27 km D+ 1400 D+ 900 D- durée 8 h30
Les jours se suivent, et ne se ressemblent heureusement pas.
Après la laborieuse avancée hier, entre cauchemar, et mauvais rêve, ce jour est tout autre. C’est inattendu d’arriver à faire une étape aussi longue, sans souffrir, en appréciant ce que le chemin offre à découvrir.
Le repos à Banning, chez l’incroyable trail Angel nous a aidés à récupérer physiquement.
La veille au soir, après un trajet routier sportif sur l’highway, nous avons pu laisser nos affaires au domicile de celle-ci. Après avoir mangé et bu plus de que raison de l’eau et des sodas, un passage par le WallMart local a permis un ravitaillement solide pour les quatre prochains jours. Nous voilà prêts pour aller sereinement à Big Bear.
L’étape en balcon, entre désert et zone plus « alpine » est un condensé de ce qui fait le charme du chemin dans cette Californie du Sud. Le PCT s’enfonce de nouveau plein nord dans d’immenses canyons arides entre des collines pelées. Il offre de nombreux points de vus en cinémascope sur le toujours présent Mojave à notre droite et les contreforts des Monts San Gorgonio dans le lointain. Les paysages grandioses se méritent ici, car il faut réellement avancer plus encore dans la géologie tourmentée de territoires isolés ou l’humain n’a pas sa place. Heureusement, nous progressons vite et cela fait du bien au moral.
Nous devons, par contre, rester extrêmement vigilants. Hélène se fait peur à deux reprises, en ne voyant pas les serpents à sonnettes. Pas cool. Quelques jours plus tard, une infortunée randonneuse se fera mordre, et évacuer vers l’hôpital. Par chance, elle ne sera pas envenimée.
Après une longue portion de montées, descentes, et d’alternance de petits cols en transition, nous découvrons au détour d’un virage l’immense rivière White, qui se dessine au loin. C’est impressionnant, nous devinons aussi que la tempête tropicale d’août 2023 a été d’une rare violence. Celle-ci en débordant, a détruit ses berges et laisse un amoncellement chaotique de roche, sables, arbres.
Après une pause repas, à l’ombre, nous suivons celle-ci en rive droite. Le chemin alterne entre portions absentes et intactes, louvoyant au plus prêt du lit du torrent. Après quelques kilomètres, nous arrivons à un mur de terre de plus de quatre mètres de haut, que nous franchissons une centaine de mètres en aval du tracé officiel, sur les conseils d’Alès et Mission Control, deux randonneurs que nous avons rencontrés il y a quelques jours. S’en suit une traversée peu agréable sur des galets roulants, qui permet toutefois de passer au plus facile. Nous inaugurons notre première traversée ou «river-crossing». Ce n’est pas compliqué à condition de rester prudent. Par contre, c’est surprenant, malgré une eau peu profonde, cela pousse vraiment fort. Les bâtons sont d’une réelle aide pour ne pas tomber.
Nous continuons à avancer et remontons ensuite la berge gauche de White River. Notre objectif est d’arriver à Mission Creek dans la soirée, prochaine rivière que nous devrons suivre vers le nord sur une quinzaine de kilomètres. Dans la descente vers le lit du torrent, nous croisons de nouveau Janet qui nous a distancées, du fait de ma gastrite. Elle a monté sa tente au premier espace disponible au bord de la rivière. Nous décidons de marcher deux kilomètres pour aller au couchage suivant identifié dans le topo. Surprise, celui-ci a tout simplement disparu, rasé lui aussi par la tempête de 2023. Régis, qui était parti plus tôt que nous ce matin, est là. Il est à la recherche d’un lieu où établir sa tente. La zone est détruite, recouverte d’amas d’arbres arrachés, tordus, de galets ou rochers divers. Nous avons repéré un banc de sable, une centaine de mètres plus bas. Nous lui suggérons de rebrousser chemin. La proposition est validée et nous pouvons enfin nous poser. L’endroit est incroyable et plutôt engageant. Bouquet final de la journée, ce soir nous dormons dans le lit de la rivière.
Par contre, une interrogation se fait. Où est le PCT ?
Ça s’annonce compliqué pour la suite, les berges sont à plus de quatre ou cinq mètres et visiblement le PCT a disparu. Nous croisons d’autres randonneurs qui sont à se poser les mêmes questions. Après discussion à plusieurs, nous décidons de partir demain, en groupe, à six pour plus de sécurité. Il y aura donc Alès, Mission Control, Régis, Janet, Hélène et moi. En espérant ne pas trop être en difficulté pour la suite.
Will see.