J15 San Gorgonio

18 km D+ 100 D- 1000 durée 6 h 00

Les jours se suivent, et ne ressemblent pas.

Après la journée très agréable de la veille, je me réveille malade. 

J’ai eu des douleurs abdominales toute la nuit. Je connais le coupable. Le repas du soir était épicé, presque immangeable. Sauf que sur le PCT, ne pas manger c’est presque impossible. Du coup, j’ai quand même ingéré le Dahl, malgré un estomac que je sais parfois fragile. Funeste erreur.

J’espère que la gastrite, pas du tout bienvenue, ne me pénalisera pas trop. Sachant ce qui suit, à savoir un chemin sans ombre, eau et en plein soleil, je ne suis pas très optimiste. 

Dès le début, et afin de ne pas trop subir, j’entame la pharmacie, pansements gastriques, antalgiques, etc. J’essaie aussi de m’hydrater en mode course à pied, petite gorgée, toutes les 10 min, pour ne pas réveiller les crampes d’estomac. 

Je réussis, sans trop savoir comment, à marcher six kilomètres, sauf que… ça ne loupe pas, me voilà au passage des 200 miles à restituer à la nature mon repas de la veille. La classe. Je n’ai pas assimilé l’eau que j’ai bue depuis 2 h 00. Je ne pensais pas goûter de nouveau aux joies de la détresse gastro-intestinale ou gastro-parésie bien connue des coureurs. Je suis en train de me déshydrater par 35 °C au soleil, et accessoirement je gâche une eau précieuse que je n’absorbe plus. Heureusement, nous avons anticipé et les pastilles de sels devraient pouvoir « casser » le cercle vicieux, déshydratation/douleur/déshydratation. 

Assis sur le chemin, face à la magnifique plaine de la passe de San Gorgonio, je prends un, puis deux grammes, et commence à boire dix millilitres par dix millilitres. Cela va être long et compliqué. 

Après vingt minutes, tant bien que mal au mental, j’avance et descends… doucement. L’hydratation est de nouveau possible. Magique. Impossible, par contre, de manger quoi que ce soit de toute la journée. Seule solution, taper dans les réserves. Je ne vais pas grossir avec ce régime à la c…

Sinon, les habitants des lieux sont de retour. Nous croisons deux rattleSnake ou crotale cascabelle, en forme et toujours aussi agressif. Le premier daignera se déplacer après quelques minutes, ayant fait savoir qu’il n’est pas content. Le second nous empêchera d’avancer pendant plus de 20 minutes. Nous finissons par être obligés de faire des acrobaties entre le chemin et la falaise en équilibre sur un muret de pierres bancales pour contourner celui-ci. Nous passons à moins d’un mètre du bestiau qui « cascabelera » à chaque passage. Un rien stressant, surtout quand on connaît la dangerosité du venin de crotale. 

Hélène et Régis vont accompagner mes difficultés et s’assurer de mon arrivée en entier au seul et unique point d’eau dans la plaine. Nous nous cachons pendant plus d’une heure à l’ombre avant d’attaquer les derniers kilomètres dans l’immense passe. Nous sommes vraiment en plein désert. Hélène et Régis marquent le coup à leur tour, entre chaleur et marche compliquée dans le sable. Il est temps de clore cette journée. 

Nous retrouvons d’autres hikers sous le pont de l’Highway. Une glacière présente avec boissons fraîches fait du bien aux papilles et au moral. Par ailleurs, ils ont appelé une trail angel qui accepte de recevoir tout le monde chez elle contre un dédommagement modéré. Elle se propose en plus de nous amener au WallMart de Banning pour faire le ravitaillement des prochains jours. Une vraie chance. 

Nous découvrons en arrivant chez elle qu’elle a organisé son jardin pour accueillir jusqu’à vingt hikers, patio couvert, nombreux couchages en plein air, et surtout frigo et nourriture pour ce soir. Incroyable et encore une fois, étonnant. 

Pas beaucoup de photos j’étais trop occupé à limiter la casse.

Si demain matin ça va mieux, nous partons vers Big Bear, à quatre-vingt-dix kilomètres d’ici. 

Keep going.

J16

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