J17 au loin Mission Creek

20 km 1800D+  250D- durée 9 h 40

Journée infernale.

Uniquement trois kilomètres de chemin ont survécu à l’effrayante montée des eaux dans Mission Creek. La tempête de l’année dernière a été extraordinairement destructrice. L’ouragan de l’été 2023 a ravagé la rivière, et la vallée. Le PCT n’existe plus.

Nous devons marcher dans le torrent que l’on va traverser au moins une cinquantaine de fois. Nous avançons très lentement, dans un environnement minéral, sans ombre. Les berges font plus de 5 à 10 m de haut. Par endroit des falaises ont contenu les flots et canalisé l’onde furieuse. On devine à des hauteurs incroyables les stigmates du passage des débris, et des morceaux d’arbres sont restés accrochés à plus de 15 mètres au-dessus de nos têtes.

Le sol est, de surcroît, encore instable. Les galets du lit du torrent ne sont plus solidaires entrent eux. Le nombre de chutes par déséquilibre va sévèrement faire douter du bien fondé de l’aventure. Heureusement, nous savons que nous ne sommes pas seuls, et que le Canada, c’est devant nous !

Hélène fera quand même une vilaine glissade avec une contusion du poignet. Rien de cassé, du moins on l’espère. C’est une belle alerte. Un rien peut vous arrêter.

Mentalement, ce n’est pas simple de rester concentré sur l’objectif : avancer, avancer et encore avancer. Le moral en prend un sacré coup.

La pause de midi au milieu de cet immense canyon est salvatrice, et permet de se remobiliser. Nous avons fait la plus grosse partie. Nous devrions commencer à voir le bout du tunnel sous peu. En pratique ce sera quand même long, et peu aisé.

Les six randonneurs que nous sommes, en errance, donneraient probablement une image peu glamour de la fantastique aventure du PCT. Des noms d’oiseaux seront même entendus sur cette section. Pour nous cela sonne un rien exotique ces jurons en anglais. Trop cool.

En plus, insensiblement, mais sûrement, nous montons. Nous avons au bout de 6 h 30 de galère, grimpé plus de 850 mètres de dénivelé pour une distance d’à peine 14 kilomètres. Jamais nous n’avons marché aussi lentement, au mieux, 2 kilomètres par heure !

Et pourtant… ce n’est pas fini !

Après un ravitaillement de plus de quatre litres, sympa pour le dos, d’une eau limoneuse et marron, nous devons attaquer la suite de l’étape du jour. Nous savons que nous attends 800 mètres d’ascension, mais cette fois-ci sur… 3 kilomètres. Décidément ce PCT a l’art de se faire côtoyer les extrêmes.

Une rapide montée dans un court canyon, perpendiculaire à Mission Creek, et nous rejoignons enfin le tracé officiel.

Alès, Mission Control et Janet, épuisés par les difficultés, restent dormir au pied de la dernière épreuve. L’endroit offre peu de couchage, mais devrait suffire.

Régis, Hélène et moi repartons en suivant le PCT. Il serpente en lacets serrés et nous arrivons au croisement permettant de s’affranchir de la suite de Mission Creek. Nous apprécions l’humour de nos prédécesseurs. Dans le topo il est écrit, « à la côte 2000, cherchez sur votre droite un bandana rose dans un pin. Le chemin démarre entre deux buissons, droit dans la pente ». Effectivement, les informations sont justes, le bandana est bien la. La sente prend l’azimut, tout droit le long d’une arrête isolée au milieu de nulle part. La trace est parfois à peine visible, l’inclinaison terrible, sollicitant les mollets plus que de raison. Cela va être redoutable à parcourir. Le raccourci « Walk Ridge » dans le bush sera un de ce grand moment du PCT.

L’ambiance de fin de journée avec vent, soleil rasant, et surtout froid mordant nous rappelle violemment que nous sommes en montagne. Nous devons nous habiller, avec veste, doudounes et gants. Pas simple.

Nous retrouvons enfin le PCT sur les hauteurs et passons quelques minutes à apprécier la vue sur les monts enneigés nous entourant. Nous repartons vite en direction de la zone de couchage, Coon Creek Campground est dans trois kilomètres. Nous devrions y être rapidement. Sauf que… les névés dans les pentes raides sont omniprésents. Nous réussissons tant bien que mal à avancer malgré la neige à mi-cuisse. Nous arrivons vers 19 h 00 épuisés au campsite. Nous montons la tente à 2400 m d’altitude, dans une cabane miteuse, sans fenêtres, et portes. Ce sera quand même suffisant pour, à la fois se protéger du vent, du froid, mais aussi des ours. Un randonneur présent nous conseille de faire attention et de bien utiliser les boîtes métalliques à l’extérieur. Quand nous sortons pour y déposer nos victuailles… il neige !

Nous mangeons rapidement à la lumière de nos lampes frontales et on s’endort dans les duvets en espérant une nuit réparatrice.

Vive les vacances.

Keep going.

J18

 

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