22 km 450 D+ 500 D – durée 6 h 00
Nous nous réveillons aux aurores, reposés et en forme.
La soirée aura été des plus agréables. Nous avons encore mangé des hamburger et des frites, entouré de Californiens tous plus couleurs locales les uns que les autres. C’est le plat signature du Joshua Inn. En sortant du repas, une commande collective des randonneurs présents permet de continuer à se goinfrer de tapas, pizzas géantes. On profite surtout de l’ambiance PCT.
Après plus de trois semaines, on commence à percevoir qu’une communauté particulière est en train de se créer. C’est un mélange étonnant, de jeunes, d’anciens, de hikers énervés parcourant plus de 45 km par jour, mais aussi d’humains en recherche d’eux-mêmes, aux sexes indéterminés. Il y a pour certains d’entre nous une certaine mystique à marcher. On leur souhaite de se trouver en route. En tout cas l’absence de jugement est réelle et permet de se sentir libre. Amérique improbable, à la fois puritaine et décalée.
Après un petit déjeuner au calme, nous nous faisons déposer sur le PCT, en deux vagues. La journée devrait être plus tranquille. Nous avançons le long des flancs de Pinnacles et Pilot rocks, sommets arides qui ferment à l’ouest l’immense plaine d’Apple Valley. Au détour d’un virage, nous croisons un groupe de PCTistes allemand excité en train de courir à reculons sur le sentier. Leur anglais est terrible et ne nous permet pas de comprendre le problème. Nous continuons serein et détendu. Le soir nous apprenons qu’ils sont tombés nez à nez avec un puma, et que nous avons loupé celui-ci de quelques minutes !
Bienheureux les innocents !
En transition vers Wrightwood et les contreforts du Baden Powell, nous restons un long moment dans les collines semi-désertiques, en balcon au-dessus du Mojave, sans réelle vue, oscillant entre 800 et 900 m d’altitude. Nous longeons la rivière Mojave en contre bas. Le cadre n’est pas exceptionnel, mais le bloom floral compense les panoramas limités. Nous croisons nos premiers lézards Horned, improbable reptile préhistorique, recouvert de cornes sur l’ensemble du corps. Des vrais mini dragons et éminemment véloces pour des animaux d’apparence si débonnaire.
À midi, nous faisons la pause à l’ombre des rares arbres présents, le long de la « highway 15 ». Pas glamour, mais c’est aussi cela le PCT. Savoir apprécier ce que le chemin offre.
Après le repas, le kilomètre suivant au bord de la route sera des plus pénibles. Nous retrouvons heureusement la pleine nature par une courte ascension, en direction du lac de SilverWood où nous camperons ce soir.
En fin d’après-midi, nous arrivons enfin à Cleghorn Road, immense zone aménagée près du lac.
Winchester, un « trail angel » est présent avec sa caravane et nous offre sodas, hamburgers et surtout nous fait profiter de son expérience pour faciliter la vie sur le PCT. Il nous explique ses choix d’alimentation et va nous apporter une aide précieuse pour les futurs achats. Son épouse fait également le PCT et est engagée dans la section Big Bear qu’elle trouve « snowy ». Nous confirmons. Ses deux fils, adoptés, l’accompagnent. Ils sont handicapés et nécessitent une surveillance et une assistance importante. Une autre Amérique.
Le « Trail Magic » est exceptionnel. Nous sommes étonnés par le caractère organisé et improvisé de ces rencontres.
Nous faisons, après le repas, le tour du lac vers la zone Mesa Campground. Nous nous sommes fait déloger par un Ranger. Il nous a détaillé avec force arguments que le couchage des PCTistes n’est autorisé que sur l’emplacement prévu à cet usage. Loin de la route et des touristes. Pas très hiker friendly, mais nous n’avons pas le choix.
Nous retrouvons d’autres marcheurs. Nous prenons le temps de faire une suspension dans un arbre proche de notre nourriture. Nous avons en effet au l’information qu’un ours serait présent de temps en temps. Nous verrons bien.
Demain nous filons sur Wrightwood et Cajon Jonction avec un jour d’avance. Cela permettra de nous organiser sereinement en prévision de la section Baden Powell, sommet de 3000 mètres encore bien enneigé. Nous aurons de nouveau 5 jours de nourriture à préparer et porter. On hésite à contourner cette section pour y revenir quand elle sera sèche. On en a un peu marre de la neige.
On voulait du désert, pas des vacances au ski !
Nous espérons par ailleurs récupérer un matelas pour Hélène, le sien ayant rendu l’âme. Les nuits sont devenues inconfortables.
Will see and keep going.