toutes plus exubérantes les unes que les autres, cactus, pommes de pin géantes pleines d’épines, herbacées. Les fleurs de Yucca sont omniprésentes et impressionnantes, certaines faisant plus de 2 m de haut. Durant cette ascension, en fin de journée nous traversons un chaos de granite rose. On se croirait à la maison en Bretagne.
Étonnamment il n’y a plus de neige. Celle-ci a fondu extrêmement rapidement. Il ne persiste que ça et la quelques patch isolés et à l’ombre. On sent que le temps est exigeant, alternance de moment froid et chaud. Il ne doit pas être simple d’habiter ici.
Ce soir, nous nous installons en compagnie d’autres randonneurs. Nos voisins de tente, deux Américains, Alès et Mission contrôle sont surprenants. Lui à un humour étrange et décalé. Elle est plutôt calme et réservée. Pour des Européens c’est voyage en terre inconnue. Nous sommes incapables de réellement participer aux conversations. C’est aussi cela le Trail.
Nous décidons de nous habiller un peu plus que de coutume pour dormir, un calfeutrage des écoutilles est requis. Nous savons que le bivouac va être frisquet. Il fera autour de moins 4 °C cette nuit. Surtout nous sommes exposés aux vents, le petit col où nous sommes n’est pas si protégé qu’espéré.
Keep Going