21 km D+600 D- 900 durée 6 h 30
Nuit magique.
Nous nous réveillons en pleine forme malgré une température de -4°C au matin. La journée d’hier semble ne pas avoir laissé de séquelles. Pas de courbature et un moral au beau fixe. Nous sortons de la tente, bien couvert, dehors le sol est à peine saupoudré de la neige tombée cette nuit.
Nous allons récupérer nos affaires dans les boîtes à ours et constatons qu’un plantigrade essayer de s’accaparer les sacs à dos. Celui-ci nous a aussi rendu visite. Il a laissé de belles traces autour des tentes. Rien entendu, trop cool. Nous étions réellement fatigués pour être sourds à ce point !
Nous déjeunons sur les tables en bois, extérieur à la cabane. Le soleil est rapidement présent et nous réchauffe. La journée commence vraiment bien.
Après une courte montée, nous savourons. Le chemin est facile à suivre, il y a peu de neige ce matin. Quelques rares névés obligent à des glissades peu dangereuses. Les couleurs du levant dans les plantes qui bourgeonne, combiné au givre qui s’illumine de reflets brillants sont incroyables. L’arrivée du printemps est proche. C’est une chance pour nous.
Les forêts sont changeantes, pins immenses dans les faces nord-ouest, et chênes dans les pentes à l’est. Au sud, la végétation est souvent plus rase, mélange d’arbrisseaux, parfois de cactus. Les vues sur les Monts San Gorgonio sont splendides. Il est majestueux et son plateau sommital est immaculé de blancheur. Au détour d’un virage, nous aurons aussi un dernier aperçu du Mont San Jacinto, maintenant beaucoup plus petit. Nous avons du mal à croire que trois jours plus tôt nous étions sur ces flancs.
Nous avançons sans difficulté le long de Wysup et Onyx Peak. Nous restons toutefois prudents. On est en altitude, entre 2400 et 2600 m, et par endroit le sol est gelé. La journée persiste à être fraîche, les températures oscillant entre 4 °C à l’ombre et 8°C au soleil. Des congères sont encore bien formées et les poteaux du PCT sont parfois bien ensevelis.
Dans l’après-midi, nous traversons nos premières forêts « géantes » en entrant dans la vallée d’Arrastre. Les arbres font plus de 40 mètres de hauteur, et sont impressionnants. L’ambiance dans les sous-bois est austère. La luminosité est fortement diminuée, et nous avons presque la sensation d’être dans un conte de Grimm.
Au sortir d’une longue section ombragée, nous croisons la rivière une dernière fois. Nous prenons le temps de faire le plein en eau. Nous avons prévu de dormir sur les flancs de DeadMans Ridge, non loin du lieu-dit Camp Oakes, que nous atteignons après une courte, mais tonique montée. La zone de campement est idéale, sauf que celle-ci est en plein vent. Et malheureusement pour nous, le vent est bien présent. Tant pis, le mauvais temps étant de nouveau annoncé, nous installons la tente rapidement en choisissant l’espace le plus en contre bas sous le col. Un muret fait de branchage devrait limiter le risque de voir notre tente souffrir de trop cette nuit. Régis nous rejoint une heure plus tard et campe juste au-dessus de nous. L’endroit est moyen pour sa tente, mais il est trop avancé sur l’horaire pour continuer à randonner. C’est aussi cela le PCT, savoir s’accommoder de conditions pas toujours idéales.
Nous sommes par contre surpris, la journée aura été étonnamment solitaire. Peu d’animaux sont visibles, seuls quelques rares oiseaux de temps en temps font acte de présence. Pour ce qui est des humains, c’est pire, nous ne verrons que deux hikers, Régis inclus. À croire que les autres PCTistes ont préféré éviter le mauvais temps. Difficile d’imaginer que nous étions théoriquement cinquante au départ il y une quinzaine de jours.
Nous, nous y sommes dans le mauvais et on se prépare à une rude nuit. On va pouvoir tester un peu plus encore les choix faits. Nous espérons que les mérinos, bonnets et duvets seront efficaces. Bref on se claquemure et on écoute le grésil sur la toile. Au bout d’un moment, la neige devenant plus présente, les sons se font plus faibles et cotonneux. La température dans la tente reste trop basse à notre goût, -1°C. Le vent réussit à empêcher que notre chaleur réchauffe notre abri. Par contre et par chance dans les duvets c’est confort et isolation idéale. Dehors, on préfère ne pas savoir.
Vivement l’hôtel dans 15 km.
Go to Canada.